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Trois soeurs – Louise

Louise était pleine de vie.

Bébé déjà, joufflue, joyeuse, bruyante, elle était la fierté de Marie-Jeanne, qui ne manquait pas de la prendre partout avec elle, du jardin à la cuisine, de l’église au champ, de la foire à l’épicerie, ravie des commentaires admiratifs des matrones du village. Quelle belle enfant Marie-Jeanne avait faite là! celle-là ne donnerait guère de soucis à sa mère: cela se lisait dans le rose de ses joues potelées et le brillant de ses yeux bruns, et la Lisette du bois l’avait même confirmé en lisant l’avenir dans son marc de chicorée.

Vaillamment charpentée, grande et forte pour son âge, Louise aida donc Marie-Jeanne depuis sa plus tendre enfance, au potager, au lavoir, à l’étable, au poulailler. Elle ramassait plus de pommes de terre, après la moisson d’août, qu’elle n’en mangeait de tout l’hiver, et pourtant elle avait bon appétit. Elle ne craignait ni le gel, ni le vent, ni la boue, ni les brûlures du soleil: dehors par tous les temps, toujours volontaire pour la moindre course à faire ici ou là, elle trottait du matin au soir, et il faut bien dire que l’occupation, en ce temps et lieu modeste, ne lui manquait pas. Elle nourrissait les cochons, qui craignaient déjà sa poigne alors qu’elle n’avait pas douze ans; à quinze ans, elle aidait au vêlage et plumait les volailles, les pieds dans la boue, les mains dans la fiente, sans se soucier de la vaine coquetterie qui semblait tant tourner la tête aux autres filles de son âge. Elle était bien occupée, va, et avec les grand-parents qui prenaient de l’âge, les petites soeurs pas encore dégourdies, et les parents restés sans fils, il était clair que la ferme aurait toujours besoin de ses bras, de ses jambes, de sa tête…

… De sa vie.

Et Louise était heureuse ainsi, chaque jour à vaquer tant et si bien que les années passaient déroulant leurs saisons, parsemées de naissances, de départs et de retours, mais marquées de la même certitude: Louise était là. Louise s’occupait de tout.

Louise était pleine de vie.

(Papyrus à suivre ici)

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Trois soeurs – Elisabeth

Elisabeth était si légère qu’elle semblait risquer s’envoler à tout instant vers ce royaume des rêves qui séparent les deux mondes, et qui lui était étrangement familier, comme à tous ceux que la vie hésite à garder, oscillant au gré d’un mal capricieux.

Car Elisabeth se consommait depuis l’enfance, souffle après souffle, chaque jour plus ténu au rythme des flambées des fièvres nocturnes, marque de son épuisant combat contre les mauvais esprits. Elle en gardait la peau blanche, tendre et diaphane, des êtres de la nuit. Mais Elisabeth résistait; Elisabeth avait la force intérieure des filles de granite, dont elle portait encore, par les hasards génétiques, les yeux gris-bleu et les mèches auburn. Ce délicat équilibre animait son visage fin d’un subtil rappel de l’éternelle harmonie entre le caillou et le lichen tels qu’on les trouve encore, entremêlés dans les chaos les plus profonds des forêts de chênes et de foyards, là où se tinrent, en des temps si lointains qu’ils ne sont plus accessibles à notre mémoire, les furieux combats des puissances naturelles. C’est pourquoi sans doute son visage était-il si émouvant, au-delà de sa maigreur, de sa petitesse, de sa faiblesse: Elisabeth avait la grâce d’une fille d’elfe.

Ce que le manque de force lui rendait à jamais inaccessible dans notre violent monde de la matière, Elisabeth avait su le puiser ailleurs. Le rêve, puis le livre, puis l’écriture, la construisirent plus sûrement que le plus lointain des voyages; elle y rencontrait tour à tour l’autre, l’art et l’exotisme, les idées les plus audacieuses… Par ce pélérinage intellectuel, elle fit peu à peu sien le monde des idées, s’enrichissant de vocabulaire et de concepts comme d’autres s’enrichissent de bijoux et de châteaux.

Et quand Elisabeth eut ses 20 ans, les progrès de ce monde pour la passion duquel elle menait son combat inégal vinrent enfin à sa rescousse. Il lui faudrait à jamais se passer de celui des ses poumons malades qu’une chirurgie au nom barbare de pneumothorax avait affaissé pour la sauver un peu encore, mais l’autre put finalement être nettoyé, parfaitement, à la streptomycine.

Alors, le souffle toujours ténu mais désormais préservé, Elisabeth remercia Marie-Jeanne, pour la patience et le dévouement qui ne lui avaient jamais fait défaut, et elle lui exprima enfin son désir le plus profond: voler de ses propres ailes, jusque tout là-haut, à Paris, là où le monde des idées était tellement plus vivant et accessible, là où elle pourrait enfin trouver un travail à la mesure de ses capacités: dactylo, secrétaire, documentaliste… Marie-Jeanne eut bien de la peine et du souci de laisser ainsi s’envoler son fragile oiseau vers un monde aux curieux attraits dont elle n’avait guère l’idée elle-même, mais il n’était pas dans sa nature d’aller contre l’ordre des choses. Elle avait bien assez prié la Vierge Marie, mère de Jésus, et Sainte-Anne, mère de Marie, pour qu’elles l’aident à garder encore ce dernier poussin en vie toutes ces dures années où elle avait cru la perdre 10, 20, 50 fois; elle pouvait donc bien la laisser aller de son gré maintenant, avec juste, au cas où elle trouverait sur sa route d’autres mauvais esprits, les précieuses médailles protectrices aux effigies de ces saintes mères patrones, bien cachées au milieu du linge dans la valise.

Ainsi Elisabeth s’envola-t-elle vers une autre vie, d’autres rencontres, des amours même – peut-être, sûrement? Mais personne n’en sut jamais grand-chose. Elisabeth revenait juste pour les vacances, chaque fois plus légère, mais rayonnant désormais de cette légèreté infiniment grâcieuse et lumineuse, à qui sait les regarder, des rêveurs devenus heureux.

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Trois soeurs – Anne

Enfin la suite de mon papyrus des Trois Soeurs… bonne lecture.

Anne était vive et gracieuse; Anne était fine et forte à la fois.

Anne mettait de l’ardeur à l’ouvrage, comme toutes les femmes de la famille – à part sa benjamine bien sûr, mais Elisabeth devait épargner ses efforts pour sauvegarder le peu de santé qui lui restait.

Anne n’avait pas l’incroyable endurance de son aînée Louise, mais elle n’en était pas moins active du matin au soir. Elle s’appliquait en particulier à des ouvrages demandant plus de patience et d’habileté sur lesquels Louise ne s’attardait guère, comme le crochet à dentelle qui lui occupait les mains le temps de mener la vache paître ici ou là.

Anne aimait les histoires des veillées comme des romans, celles des chants des grand-mères comme de l’église. Elle aimait rêver aussi, à ces princes lointains qui l’emporteraient dans le tourbillon d’une danse, vers le monde coloré et bruyant de ces belles toilettes qu’elle voyait parfois se promener aux beaux jours dans les rares automobiles qui osaient s’aventurer jusqu’au hameau.

Louise se moquait bien d’elle alors: "Ces grandes dames seraient donc plus heureuses que nous, sous le seul prétexte qu’elles sont mieux habillées? Mais les oeufs dans lesquels elles trempent une petite cuillère en argent à leur repas du matin (c’est la fille à Lisette qui l’avait rapporté à Louise), ces oeufs sortent de notre poulailler. Elles ont besoin que nos poules soient bien soignées, plus que nous n’avons besoin de rêver à l’ennui de leurs journées. Laisse donc ces chimères à Elisabeth, après tout la pauvre n’a pas assez d’ouvrage pour se remplir l’esprit, et puis cela lui enlève l’angoisse dans ses insomnies…"

Alors Anne hochait la tête, et retournait à son ouvrage en silence. Le crochet occupe les mains plus que l’esprit, et la vache n’était pas une compagnie bien bavarde. C’est pourquoi le soir en rentrant, elle s’empressait d’aller retrouver Elisabeth, qui lui résumait l’une ou l’autre de ses lectures du jour, tandis qu’Anne lui racontait dans le moindre détail ses rencontres de la journée. Elles comparaient aussi leurs ouvrages de dentelle et de couture, qu’Elisabeth pratiquait avec plus de talent encore. Mais la toile de bel ouvrage, les galons et les rubans, coûtaient bien trop cher à Marie-Jeanne pour leur permettre de réaliser les toilettes de leurs rêves, comme celles des revues de Paris que la femme du docteur prêtait régulièrement à Elisabeth.

Ainsi passaient les jours et les saisons, et Anne devenait vraiment plus belle et plus audacieuse. Au bal du café de la colline, elle croisa enfin son prince. Il n’en avait certes pas le costume trois-pièces, ni l’automobile vrombissante, mais tout de même une belle prestance, le souffle inépuisable pour faire sauter les danseurs au son de sa bombarde jusqu’au coeur de la nuit, et surtout il la faisait rire.

Alors Anne devint adulte. C’était des temps bien troublés alors; les belles automobiles ne venaient plus, remplacées par celle de l’occupant de temps à autre, paniquant les belles filles qui allaient se cacher devant le potentiel danger de cette autorité bravache. De la guerre, Anne voyait donc surtout rougeoyer les bombardements qui ravivaient le soleil couchant au coeur de la nuit, rappelant du haut de la colline où étaient les ports et les ponts stratégiques, pourtant lointains. Ces années-là furent bien longues, entre la ferme, les grossesses et les naissances. Puis la guerre passa comme toutes les guerres, et Anne aidait toujours Marie-Jeanne et Louise; mais Elisabeth s’était envolée, et Anne, qui rêvait encore, se languissait d’autant plus d’une autre vie plus tourbilonnante, plus joyeuse, plus facile – en un mot, plus moderne.

Heureusement, le monde changeait et l’opportunité se présenta pour le mari d’Anne, qui avait un peu d’instruction, d’aller tenir les livres de comptes au gré de l’état à l’arrière protégé de ses nouvelles guerres, lointaines celles-là. Alors enfin vint le temps pour Anne de quitter la ferme, son poulailler, son potager et les chemins creux du bocage impropres aux belles automobiles pour se rapprocher des grandes dames qui la fascinaient toujours autant, puisque toute la famille allait s’installer désormais là où l’armée logeait ses fonctionnaires.

Et Anne s’étourdit de cette nouvelle vie, de ces nouvelles rencontres, de ces nouveaux usages. Son goût pour la lecture et le crochet, ses enfants bien élevés et sa bonne mine lui permirent d’approcher les épouses de bonne famille dont son admiration et sa naïve curiosité rompaient l’ennui. Elle apprit vite les menus détails d’une maisonnée bien tenue – l’emplacement du pli sur le couvre-lit, l’ordre des couverts sur une belle nappe, les hors-d’oeuvre et le plateau de fromages aux repas de famille – mais aussi comment bien s’habiller, se maquiller, parler. Elle prit l’habitude d’emmener toute la famille aux bains de mer pour les congés payés, et inscrivit les enfants à l’internat de la ville pour leurs études secondaires, loin, bien loin des vaches et du crochet.

Puis vint une nouvelle guerre, en Afrique cette fois. Restée seule en métropole, avec les enfants aux études, elle rentra donc au pays, avec le permis tout frais de conduire l’automobile, fierté du mari, et la sienne aussi, un peu. Mais la guerre passa, comme toujours, et vinrent enfin des temps plus tranquilles, avec une maison à eux enfin, et tout le confort moderne, une grande cuisine en formica, et bientôt même la télévision!

Alors Anne continua d’aider Louise, et Marie-Jeanne qui vieillissait courageusement, à ramasser les oeufs et les pommes de terre, à éléver des lapins et faire fleurir des roses, à recevoir pour Noël et les vacances ses enfants et petits-enfants nés en ville désormais, mais aussi Elisabeth, qui leur ramenait à tous les livres, les disques, les parfums et les toilettes de Paris….

Car Anne rêvait toujours, les mains occupées, l’esprit vagabond, à une vie qu’elle n’aurait plus le temps de réinventer désormais – ses enfants peut-être?

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Perspective historique

Staune La perspective historique que James Redfield ne fait qu’effleurer en quelques phrases dans son roman fait l’objet de la première partie, introductive mais nettement plus détaillée et documentée, de l’essai de Jean Staune. Voici donc ma tentative de synthèse pour cette partie spécifiquement.

Le premier chapitre rappelle l’évolution de la pensée humaine, qui commença par créer des Dieux pour répondre à ses deux profondes angoisses existentielles – partagées par les hommes et femmes de tous lieux et de tous temps: la difficulté à trouver une explication cohérente, un sens, à ce que l’on vit, d’une part, et au fait que l’on meurt, d’autre part. Puis vint l’ère de la pensée rationnelle, dont les balbutiements posés par les Grecs il y a 2500 ans prirent vraiment leur essor à la fin du Moyen Age dans la société occidentale, avec les découvertes astronomiques qui cessèrent de placer l’Homme au centre de l’univers, puis le développement des autres sciences dans la foulée – notamment, en biologie, la théorie de l’évolution, qui acheva de déstabiliser l’Homme dans sa certitude d’être unique, élu des Dieux. Quel désenchantement! Et les grands penseurs cités dans ce chapitre se succèdent pour en explorer les conséquences, jusqu’à montrer que la suite logique et inévitable de cette ère moderne, cumul de la pensée rationnelle et matérialiste, est la modification de l’Homme par lui-même (génie génétique, intelligence artificielle…).

Le deuxième chapitre reprend cette perspective historique, mais sous un angle différent: celui de la condition humaine elle-même, abordée sous l’angle de la philosophie et des grandes traditions religieuses au cours du temps. L’auteur note d’une part que les fondements moraux et éthiques du "comment vivre" sont communs à ces dernières depuis des milliers d’années (même si ces grands principes n’ont pas toujours, pour ne pas dire pas souvent, été respectés!). Mais ces principes ont toujours été construits sur la base de conceptions non matérialistes du monde (ce qui les rend cohérents, c’est l’hypothèse déiste sous-jacente d’une "autre" réalité à atteindre/approcher). D’autre part, il explique que l’humanisme et le matérialisme ne sont pas compatibles; leur combinaison est sans issue, car les Droits de l’Homme, conçus sans le socle du déisme, n’ont pas de fondement (logique, rationnel) face à une pensée, une civilisation matérialiste, dont la parfaite évolution (logique, rationnelle) ne peut conduire qu’au "meilleur des mondes" matérialiste comme expliqué au premier chapitre. D’où l’importance de revnir à cette question fondamentale: notre existence (en tant qu’êtres humains – notre condition humaine) a-t-elle un sens?

Une fois ainsi posé le problème, l’auteur présente dans le troisième chapitre sa démarche pour l’étudier. Il reprend de nouveau la perspective épistémologique du premier chapitre, mais pour la projeter au XXIème siècle avec le pari suivant: de même que notre civilisation a connu un changement de paradigme (règles, conceptions, hypothèses de base constituant le socle de la science/la connaissance) en passant du monde ptolémien au monde newtonien, le XXème siècle était la charnière pour changer de nouveau de paradigme, et passer au monde einsteinien. Ce sont d’abord les avancées dans la physique de l’infiniment grand (relativité) et de l’infiniment petit (quantique) qui ont, indéniablement, entraîné ce changement de paradigme, pour nous entraîner dans une conception du monde physique où les notions d’incertitude, imprédictibilité, incomplétude, indécidabilité, indétermination, redeviennent des notions fondamentales… et scientifiquement prouvées. Mais aussi, d’après l’auteur, les avancées plus récentes en logique, biologie, et étude de la conscience – selon lui, les sciences de la vie ayant toujours du retard sur les sciences de la matière dans l’évolution de la connaissance humaine, ces avancées ne sont pas encore largement reconnues. C’est pourquoi il propose de nous expliquer ces avancées, en trois chapitres pour chacun de ces domaines, en partant des sciences de la matière bien reconnues auhourd’hui, et en posant le pari que les sciences de la vie vont connaître la même révolution que celle qu’a connue la physique au XXème siècle – maintenant! Enfin, il dévoile peu à peu son credo – le chapitre s’intitule "Vers de nouvelles lumières…", et se termine ainsi:

Si la vision réductionniste, mécaniste et déterministe que la modernité nous a donnée de l’homme et du monde est vraie, il faudra l’admettre. (…) [Sinon], la chose la plus importante [à faire aujourd’hui pour notre civilisation] sera de le dire (…): il s’agit d’une condition nécessaire (mais non suffisante!) à notre survie, la seule qui fera apparaître une nouvelle source de lumière remplaçant celle qu’a fait exploser le "désenchantement du monde". 

Et voilà… comment les 425 pages qui suivent vont-elles suffire à résumer les principales avancées scientifiques susceptibles d’apporter un éclairage (la lumière!) à ce questionnement existentiel? je suis dévorée de curiosité… et je m’en vais de ce pas poursuivre ma lecture.

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Trois soeurs – Marie-Jeanne

Marie-Jeanne avait trois filles.

A l’aînée, il manquait la beauté.

A la benjamine, il manquait la santé.

La cadette avait tout hérité.

Et Marie-Jeanne observait ses trois filles, ses petites devenues femmes, soupirant en son fort intérieur:

A Louise, il manque le rêve.

A Elisabeth, il manque la force.

A Anne, il manque la sérénité.

Qu’avait-elle donc oublié quand elle les avait enfantées, puis élevées, puis accompagnées?

Mais il était trop tard à présent; son temps à elle n’était plus de ce monde. Son âme s’affaiblissait, l’éloignant chaque jour un peu plus des soucis des vivants. Mais plus elle s’envolait, plus la ribambelle de ses pensées inquiètes tournoyaient dans son esprit fatigué, enfermées dans ce crâne devenu si exigü que même les mots n’arrivaient plus à en sortir. Son regard seul s’affolait par moments du désespoir de ne pas savoir partager les images de l’autre côté, paniquant Louise et faisant pleurer Anne. Elisabeth seule restait sereine, car elle avait suffisamment balancé entre les deux mondes pour ne plus en avoir peur.

Marie-Jeanne rompit finalement les amarres une nuit de grand vent, laissant derrière elle la rustique empreinte d’une vie besogneuse et pleine de poésie pourtant, au travers des deux guerres et des étranges mutations de ce siècle encore inachevé.

Marie-Jeanne n’avait jamais voyagé plus loin que le grand champ de foire; c’est pourquoi ce dernier grand voyage était d’autant plus étourdissant pour elle. Comme elle avait la foi robuste aux croyances de son temps et de son lieu d’ancrage, c’est Saint-Pierre qui l’accueillit à la porte de son paradis.

– Bienvenue Marie-Jeanne. Tu nous arrives bien légère déjà, mais je vois qu’il te reste un dernier fardeau à déposer avant de te reposer enfin. Quel est donc ce souci que tu ne peux oublier?

– Ah, mon bon père, ce sont mes filles. Elles sont bien braves toutes les trois, mais elles me donnent du tracas. L’aînée abat du travail comme dix, le monde s’arrêterait de tourner qu’elle essaierait de le relancer encore, mais elle en oublie de s’arrêter regarder la beauté autour d’elle; elle est comme ces machines qui viennent dans les champs et dans les fermes à présent; de bonnes mécaniques bien utiles ma foi, mais il leur manque comme un peu d’âme. La benjamine, c’est le contraire; elle a bien failli passer ici avant moi, et plus d’une fois; la beauté du monde est sa compagne de tous les jours, qu’elle soit poème ou aquarelle; mais elle est trop légère pour l’univers des vivants, qu’elle effleure à peine. La cadette enfin a tracé son chemin comme moi, de façon plus classique; elle est belle et elle est forte; elle a travaillé et elle a aimé, elle a enfanté et elle a guidé, elle a rêvé et elle a réalisé; mais elle doute toujours, et n’est jamais satisfaite de son sort; sans ses soeurs pour lui occuper les mains et l’esprit, elle pleurerait tout le temps.

Saint-Pierre sourit.

– Je vous ai entendue, et je sais comment vous soulager de ce souci, Marie-Jeanne. Regardez…

Il y avait là en effet derrière Saint-Pierre un immense univers, rempli des lumières de la Connaissance, sous toutes formes des plus simples aux plus complexes telles que les esprits des hommes et des femmes de tous les temps les avaient façonnées au gré de leurs découvertes et de leur imagination. Il y avait les symbôles et les rituels, les chansons et les tableaux, les brevets et les romans…

Et là devant Marie-Jeanne, soudain les formes d’une femme inconnue, plus vieille et burinée encore, avec d’épais cheveux gris retenus par une longue tresse, d’étranges habits aux couleurs chaudes et des bijoux de bois, de pierres, de cuir et de plumes.

La femme lui sourit, et lui parla dans une langue aux sonorités inconnues et pourtant limpide:

– J’ai ici une légende qui attend votre visite…

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D’un livre à l’autre

Enfin plongée dans "La prophétie des Andes", j’ai continué d’y avancer. Je le lis par petits bouts d’abord parce que c’est un mauvais roman – complètement décousu, une sorte de série B du livre avec un patchwork de personnages et de lieux sans travail descriptif sérieux ni construction soigneuse de la trame du récit, genre ce qu’on apprend au collège au cours de français: rien d’étonnant à ce que le manuscrit ait été refusé par tous les éditeurs au départ… Ensuite parce que je le lis en anglais, ce qui n’est pas trop difficile car c’est de l’américain sans sophistication descriptive, très accessible pour moi, mais cela ralentit tout de même mon assimilation. Enfin, parce que ce livre ayant visiblement plus d’intérêt comme outil de développement personnel que comme lecture de chevet, je prends mon temps pour réfléchir aux thèmes qui y sont abordés.

J’ai déjà publié les réflexions que la première prophétie, sur l’importance d’être attentif aux coincidences, m’inspiraient.

Sur la deuxiéme, qui met en perspective l’évolution historique de la civilisation occidentale jusqu’à notre monde à l’entrée du 3ème millénaire, ma réflexion est restée bloquée trois bonnes semaines. J’ai relu le chapitre, en vain, trouvant le sujet juste effleuré, et mal amené en plus, avec cette rencontre dans l’avion qui finit sans mot de la fin dans une stupide course poursuite à Lima… Comment approfondir ce sujet-là?

StauneMais supposons, pour le piment de mon propre récit ;-), que les coincidences aient fait leur travail… ainsi m’est venue cette obsession du non-sens de l’histoire des petites Sarah du Vél’D’Hiv, entrelacée de dimanche à mardi dans mon quotidien baladeur. Mardi soir, cette obsession m’a conduite au rayon livre du coin presse-librairie de l’aéroport, espérant pouvoir feuilleter le fameux bouquin "pléblicité" par Psycho mag. Mais je ne l’ai pas trouvé, et à la place, c’est ce pavé qui a fini dans mes mains:

"Notre existence a-t-elle un sens? Une enquête scientifique et philosophique"

De Jean Staune, Préface de Trinh Xuan Thuan.

Ce cher TXT, dont "la Mélodie secrète" avait profondément chamboulé mes convictions religieuses d’antan, quelque-part autour de l’été de mes 20 ans… Il m’avait été recommandé par une étudiante en astrophysique avec qui j’avais fait un bout de chemin entre le Poitiers médiéval et la Bretagne maritime cet été-là. Une référence.

J’ai donc feuilleté ce livre et il m’est apparu évidemment que c’était exactement le livre dont j’avais besoin pour aller plus loin dans mon questionnement existentiel.

Je ne l’ai ouvert qu’une fois assise dans l’avion, et malgré l’heure tardive, malgré la journée remplie de réunions, malgré le classement de 150 mails que je venais de réaliser entre-temps – mon petit marathon habituel à l’aérogare -, j’en ai lu près de 50 pages avant l’atterrissage une petite heure après. Mieux: ma bonne humeur montait au fil des pages!

J’ai continué d’en déguster une petite part aujourd’hui. Car il s’agit là encore, comme pour la plupart de mes lectures fondamentales, de dégustation plus que de gloutonnerie; je relis parfois 3 fois certains paragraphes pour bien les assimiler, car l’auteur a un esprit de synthèse apparemment très développé, et chaque phrase me paraît expliquer clairement ce qui me prendrait personnellement 3 pages à décrire (et de travers, en plus! lol).

J’ai fait quelques recherches sur l’auteur aussi, qui sont sorties tellement contrastées, manichéennes presque, que je me sens obligée de me forger ma propre opinion…

Et pour commencer, ce que j’en ai déjà lu m’a justement apporté la vue plus approfondie que je cherchais sur le sens de l’histoire, mais ce sera l’objet de ma prochaine note – décidément, synthétiser une synthèse n’est pas franchement un exercice dans lequel j’excelle…

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Trois soeurs – La légende

"Il était une fois, il y a de cela très longtemps, trois sœurs qui vivaient ensemble dans un champ. Ces trois sœurs étaient très différentes les unes des autres par leur taille et leur façon de se vêtir. Une des trois était petite, si jeune en fait qu’elle ne pouvait que ramper à la naissance, et elle était vêtue de vert. La deuxième portait une robe d’un jaune brillant et elle avait une façon bien à elle de se sauver toute seule lorsque le soleil brillait et que la brise lui caressait le visage. La troisième, l’aînée, se tenait toujours très droit et, étant très grande, essayait de protéger ses deux sœurs. Elle portait un châle vert pâle et sa longue chevelure blonde battait au vent.

De fait, les trois sœurs ne se ressemblaient que sur un point: elles s’aimaient beaucoup et ne se séparaient jamais. Elles étaient convaincues qu’elles ne pourraient supporter la séparation.

Un jour, un étranger apparut dans le champ des trois sœurs. C’était un petit Indien droit comme une flèche et brave comme l’aigle qui tournoyait haut dans le ciel. Il savait parler aux oiseaux et aux petits frères de la terre: la musaraigne, le tamia et les renardeaux. Et les sœurs, celle qui ne savait que ramper et celle aux longs cheveux, étaient bien intriguées par le petit Indien. Elles le voyaient porter une flèche à son arc, sculpter un bol avec son couteau en pierre, et se demandaient bien où il pouvait aller le soir.

Tard cet été-là, une des trois sœurs disparut. C’était la cadette en vert, celle qui ne savait que ramper. Elle pouvait à peine se lever dans le champ sauf lorsqu’elle trouvait un bâton sur lequel s’appuyer. Ses sœurs la pleurèrent jusqu’à l’automne, mais elle ne revint pas. Une fois de plus, le petit Indien revint visiter le champ des trois sœurs. Il vint ramasser des roseaux près d’un ruisseau voisin pour fabriquer des flèches. Les deux sœurs qui restaient le surveillèrent et regardèrent avec émerveillement l’empreinte de ses mocassins sur le sol où il était passé.

Ce soir-là, la deuxième sœur, celle vêtue de jaune et qui voulait toujours se sauver, disparut. Elle ne laissa pas de trace, mais il est possible qu’elle ait mis les pieds dans la foulée du petit Indien. Il ne restait plus qu’une sœur. Elle demeurait grande et droite, sans jamais s’incliner de chagrin, mais il lui semblait qu’elle ne pouvait vivre seule en cet endroit. Les jours raccourcirent et les nuits s’allongèrent. Le châle vert perdit sa couleur. Il avait pris de l’âge et semblait tout usé. Le vent avait défait sa belle chevelure blonde de jadis. Jour et nuit elle espérait le retour de ses sœurs, mais en vain. Sa voix, lorsqu’elle les appelait, était triste et mélancolique comme le vent.

Puis un jour, lorsque fut arrivé le temps des récoltes, le petit Indien entendit la plainte de la troisième sœur qui avait été laissée toute seule dans le champ. Il en eut pitié, la prit dans ses bras et l’amena chez ses parents. Quelle surprise l’attendait! Ses deux sœurs se trouvaient en toute sécurité dans la cabane des parents et la joie de la revoir enfin était grande. Le petit Indien les avait tellement intriguées qu’elles l’avaient suivi pour voir où et comment il vivait. Elles avaient tellement aimé la chaleur de son abri qu’elles avaient décidé de passer l’hiver avec lui. Et elles faisaient leur possible pour lui venir en aide.

La petite sœur en vert, qui avait maintenant atteint sa pleine maturité, tenait les casseroles pleines de nourriture. Sa sœur en jaune se laissait sécher sur une étagère en prévision de repas futurs. La troisième sœur se joignit à elles, prête à broyer le grain pour le petit Indien. Jamais plus on ne les sépara.

Tous les enfants connaissent ces trois sœurs et en ont besoin tout autant que le petit Indien. En effet, la petite sœur en vert est le haricot, sa sœur en jaune est la courge, et l’aÎnée aux longs cheveux blonds et au châle vert est le maïs." (Légende Mohawk) Trois_soeurs_2

Les trois sœurs sont les trois principales cultures pratiquées traditionnellement par les Iroquois (ligue des 5 nations): la courge, le maïs et le haricot. En savoir plus…

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Toutes ces Sarah, et le reste

Dimanche après-midi, le grand soleil du matin nous a permis d’aller pique-niquer en montagne, et c’est tout emplie de la sérénité de cette balade en famille que je m’asseois un moment dans le jardin, à notre retour, avec le Psychologies magazine d’avril (je rattrape mon retard de lecture…).

Mon humeur commence à se gâter avec l’article sur "Second life", qui explique comment quelques millions de gens s’inventent une seconde vie… plus belle? certes: avec plus de sexe, d’argent, de pouvoir, de célébrité. Virtuels. C’est glauque…

Et derrière cet article, une pub. Pas une de ces pubs futiles sur une crème de nuit ou un complément alimentaire. Une pub pour le dernier livre de Tatiana de Rosnay, la petite-fille du figuier pour moi, puisque c’est sa note expliquant le titre "The Fig Tree" de son blog qui me l’avait fait découvrir à mes débuts dans la rue des psycho-blogs, où elle tient une grande vitrine.

Shoahjewish_family_2Ce livre est suffisamment médiatisé, déjà best-seller international et futur film, pour que je n’en rappelle pas l’histoire. Pour moi, assise dans mon quotidien merveilleux de quiétude et de verdure, peu importe le livre, ce qui me frappe en plein fouet, c’est juste le fond rouge de ces mots "Le 16 juillet 1942, Sarah, 10 ans, est raflée, comme quatre mille autres enfants."

4000 enfants au Vél’d’Hiv. 4115, ou 4051, les chiffres exacts varient un peu, mais 4000 en tout cas.

Et tout de suite, dans ma tête, la douloureuse tristesse de la chanson de Goldman, que je ne peux plus écouter sans pleurer depuis que je suis maman, "comme toi":

Elle s’appelait Sarah elle n’avait pas huit ans
Sa vie c’était douceur rêves et nuages blancs
Mais d’autres gens en avaient décidé autrement
Elle avait tes yeux clairs et elle avait ton âge
C’était une petite fille sans histoire et très sage
Mais elle n’est pas née comme toi ici et maintenant

J’ai reposé le magazine, je me suis mise pieds nus, je suis allée m’asseoir en tailleur sur l’herbe, sous le soleil, face à la montagne, et je me suis encore une fois demandé: pourquoi tant de drames là-bas, loin de moi dans le temps ou dans l’espace, mais malgré tout portés à ma connaissance, conceptualisés, traduits des mots (raflée!) et des nombres (4000!) en images (Sarah… la photo… mes filles), en émotions qui m’explosent soudain le fin fond de mon cerveau reptilien de maman mammifère… ainsi ma vie à moi est sans drame, mais ces drames existent ailleurs… pourquoi?

C’est quoi le sens de tout cela?

Et ce drame-là, ce morceau de génocide en marche en juillet 1942, m’a soudain obsédée comme tout ce que j’ai pu lire, voir, entendre, sur la shoah, depuis ma découverte de ces horreurs grâce à un documentaire de la bibliothèque de ma classe de CE2. Je revois encore l’étagère…

Alors, tard dimanche soir, j’ai vérifié les chiffres dans le Quid, et j’ai regardé mes filles dormir, me répétant qu’elles ne risquent rien, elles, ici et maintenant.

Lundi matin, déplacement à Genève pour une réunion dans le quartier des organisations internationales, je croise à deux reprises des groupes d’enfants, en rang de deux, mélange coloré, bruyant, joyeux, et l’horreur me revient dans les yeux. 4000… 200 groupes d’enfants comme ceux-ci? Des petits, des grands, des maigres, des gros, des timides, des hyperactifs, des filles et des garçons. Des mômes… Comme les vôtres. Comme les miens.

Lundi soir, aéroport. Un gamin qui hurle, et toute l’aérogare semble incommodée… Malaise. Peut-on seulement concevoir la même situation, puissance 4000?

Mardi matin, je marche encore, mais cette fois dans le 15ème arrondissement, sans savoir que le Vél d’Hiv n’est pas bien loin; il y a là une boulangerie qui sent si bon le pain français, une boucherie, un coiffeur, la poste… et une école maternelle, des parents qui y conduisent leurs petits, se saluent, échangent quelques mots. Tranches de vie. Le ciel est grand bleu. Mais moi je ne peux m’empêcher de projeter ce quotidien que j’observe un peu détachée là en 2007 dans le Paris d’il y a 65 ans.

Et finalement, j’arrive sur les boulevards près de la Seine, je regarde les grands immeubles qui arborent fièrement toutes sortes de logos de notre société d’abondance et de bonheur, Yves Rocher, HP, TF1… la beauté, la technologie, la communication.

Alors je vais bosser, voir mes collègues et mon client, discuter projets, problèmes et solutions, continuer, de mon mieux, ma petite tranche de vie à moi… après tout, Goldman chantait aussi:

Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie

Mais tout de même, je voulais venir dire ici que je n’ai toujours pas trouvé… le sens de tout cela.

   

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Lac Léman

Sirene1

Les promenades au bord du Léman sont un enchantement, à condition d’éviter les dimanches de fin d’hiver (à moins d’avoir encore la curiosité d’expérimenter la notion d’embouteillage piétons-deux-roues juniors).

J’ai un petit faible pour les hippocampes de Vevey et leurs souples cavalières, qui m’offrirent cet hiver ce cliché de pure énergie.

Un faisceau de grâce…

Sur la même rive, mais plus à l’Ouest: le port de Vidy cher à Benoît.

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2004 – Thalasso – De moi aux autres

Au-delà du re-centrage, et de la réappropriation de l’importance de mon corps à travers les soins, la qualité de la nourriture et les séances de sport que je suivais assidument l’après-midi, ce séjour m’amena rapidement à m’interroger sur ma relation aux autres.

Le premier axe vint de la "petite liste des gens que j’aime".

J’ai commencé la liste, et je n’avais pas envie de m’arrêter.

Je ne suis pas quelqu’un de passionné, d’exclusif, capable de l’étourdissement aveugle d’un amour absolu auprès duquel toute autre relation apparaîtrait bien fade. Bien sûr, je suis passée, bébé, amoureuse, enceinte, allaitante, par ces périodes de folie hormonale qui nous guident par tous les sens dans la construction d’une puissante relation à un autrui dont les pas entremêlés aux notres marquent à jamais l’imaginaire de notre destin. Ces êtres-là sont bien évidemment sortis les premiers de ma liste. Mais au-delà d’eux, aussi tant d’autres, croisés ici ou là, car j’avais envie de mettre sur cette liste tous les petits détails que j’aime chez untel, unetelle, untelautre… famille, collègues, voisins, amis… qu’aucune passion ne m’a jamais éclipsés.

J’ai fini par décider de faire la liste à l’envers, pour que l’exercice ait une quelconque utilité: identifier les quelques personnes avec qui je trouve difficile de construire une relation positive, et réfléchir à ma perception de leurs défauts, pour mieux les détourner, et de leurs qualités, pour mieux les valoriser.

Exercice utile effectivement, car il m’a démontré que je n’ai pas de colère… J’ai lu ici, chez Benoît, Vero, Manue, Carole, des notes très intéressantes sur la colère, sur le pardon, mais ces notes ne me parlent pas: peut-être suis-je, comme Evelyne/alibi-bi avant son accident cérébral, handicapée des émotions (mon score de QE est très bas…)?

Pour moi, face à ces gens difficiles, pas de colère, mais plutôt, de la compassion, et un gros effort de patience, me mettre dans leur langage, dans leur vision, pour arriver à échanger et avancer ensemble quand même, un peu; et aussi l’esquive, presque un jeu, ne pas les énerver, "faire avec".

La colère, chez moi, c’est un moment d’agression: de la peur avant tout, peur de la violence, de la méchanceté, de l’injustice, de l’abandon. Je n’ai pas de force dans ces occasions: ma voix tremble, mon coeur dérape, mon estomac se noue, et bientôt, les larmes – une infinie tristesse…

Comme je déteste ces expériences que je trouve humiliantes depuis que j’ai atteint l’âge de raison, j’ai passé une large part de ma vie à optimiser ma relation aux autres pour ne pas déclencher ces émotions négatives. Et je me sens mieux ainsi. Même si ce n’est pas courageux, mais alors, pas courageux du tout… je suis de ceux qui fuient, je ne sais pas faire front; une antilope, pas une lionne!

Mais parfois les antilopes sauvent leur peau en apprivoisant les lionnesKamuniak

L’écrasante majorité de mes relations me sont ainsi apparues, dans cet exercice de bilan au calme, loin des émotions d’un moment, étonnamment positives, et en fait, cela m’a emplie de joie.

J’avais désormais l’impression que je verrais toujours avant tout du positif dans toute personne nouvellement rencontrée, et même dans les plus difficiles.

Avec le recul, c’est à peu près à ce moment-là que je me suis débarrassée de l’essentiel de mon reste de timidité, qui m’a tant fait rougir de la peur du jugement d’autrui, pendant des années.