IMG_3556

Nouvelle expérience

J'ai fait un nouveau pas dans le dépassement des blocages hérités de mes cours de dessin au collège.

J'en avais gardé une horreur pour la peinture, délavée, qui gondolait le papier le plus épais. J'ai dépassé mon blocage sur le dessin en 2007, et gribouillé pendant 3 ans mes mandalas aux crayons de couleur, toujours trop pâles à mon goût, ou au feutre, qui interdisent toute nuance et mémorisent chaque direction de tracé avec plus ou moins de bonheur. Ces derniers mois cela ne me disait plus rien, je voulais y mettre plus d'énergie, plus de couleur, plus de matière. Alors en novembre je suis allée acheter un peu de matériel et au premier week-end de pluie j'ai tenté l'expérience.

MandalaToile1

Le résultat est conforme à mes espérances en matière de couleurs et j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec de la vraie peinture, même si j'ai beaucoup tâtonné n'ayant aucune technique! je me rends compte que je n'ai pas assez couvert la toile dont on voit encore la texture par endroits, et aussi que j'ai tout à apprendre en termes de nuances et associations de teintes… et bien sûr le côté plat de mon art naïf me saute aux yeux ainsi. Je ne manque pas d'imagination pour les formes et les couleurs, mais je suis incapable de créer du relief, sans parler de travailler la lumière…

Peu importe, car pour le moment, c'est toujours un moment magique pour moi de créer ainsi. Je n'arrive pas à caser un cours de peinture dans mon agenda: c'est que ce n'est pas le moment encore. 

 

IMG_3556

Du passé au futur

Cet automne j'ai passé beaucoup de temps dans les archives en ligne des Côtes d'Armor. Mon père a pu me fournir les noms, dates et lieux de naissance approximatifs de mes 8 arrière-grand-parents et j'ai pu remonter, branche par branche, parfois jusqu'au 16e siècle.

Et j'ai au fur et à mesure révisé mes connaissances de l'histoire locale.

Comment expliquer que des ancêtres lettrés, y compris les femmes, qualifiés d'honorables au 17ème siècle, s'entre-mêlant avec des prêtres, notaires, avocats, écuyers de basse noblesse, toutes sortes de notables que l'on retrouve parrains ou témoins dans les registres paroissiaux et les premiers registres d'état civil autour de la révolution, n'aient en une poignée de générations transmis que des landes et un peu de pierre à des descendants devenus illettrés dans la 2e moitié du 19ème siècle, chair à canon en 14-18, et complètement complexés par leur langue, leurs habits, leurs culture et leur pauvreté de ploucs tout droit hérités de pauvres hères pas évolués depuis le Moyen-Age (croyions-nous) au milieu du 20ème siècle, jusqu'à ce que l'éducation nationale un peu mieux organisée leur redonne un semblant d'horizon et de dignité?

C'est très bien expliqué ici… J'ai effectivement des ancêtres tisserands, et des paysans nés de père en fils dans le même hameau pendant des générations. Je suppose que ce sont eux qui ont investi leur fortune de la toile dans les maisons de pierre que l'on vend aujourd'hui pour moins cher que ma voiture dans ce même hameau… quelle ironie!

Mais que retenir de cette histoire d'une déchéance que la mémoire familiale a oubliée de verbaliser, n'en transmettant que les émotions que j'identifie très bien à présent:

– la peur de l'avenir, bloquant toute initiative, tout esprit d'entreprise; l'emploi idéal est celui de fonctionnaire, ou à la rigueur dans une grosse boîte, sous le confortable parapluie de l'autorité d'un système ou d'un patron puissant. (A l'époque, comme le résumaient très bien les chouans, il y avait Dieu et le roi, qui les laissaient mener leur business et transmission familiale sans trop les déranger, à part avec quelques impôts excessifs de temps en temps)

– la tristesse du présent, de la difficulté de savoir Qui On Est, coupé de ses émotions les plus enracinées, et de la créativité dont elles sont génératrices, ayant perdu les repères de la langue, des lieux, de légendes d'un autre temps sans pour autant intégrer complètement les nouveaux savoirs un peu trop froids, un peu trop vides des livres et des ordinateurs; cerveau gauche hpertrophié, cerveau droit estropié.

– la honte des erreurs du passé, mais quelles erreurs? il reste ce malaise qui ressort à chaque génération plus tôt dans le chemin de vie, on s'énerve ou on déprime, on se noie dans l'alcool, on rumine de vieilles rancoeurs, ou on finit par perdre la tête. Bon j'exagère un peu ce n'est pas systématique mais pas loin.

Il est temps de faire du nettoyage. Je sens bien confusément que je ne peux pas grandir, évoluer encore sans me débarrasser de quelques-unes de ces casseroles. Au moins je les comprends un peu mieux qu'il y a 3-4 mois à présent.

Je ne peux aussi m'empêcher de faire le parallèle de cette lente déchéance socio-culturelle avec celle qui pourrait toucher nos futurs arrière-arrière-petits-enfants d'Europe, si on ne se bouge pas un peu pour accompagner plus directement les mutations à venir du 21ème siècle naissant. Mais comment??? en tout cas, il faut veiller à garder la mémoire, et l'éducation… pour le reste il faut leur faire confiance, ils seront créatifs.

 

 

 

 

IMG_3556

Noël n’est plus magique

Cette année pour la première fois avec une telle acuité, je n'arrive plus à me plonger dans la magie de Noël, ses préparatifs joyeux, ses fêtes et agapes en tous genre.

Tout se déglingue… d'abord, n'étant plus employée, je n'ai plus le droit aux Noëls des enfants et des salariés. Bon, le Noël des enfants n'a plus beaucoup de sens… Ondine a 8 ans à présent et a rejoint définitivement sa soeur dans la catégorie des grands enfants qui négocient leurs listes de cadeaux à grand renfort de comparaison de catalogues et d'optimisation de séduction de tout succédané de Père Noël, des grand-parents aux grands-oncles en passant Papa et Maman bien entendu. Cela n'a plus rien de magique.

Pour ne rien arranger, j'avais depuis des années un câble de déco longeant le toit du chalet, branché à un minuteur spécifiquement au mois de décembre. Le minuteur a rendu l'âme l'an passé, et j'ai eu la mauvaise idée d'acheter un truc made in China à l'ergonomie épouvantable. Dire que j'ai un doctorat en technologie et que j'ai même programmé des micro-processeurs dans mon jeune âge… mais à l'ère de l'ipad, qu'on ose encore commercialiser des horreurs pareilles, je ne comprends pas. Si des Suisses me lisent n'achetez surtout pas votre minuteur à la Coop. Enfin, il marche, quoiqu'à des heures qui me semblent bizarres… mais ce n'est pas tout: le câble aussi a rendu l'âme. Mais seulement à moitié. Là encore, mes restes de souvenirs d'électricité me perturbent, je ne comprends pas comment c'est possible car je pensais qu'il était câblé en série, mais non, puisqu'il marche A MOITIE. Un mètre allumé, deux mètres éteints, deux mètres allumés, un mètre éteint… Donc j'ai une décoration en pointillé. Ce n'est pas magique du tout. En fait, pour tout dire, c'est même carrément moche.

Je me suis donc dit que j'allais aller au magasin de bricolage racheter une pluie de leds, cela consommera moins, sera très joli sur le long balcon et évitera de rappeler un acrobate pour fixer le nouveau câble sur une grande échelle, là je pourrai l'accrocher moi. Mais voilà, en pratique, on est le 14 décembre et je n'ai toujours pas eu le courage de prendre ma voiture pour aller à 15 ou 20km acheter un truc aussi inutile!

D'ailleurs je n'ai plus aucune envie d'aller dans les magasins. Début décembre, entre l'ouverture des pistes de ski, l'anniversaire d'Ondine et un plat de moules qui m'est resté sur le système digestif une bonne semaine, j'ai tout juste fait une petite excursion dans un magasin de jouets et au marché de Noël de Montreux. Là encore, erreur: c'était le jour de l'Immaculée Conception, et je me suis pris tous les embouteillages des Valaisans et Fribourgeois catholiques donc en congé, en vadrouille dans le canton de Vaud protestant, donc ouvert.

Je suis revenue les mains vides et j'ai fini mes courses de Noël sur Internet. Le dimanche et en soirée, c'est très pratique, toujours ouvert… mais cela n'a fait que me jeter davantage à la figure le côté obligation mercantile de tout ce ram-dam…

Je me souviens pourtant d'avoir, depuis ma première grossesse en 1998, décoré avec joie mon foyer, participé de bon coeur à toutes les fêtes, soigneusement sélectionné, recherché et emballé les cadeaux, comme une des grandes étapes de la vie annuelle d'une maman.

D'une certaine manière, que cette magie s'estompe me fait de la peine, je ressens comme un grand vide triste dans tout ce plein de ramdam qui ne me parle plus… alors je songe aussi différemment au sens de ces jours de décembre qui vont bientôt de nouveau s'allonger, à la pureté de la neige sur laquelle je pourrais marcher en chaussettes tellement elle est propre, au froid propice au recentrage sur l'essentiel: la chaleur intérieure. Et quand Ondine chante Douce Nuit en 3 langues, il y a de la magie dans sa voix. Même si nous ne sommes plus chrétiens, j'ai installé une petite crèche au bord de la cheminée, car c'est un tableau qui me parle… renaissance, lumière, amour.

Le reste est sans magie, mais somme toute, c'est sans importance aussi.

Et ce sera bientôt le temps des bilans, et des nouveaux objectifs. Je ne peux m'empêcher d'y réfléchir déjà…