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Devient-on plus Sage avec l’âge?

(C)Fran Zainal Je me pose souvent la question.

J’ai écrit Sage avec un grand S pour m’éloigner du lieu commun et plutôt faire référence à la (vague) idée que j’ai de la Sagesse. L’explication de wikipedia me convient bien:

La sagesse désigne le savoir et la vertu d’un être. Elle caractérise celui qui est en accord avec lui-même et avec les autres, avec son corps et ses passions (vertus de tempérance, de modération et de justice), qui a cultivé ses facultés mentales, tout en accordant ses actes à ses paroles. (lla suite ici)

Ce que j’aimerais comprendre, c’est si on avance naturellement vers cet état en prenant de l’âge? ou bien est-ce seulement au prix d’un énorme travail que l’on arrive à être en accord avec soi-même et les autres, etc? ou bien cela dépend avant tout de paramètres environnementaux, par exemple cela semble plus facile de cultiver cette sagesse en temps de paix et d’abondance matérielle lorsqu’on n’a pas à se soucier de sa survie au premier degré (dans ce cas avec notre mode de vie actuelle on n’a vraiment pas d’excuses!)?

En tout cas, je vois assez mal comment on peut être sage à l’adolescence. Une prof de français au collège nous avait transmis ce précieux message qui m’a accompagnée pendant toutes ces années de crise "teenager":

Un adolescent qui ne se révolte pas ne deviendra jamais adulte.

Mais quand on est adulte, c’est quoi l’étape suivante? ces années sont loin derrière moi, depuis j’ai étudié et travaillé, aimé et enfanté. Je fais quoi maintenant? bien sûr je n’ai pas fini de travailler ni d’élever mes enfants, mais devrais-je tendre encore vers autre chose? faire l’effort d’apprendre encore? ou vivre simplement, et l’expérience, d’elle-même, me rendra plus sage?

Si quelqu’un de 40, 50, 60 ans ou plus passe par là, j’aimerais bien son avis sur la question…

PS: l’image est une oeuvre de Fran Zainal, peintre bretonne basée à Quiberon, expo virtuelle sur son site Web.

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Novembre m’inspire

1er novembre aujourd’hui! Et le calendrier, cet année, ne m’a pas trahie. Nous avons perdu près de 20 degrés en 3 jours.

Et moi, je suis contente! j’ai toujours aimé novembre, et je m’impatientais d’y arriver cette année, au bout de cet été indien qui n’en finissait pas.

Novembre, quand j’étais petite, cela commençait par le rassemblement de la famille au déjeuner chez mes grand-parents, puis la messe des morts et la visite au cimetière, et comme le calendrier ne nous trahissait généralement pas, cela se faisait le plus souvent sous la pluie ou dans le vent, voire même, certaines années, les deux à la fois. D’ailleurs, on sortait les manteaux d’hiver neufs à cette occasion. Je crois que je ne suis jamais allée à l’église en tribu familiale à Pâques, ni même à Noël, mais la Toussaint, c’était incontournable! Ce qui, avec le recul (et un certain esprit critique…) me fait penser qu’on avait finalement dans la pratique catholique locale plus le souci (et le souvenir pour certains) de nos morts, proches de nous et rappels de notre propre destin de mortel, que celui des évènements bibliques, quand bien même ces derniers se présentaient comme plus joyeux et plus miraculeux…

Ciel En tout cas, novembre en Bretagne, c’était parfait pour l’ambiance! arbres dénudés comme des cadavres noircis se découpant sur un horizon privé de lumière, tempêtes automnales, et surtout des heures de cette petite pluie fine (crachin, bruine…) dont l’humidité pernicieuse s’infiltre jusqu’au plus profond des maisons. Je sens encore le froid des draps sur mes jambes nues, dans les chambres mal chauffées où j’ai parfois logé à cette saison.

A l’adolescence, j’ai eu le plaisir (laborieux tout de même) de mettre des mots sublimes sur ces atmosphères: le spleen de Baudelaire, si bien exprimé dans ces quelques vers

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis (…)

Ainsi j’étudiais Les Fleurs du Mal au lycée, et sur le chemin du retour, je me récitais ces vers en y ajoutant des suites de mon cru, selon mon humeur du moment. Bien sûr, l’image d’enfermement me parlait d’autant plus que je me sentais également à l’étroit dans ma coquille mal dégrossie d’adolescente mal aimée de ses pairs (du moins le percevais-je ainsi) et rêvant à d’autres horizons, ceux d’une vie adulte libre et lumineuse, qui m’étaient encore totalement inaccessibles. Ainsi novembre résonnait-il plus en harmonie avec mes doutes et angoisses intérieurs d’alors que les chaleurs, couleurs, odeurs exubérantes des mois estivaux par exemple…

Enfin, depuis mes 13 ans, novembre a souvent été pour ma vie intérieure le mois du renouveau, de la créativité. L’explication se trouve facilement dans le fait que ce mois est propice au repli sur soi dans les chaumières; au travail d’écriture que rien ni personne ne vient troubler tant il est désagréable de sortir aux premiers frimas; puis finalement, tellement plus propice que les autres temps de l’année aux longs cheminements intérieurs sans distraction autre que le hurlement du vent les soirs de tempête et, de temps en temps, le craquement d’une bûche dans l’âtre. Pour un peu, on entendrait les esprits s’exprimer dans ces monologues trop sinistres (pour ceux qui y croient). Pas étonnant que la fête des morts tombe à cette période sous nos climats!

Spleen ou pas, j’ai avancé à travers tous ces mois de novembre. Celui de ma vingtième année, j’ai déplacé ma vie, au sens propre et au sens figuré, et c’est là enfin que je suis entrée dans mon ère adulte. C’est d’ailleurs là que plein de petits maux dont je souffrais avant ont disparu. J’ai un souvenir fantastique de ce mois de novembre où j’ai enfin investi ma vie plus librement.

Il y a eu d’autres mois de novembre plus perturbateurs, ensuite. Je suis souvent tombée amoureuse en novembre, j’y ai rompu aussi, ou failli rompre; mois du travail sur moi, des remises en question, parfois salutaires, parfois excessives. Finalement, c’est un mois où je suis un peu décalée (on peut peut-être l’expliquer par de subtils déséquilibres hormonaux dûs à l’entrée dans la saison hivernale) et il vaut mieux me laisser tranquille. En principe, j’en sors en forme. Mais mieux vaut ne pas me déranger.

Quand je suis arrivée en montagne, novembre a pris un sens tout différent: bien plus rares la bruine et les tempêtes de mon enfance – c’est ici aux premières neiges que l’on s’attend; celles qui parent les arbres d’un habit féérique, d’une blancheur immaculée. Et les jours sans neige, alors que les basses plaines sont enfermées sous le couvercle du ciel bas et lourd si propice au spleen, ici, le brouillard est sous nos pieds et, pour peu qu’il ait neigé, le soleil ajoute aux arbres une parure d’étincelles.Chapelleneige

C’est pourquoi j’aime toujours autant novembre. Le spleen de mes 15 ans me touche bien moins; par contre, la perfection et la pureté d’un paysage enneigé sous les rayons d’un soleil faiblissant mais bien présent résonne toujours avec mon état d’esprit, comme un but, une harmonie à atteindre par moi-même.

Bref. Il y a 2 ans, j’ai utilisé novembre pour faire une pause dans ma vie avec l’aide de Mari Charmant, qui a assuré comme un chef la logistique domestique en plus de son boulot pendant les 6 jours nécessaires à une retraite en thalasso "Harmonie-Energie". Entre les soins et la gym, je me suis replongée dans mon histoire, mon présent et mes projets par moi-même (avec pour seule aide un de ces petits carnets pratiques de Psychologies Mag que je trouve fort utiles). Cela m’a fait beaucoup de bien, forcément physique grâce à la cure, et surtout, je suis revenue l’esprit serein.

L’an passé était plus tranquille. Cette année… on verra!