Nouveaux projets

Alors cette année 2016, j’ai mis de l’ordre dans ma vie.

Je vide et je range peu à peu des pans entiers de ma maison… tout ce que j’avais gardé de l’enfance des filles, mais aussi des dossiers du bureau plus ou moins obsolètes. Besoin de me désencombrer. Aussi de vieux contrats, que j’ai clos ou dénoncés, pour ne garder que ceux qui me portent dans une vraie dynamique d’innovation. Il y a eu des habitudes qui ont disparu cette année. Les vacances à la mer chez Papa-Maman, désormais fatigués par mes ados plus vraiment spontanées avec eux, se font à côté et non plus chez eux, en location. Les vacances de Belle-Maman pas loin de chez nous, maintenant qu’elle me semble trop fragile pour rester seule sans aide ménagére, ce sera la dernière fois cette année, car je ne me sens plus capable d’endosser cette responsabilité, en plein stress de la rentrée d’automne – je préfère m’organiser pour aller la voir à Paris l’un ou l’autre week-end, l’an prochain… Les paniers de légumes bio hebdomadaires et mensuels ne sont plus adaptés à la flexibilité des agendas de mes ados, alors j’ai aussi opté pour une formule plus flexible.

Et il y a les nouveaux projets. Je n’ai pas de rêves, mais j’ai tout le temps des idées, du matin au soir cela bouillonne dans ma tête et parfois même la nuit aussi, et parfois certaines de ces idées saisies au vol se cristallisent peu à peu, elles reviennent, elles s’éclairent au fil de l’une ou l’autre synchronicité, alors je sais, je dois en faire un projet.

Cette année deux projets ont émergé comme des évidences sur mon chemin.

Le premier projet est professionnel et tellement ambitieux que j’ai de la peine à ne pas me décourager devant la montagne à escalader, mais je sais qu’il est juste car, peut-être pour la première fois aussi nettement dans ma vie, j’ai très vite rallié deux de mes proches pour y contribuer. Je le laisse de côté sur ce blog car il a déjà sa place sur internet, mais dans l’autre pôle de ma vie (ma vie professionnelle se faisant en anglais, je gère séparément mon identité réelle et mes anonymes papyrus de kerleane, à vocation plus ludique).

Le deuxième projet est personnel et vient d’un voeu que j’ai fait dans un moment de doute et de désespoir cet automne, lorsqu’Ondine allait de plus en plus mal et que personne ne pouvait mettre des explications et encore moins un traitement rationnel sur ses malaises et son mal-être qui avaient clairement dépassé la simple crise d’adolescence. Je me suis promis que si elle guérissait, j’irais marcher 2000km jusqu’à St Jacques de Compostelle, ou plutôt et srutout, plus loin encore, jusqu’au Cap Finisterre. Je mettrai 10 ans s’il le faut pour caser tous ces km les uns après les autres dans mon agenda surchargé, mais je le ferai. Et j’ai commencé. Le premier octobre elle commençait à aller mieux et j’ai fait les premiers km. Le dix décembre elle avait quasiment retrouvé une vie normale et j’ai fait les suivants. Et chaque pas m’a libérée un peu aussi de ce qui m’encombre dans mes vieux schémas, mes vieilles croyances, mes émotions pas digérées. Et chaque pas en promet un autre, chaque lieu où je passe est une nouvelle découverte ou presque, j’observe et je ne juge pas, je marche juste ici et maintenant…

Et je pense aussi. Je marche seule, et je pense, je pense au passé, je pense à l’avenir. Chaque pas est un pont entre ce que je quitte et ce qui se présente à moi, alors je pense sans cesse, à ce que je quitte, et à ce qui se présente à moi. Et quand j’arrête de marcher, je suis plus ou moins fatiguée, je rentre chez moi heureuse des courbatures qui vont venir, car cela confirme que j’ai bougé, donc évolué, et puis la prochaine fois je repartirai du même endroit, il y a une vraie continuité dans ce tracé, dans ce chemin, même en pointillés.

Et comme le chantait Goldman au temps c’était moi l’ado en souffrance:

j’m’enfuis, j’oublie
je m’offre une parenthèse, un sursis

je marche seule
quand ma vie déraisonne
quand l’envie m’abandonne
je marche seule
pour me noyer d’ailleurs

je marche seule …

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