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Mes sacs à main et moi – 2006-2010, nouvelles expériences et remises en question

La première brèche, c'est l'été 2006, je suis en Ecosse quand les anglais déjouent l'attentat terroriste aérien à base de liquide. Mon vol de retour est un des rares vols maintenus sur le Royaume-Uni, mais nous n'avons le droit à AUCUN bagage à main. Je sauve l'ordinateur du boulot de la casse en l'emballant dans mon pyjama, mais l'écran de mon appareil photo, fidèle habitué de mon sac à main, en vrac dans la valise en soute, ne survivra pas à cette mésaventure. Pire: désormais je devrai systématiquement vider, ranger et assainir (ou du moins assécher) le contenu de mon sac avant tout départ aérien. Et bien entendu plus de couteau suisse ni même de tire-bouchon ou ciseau à ongles garanties de survie toutes circonstances au fond… Advienne donc que pourra.

Entre-temps, j'achète toujours mes sacs dans les grands magasins, de préférence pendant les soldes, mais je les choisis désormais sur leur look et non plus sur la bonne affaire. Mon dernier sac à main date de juillet 2008, lorsque je me suis offert un mercredi de shopping et détente après des semaines de marathon à finir mon mémoire professionnel à la maison en plus de mes responsabilités au boulot. Je ne me souviens plus du prix, mais je me souviens que je l'avais trouvé particulièrement joli, brun avec des décorations fantaisie, plus chaleureux que les précédents… Achat plaisir plutôt qu'utile, pour une fois!

Et en parallèle, des huiles essentielles en roll-on de poche relaxantes, anti-stress, anti-jet-lag, des fleurs de Bach, des petits cailloux glânés ici ou là s'invitent dans mon sac, le rendent plus vrai, plus chaleureux que mes ennuyeuses prévoyances médicalo-bricolo-rationnello-pratiques d'antan. Le téléphone, le carnet d'adresses et l'agenda sont aussi désormais dans le même appareil; si la caméra était vraiment trop mauvaise pour immortaliser les enfants et la musique inexistante sur le Palm puis le Blackberry, depuis mon passage à l'iphone il y a quelques mois, j'ai tout en un à présent – même la vidéo et même le GPS! 

Et puis, les enfants ont grandi, donc plus de couches ni de jouets; mais souvent des restes de sacs de bonbons, sucettes, bricolages, invitations d'anniversaires…

Bref, il est très naturel et authentique, le contenu de mon sac!

 

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Mes sacs à main et moi – 1993-2007, l’époque écureuil

Ce matin j'ai décidé d'abandonner mon gros sac à main au profit d'un mini-sac au quotidien, et pas seulement en représentation professionnelle, après l'avoir étrenné dans ce contexte il y a quelques semaines.

Le sac à main est à l'image de sa propriétaire… et moi maintenant je m'allège de tout ce qui m'encombre, en particulier de mes angoisses.

Mon premier sac à main aurait eu près de 20 ans si je l'avais gardé. A 20 ans, habillée jeans ou bermuda et blouson dans mon école d'ingénieurs, je faisais comme les mecs, j'avais le porte-monnaie et les clés dans les poches, pas besoin de sac à main.

Mais un jour j'ai racheté la voiture de mes parents avec les économies d'un stage d'été, et un auto-radio avec le solde. Mon angoisse no 1 était qu'on me vole ma voiture, au point que je me levais la nuit pour vérifier si elle était toujours sur le parking de la résidence universitaire en contrebas. Mon angoisse no 2 était qu'on me vole mon auto-radio, alors je l'avais acheté portable. Mais du coup il me fallait pouvoir le transporter. Et c'est pour cela que j'ai acheté mon premier sac à main. Gros, robuste, en bandoulière. Je ne me souviens plus du tout à quoi il ressemblait, sûrement noir et passe partout, mais je me souviens encore du prix: 75FF dans la galerie marchande d'un centre commercial de Rennes, en solde. Chaque franc comptait pour moi à l'époque, bien plus que le look. J'avais fait une bonne affaire, j'étais contente.

Mon deuxième sac à main l'a remplacé quand il a rendu l'âme. Je ne m'en souviens pas, mais il me semble que ce deuxième (ou était-ce même le troisième?) n'a tenu qu'un an, ce qui m'a convaincue par la suite d'acheter du cuir pour plus de solidité. Car entre-temps j'avais changé de voiture et l'auto-radio était intégré cette fois, mais je n'ai pas rétréci le sac, je l'ai rempli. Il est devenu une extension de ma maison, une béquille quotidienne prête à parer à toutes les éventualités: barres de céréales, vitamines, clés de chez mes parents et beaux-parents et même double de clé de la maison de vacances de ma belle-famille, bons de réductions, serviettes hygiéniques, aspirine, bonbons pour la gorge, sparadraps, désinfectants, carnets d'adresse et petit carnet au cas où, plans de ville, canif, bombe d'auto-défense, stylos… Le critère d'achat était toujours le même: 1) d'usage pratique (donc gros) 2) au meilleur rapport qualité-prix.

Est arrivée ensuite la phase des responsabilités… qui n'a rien arrangé.

D'abord je suis devenue maman, ce qui a ajouté les couches, lingettes, jouets et médicaments pour enfants au sac (et ce, bien que mes filles ait toujours eu leur propre sac pour la nounou, mais on ne sait jamais!).  D'où un nouveau critère 3) il faut plein de poches. Ainsi, parfaitement prévoyante et équipée, je n'ai donc jamais manqué de rien, même de jouets ou de quoi dessiner pour occuper un gamin dans une salle d'attente, pendant toutes ces années. Et j'avais toujours l'appareil photo numérique sous la main pour une photo des puces ici ou là.

Mais ce n'était pas tout, parce que de 2001 à 2007, mes nouvelles responsabilités professionnelles me faisaient voyager en Europe et aux Etats-Unis environ 15% de mon temps. Du coup mon sac s'est enrichi AUSSI de tout le nécessaire de survie en mode stress à l'étranger: micro-brosses à dent des trousses classe affaires Air France, collants de rechange (après avoir dû traverser toutes les halles d'expo du mega-centre de convention de Las Vegas puis l'hôtel-casino le plus proche jusqu'à trouver une boutique en mini-tailleur et… bas filés pour cause de non prévoyance, on ne m'y reprendra plus), lunettes pour ne pas dessécher les lentilles dans l'avion, produit à lentilles, porte-monnaie en dollars, porte-monnaie en euros, porte-monnaie en livres sterling, tickets de métro de Paris et New York, cartes de fidélité voyageurs fréquents/hôtels/location de voiture, adaptateur électrique, ipod, et bien sûr téléphone portable + agenda électronique. Curieusement je n'ai jamais pris le GPS. Il faut dire qu'outre le sens de l'organisation, j'ai toujours eu un excellent sens de l'orientation et le goût des cartes et plans papier… qui s'entassaient AUSSI au fond du sac au fil de mes voyages.

Cette note se fait déjà bien longue… la suite au prochain épisode!

 

 

 

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Le temps de la décision

Il est temps de décider.

Il y a 10 jours, j'ai donné un ultimatum à mon chef. 10 jours pour me convaincre de rester. 10% de chances de me faire revenir en arrière, tant je suis déterminée. Ce que je veux, c'est une histoire, une vision, du sens. Impossible…

Chef, désarmé et désespéré, a lancé les alarmes – direction dont il dépend, direction ressources humaines, direction tout court…

J'ai passé 2 heures et demi mardi à expliquer les raisons de mon départ à notre directeur de département. Je suis le 2e cadre à démissionner ce mois dans son département, suite à la fusion. Sa situation est donc difficile. Jamais nous n'avions eu, en 18 mois, un dialogue aussi vrai. Avant d'aller le voir, j'avais fait un gros travail sur ma colère, mon impatience et mes frustrations qui s'étaient beaucoup focalisées sur lui ces derniers mois. J'ai fait la part des choses; par sa culture différente des "vieux meubles" dont je fais partie, il est un vecteur du changement dont l'entreprise a besoin aujourd'hui pour assurer les mutations qui sont nécessaires à sa croissance, voire à sa survie à moyen-long terme. Et moi je n'ai pas su lui transmettre, lui expliquer, tout ce que je sais et fais au cours des 18 derniers mois; il n'a pas vraiment idée de mon métier, c'est la première fois dans sa carrière qu'il a la responsabilité d'équipes d'experts techniques. Nous devions initialement parler une heure, nous aurions pu rester discuter toute la nuit maintenant que nous allons enfin au-delà de notre précédent dialogue de sourds…

J'ai pu lui exprimer ce que j'avais eu sur le coeur cet hiver, sans basculer dans l'émotionnel – ma voix tremblait un peu, mais j'ai pris le temps de respirer et je suis heureuse de voir que je sais maintenant passer ce cap. Je lui ai aussi exprimé, et j'étais sincère, que je suis consciente de la nécessité des changements qu'il force dans notre organisation et nos objectifs, mais voilà, ces changements m'ont généré une prise de conscience violente sur laquelle je ne peux plus revenir, moi, personnellement.

C'est clairement un problème pour lui, mais comme mon chef avant lui, il n'a pas trouvé d'argument pour me convaincre. Tous deux m'ont envoyée chez PDG, à ma grande surprise, car si je fais de temps en temps des présentations au comité de direction, jamais en 12 ans je n'ai eu l'occasion d'un entretien avec PDG. J'ai supposé que mon chef, qui fait partie des hommes de confiance de la direction, avait insisté pour cet entretien. A ma grande surprise, PDG a insisté pour me voir seule, et surtout, il avait parfaitement préparé le dossier: il a commencé l'entretien en résumant les causes de mon départ, et ce résumé était précis et juste, il s'adressait à moi en tant que personne et à 100%. Le fait qu'il m'accorde une heure de son agenda me touchait déjà beaucoup, et je le lui ai dit d'entrée, mais qu'en plus il ait pris le temps de discuter avec Directeur et Chef, et de préparer ses arguments pour me retenir, me laisse encore sonnée.

J'ai eu tellement l'impression, ces derniers mois, que mon travail n'était pas reconnu et j'en ai tellement souffert, que tout-à-coup je ne comprends plus rien, pourquoi ils ne me laissent pas partir tranquillement? je sais bien moi qu'ils vont avoir de la peine à me remplacer, mais je ne pensais pas qu'ils le savaient déjà avant que je parte (à part Chef)!  

Et hier j'étais face à notre meilleur négotiateur, vendeur de tous nos gros contrats depuis toujours, avec des explications franches à toutes mes questions, jouant sur la promesse répétée d'une solution sur mesure en notant et reformulant soigneusement mes besoins, mais aussi avec un ou deux garde-fous subtilement amenés pour cadrer la solution de la bonne façon et me faire douter d'une alternative à son offre… Comme j'ai beaucoup de mémoire, j'ai tout enregistré sans prendre de notes, et déposé le tout sur papier en rentrant le soir pour faire la part des choses… or il n'y avait pas vraiment d'éléments nouveaux, rationnels et surtout factuels, dans la discussion, mais sur place l'emprise émotionnelle était si forte que je n'ai pas pu poster ma lettre de démission comme j'avais prévu hier soir. Brillant, il est vraiment brillant! en sortant de l'entretien, j'étais vraiment sonnée, j'ai failli me coucher en rentrant, et j'ai très mal dormi de nouveau cette nuit, alors que mon sommeil s'était enfin amélioré cette semaine.

J'ai du mal à croire que je vis tout cela.

J'essaie de rester le plus en cohérence avec moi-même, mais c'est difficile, car jamais à part peut-être au tout début de ma vie de couple je n'ai eu autant l'impression d'un changement profond de ma personnalité, presque déstructurant. Je n'ai jamais été aussi courageuse que ces dernières semaines, et ce courage entraîne tellement de changements dans mon environnement que je ne reconnais plus rien, et surtout je ne me reconnais plus. Je reconnais mes réactions émotionnelles, mais je prends un recul que jamais je n'avais su prendre à ce point. C'est comme si je repassais dans une crise d'adolescence pour construire une personnalité plus adulte, plus responsable, plus profonde et plus vraie.

C'est vraiment étrange.

Reste que mon choix est juste pour moi. J'en suis certaine. J'ai même l'intuition qu'il est juste tout court et que si je ne cherche pas à en tirer une quelconque vanité, vengeance, ou règlement de compte, il sera utile et positif pour les autres aussi. Je pense obsessionnellement à un accord toltèque ces jours, ma parole doit être impeccable. C'est très difficile! Mais c'est d'autant plus important pour ces prochains jours, où je vais devoir communiquer officiellement et largement mon départ, à mon équipe, à mes collègues, au reste de l'organisation, puis dans un second temps, à mes contacts extérieurs.

Je suis fatiguée, mais je dois encore passer toute cette transition.

C'est dur…

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Drôle de coincidence

Aujourd'hui j'ai reçu la visite inopinée d'une famille de nos connaissances que nous avions perdue de vue depuis leur déménagement à l'autre bout de la Suisse Romande il y a quelques années.

Quand ils sont arrivés, j'étais le nez dans l'épouvantable liste des tâches détaillées nécessaires à l'accomplissement de mes impossibles objectifs pour cette année, à trier ce que mon équipe peut faire toute seule, ce que je recommande d'abandonner, et ce qui reste sur mes épaules et donc base de négociation pour un éventuel mandat dans "mon autre avenir". Au terme de ces 4 jours de pont où j'ai encore avancé mon projet, ma décision est quasi irrévocable; mais je doute encore tellement de l'avenir…

Alors quand après l'échange des nouvelles familiales autour d'un café et quelques biscuits, notre ami nous a expliqué qu'il venait de commencer un nouveau job dans le social après une longue traversée des enfers dans le monde de la distribution, je suis restée sans voix. Bien sûr son histoire est bien plus violente que la mienne; je le voyais déjà exploité il y a 6 ou 8 ans en arrière; quand après son passage cadre, on lui a demandé d'exploiter à son tour, il a commencé à ne plus pouvoir dormir. Dans les mois qui ont suivi, sa fille a fait une grave infection en pleine période de fêtes, la plus stressante de l'année, et là il a réalisé qu'il ne la voyait quasiment plus, on le poursuivait jusqu'au fond des week-ends. Et là tout s'est déclenché: burnout. Son corps s'est mis à refuser le travail, évanouissements, vomissements, toute une violence physique et soudaine. 6 mois à l'assurance, et au retour la promesse du même job – impossible. "Ce ne sont pas mes valeurs", me dit-il aujourd'hui. Lente remontée à la surface, arrêt des anti-dépresseurs, mais démission, et chômage. Tous les postes qui se présentaient lui parlaient de ces mêmes fichues valeurs qui ne sont pas les siennes, il les a refusés… sauf un, et le voilà qui entame une nouvelle vie. Heureux.

Ils m'ont rafraîchi les idées et pour moi qui ai appris à faire attention aux synchronicités, je ne peux que m'émerveiller de l'évidence de celle-ci!

Si je ne lâche pas prise maintenant, je sais ce qui m'attend, à plus ou moins longue échéance…

Pour achever la petite histoire, ma fille aînée m'a justement demandé des nouvelles de cette famille il y a quelques jours, alors que nous ne pensions plus guère à eux depuis quelques années!

C'est drôle la vie des fois.

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Changer

J'ai dormi près de deux heures cet après-midi. Depuis 5 semaines, c'est la première fois que je m'accordais une telle décompression. Je préfère ne pas calculer la réalité de mon déficit de sommeil sur cette période.

Je n'ose même plus m'asseoir pour faire une liste de tâches. Au travail j'ai basculé sur des listes pour mes 6 collaborateurs directs, pour m'assurer qu'au moins ce que je délègue est suivi. A la maison, je ne planifie rien, je décide au cas par cas ce que je peux faire dans les 2 heures à venir.

Mon mental est tellement sollicité avec des changements de sujets constants que je me réveille la nuit après un premier cycle de sommeil encombrée de toutes les pensées de ce que je n'ai pas fait, pas dit, en parallèle avec ce que le sommeil a fait ressortir de ce que je suis en train d'apprendre, de comprendre, d'imaginer.

Je ne suis donc pas encore en état de burnout, puisque je suis encore combative, avec des émotions très vives et un cerveau qui tourne à plein régime, à l'antipode de la dépression, mais je sais que je ne peux pas continuer à ce rythme. Déjà, il faut que je dorme plus. Je me débats d'autant plus pour trouver des solutions, mais je suis au pied du mur: il faut que je change. Il faut que je lâche prise de tout ce qui n'est pas essentiel. Il faut que j'arrête de répondre à toutes les sollicitations. En fait je n'arrive déjà plus à les adresser toutes sans parfois plusieurs semaines de délai, mais tous ces manquements me donnent mauvaise conscience… cercle vicieux. 

Mon perfectionnisme me tue à petit feu.

C'est d'autant plus important pour moi de revenir aux bases de mon engagement. Quelles sont donc les valeurs à la source de cet engagement démesuré? Ce sont avant tout des croyances, des projections.

Il faut vraiment que je change. 

Je travaille donc maintenant sur un scénario de départ. Seul un tel électrochoc va me permettre de me recentrer et d'évoluer. Quand j'ai émis cette hypothèse à mon chef, il l'a prise très au sérieux – "ton départ n'est pas une option!". Je crois que c'est la première fois en 3 ans qu'il me passait un message aussi clair. Il faut dire que je serai la 2e – la veille, un autre de mes collègues avait annoncé sa démission… du coup, même mon N+2 s'est mis à réagir, en passant des messages aux tiers sur mon temps partiel par exemple. Ils ne peuvent pas se permettre le départ consécutif de deux "talents" sous le prétexte de notre violente réorganisation. Mais ce n'est pas parce que ce n'est pas une option pour l'entreprise que ce n'est pas une option pour moi. Cela-dit, raisonner ainsi est violent pour moi car je suis de nature fidèle et dévouée (c'est bien tout le problème). Mais c'est ma survie qui en jeu!

J'ai la chance de ne pas avoir besoin de mon salaire pour faire tourner la marmite – nous sommes deux. Avec les taux d'intérêts actuels, je ne suis pas pressée de rembourser ma maison.

Toute mon incertitude actuelle porte sur ma capacité à changer, à évoluer, vers plus d'autonomie et de confiance. Pour regagner le contrôle de mon agenda, que je ne pourrai jamais imposer au-delà d'un certain niveau hiérarchique a fortiori dans une multinationale, et pour conquérir la liberté de ne plus dépendre d'organisations transversales dans lesquelles mon rôle n'est jamais clair, c'est une évidence, il faut que je me mette à mon compte. Il faut que j'aille au-delà de la peur de voler de mes propres ailes, que j'accepte de ne plus avoir le feedback régulier d'une figure d'autorité sur ma performance. Mes compétences sont énormes, je suis bien organisée, j'ai un bon contact et une bonne écoute, mon intelligence me permet d'apprendre très vite sur des sujets complexes, mais je suis aussi très immature sur ma gestion des émotions, mes angoisses, mon perfectionnisme et ma tendance à culpabiliser pour tout, y compris les erreurs des autres que je n'ai pas su accompagner ou conseiller à temps, alors que ce n'était même pas mon rôle…

Après la phase de la colère qui m'a portée ces 4 dernières semaines à réagir sur tous les plans contre la situation impossible qui m'a été imposée, y compris à tenter de l'absorber malgré tout, après la phase de la négotiation des 2 dernières semaines où j'ai commencé à tester mon rapport de force pour faire changer la situation, j'entre dans la phase de dépression. Je n'ai plus le choix, il va falloir changer – je me sens du coup impuissante et ballottée par la réalité de l'évolution qui s'impose. Je peux soit accepter la situation avec les arrangements que mon chef va bricoler pour garantir ma survie, soit refuser la situation pour en créer une autre de toute pièce. Ailleurs.

Une première décision s'impose dans 2 semaines. Démissionner pour être libre à la rentrée de septembre.

En serai-je capable?

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Il est temps d’évoluer

«Ce qui était en 1968 le fait de quelques happy few – le pacifisme, le bio, le New Age, les médecines douces… – se diffuse réellement dans l'ensemble du corps social en passant par cette avant-garde des Créatifs Culturels. C'est le triomphe d'une solidarité qui surgit de la base, des actions individuelles, et non du haut, des institutions», décrypte Michel Maffesoli, sociologue et auteur du Réenchantement du monde (La Table ronde). «Les CC constituent un laboratoire de ce que j'appelle la postmodernité, avec des gens qui veulent faire de leur vie une œuvre d'art. Ce qui compte, c'est la qualité de l'existence: ne pas perdre sa vie à la gagner. Cette dimension créatrice et créative – au sens américain: créer une nouvelle culture de société – va se développer de plus en plus».

Il est temps pour moi aussi de faire les bons choix.

Je ne trouve plus de sens à ma carrière actuelle. Je trouve dans le quotidien de mon travail de quoi satisfaire mes valeurs de base – apprendre et interagir. Mais j'ai besoin d'aller plus loin, de créer davantage, d'accompagner davantage, de réaliser plus loin encore le potentiel que j'ai hérité et développé. Mais pour réaliser cela chez mon employeur actuel, il faut que je m'engage encore plus. Que je passe du temps dans les sphères d'influence, comme les bureaux des grands chefs lorsqu'ils sont disponibles, vers 8h le matin ou entre 18h et 20h. Que j'amène ma compétence dans les missions difficiles à l'autre bout du monde, ou dans les gros projets transversaux, avec une immense énergie masculine, puissance, force, pour faire bouger tout cela.

C'est impossible sans sacrifier mes autres valeurs.

Nous avons fait le bilan avec Mari Charmant. Nous avons réalisé à peu près tous nos rêves matériels, qui sont raisonnables: une maison agréable à vivre pour moi, une belle voiture pour lui. Nos enfants grandissent tranquillement. Il nous reste à réaliser les folies de nos idéaux les plus profonds, aller plus loin sur le chemin de nos missions de vie qui nous semblaient si brillantes à l'adolescence. Pour moi qui ai toujours manqué de confiance en moi, c'est très flou, mais je me sens portée par ma vie avec beaucoup de cohérence, vers une destination inconnue mais dont je sais que c'est la mienne car si je regarde derrière moi, je ne peux que m'émerveiller du chemin parcouru.

Et là, cela diverge. Je l'ai vu venir dans les 4-5 rêves les plus marquants que j'ai faits ces 4 dernières années. Je ne sais pas comment expliquer mon ressenti tant il est irrationnel – je me sens littéralement à l'étroit dans mon environnement actuel. Pas physiquement, pas émotionnellement, pas mentalement – c'est plus fondamental, c'est le fond de moi que je touche là. J'ai un immense besoin de liberté, même si elle est fondamentalement angoissante pour moi…

Il y a bien du brouillard sur le chemin qui se dessine devant moi, mais il est chaque jour plus clair que ce chemin commence par un gros tournant. Il est temps, après plus de 10 ans de service dans cette boîte qui a grandi avec moi, d'envisager que nos chemins se séparent. Il est temps pour moi de revenir à un environnement qui a du sens pour moi, à taille plus humaine, et sur des technologies qui ont du sens pour moi, qui s'inscrivent plus clairement au service de l'évolution de l'humanité. Comme James Redfield, je pense qu'il est tout à fait possible de combiner développement spiritualité et développement technologique, et je suis convaincue que c'est dans cette direction là que ma vie prendra plus de sens encore.

J'ai décidé il y a une semaine de commencer à exécuter un projet dont j'avais la vision depuis des années, mais qui restait toujours une chimère pour un futur indéterminé: me mettre à mon compte. Initialement avec une activité de conseil dans mon domaine d'expertise, mais il me faudra peut-être être plus flexible ou imaginer d'autres voies. C'est très angoissant, mais c'est une angoisse irrationnelle: je n'ai pas besoin de mon salaire pour nourrir ma famille - je pourrais être maman au foyer – et ma trajectoire scolaire et professionnelle jusqu'ici est telle que je n'ai plus rien à prouver à personne. Je sais que je n'ai pas encore réglé certaines croyances à ce niveau et qu'elles causent d'ailleurs mes souffrances émotionnelles actuelles, mais je commence à prendre du recul par rapport à ces croyances, et si j'en souffre trop, j'irai consulter… une thérapie brève, comportementale, pourrait sans doute me faire du bien.

 

 

 

 

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Ta ta ta… ta ta ta…

Turbulentes émotions, encore et toujours. Lundi, je passe sur le grill en comité de direction. Je redescends de l'étage d'ivoire pour faire le point avec mon chef que je n'ai entrevu qu'une heure en un mois. Je l'ai remplacé de mon mieux pendant ses déplacements en Asie, aux USA puis ses vacances en pleine transition de nouvelle organisation. Cela fait trois semaines que je bosse soirs, mercredis, week-ends pour rester à flot sur mes nouveaux objectifs.

Je n'en peux plus…

Et là, soudain, je craque, les larmes me montent aux yeux. Je ne peux pas les cacher, l'émotion est trop forte. Ce n'est ni de la tristesse ni de la peur, mais une immense colère. Pas contre lui, je sais que je peux compter sur son soutien, mais contre l'organisation, l'absurdité, l'injustice, les malentendus, mon impuissance aussi à rendre ce monde plus parfait… Par chance, il a du temps, il va gentiment me chercher un kleenex et me laisse vider mon sac. Il ne l'exprime pas, ce n'est pas un émotif, mais je sais qu'il s'inquiète pour moi, Il s'inquiète pour toute son ancienne équipe explosée sur 22000km dans la nouvelle organisation. Nous sommes tous au bord de la démission ou du burn out. Curieusement, lui semble avoir fait la part des choses, pendant ses vacances; il attend de clarifier ses nouveaux objectifs lui-même, réfléchit à reprendre une partie de ma charge en remplacement des responsabilités qu'il a perdues dans la réorganisation. Calme et tranquille et rationnel. Si seulement je pouvais être aussi zen!

J'ai un peu honte de moi, mais en fait cela m'a fait beaucoup de bien de craquer ainsi. Pourquoi avoir honte? On ne doit pas pleurer, quand on est adulte, surtout face à des responsabilités de pacotille, et bien c'est que je ne suis pas adulte, et pourquoi le cacher? Je n'ai pas demandé ces responsabilités. Mes émotions sont démesurées par rapport aux enjeux. Je ne comprends pas pourquoi. Est-ce que ces émotions m'appartiennent vraiment, ou les ai-je absorbées des émotions négatives qui m'entourent?

Ce qui m'ennuie aussi est que j'ai recommencé à mal dormir, comme il y a 2 ans, lorsque je pompais toute la colère de mon collaborateur au bord de la retraite, frustré que plus personne ne l'écoute plus – alors qu'il avait tellement raison…

Je m'endors facilement et à la fin du premier cycle de sommeil, je me réveille crevant de chaud avec le mental qui tourne en boucle sur tout ce que je devrais dire ou faire, tout est si limpide dans ma tête au milieu de la nuit, mais quand vient le jour, je suis incapable de le communiquer, encore moins de le faire.

J'ai essayé de transformer une de mes insomnies en expérience de fusion avec la nature en profitant de la météo incroyable de ces derniers jours: à 1200m d'altitude, il faisait 12 degrés sous la pleine lune. Je suis allée m'asseoir sur la racine d'un épicéa au bord du pâturage, pieds nus dans la rosée, face à la lune et sous un quasi imperceptible petit vent de thermique inverse, à 2h du matin, et je suis restée là le temps d'un auto-traitement de reiki, les pieds sur les racines de l'arbre. Moment magique. Cela m'a fait beaucoup de bien, les pensées en boucle ont pris de la distance, je suis d'humeur plus stable depuis.

Je laisse aussi mes émotions fusionner avec la musique extraordinaire d'un trio de joueurs de oud de Palestine, le trio Joubran. J'ai découvert leur CD à mon cours de danse d'inspiration arabe, et j'ai dû attendre deux mois pour me le procurer pour cause de rupture de stock. Cette musique ne se raconte pas, il faut simplement l'écouter: http://www.deezer.com/fr/music/le-trio-joubran. Résonance…

Ta ta ta… ta ta ta…

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Prise de conscience

La situation dans laquelle je me trouve est tellement perturbante qu'elle provoque une grosse prise de conscience. Je me débats depuis 2 mois dans l'absurdité.

Les faits:

En janvier, extraits de mon évaluation de fin d'année: "Capucine a un esprit positif et une attitude positive, fournit beaucoup de travail et dans les délais, gère les priorités correctement. Elle tend cependant à prendre trop de tâches par elle-même et ne devrait pas se fixer des délais trop courts qui la forcent à finir ses tâches au-delà des heures de travail". plus loin, "Capucine doit davantage se protéger (stress, temps de repos…) et repousser la charge de travail sur les autres quand c'est possible et justifié."

En février, première version des objectifs de l'équipe de mon chef, le monde s'écroule: ma charge va quasiment doubler cette année. Je ne comprends pas, car il n'y a ni crise, ni nouveaux défis, et j'étais déjà au-delà de mes limites! et là je récupère tous les projets en perdition, les collaborateurs et les équipes dont personne ne veut. En plus de mes défis initiaux. Je ne comprends pas, je demande des explications, je refuse de faire "la voiture-balai", je me débats, contre mon chef, contre son chef…

En mars, tout s'éclaire. Redistribution globale des rôles, la logique RH d'une multinationale, alignez-vous, on veillera juste à vous classer dans l'organigramme en fonction de votre titre. Optimisation. EXECUTION, EXECUTION, EXECUTION. Mon chef dépasse ses propres frustrations tant bien que mal pour me passer un ou deux messages rassurants (je t'aiderai) et consolateurs (je te fais confiance, c'est la solution la plus facile pour moi). De son chef à lui, je reçois beaucoup d'infos mais je m'y noie. Son discours est déstructuré, il ne me parle pas, ce sont des mots vides de sens, sauf quelques-uns, sans doute ceux que j'ai intuités comme vrais, et ce ne sont pas les messages positifs. Je ne cherche pas à le voir: il ne m'énergise pas et il ne me rassure pas. J'ai mieux à faire!

En avril, il faut effectivement EXECUTER. Transition. Je lance la nouvelle équipe et continue de tirer l'ancienne. Ce sont des gens de valeur, mais ils ont besoin comme tout le monde de directions enthousiasmantes, de projets prometteurs, et de reconnaissance personnelle pour donner le meilleur d'eux-mêmes (facile) et progresser/évoluer encore (plus difficile).

Comment puis-je être le leader, le moteur de cette équipe, de ces projets très variés (trois grands thèmes d'activités me demandant une grande polyvalence), quand je n'ai pas moi-même de leader charismatique à suivre? mon chef me soutient psychologiquement, mais dans le fond mes projets l'ennuient, et son chef ne me soutient pas vraiment, et de toute façon mes projets l'encombrent, il n'y comprend rien, ce ne sont que des vecteurs d'ennuis pour lui…

Alors, je vais m'énergiser dans la nature le week-end, je fais du yoga, je fais de la visualisation positive pour mes collaborateurs, pour les projets, pour l'entreprise.

Grâce à mon travail d'ancrage en nature et d'intuition/ressenti/cerveau droit que je maîtrise de mieux en mieux, tout se débloque dans ma tête comme une évidence: comment réorienter les projets bloqués dans une impasse en les repensant différemmment… comment établir avec les ingénieurs un plan d'action pour assurer la promotion de leurs idées en interne… Je vois parfaitement aussi les risques et les défis. Je ne les cache pas, nous en parlons franchement: les gars, j'ai besoin de votre adhésion, de votre foi, je vous fais confiance, il faut assurer, on y va! Je suis les conseils de Daniel Pink, voir aussi Steve Jobs dans Management magazine ce mois: je raconte des histoires autour de mes émotions en projetant le rôle de mes interlocuteurs dans des émotions positives, je fais du théatre devant le tableau blanc, je fais des grimaces, des mimiques, et c'est fou comme cela marche!  Il y a les convaincus qui vont retourner lever des montagnes. Il y a les pessimistes qui se donnent finalement une dernière chance de voir la lumière au bout du tunnel. Il y a les ambitieux qui n'attendent que mon signal pour prendre davantage de responsabilités et ouvrent de grands yeux brillants. Et tout le monde avance! c'est moi qui ai du mal à suivre… je ne peux pas les décevoir… En même temps je suis franche, je leur ai dit, c'est l'énergie de la colère que je mets là, je ne suis pas contente de ma situation et je le fais savoir.

Je suis bousculée, émotionnellement.

Bousculée de la colère de récupérer tout ce travail comme une évidence, "EXECUTION", sans en comprendre le sens puisqu'on ne me l'explique pas, mais en même temps incapable de faillir à ma mission de CREER DU SENS pour mon équipe au moins, même si je dois en créer l'illusion moi-même sur le vide total dans lequel j'erre moi-même…

Bousculée aussi de la tristesse qui m'envahit par bouffées depuis des semaines. Cette même tristesse qui m'avait bousculée lors de mon initiation au Reiki. Je ne comprends pas bien cette tristesse. Je me sens terriblement seule, écrasée de responsabilités, sans personne pour m'aider. Et pourtant je tiens le coup, courageusement…

Peu à peu, ce sentiment s'éclaircit pourtant. On dit qu'on attire les situations dans lesquelles on se projette. Lors de mon travail thérapeutique en 2008, la question "votre père était absent?" est revenue deux fois, comme l'explication évidente à mon schéma énergétique et comportemental (prendre la responsabilité moi-même, en parallèle ou en réponse à un manque de confiance anxiogène). Pendant les 21 jours d'intégration du reiki 1, c'est aussi du père de mon père que j'ai rêvé…

Et le parallèle m'est apparu soudain évident. Je cherche désespérement l'autorité d'un leader très masculin, très fort, très autoritaire modèle que je n'ai pas dans ma famille et… que je ne trouve pas actuellement dans mon travail. Cette image du patriarche pour qui tout a un sens et qui d'un seul mot aligne toute la famille… Chez moi, côté paternel, on parle de tout et de rien, les règles sont dites mais pas appliquées, les idéaux sont énoncés mais pas réalisés, les émotions et convictions ne sont pas là, ou pas franchement exprimées. Or je retrouve actuellement tous ces schémas dans ma situation professionnelle! pas étonnant que j'en souffre. C'est très angoissant ce vide de sens, de directions… je me sens tellement seule face à mes responsabilités. Mais pas étonnant non plus que je l'ai attirée cette situation, c'est classique…

Mon père a investi beaucoup sur moi depuis mon plus jeune âge ("quand tu seras grande, tu feras Polytechnique") mais sans clairement me l'expliquer ("parce que c'est mon rêve, que je n'ai pas pu réaliser moi, mais toi tu en es capable et tu vas réussir") et sans doute sans être conscient lui-même de l'héritage qu'il me transmettait à son tour (pour autant que je puisse en juger, il a reçu le même message de ses parents).

En me retrouvant dans la reproduction grandeur professionnelle de ce schéma fondamental de mon enfance, je me suis soudain trouvée à nu, de ces émotions d'enfant que je n'ai pas bien digérées certainement et qui m'empêchent d'exprimer totalement mon potentiel joyeux et créateur, qui est pourtant très fort (voir mes mandalas).

Il reste que si j'en ai pris conscience, je ne sais toujours pas quoi en faire! Faut-il que j'aille chercher de l'aide psy? 

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Renaissance, esprit du printemps

Crapauds

Le printemps reprend ses droits… samedi dernier, je l'ai enfin croisé chez moi…

Pour une fois je suis en phase, quel bouillonnement! Le plaisir aussi d'agir enfin, d'aider la renaissance d'un projet moribond, sur une intuition… une hallucination?… avec ma nouvelle équipe "incubation" a Paris, au milieu de tant d'incertitudes. J'ai eu l'impression de redonner du peps au projet, mais aussi dans l'autre sens, l'energie de cette équipe a quelque-chose de rafraichissant, ils sont dynamiques, agiles, débrouillards, flexibles: esprit startup, rien a voir avec le marasme dans lequel je me débats au siege.

Crocus

Il reste beaucoup de défis, comment convaincre mon N+2 de tout réorienter sans passer mes nuits a monter les dossiers de detail qui le rassureraient, comment lacher prise de mon propre perfectionnisme dans ma propre gestion d'équipe, comment me dépolluer l'esprit de tous les risques que je vois avec tant de lucidité, mais sur lesquels je ne peux pas agir, pour mieux me concentrer sur mon champ d'action?

Il faut que tout change… mais pour cela, il faut que JE change.

Grenouille

Symbole de fécondité la grenouille était l'emblème de la déesse égyptienne Hekat, symbole de vie et de renaissance. La grenouille est l'animal lunaire, dans la tradition répandue, suivant laquelle elle se voit dans la lune et elle joue un rôle dans des rites tendant à provoquer la pluie. Emblème porté sur les étendards de Clovis, elle symbolisait, par ses métamorphoses, la démarche spirituelle vers la perfection, la résurrection et l'immortalité.

Pour les celtes, elle symbolise la sensibilité, la beauté, également messagère du bonheur.

La grenouille est un symbole de résurrection et de métamorphoses. Elle est au bout de la chaîne est l'aboutissement d'un long processus de développement et d'évolution. Elle devient alors le symbole de l'homme en perpétuelle mutation.

 

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Change ta vision du monde, et ton monde changera: expérience…

J'ai un monde extraordinaire de richesse dans la tête, mais tant de peine à le sortir, le concrétiser, le partager. Je manque d'impact, d'influence, souvent simplement par manque de confiance en moi… ce ne sont que des rêves en moi, dehors, le monde est si dur, on va tant se moquer de moi, on va me casser, me briser, m'écraser… alors je rêve et je n'agis pas, ou j'agis seule, ou j'agis juste avec les gens de confiance. Méfiance, hors des sentiers battus de la confiance, je vais m'égarer, je vais souffrir!

Mais cela prend du temps de créer un monde de confiance. Alors, je n'avance plus.

Et si ce n'était qu'une croyance limitante de plus?

J'ai décidé d'explorer d'autres voies, de m'amuser à voir le monde qui m'entoure sous une perspective nouvelle. J'ai mélangé mes lectures, de la Prophétie des Andes à L'homme aux deux cerveaux, à mes expériences, de mes rencontres un peu plus profondes que les autres, virtuelles et réelles aux soins dits énergétiques.

L'une de ces voies est celle que j'appelle "cerveau droit". Je me suis inscrite à un cours de développement de l'intuition et du ressenti, à raison d'une soirée toutes les 2-3 semaines cet automne, plus une nuit en janvier. En confiance, puisque c'est l'étonnante thérapeute qui m'avait fait tant évoluer il y a un an qui nous accompagne; il s'agit pour moi de prolonger l'ébauche d'exercice qu'elle m'avait proposé à la dernière séance pour développer mon intuition. J'aborde cette expérience avec toute ma curiosité, mais aussi mon esprit d'analyse et ma mémoire détaillée et factuelle qui fonde le plus gros pilier de mon intelligence. Mais je ne suis pas encore capable de raconter ces expériences, difficiles à mettre en mots, il me faudra du recul…

L'autre voie est celle que j'appelle "cerveau gauche". Mon travail est un immense terrain d'exploration, de nouvelles rencontres, expériences et d'opportunités de progresser. Pas seulement moi-même; la révélation de cette année, c'est que je dois apporter plus aux autres, en osant… oser amener du sens, raconter des histoires qui leur parlent, mettre du jeu et de la joie dans nos projets professionnels. Paradoxalement, c'est avec mon ancien cercle de confiance que c'est le plus difficile! ils me voient encore avec la lorgnette que je leur ai tendue pendant tant d'années… ils me parlent de risques et de barrières et d'obstacles et d'immobilisme et d'impuissance et de frustration et de désespoir… et je n'arrive pas à changer ce monde-là.

Mais je viens de faire une expérience vraiment marquante. Une formation toute bête, en interne, sur l'art de donner de bonnes présentations; améliorer sa prestation physique, faire passer les bons messages. Je connaissais peu ou pas du tout les collègues venus sur le même bateau. La journée a commencé par une synchronicité surprenante – un collègue, par hasard quasi l'homonyme de ma thérapeute, se présente en indiquant que son hobby, c'est les fleurs de Bach. Dans une assemblée d'ingénieurs et techniciens informaticiens, électroniciens et mécaniciens, c'était tellement saugrenu que je ne pouvais pas considérer cela comme un fait anodin. En fait, cela m'a mise en confiance!

L'après-midi, nous avons présenté chacun une passion personnelle, à tour de rôle. Nous avions 10mn de préparation individuelle et 5mn de présentation au groupe. Cela m'a paru tout de suite évident, il fallait que je parle de ma passion d'apprendre, de développement personnel et de développement du cerveau, des mandalas, du livre de Daniel Pink… Attraction

Quand mon tour est venu, j'y ai mis toute ma conviction - j'ai raconté ce que j'avais retenu de ce livre de Daniel Pink, je l'ai conseillé à mon collègue Grégoire inquiet de voir son travail menacé de délocalisation en Chine – car oui, c'est bien ce que raconte ce livre, les ingénieurs et les comptables, les bons élèves de nos écoles à l'ancienne, sont désormais des millions en Chine et en Inde, les ordinateurs aussi rattrapent chaque jour davantage nos tâches "cerveau gauche", il nous adapter et innover et changer notre monde, en commençant par notre vision du monde, pour donner, re-créer du sens à cela. Et on peut changer, oui, on peut changer, et progresser! J'ai raconté le traumatisme scolaire à l'origine de mon incapacité à dessiner, les maths et la physique, c'était tellement plus facile! Et je leur ai dit à tous, que je les entendais tous raconter du cerveau gauche et du cerveau droit, de la mécanique de la moto aux émotions en virage, de la rigueur de la lecture de la partition à la sensibilité de l'interprétation d'un morceau de saxophone, etc, et que cela pouvait paraître incongru de dessiner des fées le soir quand on passe ses journées dans des documents techniques bourrés d'acronymes, de tableau de données et de schémas blocs, mais que c'était justement une manière de déclencher de nouvelles visions du monde…

J'ai osé!

Et le monde a changé. Je l'ai vu tout de suite. Ils écoutaient, vraiment. Le formateur m'a même donné plusieurs minutes de supplément, et a noté la référence de D. Pink… impact?

Et surtout, le collègue qui me suivait a tout simplement changé à la volée son sujet de présentation. Il a tout simplement improvisé pour nous présenter une particularité de son cerveau, qui lui permet d'associer des couleurs aux chiffres et aux lettres (et aux schémas-blocs, je crois), et l'histoire de sa prise de conscience de cette singularité et des ses différentes variantes. Nous buvions ses paroles.. Impact?

Et après, à la pause, ma voisine de table m'a longuement confié comment elle luttait à raison de cours de midi et cours du soir, courageusement pour une jeune maman d'un petit gars ultra-dynamique de 17 mois, pour se débarrasser de son propre traumatisme scolaire qui avait complètement bloqué son expression orale en anglais… Impact?

Pour parfaire le tour de l'inattendu synchronique de ces expériences, à midi, j'avais eu une conversation technique passionnante avec un énième collègue surprenamment méconnu qui étudiait justement certains des concepts que j'avais l'intention d'explorer de plus près depuis mon flash d'idées post-reiki.

Quand je suis rentrée, j'étais épuisée. Non seulement j'avais appris à positionner mes mains et mon corps optimalement en présentation (quel défi!) mais j'avais interagi avec tous ces gens à un niveau tellement moins superficiel que d'habitude… il m'a fallu un bon souper et une heure de gym pour reprendre mes esprits. J'ai eu l'impression de vivre un jour de la prophétie des andes à moi toute seule. Sacrebleu!

Cela donne envie de continuer, non?