Cap Finisterre – Premières étapes

Je suis partie le 1er octobre, alors que les Préalpes commençaient tout juste à se parer de leurs couleurs d’automne.

Cette première étape suivait un chemin de randonnée alpin, avec la traversée d’un torrent, des forêts d’épicéas très sombres en ce matin nuageux, des alpages, un site protégé.

   

La diversité du parcours avec ses hauts et ses bas me correspondait bien, surtout dans cette phase difficile… Ondine venait juste de reprendre l’école, mais si fragile encore… et je me trouvais au milieu de tant de doutes, tant de peurs! mais voir le lac, et les dents du Midi, m’a frappée soudain, au détour de ce chemin que je parcourais pour la première fois, comme si je les avais mérités cette fois.

 

J’ai suivi ensuite d’interminables escaliers de pierres plus ou moins irrégulières pour descendre vers le Leman, avant de retrouver Ondine et Mari Charmant à un carrefour que j’ai pris soin de bien relever, pour y commencer ma prochaine étape.

Les semaines ont passé et Ondine a continué de reprendre des forces, et confiance en elle. J’ai retrouvé ma sérénité et mon efficacité, enfin de nouveau concentrée sur les complexes technologies de mes clients. Le 10 décembre, j’ai pu repartir quelques heures, et descendre encore vers le Léman, cette fois à travers des quartiers résidentiels, le long d’un chemin de fer, de l’autoroute et d’une zone industrielle, avec comme point de repéres le château de Blonay, quelques décorations plus ou moins de saison, et des arbres.

Eh oui, même en ville, il y a des arbres qui me parlent… Marcher seule ne me dérange pas, au contraire. Je suis tellement plus à l’écoute ainsi de toutes les beautés subtiles que l’on croise sur n’importe quel chemin…

La fin du parcours m’a attristée car j’y ai vu tous les déchets que les gens jettent par leurs fenêtres. C’est quelque-chose qui me révolte. Je suis tombée amoureuse de la Suisse quand j’avais 9 ans et je voudrais tellement que ce pays reste propre, bien élevé (littéralement et au sens figuré!) et un peu magique comme lorsqu’il nous a accueillis il y a 20 ans. Je n’ai jamais jeté un déchet au sol, ce serait un sacrilège! Au contraire, j’ai un contrat implicite avec les élémentaux depuis quelques années: quand je me balade en montagne, parfois j’intuite un appel à nettoyer, et en général je trouve un déchet à ramasser: canette, papier d’emballage, verre… Et ce que je nettoie en chemin me nettoie en retour des émotions et des pensées perturbatrices par je ne sais quel mécanisme.

Mais là sur ce bord de route pas d’élémentaux. Juste un ballet incessant d’automobiles et une vilaine odeur de brûlé. Pollution… Et alors même que je ruminais cela, une enfant m’appelle à l’aide. En face une voiture est arrêtée, en panne. Je mets plusieurs minutes à attendre une pause dans le flot de véhicules pour traverser en courant. La conductrice a perdu ses moyens, c’est la grand-maman, âgée et visiblement un peu perdue, elle ne parle pas français. L’enfant, bien que visiblement très débrouillarde, n’arrive pas à joindre ses parents par téléphone. Je les aide à appeler le TCS, après l’intervention vaine d’un autre conducteur garagiste: l’embrayage est grillé… c’était donc çà l’odeur…

Du coup, j’arrive au pas de course à l’arrêt de bus 3mn après l’horaire, un peu refroidie avec le soleil désormais très bas caché dans le brouilard, mais l’univers est bien gentil: le bus a 4mn de retard. Je suis de retour à la maison à temps pour prendre un bon thé de fin d’après-midi, en méditant sur le sens de cette rencontre inattendue – aider ceux qui se présentent à moi?

 

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