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Injuste nécessité

Petit exercice humoristique de rebond sur les notes de Lomi-Lomi, histoire de passer ma mauvaise humeur de dogue muselé à mon tour par ma chère informatique (grrrr)Dilbertalice

La femme de sciences techniques

A posé son labtop sur la table encombrée des dessins de ses enfants

La main dans les cheveux

Elle est prise de vertige:

HTML, IP,

Connexion,

Formation des fenêtres et code java script,

mémoire vive et influx ADSL,

L’infiniment connecté lui ouvre ses portes,

Mais plus elle explore

Moins elle comprend l’informatique.

L’informatique , injuste nécessité?

La femme de sciences techniques,

Se secoue et se frotte les yeux.

Il est l’heure d’aller dormir.

D’un geste désespéré elle fait une dernière recherche,

Comme elle en soupçonne le résultat dans sa tête.

Elle cherche la référence, le sens de l’expression,

"Homme de science" – 96400 hits Google

"Femme de science" – 744 hits Google

L’injuste nécessité

De l’égalité qui s’étourdit

A chercher l’absolue identité

Du masculin et du féminin

Autour de quelques mots.

La femme de sciences techniques

Se lève et envoie s’éteindre la dernière fenêtre:

Une dernière recherche

A révélé plus étrange encore.

"Femme de sciences":13400 hits Google

"Homme de sciences": 56500 hits Google

La femme de sciences techniques,

Prise dans son humeur vengeresse,

Se détourne le sourire aux lèvres,

Elle referme le labtop, d’une main,

Et se réjouit déjà de partager sa conclusion

Avec les bloggeuses de passage:

La femme de sciences est plu-ri-elle (*).

PS: dès que je pourrai commenter, je reviendrai à des sujets plus sympathiques tq l’utilisation du vocable Dieu vs le divin dans la note de Lomi Lomi, mais là, franchement, mon esprit s’est pris les pieds dans les méandres informatiques du muselage et dans d’ineptes questions orthographiques… on volera plus haut la prochaine fois…

(*) en résumé, sous Google, en français, 2 homme de science(s) sur 3 s’écrivent science au singulier – 19 femmes de science(s) sur 20 s’écrivent sciences au pluriel!

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Muselage… pour moi encore!

L’angoisse de lapage blanche, d’habitude je ne connais pas… là, si… mon pauvre browser se bloque désespérément dans le code derrière "Poster un commentaire", ce qui donne ceci:

Postervide La page blanche non inscriptible, il fallait l’inventer, la voilà! (c’est breveté au moins?).

Et sur mon propre blog, encore. Un comble. Quelle offense!

Grrrrr…

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Decouverte tai qi – aïe c’est technique!

Taiqi Suite de mon exploration de ces disciplines orientales: après le qi gong la semaine dernière, j’ai fait un après-midi de découverte du tai qi. Cela m’a paru beaucoup plus difficile, et aussi moins intuitif que le qi gong sur le plan énergétique. Par contre, je suis d’autant plus intéressée à suivre un cours, même si la prof nous a prévenu que le chemin est long pour acquérir suffisamment de bases pour en ressentir les bienfaits – selon son expérience, compter 2 ans à raison d’une séance hebdomadaire… j’ai un vrai besoin de travailler ma coordination et ces exercices devant le miroir m’ont paru d’un abord plus facile que d’autres disciplines telle que la danse, modern jazz etc.

La prochaine session démarre en janvier… cela me laisse le temps de me décider.

En attendant, j’ai commandé le DVD de la méthode de Qi Gong; j’ai vu en refaisant les exercices dont je me souvenais cette semaine que je ressentais très facilement les sensations clé: chaleur, fourmillements, équilibre, sensation de détente et bien-être. Je vais explorer un peu plus avec la vidéo… là aussi, je verrai bien si cela m’est utile.

Enfin, comme la prof est aussi diplômée en MTC, j’ai pris sa carte de visite pour prendre un RV pour une séance d’acupuncture. Toutes les lectures que j’ai faites sur ce sujet m’ont donné envie d’en faire l’expérience mais je ne connais personne qui puisse me conseiller un thérapeute dans la région, même s’il y en a plein l’annuaire. Là j’ai déjà établi la relation, le courant passe, allons-y?

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Papyrus #3 – L’appel de la montagne

Il était une fois un petit garçon plein de vie, qui parcourait tout enthousiaste, par tous les vents et dans toutes les boues, les chemins creux et défoncés d’un bocage isolé pour aller chercher le Savoir à l’école du village, car le Savoir des siens ne lui suffisait pas.

Car c’était alors, en effet, le temps des grands Progrès : des allocations familiales aux tracteurs, de l’électricité à l’eau courante, de la pénicilline aux vaccins, que d’inventions magnifiques! Et au cœur de tout cela, l’école, qui éradiquait alors indifféremment les poux et les ploucs. En effet, les poux étaient devenus très simples à éliminer à grand renfort de DTT, cette autre merveille de la science chimique ; pour les ploucs, par contre, c’était toujours un peu laborieux, car il fallait tout d’abord enterrer leur langage terreux, mal approprié pour véhiculer les nouveaux savoirs. Mais à défaut d’être d’une efficacité absolue, les progrès en la matière s’avérèrent tout de même statistiquement significatifs dès lors que, l’électrification des campagnes aidant, la radio puis la télévision gagnèrent enfin ces audiences reculées.

Est-ce donc à l’école, ou par la radio, que le petit garçon découvrit les montagnes de légende? Selon ses souvenirs, l’école l’emmena voir la mer, à l’âge de sept ou huit ans, mais cela représentait encore l’excursion de toute une journée ; la montagne, à des centaines de kilomètres, était clairement hors de portée… Plus probablement, la montagne dut s’imposer à ses rêves de gamin comme à des milliers d’autres dans toute la Bretagne, à travers ses ambassadeurs les plus mythiques d’alors. Car, dans les années 50, les campagnes retardées et socialement défavorisées du Centre-Bretagne avaient leur Zinedine Zidane, comme plus tard les banlieues nord de Marseille au tournant du millénaire. Elles en eurent même deux dans cette décade : Robic, puis Bobet, coureurs cyclistes bretons de légende, s’il en est.Hsvelocopie

Ainsi ces lointaines montagnes, inaccessibles et pourtant synonymes de tant d’exploits héroïques, devinrent pour le petit garçon un rêve, un projet, l’étape obligée de sa propre ascension. Car le chemin était long depuis l’école du village pour se construire enfin une vie différente des siens, même si les bourses venaient compléter les allocations familiales pour aider les gamins des champs les plus doués à accéder aux nouveaux Savoirs nécessaires à la nation, à l’industrie, au progrès. Il parcourut donc patiemment les longues étapes en peloton, d’internat en internat ; ce faisant, il gravit laborieusement les cols de plus en plus raides, certificat d’études, BEPC, baccalauréat, semant chaque fois plus d’équipiers… Puis vint l’étape clé, la plus difficile : le contre-la-montre des Concours aux Grandes Ecoles.

Et il escalada tout cela sans pause, travaillant dur aux champs pour aider le père tout l’été, travaillant dur à la ville soir et week-ends pour payer sa chambre d’étudiant tout le restant de l’année.  Certainement il était fatigué… le classement le déçut ; il ne serait pas le premier polytechnicien de son village. Ni même centralien. Ingénieur chimiste peut-être ; mais il fallait descendre à Marseille ; et de toute façon, il n’aimait pas la chimie. Or le tour de France est sans pitié pour les retardataires d’un jour : éliminés ; pour lui, plus de bourse. Il lui fallait donc redescendre dans les collines, celles de l’université, ce qu’il fit finalement de bon cœur, car le rythme y était plus tranquille, et à condition qu’il s’engageât d’avance à travailler à la transmission de ses Savoirs pour l’état dès son diplôme en poche, une bourse confortable lui fut de nouveau allouée.

Ainsi il se traça désormais une vie tranquille, dans le confort et loin des champs à part quelques escapades de pêche à la ligne. Cette vie fut bientôt égayée par l’amour d’une compagne et de quelques enfants vifs, et restait rythmée toujours par les rentrées scolaires et les examens, mais du bon côté à présent.

Cependant, il restait tout de même à ce petit garçon devenu grand un rêve personnel à réaliser : voir ces montagnes qu’il avait tant imaginées gravir, pendant toutes ces années, et qui continuaient de le fasciner sur le petit écran désormais coloré. Il lui fallut encore quelques années pour mettre l’argent de côté et disposer d’une voiture assez fiable pour traverser la France, quelques mois pour finaliser le projet – choix de la région, se loger -, puis encore une de ces immenses journées d’été pour y arriver enfin : Jura, 900m d’altitude, presque trois fois plus haut que la plus haute lande des Monts d’Arrée !

Un mois ne suffit pas pour rassasier sa soif de montagne, et il y retourna souvent ensuite. Mais ce mois lui suffit à emmener la petite Kerleane s’étonner devant les curieux plissements calcaires des falaises du Doubs, découvrir la mythique Chamonix et sa mer de glace, se baigner dans les lacs de Neuchâtel et du Léman, voir décoller les deltaplanes, et surtout, au bout d’un chemin étroit et défoncé, pique-niquer un soir dans une vallée perdue des Diablerets, parsemée de chalets d’un bois hors d’âge, et troublée seulement du tintement des cloches des vaches.

J’ai encore en moi le bonheur familial de ce magnifique soir d’été… l’appel de la montagne a pris le relais. Et peut-être l’ai-je transmis à mon tour: ci-dessous, été 2005, Lili à son tour pose fièrement près de son premier sommet!

Pour ce parcours… bravo Papa.

Pour ce partage… merci Papa. 

Premiersommet_1 

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Gris uniformes

Embouteillage Au milieu de flot des voitures des pendulaires ce matin, une constatation soudaine: ces voitures sont toutes grises. Ou presque; quelques-unes bleu sombre, noires ou blanches; une rouge ici ou là, plutôt bordeaux que rouge vif. Mais pour la majorité, petites, grandes, breaks, 4*4, même un coupé décapotable MG (capoté de noir tout de même) qui attendait au feu à côté de moi ce matin: toutes grises, ou presque.

Pourquoi tant de gris? est-ce que les voitures sont plus grises aujourd’hui qu’il y a 10-15 ans? est-ce une spécificité suisse (après tout, le sel abondant sur les routes l’hiver motive le choix d’une couleur cachant la saleté grise qui va avec…)?

Parce qu’enfin, ma première voiture était jaune moutarde, et la deuxième, violette, avec une bonne bouille, on aurait dit un jouet. Il me semble que c’était la mode à l’époque. Mais quand j’y réfléchis, je crois qu’on ne les voit plus trop, ces voitures: c’était l’époque des premières Twingo avec leurs coloris sortant de l’ordinaire, suivies par les Corsa, Cinquecento et compagnie. Est-ce que les Twingo sont grises aujourd’hui?  je ne me souviens plus quand j’ai vu la dernière Twingo colorée?

Et d’ailleurs, moi aussi je me suis convertie à l’auto grise… Dès ma première grossesse, achat d’un break d’occasion: gris. Second bébé, renouvellement du break: gris. C’est pratique, discret, peu salissant, on ne voit pas les rayures, cela se revend bien…

Mais tout de même, je n’aime pas le gris, trop triste, trop sale, couleur de la mer sous une pluie maussade, couleur de la neige salie en fin d’hiver, couleur de la maladie, couleur du brouillard, couleur de la banlieue, du béton, du périph, des usines, couleur de la pierre inerte et froide.

Couleur de novembre (même si j’aime novembre).

Alors rentrée chez moi, je me suis précipitée vérifier mon armoire. Je n’ai pas un seul vêtement gris. A part quelques chaussettes – joker, on ne les voit pas. Ouf!

Le gris uniforme n’envahira pas mes uniformes… déjà que je bosse dans un monde de mecs et d’ordinateurs ultra-technique… j’ai besoin de couleurs douces, verts, beiges et bruns, de couleurs gentilles, pastels et blancs, avec comme compromis, le bleu jean ordinaire et du noir plus ou moins chic. Mais pas de gris.

Promis!

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Jeu blogosphérien

1) Attrapez le livre le plus proche, allez à la page 18 et écrivez la 4ème ligne :

La seule différence entre ces différentes conceptions de…


2) Sans vérifier, quelle heure est-il ?

20h25

3) Vérifiez :

20h22

4) Que portez-vous ?

une jupe et un gilet, tons noir et blanc

5) Avant de répondre à ce questionnaire, que regardiez-vous ?

la page d’accueil des blogs

6) Quel bruit entendez-vous à part celui de l’ordinateur ?

Une magnifique mélodie celtique de l’album Clan de Medwyn Goodall, mais je ne qualifieriais certainement pas cela de "bruit"

7) Quand êtes-vous sorti la dernière fois, qu’avez-vous fait ?

J’ai emmené ma fille Lili voir un spectacle pour enfants organisé ce dimanche.

8) Avez-vous rêvé cette nuit ?

Certainement

9) Quand avez-vous ri la dernière fois ?

Au spectacle de la question 7

10) Qu’y a t-il sur les murs de la pièce où vous êtes ?

Des noeuds (mes murs sont des madriers de bois)

11) Si vous deveniez multimillionnaire dans la nuit, quelle est la première chose que vous achèteriez ?

Un billet d’avion pour rentrer à la maison, car il n’y a aucune chance que je devienne moi-même multimillionnaire dans la nuit. C’est donc, forcément la faute de Mari Charmant si une telle catastrophe se produit (cf ma note "Pourquoi je ne joue pas à l’euromillion"), et comme la nuit, il dort, s’il fait jour pour lui et nuit pour moi, c’est forcément que je suis en déplacement à l’autre bout du monde… Il faut donc que je rentre au plus vite pour le convaincre de me laisser gérer sa fortune avant que d’autres candidat(e)s ne se présentent! lol!

12) Quel est le dernier film que vous ayez vu ?

Ocean’s twelve

13) Avez-vous vu quelque chose d’étrange aujourd’hui ?

Oui, un yaourt qui est passé en surpression au point de sortir de la mousse de son emballage. Pourtant la date était encore bonne…

14) Que pensez-vous de ce questionnaire ?

il me change les idées! parfait pour un dimanche soir sombre et pluvieux!

15) Dites-nous quelque chose de vous que nous ne savons pas encore :

je n’ai que 24 dents

16) Quel serait le prénom de votre enfant si c’était une fille ?

Ondine (NB c’est le pseudo que j’utilise ici pour ma cadette)

17) Quel serait le prénom de votre enfant si c’était un garçon ?

Océan

18) Avez-vous déjà pensé à vivre à l’étranger ?

Oui: c’est ce que je fais!

19) Que voudriez-vous que Dieu vous dise lorsque vous franchirez les portes du paradis ?

Que je suis dispensée d’examen d’entrée, ayant finalement obtenu une note suffisante au contrôle continu des anges (c’est bien connu, le niveau baisse…).

20) Si vous pouviez changer quelque chose dans le monde en dehors de la culpabilité et la politique, que changeriez-vous ?

La foi en un avenir ensemble, pour que l’humanité parte unie vers de nouveaux projets au lieu de gaspiller son intelligence à de stériles guerres de territoire.

21) Aimez-vous danser ?

Oui.

22) Quelle est la dernière chose que vous ayez regardée à la télévision ?

Aucune idée. Je n’ai pas la télé.

23) Quelles sont les 4 personnes qui doivent prendre le relais sur leur blog ?

Je proposerais bien Lomi-Lomi, vero, Marino, Alibi-bi, mais elles sont sûrement déjà sollicitées!

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Qi Gong qui vient à point

J’ai enfin pris le temps de participer à un atelier découverte du Qi Gong ce week-end.

C’était juste une initiation en groupe d’une dizaine, un peu rapide, mais comme j’avais déjà lu pas mal sur le sujet et fait quelques expériences de la position de l’étreinte de l’arbre, çà m’a paru très simple.

Nous avons fini par une séance plus statique, en tailleur, d’exercices d’auto-massage énergétique. Les autres en sont sorties pleines d’énergie… moi, par contre pleine d’une vraie fatigue physique, bien saine, comme si j’avais enfin éteint ce mental emballé…

Il faut dire que j’étais encore dans le rythme effrené de cette semaine débordant de réunions entre Paris, Londres et le bureau, et que dans ma déraison j’ai encore allongé ma surexcitation nerveuse par l’exercice de la femme du marin quand j’ai découvert ce jeu en revenant sur les blogs hier soir… je me suis couchée trop tard et complètement excitée par le texte que je venais d’improviser quand j’ai réalisé à sa dernière relecture que je pourrais un jour l’offrir à ma marraine, femme du marrain, comme je l’appelais enfant… mais il est trop tôt encore. Les papyrus sont comme le vin: destinés à vieillir en attendant d’être lus au bon moment.

Ce mental emballé ne s’est pas calmé pendant la nuit, me réveillant à deux reprises pour m’apporter enfin, sortie des bas-fonds de mon sommeil agité, une voie de solution possible à un des problèmes majeurs de ma semaine professionnelle. Du coup, je me suis levée de bonne humeur, quoique fatiguée…

Alors le travail sur la descente d’énergie sur lequel la prof a bien insisté, "car il est plus facile de faire monter que de faire descendre l’énergie quand on débute", tombait sûrement à pic pour me calmer le cerveau. En tout cas, j’ai dormi comme un bébé 20mn de sieste profonde cet après-midi, et je suis toute détendue enfin, çà doit venir de là…

cela-dit, j’ai pas trop compris quel était ce travail au juste, donc il faudra que j’étudie cela plus sérieusment. La semaine prochaine, je fais l’atelier découverte Tai Qi, et ensuite, on verra.

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Papyrus #2: La femme du marin n’attend plus

Elle l’a regardé jusqu’à l’horizon, s’éloigner et s’éloigner encore.

Elle a d’abord regardé les hommes s’affairer gaillardement sur le pont, dans la fébrilité du départ. Il y a tant d’impatience en eux, à l’heure de leurs retrouvailles avec l’autre… Car la mer visiblement les attend aussi, et ne se lasse jamais d’eux: elle piaffe, elle vibre, elle gémit, elle ondule sans cesse pour les appeler, à peine assagie à l’abri du port.

Elle a surtout regardé son homme : son clin d’œil fugitif mâtiné d’un dernier sourire, puis ses gestes assurés mille fois répétés. Car il est beau, avec ses mains fortes, son pas dansant au rythme de la houle, sa silhouette solide qui fait peu à peu corps avec le pont, s’effaçant derrière les vives couleurs de la coque tandis que le navire s’éloigne hardiment vers son amante aux éternelles vagues, jusqu’à enfin en fendre le premier ressac, au passage au près des récifs.

Enfin, elle a regardé la grand-voile immaculée, gonflée du fier vent de noroît. Sa blancheur lumineuse est en effet toujours la dernière à se noyer dans les larmes tirées indifféremment par le soleil, le vent ou la mélancolie du départ, car elle brille bien distinctement sous le soleil, jusqu’à se fondre enfin à l’ultime frontière visuelle, ce tracé grisé de la légère brume de mer qui démarque le bleu marin du bleu azur sur les horizons atlantiques.

Le navire est toujours bien long à gagner cet horizon… Mais, finalement, comme toujours, il disparaît… Il ne reste alors que les mouettes, qui reviennent à terre pleurant leur colère de se savoir abandonnées.

Femmedumarin_2L’attente est finie.

Elle range machinalement une mèche sous son bonnet ; le vent la dérange sans cesse : il faudra penser à la couper. Elle a faim à présent : il faut rentrer préparer le souper ; trier le linge pour la lessive de demain ; mais avant tout, poster les papiers pour le notaire, qu’ils ont revus ensemble, et qu’il a enfin signés. Elle touche l’enveloppe, rassurante, au fond de sa poche : elle ne s’est pas envolée. Entre-temps, le vent a un peu forci : les femmes resserrent leur col, tournent le dos au quai – un signe de la tête, au revoir… on bavardera un autre soir.

Ainsi elle reprend le chemin de la maison, machinalement, revenant un peu plus à chaque pas vers son quotidien solitaire, mais bien rempli : il y a tant à faire, quand on est seule sans homme à la maison, pendant tout ce temps. 

Car la femme du marin n’attend plus qu’il rebrousse chemin pour venir la retrouver; il reviendra bien assez tôt, tout autant impatient et fébrile pour ce retour qu’il ne l’était à l’aller, lassé pour un temps de son amante aux dix mille eaux, et bouillant du désir de s’étourdir à terre. Et s’il ne lui revient pas… la femme du marin est libre, elle est forte, elle est sage; elle est patiente. Et cela, la mer ne le lui reprendra pas.

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Etape

il y a eu l’agitation et les prises de conscience, soudaine lucidité – cet été

il y a eu l’élan créatif et la joie de retrouver les valeurs oubliées des fondations de ma vie d’adulte – cet automne

puis encore quelques pas ces derniers jours… les bilans de fin d’année… des sujets sans cesse ressassés… rien de nouveau, Super Boss est content. Pour moi… une énorme lassitude, mais je n’avais même pas envie de le lui dire… comment peut-il se prétendre aussi content au milieu de tous les problèmes, dont beaucoup sont structurels aujourd’hui alors qu’on en anticipe encore d’autres, conjoncturels ceux-là, pour demain?

Une seule surprise, tout de même, au milieu des entretiens entre 4 yeux:  mon lieutenant dans l’organigramme, livré à une totale autonomie toute cette année au gré de la différence des projets qui nous occupaient l’un et l’autre, rêve à une magnifique opportunité… ailleurs. Et je n’ai rien vu venir! heureusement encore que c’est une opportunité interne – je ne me serais jamais pardonné d’avoir démotivé l’un de nos ingénieurs les plus brillants, même si je n’ai, somme toute, qu’une influence ridicule dans tout cela, si on regarde la réalité des faits plutôt que l’organigramme.

Car c’est limpide, là est le coeur du problème: c’était le dernier signal dont j’avais besoin pour me convaincre que j’en ai marre de mon rôle de manager d’opérette. Je me suis amusée à écrire mon CV cet été, afin de transformer l’agitation en acte constructif. Le problème est qu’il ne me correspond pas et que je le trouve peu crédible.  Mediocrity

Or je n’ai aucune envie d’un titre plus ronflant et de plus de responsabilités pour améliorer cette crédibilité.

En même temps, j’ai l’impression d’avoir fait le tour des sujets qui m’occupaient ces dernières années. Et moi, quand je n’ai plus rien à apprendre, je m’ennuie…

Tout cela est terriblement bancal!

or il y a eu un petit signal cette semaine; peut-être une opportunité; et plusieurs coïncidences qui renforcent mon sentiment d’être actuellement dans une étape entre deux segments de vie et qu’il m’appartient, ici et maintenant, de décider d’un changement de cap entre leurs cheminements.

Bien sûr il ne s’agit ici que de ma vie professionnelle, mais dans mon développement personnel c’est un élément essentiel car j’ai la chance d’avoir un métier qui me permet d’apprendre, de rencontrer, de comprendre et de réaliser (quoique c’est sur ce dernier pôle justement que je suis vraiment frustrée). En outre, vu le temps que cela prend un boulot à responsabilités, certains choix qui m’ont été proposés dans le passé n’étaient tout simplement pas acceptables dans la balance vie familiale, conjugale, loisirs et/ou mode de vie, en particulier notre choix d’habiter au vert.

alors c’est décidé… lundi, j’appelle mon opportunité de changement de cap numéro un.

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Emotions

Etrange expérience ce matin. Entretien avec Super Boss, objectifs et tâches en cours. Il m’annonce que mon collègue de Paris s’absentera encore une semaine de plus suite au décès de sa mère – je savais que cela allait mal, puisqu’il m’avait appelé pour le remplacer au pied levé à une réunion jeudi dernier, mais je n’avais pas de nouvelles depuis. Nous commençons à discuter des sujets à traiter rapidement malgré tout, car nous avions justement nos réunions semestrielles de synchronisation multi-sites cette semaine avec nos collègues des 4 coins d’Europe, d’Asie et de Californie… çà tombe mal…Deuil

Coïncidence, transmission de pensée… voilà que mon portable sonne – c’est lui. Je prend l’appel. Il veut m’annoncer la nouvelle, je m’empêtre dans les formules pas claires, sa voix se casse, je m’empêtre encore plus. Emotion; tellement d’émotion que je devine dans cette voix inhabituellement cassée; c’est très perturbant pour moi aussi; c’est un collègue tellement fort en temps normal; plus âgé et expérimenté que moi, très actif, plein d’énergie, optimiste, capable d’une tenacité incroyable dans les pires batailles commerciales et politiques dans lesquelles il m’arrive de lui prêter main forte, mais en deuxième ligne, et pas aussi solidement. Heureusement, j’arrive à toute vitesse à le rebrancher sur les sujets techniques pour détourner son émotion, il retrouve sa composition et sa voix normale; ouf, je suis sûre que cela lui fait du bien de sortir quelques instants de son immense tristesse. Je le rassure, je lui promets que je vais assurer tout ce que je peux pour les sujets les plus urgents ne souffrent pas en son absence…

Au final l’impression tout de même d’avoir été passablement maladroite dans mes mots. Tellement de conventions sociales – cacher nos émotions. Finalement nous sommes pourtant si terriblement humains… à la merci de la violence émotionnelle d’un deuil…

Le truc le plus débile que j’ai dit ce matin dans mes platitudes maladroites: "c’est la vie": Kerleane-Bécassine, le grand retour. Bouh…

Mais que faut-il donc dire dans ces cas-là?