Cette semaine je suis sortie de mon marasme quotidien, de mes doutes et errances circulaires pour une semaine de formation à Paris. J'avais décidé d'investir dans l'approfondissement d'un domaine d'application de ma spécialité, plus "business" que gestion. C'était une bonne idée, car cela m'a regonflée à bloc.
L'hôtel où je logeais m'a offert un magazine et une télé. Dans le magazine, il y avait un reportage sur les guérisseurs, et à la télé, il y avait un reportage sur les guérisseurs. Un message m'a frappée "moins j'en sais sur la personne, mieux cela marche". C'est comme pour l'inventivité technologique: trop de savoir bride la créativité, c'est pourquoi il est souvent fructueux de faire des brainstorms entre ingénieurs de différentes spécialités, pour que chacun apporte avec son esprit neuf et curieux une nouvelle perspective, une exploration différente du problème de l'autre. Et après, mais seulement APRES, le savoir peut prendre le relais pour modéliser, vérifier, valider, construire.
Je sens qu'il faut que je me secoue maintenant, c'est la fin de l'hiver, le premier anniversaire de cette pénible année de renoncements, maintenant il est temps de finir ma mue pour passer à autre chose. Mais c'est aussi maintenant plus que jamais que je dois prendre le temps de faire le vide, méditer, me poser simplement pour me recentrer et "intuiter" la nouvelle voie à suivre.
Ce que j'ai appris au cours de ces derniers mois, c'est que j'ai besoin d'agir pour me sentir à ma place dans cet univers, mais de façon plus centrée, plus posée que je ne le faisais dans mon ancienne perpétuelle agitation. Mais, comme les guérisseurs, je ne peux pas faire confiance à mes capacités d'analyse et de réflexion pour déterminer la voie à suivre; cela ne fait que m'engluer dans les doutes et les regrets stériles et déprimants. Je dois d'abord suivre mon intuition, les messages de ceux que je croise, pour dégrossir une direction et APRES je peux appliquer mes capacités d'analyse et de réflexion à affiner un plan de réalisation. Mais pas AVANT!
Moi, je ne suis pas guérisseuse et ne me sens pas appelée dans cette voie. Ma voie est moi est la créativité, l'inventivité. Pendant la formation, j'ai découvert que l'intuition que j'avais suivie pour réaliser mon mémoire en 2007 est au coeur de la révolution de mon métier que nous prédit aujourd'hui un directeur d'un grand groupe français, sur la base de ce qu'il observe depuis 2-3 ans. Ce sujet là n'a guère d'importance en lui-même mais je me souviens encore de la surprise du professeur en charge du programme de formation à l'époque devant mon choix – alors que pour moi c'était pourtant évident qu'il y avait quelque-chose à explorer de ce côté… intuitivement. Le structurer, l'explorer, le vérifier, et surtout le communiquer était un travail difficile qui m'a pris des mois APRES… mais j'étais partie d'entrée dans une bonne direction.
C'est une montagne bien plus haute que j'ai à escalader maintenant pour développer cette créativité, cette inventivité et l'amener au service des autres. Je ne sais même pas quelle forme elle a. Cela fait des mois que je piétine au pied, incapable de trouver le début d'un sentier pour commencer mon ascension. Je suis découragée… mais je commence aussi à prendre conscience de la nécessité de cette étape, utile à me faire prendre conscience de mes facteurs limitants, pour mieux les lâcher: m'alléger est la première condition pour pouvoir sauter un peu plus haut sur ce chemin.
Et puis il y a les messages. Pendant cette formation, j'ai été frappée par les allusions ici et là à la possibilité du développement d'un nouveau paradigme, plaçant les objectifs sociaux à une importance égale ou même supérieure aux habituels objectifs de capitaux. Dans le monde d'APRES. Et dans le même magazine qui parlait des guérisseurs, il y avait ces petites phrases de Pierre Radanne:
"L'alternative au consumérisme sera une société relationnelle."
"Nous vivons dans un monde fini du point de vue des ressources et des libertés qu'on peut prendre vis-à-vis de l'environnement. Mais à l'intérieur de ces limites, il y a un infini qui est la relation à l'autre."
Et comme l'Univers s'est rendu compte que je suis incapable de saisir les messages qu'il m'envoie en permanence à moins de me les répéter lourdement, à ma sortie de l'avion le premier mail que j'ai lu venait du patron du réseau social LinkedIn, me remerciant d'y avoir pris part dans le premier million d'utilisateurs sur la planète (100 millions depuis cette semaine): "In any technology adoption lifecycle, there are early adopters, those who help lead the way. That was you."
A méditer…