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Octobre 2009

Je n'ai pas eu beaucoup de temps libre depuis la rentrée scolaire… Parfois j'ai l'impression de faire du zapping en permanence, et de n'avoir pas encore accès à toutes les chaînes de la vie qui pourraient m'intéresser! Que ce soit au boulot ou à la maison, je passe mon temps à passer d'un sujet à l'autre, et je ne vais plus jamais au fond des choses. J'essaie de le faire en plein conscience, mais cela demande une vitesse d'adaptation épuisante.

Jamais de ma vie je ne me suis sentie aussi "responsable". Je ne prétends pas avoir une mission… mais j'ai des enfants à élever, un mari à chérir, des parents à respecter, des amis à conserver, une maison à entretenir, des collaborateurs à encourager, un chef à seconder, des collègues à aider. Cela fait beaucoup de responsabilités. Et aussi je suis responsable de moi. De prendre soin de moi. De faire de mon mieux en imaginant le bilan que je pourrai faire au soir de ma vie, que ce soir arrive demain ou dans 50 ans.

Aujourd'hui si je devais faire le bilan, ce que je regretterais le plus, c'est d'avoir eu si peur. La peur m'a accompagnée pendant tant d'années. La peur de me faire mal, la peur de faire mal tout court. La peur de ne pas réussir, la peur de ne pas être aimée, la peur de mourir aussi.

Je commence à comprendre ce mécanisme et le déjouer. Cela me fait progresser. Il y a beaucoup de projets qui me sont inaccessibles, non pas à cause de mes capacités, mais à cause de mes doutes et de mes peurs; des rencontres, des créations, des explorations.

Maintenant que je dépasse mes peurs, je fais de nouvelles expériences enrichissantes et mon regard sur le monde change. J'avais peur de ma hiérarchie, par exemple. Aujourd'hui, il me reste le respect, mais j'ose aussi davantage exprimer mon point de vue et prendre des responsabilités qui m'angoissaient encore il y a 2 ans. J'avais peur de l'ignorance, de l'erreur, du détail qui tue. Aujourd'hui, il me reste la rigureur, mais j'ose aussi davantage déléguer, faire confiance au travail de mes collaborateurs, et juger les priorités en termes de risques relatifs plutôt que de me focaliser le perfectionnisme absolu. J'avais peur de ne pas être à la hauteur dans l'éducation de mes filles. Aujourd'hui, je les accompagne et je les encourage, mais j'ai pris conscience que leur chemin n'est pas le mien. J'avais peur des catastrophes, du chômage, des épidémies… Aujourd'hui je compte sur ma responsabilité pour les traverser. Si nécessaire, je mobiliserai toute mon énergie, toute mon intelligence, toute ma foi dans la vie, pour les traverser là ou j'éparpille cette énergie aujourd'hui dans toutes sortes de tâches plus ou moins utiles.

Il faut encore que je m'autorise, aussi, à être fatiguée. Je fais attention à ma santé sur toutes sortes de plans, mais je ne suis pas raisonnable avec la fatigue. Entre le travail et la vie quotidienne, je fais généralement des journées de 16-17h, avec des pics à 18-19h parfois… alors que mon rythme de sommeil en vacances est de 9 heures. Un virus à la maison et tout le monde fait un gros rhume, sauf moi, mais je sens la fatigue passer un jour ou deux… et je continue. Je devrais me coucher plus tôt, mais que puis-je sacrifier pour y arriver?