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Résonance

En mettant de l'ordre dans tous les journaux que je n'avais pas eu le temps de lire ces dernières semaines, j'ai eu la surprise de trouver cet article:

Le cheval quitte la scène

Publié deux jours après mon papyrus #5 "Le dernier cheval"!

Hommage à mon grand-père paternel… Centre-Bretagne, Gruyère, tant de similitudes… Il me reste à parler avec mon père, vérifier si l'inspiration de mon histoire s'est ancrée dans un héritage familial dont j'ai conscience sans me souvenir qu'il ait jamais été formalisé par la parole, ou si je nage en pleine illusion. Je ne sais même pas si mon grand-père a eu des chevaux à lui un jour – mes souvenirs des années 1970 c'était déjà les tracteurs.

Les années 1940 à 1960 ont vu les enfants des familles paysannes fribourgeoises quitter par milliers la terre de leurs ancêtres pour s’en aller quérir un emploi à Genève ou à Lausanne. (…) Nombre de paysans ont remis leur exploitation à ce moment charnière. Si bien que, pendant quelque temps, au milieu des années 1960, les contrastes étaient saisissants entre ceux qui aspiraient à la modernité et ceux qui continuaient à travailler de manière quasi ancestrale.

 

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C’est pas fini

Vendredi, j'ai annoncé mon départ à l'équipe. Je l'ai présenté sous l'axe le plus personnel et le plus positif possible; face à des responsabilités et une équipe étendues au-delà de mes limites cette année, j'ai fait un travail sur les priorités, et pris conscience que je ne faisais pas les bons choix, que je devais me recentrer sur mes priorités familiales et personnelles, avant d'arriver au burnout. Mais que j'allais rester à la disposition du groupe sur mandat de consultant, ce que Chef a confirmé tout en dressant un portrait digne d'un enterrement de toutes mes qualités.

C'était vraiment un moment étrange.

J'avais aussi préparé un message individuel pour chacun, le plus rassurant possible sur l'accompagnement que je leur promets encore dans la phase de transition. En fait la situation est complètement paradoxale; comme je n'ai pas négocié un départ avancé, à part mon mois de vacances à caser dans l'été, je les accompagne encore sur les objectifs 2010 (retardés de plusieurs mois par la réorganisation!), je vais m'atteler à la revue budgétaire début juillet, je traite toutes sortes de dossiers importants en ce moment jusque tard le soir. En outre, beaucoup de mes collègues ne sont pas encore au courant, ce qui crèe une situation un peu surréaliste.

Ce qui a été le plus perturbant dans mon dernier tournant de décision est qu'un 3ème départ a été annoncé en même temps que le mien. Nous partageons le même bureau, nous avons des équipes très proches fonctionnellement. 3 cadres en un mois dans un seul département. Je n'ai jamais vu cela en 12 ans de carrière, ce n'est pas dans la culture de l'entreprise, contrairement à quelques autres pharmas de la région. Mais je ne pouvais pas revenir sur ma décision. En fait, elle m'a sauvée. Si j'avais attendu un mois de plus, je n'aurai plus osé, la pression aurait été trop forte à l'idée d'abandonner ce navire en pleine tempête. Je serais restée amère à regarder les autres voguer vers d'autres horizons. Là finalement, j'ai même le beau rôle: moi je ne pars pas, je change juste de rôle… Enfin c'est encore à définir, mais c'est clair que je peux rester à disposition du groupe à temps très partiel, au moins le temps de transférer mes connaissances et responsabilités en douceur, ce qui me permettra aussi de réfléchir tranquillement à de nouveaux projets personnels.

Je reste très attachée au succès de l'entreprise et en même temps désespérée de mon impuissance à accompagner les mutations nécessaires que je vois avec une terrible lucidité… Il me reste juste l'intuition que mon choix est juste et constructif. Pour moi mais aussi pour l'organisation. Même pour ma hiérarchie, même mon équipe: c'est le type de turbulence qui peut les aider à grandir. 

Au moins tout cela aura-t-il créé quelques prises de conscience à tous les niveaux.

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Histoire bizarre (mais vraie, je le jure)

Mercredi soir j'étais surexcitée en faisant des prises de conscience sur le sens des expériences des 3 dernières années au fur et mesure que j'écrivais la note ci-dessous.

Mais le plus bizarre s'est produit le lendemain: jeudi matin, Ondine ma cadette de 7 ans est descendue toute habillée et très pressée, avec un projet totalement inhabituel pour elle qui a plutôt l'habitude de traîner au lit avec un bouquin jusqu'à mon 3ème appel pour le petit déjeuner: "Maman, on se dépêche, je veux aller à la rivière avant l'école, on a le temps?". Etonnée je suis, mais pourquoi pas? Qu'a-t-elle en tête? dans la continuité de nos scénarios poétiques, elle me dit qu'elle veut retourner voir les fées et enlever la pollution, allusion à un petit nettoyage de déchets que nous avions fait au bord du lac la veille.

Donc, nous nous préparons plus vite que d'habitude et débarquons à la rivière un bon quart d'heure avant le début des cours. Et là, surprise totale. A l'endroit même où je pateaugeais gaiement 16 heures plus tôt, se trouvait une tuile brisée. Une tuile romaine, moussue donc vieille. Certes nous avions eu du grand vent d'orage dans la soirée, mais une tuile isolée, EN PLEIN à cet endroit, sous la passerelle, cela m'a paru d'une telle improbabilité que j'en suis restée interloquée. Cela-dit, je n'ai pas perdu mon bon sens, comme j'avais justement descendu ma poubelle dans le coffre ce matin-là, je suis allée la chercher et j'ai ramassé un par un tous les morceaux brisés pour nettoyer la rivière, dans la logique de ma poésie féérique, c'était évidemment ce qui était attendu de moi ce matin-là.

Je suis allée travailler en tournant et retournant dans ma tête toutes sortes de réflexions, mais l'histoire n'était pas finie. Le soir, en rentrant, Ondine et moi racontons l'histoire à Lili, mon aînée de 11 ans. Silence, pas normal. Comme je conduisais c'est dans le rétroviseur que j'ai levé le sourcil en cherchant son regard pour lui demander un commentaire. Elle hésite… "Maman, c'est trop bizarre, cette nuit, j'ai justement rêvé de tuiles qui s'envolaient. Comme dans le conte, elles étaient à manger comme des bonbons, elles se transformaient en réglisse et finalement je les mangeais…".

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Voyage au centre des organisations, et au centre de mon histoire…

Encore de la  synchronicité aujourd'hui.

Ce matin j'ai acheté le magazine économique suisse Bilan pour son dossier de couverture sur les femmes cadres… et j'ai fini par y lire avec bien plus d'intérêt l'article sur Henry Markram et son projet de prolonger l'effort Blue Brain de l'EPFL par la création d'un "CERN de l'intelligence artificielle" en Suisse Romande!

Plus tard dans la journée, j'ai pris quelques minutes de pur bonheur avec les filles entre leurs cours respectifs de danse créative et de guitare et notre descente mensuelle à la bibliothèque du bord du lac: nous avons trempé nos pieds dans la rivière du village! J'avais la joie brute, enfantine, de patauger avec les fées dans cette eau tout juste descendue des torrents de notre montagne, et elles ont adoré! A se demander pourquoi on ne fait pas cela plus souvent, c'est juste devant l'école…

15km et 30mn plus loin, au bord du lac, j'ai encore fait face aux montagnes du Chablais jusqu'aux dents du Midi, debout sur le parapet, à demi euphorique face à l'énergie splendide que je ressens toujours à cet endroit… c'est toute pleine de cet émerveillement que je suis rentrée dans la bibliothèque, et sans réfléchir, face au présentoir mettant en valeur différents ouvrages, j'ai saisi un gros pavé orange:Mintzberg

Henry Mintzberg, Le Management – Voyage au centre des organisations.

je l'ouvre au hasard, et voilà que je tombe sur un chapitre intitulé "des managers et non des MBA", et qui dit ceci:

Il y a un réel besoin de talents intuitifs et de bon sens parmi ces jeunes diplômés et pas seulement de prouesses universitaires. C’est un problème de supposer de l’intuition chez les candidats à un diplôme de gestion, car il y a peu de chance pour que l’intuition se manifeste chez un être jeune. En effet, il n’est pas possible d’être intuitif à propos de choses dont on n’a qu’une connaissance superficielle.

De plus, même si ce potentiel d’intuition existe, son absence de forme développée signifie qu’il ne peut être employé dans le processus de l’enseignement.

La sélection de ceux qui veulent suivre des cours de gestion doit se faire par la preuve d’une expérience professionnelle de gestionnaire réussie. Les candidats doivent avoir une réelle expérience pratique. Les capacités au leadership et à la gestion des candidats doivent être démontrées.

Un autre chapitre s'intitule "Hémisphère gauche et hémisphère droit"… j'ai emprunté le livre, non pour le lire moi, mais en pensant l'amener à mon chef, qui m'a tenu exactement le même discours il y a quelques jours, au fond de ses propres réflexions! il faut dire qu'il répond parfaitement à la définition du manager expérimenté dans ce bouquin… cela devrait lui parler. En fait, on n'a jamais aussi franchement dialogué que ces dernières semaines… drôle d'expérience.

Mais j'ai quand même survolé l'ouvrage à la maison aussi pour moi – impossible d'ingurgiter linéairement 700 pages dans mon emploi du temps de ministre, mais j'ai une bonne technique de lecture rapide et je suis tombée en une dizaine de minutes sur les messages dont j'avais besoin… au point de finalement passer la soirée à y réfléchir avec note à la clé ici.

Ainsi, p.114 à 119: références à un échange de l'auteur avec un autre ponte dans les années 70, concernant une référence qu'il avait initialement souhaité faire aux perceptions extra-sensorielles dans son article au Harvard Business Review sur les hémisphères du cerveau et le management. Cette référence a été retirée de la publication, car trop provocatrice. Mais c'est de Turing qu'il la tenait. Turing! le grand penseur à l'origine de l'IA au milieu du 20ème siècle. Je ne savais pas qu'il avait des croyances dans ce domaine. Encore plein de liens à explorer là-dessus.

J'ai dans la foulée réalisé ce soir le surprenant parallélisme entre mon développement personnel et mon expérience professionnelle de ces 3 dernières années. C'est au printemps 2007 que j'ai pris conscience de mon besoin de développer mon cerveau droit, en lisant "Petit manuel d'auto-psy", Serge Fitz, Ed. Jouvence, pendant les vacances de Pâques. J'ai suivi les synchronicités dans la foulée qui m'ont conduite à découvrir les mandalas… au moment même où une réorganisation me précipitait sans crier gare chez celui que j'appelais alors New Boss. Suivit une bonne année de galère pour m'habituer à son style de gestion, effréné, touche-à-tout, principalement verbal et réunionniteux, et à son intelligence ultra-synthétique, visuelle, conceptuelle – il est gaucher d'ailleurs, bref le cerveau droit à fond, tout l'envers de moi l'analytique, réfléchie, jonglant subtilement entre les dossiers et les émotions douces dans le souci du moindre détail perfectionné encore et toujours, au détriment souvent de l'action et de la décision… Puis une bonne année de prise de conscience de mes propres limitations, et du besoin de progresser en me débarrassant de mes schémas limitants. Travail personnel de fond, largement raconté ici… et en parallèle tous les progrès accompagnés et reconnus par New Boss, jusqu'à devenir un de ses piliers de confiance malgré nos différences. Aujourd'hui je jongle facilement sur les différents modes, cerveau droit et cerveau gauche, en fonction des circonstances, et cela m'a permis d'accèder à de plus grandes responsabilités depuis 2009.

Intuition1 Il me reste à mieux vivre mes émotions, mais je commence aussi à voir des progrès sur ce plan, et il m'est aussi apparu évident aujourd'hui que c'est sur cet axe-là que je vais en baver dans mon nouveau projet professionnel, puisque je vais devoir ME vendre MOI. Angoisse totale. Mais j'y arriverai.

Il est surtout terriblement troublant pour moi ce soir de relire ces notes du blog en mai, juin et juillet 2007. Je l'avais oublié, mais ces notes me font découvrir ce soir que le rêve marquant de l'été 2007 m'était venu dans le stress de la nuit précédent mon premier entretien avec New Boss!!! Or j'ai beaucoup repensé à son message réconfortant ces derniers temps, pour me conforter dans mes choix de suivre mes valeurs les plus profondes, quels que soient les risques et difficultés des tournants à prendre pour cela. Et le plus drôle, cette énigmatique – à l^époque! – dernière ligne de la météo couleurs que j'avais relevée comme exceptionnelle: On ne vous demande pas d'être perfectionniste mais de suivre les étapes de la voie d'apprentissage d'une discipline de vous ouvrir à recevoir l'enseignement du maître qui le dispense. Et du coup, de guérir votre relation au père, à la notion de hierarchie !

Exactement ce que je vis à présent.

C'est… perturbant, pour mon esprit rationnel. Je ne peux pas nier la réalité de tous ces signes au nom de l'objectivité scientifique; je ne peux rien prouver, tout est dans ma tête, et en même temps, tellement évident à ma pleine conscience! Est-ce donc moi qui crée cette réalité juste sur la base des signes auxquels j'ai bien voulu prêter attention dans le courant de ma vie?

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Créer le futur

Hier, je suis rentrée de quelques jours d'évasion sur Paris, entre famille et mes équipes là-bas. Ce que je vais le plus regretter, c'est l'énergie de la petite startup dont la réorganisation m'a confié l'incubation. Bon, ce n'est pas fini encore, d'ailleurs j'ai eu récemment une idée de diversification pour leur technologie que je dois absolument encore trouver le temps d'explorer ces prochaines semaines…

Mari Charmant nous a rejoints vendredi soir, avec une étonnante nouvelle. Contre toute attente, après 2 ou 3 ans de vains espoirs, il va très certainement réaliser dans quelques semaines un vieux projet qui à lui seul aurait pu justifier une remise en question de mes priorités. Que cela arrive 4 jours APRES ma décision finale a quelque-chose de vertigineux.

Quand j'ai suivi mon cours de développement de l'intuition et du ressenti à l'automne, j'ai partagé certains exercices avec lui. Cela l'a travaillé au moins au tant que moi, au point de le convaincre de s'inscrire à des cours de violon cet hiver et d'accélérer la réalisation de sa mission de vie. Quand je l'ai rencontré, il conduisait avec une poignée de copains enthousiastes toutes sortes de recherches en intelligence artificielle, en parallèle avec ses études d'ingénieur, et souvent au détriment de ces dernières. Quand on est fait pour explorer les nouvelles frontières technologiques du 21ème siècle, ingurgiter les ennuyeux savoirs du 19ème tels que résistance des matériaux ou métallurgie tient du calvaire… J'ai passé près de 20 ans à le rappeler à la réalité bassement matérielle à chaque flambée d'idéalisme… l'occasion d'autres expériences constructives, mais à présent, c'est moi-même qui ressens le moment de passer à une phase plus incertaine, plus exploratoire, les bases étant assurées, c'est sur le sens que nous devons nous concentrer à présent, quitte à retourner aux rêves fous de nos 20 ans…

Hier soir, j'ai ressenti le besoin d'explorer le web sur le message technologique de "la prophétie des andes", et les mots-clés m'ont amenée sur de nouveaux liens inexplorés, aux titres pourtant prometteurs:

http://www.synchronicites.net/

http://www.co-creation.net/

Je ne sais pas vers quel futur je me dirige, mais il me semble enfin cohérent et plein de sens…