Cette année je renoue à ma façon avec la tradition de la Toussaint ou plus exactement de la fête des morts. J'ai revisité la mémoire familiale encore bien vivante grâce à mon père et nous avons passé 2-3 soirées à naviguer dans les bases de données départementales. Nous avons vu la signature malhabile de quelques-uns de nos ancêtres communs… jamais ils n'auraient imaginé que ce tracé dans un registre d'état civil serait visualisé par leurs descendants au travers d'internet! et depuis l'étranger encore! Bon, à vrai-dire la plupart ne savaient pas signer.
Et les registres sont implacables. Tout ce que la mémoire familiale a déformé ne résiste pas à la recherche analytique… mais il est étonnant aussi de voir ce qui a traversé les générations sans qu'on se souvienne de la source. La grand-tante habile en couture qui inspirait tant ma mère et maintenant ma soeur dans leurs réalisations manuelles, avait un couple de grands-parents… tailleur et couturière. Personne ne s'en souvenait.
Et il y a aussi ce que la mémoire familiale a effacé. Les branches dont on ne parlait pas. On n'en était pas fier sans doute. Difficile de remonter celles-là. Ma propre grand-mère se mélangeait dans ses deux branches, quand nous visitions le village de Kerlean, elle le croyait associé à sa branche paternelle, mais c'est le patronyme de son grand-père maternel que j'y retrouve. Et où sont-ils donc partis en nombre entre 1896 et 1901? où mon arrière-grand-mère a-t-elle vécu son enfance? pourquoi a-t-on raconté à ma grand-mère que son grand-père était mort écrasé par le train, alors qu'on ne le retrouve pas dans les registres? le train… le train… le train est arrivé en 1898. Qu'a-t-il amené, qu'a-t-il emporté? Les cousins de Mamie en savaient un peu plus, mais n'ont jamais voulu lâcher le morceau, "c'est tabou" ont-ils dit. Il y a eu aussi l'arrière grand-tante de Paris dont personne ne connaissait l'existence, révélée dans les papiers de procès des années 20… Un mauvais leasing, mais pour une charrette à l'époque, l'entraide familiale qui foire… mes arrière-grand-parents ont payé, mais qui au juste était coupable? Tout cela est bien compliqué.
Et moi, que vais-je chercher là? je cherche à éclairer les zones d'ombre. Littéralement, y amener de la lumière, si j'arrive à obtenir les données, je les transcenderai dans un papyrus par l'écriture ou dans un mandala symbolique, et je serai plus sereine. J'ai connu mes arrière-grand-parents. Les histoires que l'on cache, ce sont des émotions que l'on cache. Mais les émotions passent par d'autres canaux. Il y a beaucoup de peurs dont j'ai hérité et qui me freinent dans mes réalisations. Je veux remonter au coeur de ce qui me dérange inconsciemment pour guérir de ces croyances encombrantes et grandir de nouveau.
En tout cas, ce qui est ressorti de ma turbulente mue des 6 derniers mois, c'est que je ne sais pas où je vais parce que je ne sais pas qui je suis au fond… Je n'ai jamais eu de rêves à réaliser, même enfant, je ne me souviens pas avoir rêvé autre chose que suivre le chemin que me montraient mes parents. Maintenant je me demande s'il y a un chemin à suivre, s'il ne faut pas plutôt vivre de son mieux. Mais il y a quand même un fil conducteur, c'est comme si un chemin me portait malgré moi. Je ne vois pas devant mais je vois bien derrière que cela a du sens, et même beaucoup de sens.
En Ecosse, dans des sites très énergétiques, j'ai touché furtivement cette grandeur intérieure… mais j'ai beaucoup à dépoussiérer encore pour l'exprimer davantage dans notre monde réel…