IMG_3556

Educations – le message

Ces deux visages sont ceux de Tilly Smith, une écolière d’Angleterre, et d’une petite "gitane de la mer", de la minorité ethnique Moken de Ko Surin, en Thaïlande.

Toutes deux auraient pu faire partie des centaines de milliers de morts emportés par les vagues dévastatrices du 26 décembre 2004.

Moken_1Mais les Mokens ont vu la mer montrer des signes étranges ce matin-là: "Les anciens ont pensé au crabe gigantesque, responsable des marées". La petite fille, ses parents, ses cousins, ses amis, tous ont suivi le patriarche du village dans la montagne, à temps pour que quasiment toute la communauté soit sauvée (181 personnes, 1 disparu). Cette communauté ethnique étant sous le parrainage étroit de l’UNESCO, son histoire a rapidement été médiatisée et a fait le tour de monde avec emphase sur l’importance de préserver le savoir ancestral de ces communautés.

TillyPar ailleurs, d’un peu plus loin, à Phuket, l’histoire de Tilly a également fait le tour des télévisions et des journaux du monde entier. Cette petite fille-là a utilisé le savoir fraîchement transmis par son école pour alerter et sauver une centaine de personnes. En effet, à défaut de savoir ancestral applicable dans cet environnement étranger, elle venait d’étudier le phénomène du tsunami en cours de sciences et elle a su en reconnaître les signes, l’expliquer à son tour et donner l’alerte sur la plage de ses vacances, avec l’aide de ses parents.

Savoir ancestral, savoir des livres, savoir d’école… voilà pour moi le message universel bien réel derrière ces deux histoires qui ont certainement été plus ou moins déformées par la voracité médiatique post-tsunami: nous sommes des êtres vivants doués d’intelligence, de mémoire et de langage, sans griffes, sans poils, sans dents acérées, sans nageoires et sans ailes, et pourtant nous savons voler et nager et nous déplacer plus vite que le plus rapide des animaux…

Le savoir est notre plus grande force, et l’éducation est la plus efficace de nos défenses. La survie de notre espèce en dépend depuis toujours, et on n’a pas fini d’en avoir besoin…

En outre, qu’une petite fille de passage arrive à sauver une centaine d’inconnus, presque autant qu’un patriarche de village, réceptacle des savoirs ancestraux que malheureusement seuls les siens écoutaient encore, c’est quand même fort, et cela motive drôlement à envoyer toutes les petites filles du monde à l’école, non?

Unescodde Un message similaire a été formatté par l’UNESCO dans le programme décennal d’Education au Développement Durable: ici.

Il est urgent d’apprendre, pour nous, pour nos enfants, et pour les enfants qui les suivront.

IMG_3556

Educations

Moken  Tilly_1

2 visages de notre humanité en devenir – 2 visages parmi des milliards, mais je ne publie pas ceux-ci en particulier ici par hasard…

Car derrière ces 2 visages, il y 2 histoires qui se croisent – et nous sommes des milliards à avoir ce carrefour de cette improbable collision désormais gravé dans notre inconscient collectif…

Ainsi, derrière ces 2 histoires, pour moi, émerge 1 message universel – qui m’est venu comme une évidence avec l’inspiration de la prochaine note, et que j’ai eu le plaisir de découvrir documenté de la même façon par l’UNESCO dans ma recherche…

Quel message?

La réponse au prochain épisode!

IMG_3556

De l’anis étoilé dans le Tamiflu? pas si simple!

BadianeAlors voilà comme promis, j’ai fait quelques recherches internautes pour mieux comprendre si le Tamiflu était effectivement simplement tiré de la badiane chinoise, i.e. anis étoilé, comme l’ont rapporté les médias, et surtout pour voir si le fameux brevet licencié par le laboratoire Gilead au groupe Roche était aussi simpliste que les brevets relatifs à l’utilisation de l’ibogaïne que j’ai dénichés l’autre soir.

Comme introduction, l’OMPI a publié il y a quelques mois une note disponible en français traitant différentes questions autour de ce brevet spécifiquement – le fait que Roche en ait une licence exclusive sans avoir nécessairement la capacité de production nécessaire à la fabrication massive de stocks en vue d’une pandémie à court terme a en effet entraîné beaucoup de débats sur la question…

Partant de la référence citée par l’OMPI, j’ai donc pu aller regarder de plus près ce fameux brevet. Et là, franchement: ouf! ce brevet là ressemble déjà plus à un bon vrai brevet, dans le sens où n’étant pas du domaine, je n’y comprends rien: il est plein de formules chimiques que je suis absolument incapable de décrypter, n’étant pas spécialiste de ce domaine et loin s’en faut… Tout ce que j’ai pu faire, c’est chercher les références à l’acide shikimique, le fameux composant tiré de l’anis étoilé chinois, dans le texte. D’après ce que j’ai pu comprendre, le brevet décrit en effet, entre autres, différents procédés de fabrication de composés pharmaceutiques inhibant la neuramidase (l’arme du virus Influenza) à partir de différents éléments, dont ce fameux acide. Mais le brevet décrit des Tamiflu méthodes utilisant aussi d’autres acides, et il ne mentionne pas l’anis étoilé.

Car il s’agit apparemment bien d’un brevet technologique, décrivant une vraie invention humaine pour résoudre un vrai problème d’une manière vraiment originale. Enfin, pour autant que je puisse en juger. A vrai-dire, ce brevet devait avoir une sacrée valeur pour que Roche négocie une licence exclusive dès son dépôt ou presque. J’ai malheureusement vu des brevets prendre de la valeur après que des armées de bons avocats grassement payés se soient battus avec succès au tribunal sur leurs revendications, mais quand le brevet a de la valeur AVANT que les avocats fassent monter la mayonnaise, c’est encore plus fort.

Alors, cette histoire d’anis étoilé chinois?

Eh bien, s’il était le composant anti-grippal naturel de base comme auraient adoré les médias (très à la mode de montrer que Mère Nature vaut mieux que les ingénieurs)… il suffirait de boire du pastis pour faire passer la grippe! Honnêtement, je ne connais personne qui fasse son grog avec du pastis, mais bon, je ne suis pas de Marseille: chez moi, on utilisait du lambig.

En fouillant à peine plus loin, on trouve même une liste de préparations contenant cette plante (disponibles en pharmacies en France), dont la fameuse tisane Boldo qui conclut systématiquement les méga-bouffes chez ma belle-famille alsacienne… et que personne n’aurait idée d’utiliser pour la grippe!

N’empêche, toute cette histoire d’anis étoilé, effectivement largement utilisé par Roche pour obtenir facilement et à bas prix l’acide shikimique, a fini par entraîner une pénurie et une flambée du prix de ce composant pour la plus grande joie des chinois (ne pas oublier qu’ils sont bons en affaires ces gens-là!). Mais là encore, rien de nouveau: ainsi, bien avant la hantise du SARS et du H5N1, cette note du gouvernement français mentionnait le risque de contamination par de l’anis étoilé japonais (toxique) suite à la pénurie de son cousin chinois… avant 2001! apparemment, il y avait même déjà eu pénurie dans les années 70…

Et surtout, il ne faut pas négliger la créativité humaine pour contourner ce problème d’exclusivité. En voici 3 exemples:

synthèse de l’acide shikimique par biofermentation au moyen des bactéries E.Coli, maintenant utilisée pour une partie de la production du Tamiflu (personne n’a l’exclusivité de ces bactéries: on en a plein les tripes!)

synthèse de l’acide shikimique à partir de la pétrochimie (bof, je préfère garder le pétrole pour me chauffer?)

– et le gagnant est (avec un joli coup médiatique, au passage: bravo le marketing) extraction de l’acide shikimique des… aiguilles de sapins de Noël recyclés par Biolyse Pharma, un labo pharmaceutique canadien, avec la bénédiction du gouvernement canadien, ceci afin d’assurer la fabrication à prix minime et l’export à prix réduit d’un générique du Tamiflu à destination de pays non couverts par le brevet!

En conclusion, tout cela ne me dit pas comment trouver dans la pharmacopée naturelle de quoi échapper à ces vilains virus, mais au moins, je ressors rassénérée quant à la créativité des homo sapiens: après tout, si Mère Nature nous a donné un bon gros cerveau efficace, c’est pour qu’on s’en serve… donc, vive l’intelligence, et vive l’éducation…

IMG_3556

Ces plantes que l’on brevète

En relisant une vieille note de Manue parlant de l’Iboga, une plante africaine qui avait sevré un de ses potes junkie, j’ai été intriguée par la mention qu’elle faisait du brevet sur cette plante. Suite à ma recherche sur l’OGM Monsanto, je m’étais justement dit qu’il fallait que je regarde de plus près ces histoires de brevets sur le vivant. Voilà un bon cas d’école!Iboga_1

Un autre cas d’école est celui du Tamiflu, le fameux anti-grippe-aviaire sous licence de Roche, tiré lui aussi d’une plante chinoise: l’anis étoilé ou badiane chinoise, que vous avez peut-être déjà ingurgité dans une boisson à l’anis (pas moi, je n’aime pas l’anis!) ou tout simplement dans un curry un peu sophistiqué.

En effet, je trouve curieux que l’on puisse breveter l’effet actif d’une plante. A la rigueur le procédé permettant de l’extraire, ou de fabriquer un médicament en combinant l’extrait actif avec d’autres substances. Mais pas la molécule de base: je ne vois pas ce qui est inventif dans sa formulation!

J’ai donc regardé de plus près, tout d’abord, le cas de l’Iboga, ou plutôt de sa substance active l’ibogaïne, dans la base de données brevets US. En fait, c’est assez édifiant. Ce n’est pas le principe actif de la plante lui-même qui a été breveté, mais son utilisation thérapeutique, pas besoin de traduire je crois:

Howard S. Lotsof: U.S. Pat. No. 4,499,096 (issued in 1985, concerning heroin addiction), U.S. Pat. No. 4,587,243 (issued in 1986, concerning cocaine and amphetamine abuse), U.S. Pat. No. 4,857,523 (issued in 1989, concerning alcohol abuse), U.S. Pat. No. 5,026,697 (issued in 1991, concerning tobacco and nicotine), and U.S. Pat. No. 5,152,994 (issued in 1992, concerning people suffering from multiple drug dependencies).

La première revendication du premier brevet est toute simple: elle concerne le traitement d’un héroïnomane par un dosage compris entre 6 mg et 19 mg par kg de poids corporel d’ibogaine or d’un de ses composants actifs ou d’un mélange associé.  Autrement dit: quiconque applique ce traitement est sujet à poursuite légale pour violation de propriété intellectuelle, à moins d’avoir pris une licence auprès du détenteur du brevet. Reste au pauvre toxico-dépendant à trouver le moyen de filer au Gabon se faire initier au Wbiti par un gourou local pratiquant le chamanisme ancestral – en général, les brevets ne sont pas déposés dans ces pays sans potentiel commercial, et de toute façon, le dosage y est sûrement plus empirique…

Surprenant aussi, le brevet sur le traitement de la dépendance à la nicotine, bien que du même auteur quelques années plus tard, ne mentionne pas les applications précédemment brevetées. Pour ma part, si j’essayais de breveter une application similaire à un brevet précédemment déposé (même technologie appliquée à un problème similaire), je me ferais renvoyer par le cabinet de brevets qui dépose mes idées habituellement! (si si c’est du vécu) Le bureau des brevets n’aurait pas dû laisser passer cela (mais peut-être suis-je trop habituée aux pratiques européennes plus sévères).

Maintenant, la bonne nouvelle c’est que les deux premiers brevets doivent à présent être tombés dans le domaine public. Finies les cliniques sous license pour riches toxicos exclusivement (cf note de Manue), en tout cas pour héroïne et cocaïne. Sauf que… plusieurs pays, dont la Suisse, ont tout bonnement interdit cette plante trop hallucinogène pour être honnête, et qui n’a pas tardé à être récupérée par des apprentis-gourous maladroits, des maffieux malintentionnés et/ou des mouvances sectaires (à vrai-dire, son absorption n’a visiblement rien d’une partie de plaisir, et on peut en mourir); la France va probablement l’interdire à son tour.

Voilà l’intéressante histoire de l’Iboga! Maintenant, je continue mes recherches sur l’anis étoilé du Tamiflu, qui m’intéresse encore plus. En effet, je peux certainement vivre encore longtemps sans souci avec ma légère dépendance au chocolat et je n’ai aucune envie d’absorber quoi que ce soit d’hallucinogène, j’aurais trop peur d’y vivre un cauchemar, donc l’iboga très peu pour moi… Par contre, étant responsable de la santé de ma petite famille et assez fréquemment dans les aéroports pour lui ramener une cochonnerie virale, je dois avouer que la pandémie tant promise me terrorise! à suivre… 

IMG_3556

Une autre source d’obésité?

… pour rats, mais tellement meilleurs que les OGM: des livres, des livres, des livres!

BibliothequeEt puisque je veux ce soir partager une note positive avec tous les rats de bibliothèque de mon genre, tant de fois frustrés de ne pas trouver l’ouvrage de leurs rêves au fond des étagères qu’ils connaissaient par coeur à force de les avoir parcourues, voilà ce qui me réjouit aujourd’hui: miracle technologique à la racine d’un nouveau monde virtuel, balbutiant au début de notre 3ème millénaire, le web, qui met à la portée de qui sait bien les chercher plus d’informations qu’une seule bibliothèque n’en contiendra jamais sous forme papier (ce dont, accessoirement, les arbres nous sauront probablement gré).

Rien à faire de Monsanto, le vrai pouvoir, aujourd’hui pour demain, ne serait-il pas dans les mains de… Google?

Depuis toute petite, j’adore les livres, les librairies, les bibliothèques… tout ce qui représente le Savoir, tout ce que le cerveau humain a créé, toute cette information, cette érudition, ces histoires, ces réflexions… je ne suis au fond peut-être qu’un rat, un rat de bibliothèque…

Je mange les mots des autres, j’en suis même sans doute boulimique… et d’une gourmandise obsessionnelle, impossible à satisfaire: trop d’encyclopédies universelles ou spécifiques, trop de langues que je ne connais pas, qui ne me seront jamais accessibles! les yeux, les oreilles plus grands que le cerveau!

Mais au fait… que deviennent donc tous ces mots que je mange? suis-je devenue obèse de tout ce que j’ai lu?

Et vous, souffrez-vous des mêmes symptômes – boulimie livresque, boulimie d’infos? Janssens_jl_ratdebiblio

IMG_3556

Petit cadeau quechua

Hanacpachap cussicuinin

Compositeur Anonyme – Perou, 1631

Extrait à écouter ici

Ce chant m’a profondément touchée quand je l’ai entendu dans la compilation de Robert Gass découverte il y a 10 jours (lien dans ma colonne Musique – le chant apache vient de là aussi).

Souvent considéré comme un des principaux hymnes sud-américains, cette pièce vocale à plusieurs voix, la plus ancienne recensée au Nouveau Monde, apparaît pour la première fois dans un recueil de musique sacrée et catéchisme rassemblé par un missionnaire franciscain Juan Perez Bocanegra en 1631.

Il s’agit d’un chant processionnel de l’église coloniale espagnole San Pedro de la ville péruvienne Andahuaylillas. Toute son originalité, toute sa force aussi, réside dans le fait qu’il est écrit dans la langue locale inca: le Quechua. Ce chant rend grâce à la Vierge Marie lors des processions mariales locales, au moyen d’images symboliques inspirées de la nature.

Apparemment, on ne sait pas si cette pièce magnifique a été écrite par un missionnaire formé à l’art vocal européen et ayant appris la langue locale pour mieux évangéliser (comme le père Julien Maunoir qui re-christianisa mes ancêtres), ou si c’est un inca quechuan formé par les missionnaires au chant vocal européen qui l’a composé dans sa langue natale et intégré à la spiritualité locale (symbôles naturels, culte à la déesse "terre-mère" devenu marial…).

Toujours est-il que ce chant, né de la rencontre du meilleur de deux cultures, a depuis longtemps quitté le Pérou pour se trouver maintenant intégré au répertoire de nombreux choeurs jusqu’en Europe et plus loin… voilà bien quelque-chose de bon à la mondialisation, audiblement déjà en route au 16ème siècle…

Les paroles du chant et leur traduction en anglais

Pour une illustration visuelle de l’intégration des 2 cultures, j’ai rassemblé ci-dessous une représentation symbolique actuelle de Pachamama, la déesse-mère des incas, à comparer avec une représentation anonyme de la Vierge Marie, datant du 16ème siècle, école de Cuzco (Pérou, même région, même époque). Voir le commentaire sous wikipedia pour ceux qui lisent l’espagnol: apparemment, le triangle est un symbôle très fort dans la culture inca.

Pachamama400  Cuzcovirginbelen

IMG_3556

Le pouvoir psychique des aliments

J’ai emprunté cette semaine à la bibliothèque le livre du même titre de Christian Brun. Il y a un chapitre très intéressant sur les acides aminés et protéines et leur relation avec nos neurotransmetteurs que je dois encore approfondir. En feuilletant un peu plus en avant dans le livre, je suis tombée sur la citation suivante, à propos de la viande:

"(…)les grands carnivores sont des animaux féroces et ils répandent autour d’eux une odeur épouvantable, tandis que les herbivores ont des moeurs beaucoup plus paisibles. Ainsi, en mangeant de la viande, nous sommes en contact quotidien avec la peur, la cruauté, la sensualité des animaux. Celui qui mange de la viande entretient dans son corps un lien invisible avec le monde des animaux et il serait lui-même épouvanté s’il voyait la couleur de son aura.(…)Chaque homme est donc accompagné de toutes les âmes des animaux dont il a mangé la chair. (…)"

En fait tout un paragraphe de diabolisation de la viande. Pourtant, C. Brun ne l’interdit pas dans ses recommandations en fin d’ouvrage, et il indique d’ailleurs dans le chapitre sur les neurotransmetteurs les bienfaits de la tyrosine, acide aminé contenu dans les viandes et les fromages:

"précurseur de la dopamine et la noradrénaline, qui stimulent le cerveau en le rendant plus actif, plus vivace, plus alerte. L’activité cérébrale est stimulée, l’énergie mentale, la motivation, l’attention, la vigilance sont accrues."

Le problème, c’est que pour cela, il faut manger de la viande (d’un animal tué) ou du fromage (du lait dont on a privé un petit mammifère, typiquement un veau, un agneau ou un chevreau généralement tué aussi). Donc, si on commence à se poser des questions "sentimentales" sur l’éthique de son alimentation, on peut finir par se priver de nutriments essentiels à la bonne marche du cerveau…

Et en regardant de plus près qui était l’auteur de ce texte vindicatif cité par C. Brun, je découvre qu’il s’agit du fondateur de la secte Fraternité Blanche Universelle… Effectivement: beaucoup de sectes commencent par imposer des régimes et jeunes en tout genre, et on peut comprendre l’intérêt avec l’explication ci-dessous: diminuer l’énergie mentale, la motivation, l’attention, et la vigilance sont un très bon point de départ pour aliéner des cerveaux humains!

Une petite note kerleanesque pour conclure sur ce paragraphe: si vous voulez passer une soirée tranquille devant le feu de cheminée, avec de la musique et un bon livre, quel est l’animal qui vous tiendra compagnie le plus naturellement dans cette ambiance sereine et relaxante… le bouc, ou le chat?

Comme quoi, un peu d’esprit critique peut préserver de bien des déboires 😉

PS Benoît j’avais commencé cette note avant de lire ton comm, rien de perso contre toi, de toute façon habitant en Suisse tu étais forcément motivé à passer au régime gruyère/raclette sous toutes leurs formes à la place du boeuf hors de prix, comme tout le monde non? lol

IMG_3556

L’homme, parasite de la plante

L’homme n’est, dans sa plus simple expression, qu’un parasite de la plante, qui lui fournit l’oxygéne (O2) qu’il respire et le carbone (C) qu’il mange, directement ou indirectement (la vache mange la plante et l’homme boit son lait de la vache, et mange sa viande).Photosynthese

Car la plante sait tirer directement du soleil l’énergie nécessaire à la transformation du CO2 (dioxyde de carbone) en ces deux éléments nécessaires au métabolisme de l’homme, ce que l’homme ne sait pas faire, notre organisme n’étant pas capable de photo-synthèse (*).

Depuis que j’ai lu cette analyse dans le livre "Après nous le déluge" emprunté à la bibliothèque courant janvier, elle me fascine et je ne regarde plus ma salade de la même façon!

Malheureusement le reste du livre est sans intérêt, se contentant de geindre sur les différents avenirs possibles de l’humanité sans réflexion en profondeur, mais rien que pour cette image du parasite de la plante, je lui devais une rév(f)érence…

(*) en réalité l’équation est un peu plus compliquée et fait aussi intervenir l’eau et le glucose, à l’inverse de notre respiration.

IMG_3556

Comment le langage peut fabriquer un mythe…

Macaque_japon_0_1 La note du Vero sur l’inconscient collectif m’a retenue fort tard hier soir et je lui dis un grand merci, car elle tombe pile-poil à point pour me permettre d’entamer ma catégorie zététique "X-files – la vérité est ailleurs" – à savoir ma facette Scully! – sur un cas d’école.

Comme je vais régulièrement sur le blog de Vero pour y lire de jolies textes "qui font chaud au coeur" comme je le cite ci-contre, j’ai trouvé l’histoire vraiment intéressante, engageante et positive, mais en même temps, j’ai été un peu alertée par l’emphase scientifique qui lui était donnée alors que les sources n’étaient pas citées. J’ai donc voulu en savoir plus.

C’est plus facile quand on lit l’anglais. S’il y a des demandes, je pourrai traduire quelques textes relevants. Je n’ai pas le temps ce soir de compiler toutes les sources que j’ai parcourues, il suffit de taper "hundredth monkey" sous wikipedia ou google pour démarrer… il y a de quoi lire plusieurs jours, voire de faire un mémoire de zététique (si pas déjà fait par les étudiants de Sophia Antipolis ou autres)…

Les points que j’ai retenus – évidemment sous toute réserve de la fiabilité des ressources internet visitées:

– l’histoire du 100ème singe apparut pour la première fois sous cette forme dans un livre de  Lyall Watson publié en 1979 – sous la forme d’une hypothèse clairement indiquée, dans les extraits que j’ai trouvés, par l’usage répété des mots anglais "seems" (il semblerait), mais aussi par "I am forced to improvise the details" (je suis obligé d’improviser les détails). Clairement, on est à la source de l’invention du mythe et l’auteur lui-même est loin d’être péremptoire.

NB: cela revient dans le texte publié chez Vero: "Supposons… Supposons…"

– ce livre a été repris et cité par différents leaders du Nouvel Age, en particulier par Rupert Sheldrake qui étudie la résonance morphogénétique (morphic resonance), et Ken Keyes Jr, qui popularisa le mythe dans les années 80 en lui dédiant un de ses livres de développement personnel. Ces auteurs sont populaires donc le mythe a vite fait le tour de ces milieux… jusqu’à nous.

NB: dans le texte publié chez Vero, c’est la théorie de Rupert Chaldeck qui est citée mais je ne retrouve pas ce nom sous google – probablement un typo pour Sheldrake. Le "scientifiquement" vient de lui parce qu’il est docteur es sciences (Moi aussi, mais mon éthique ne me permet pas de prétendre l’appliquer à construire des théories dans des domaines différents de celui dans lequel le jury scientifique a cautionné mon travail – prévoir une note dédiée sur ce point.)

– intrigués comme moi par cette belle histoire, quelques esprits curieux ont voulu remonter aux sources japonaises et ont eu la déception de découvrir que les scientifiques japonais ne confirmaient pas du tout la télépathie/l’inconscient collectif. La découverte scientifique portait sur l’acquisition et la propagation de nouvelles compétences dans un groupe de primates… clairement par l’exemple, l’observation et la communication au sein de ce groupe (Myers, Amundson…).

NB: Comme ce sont les seuls à citer explicitement les articles du Japan Monkey Center dans le journal scientifique "Primates" et le nom des chercheurs japonais à l’origine de l’étude, j’ai tendance à les juger plus sérieux, mais bien entendu, en toute rigueur, il faudrait vérifier ces sources par soi-même dans une bibliothèque universitaire (elles sont accessibles au public, donc pas d’excuse).

– le mythe du 100ème singe est depuis considéré comme un cas d’école dans l’étude de la naissance et de la propagation de ce qu’on appelle "les légendes urbaines".

NB: pour vérifier si c’est vrai ou non, il faudrait trouver une colonie isolée de ce type de macaques et leur proposer des patates douces pleines de sable. En 50 ans, si la télépathie marchait, ils auraient capté le truc, non? La prochaine fois que je vais au zoo avec les filles, je regarderai s’ils ont cette espèce de singes!

Maintenant, tant qu’on y est, mon grain de sel sur l’origine du mythe car je suis sûre que tous ces gens étaient pleins de bonne foi (personne ne s’est enrichi au passage, enfin, je crois, faudra quand même que je vérifie si Sheldrake a déposé des brevets)! Donc, hypothèse à moindre côut kerleanesque:

Que croyez-vous qu’il se passe quand un anglophone questionne un scientifique japonais sur une expérience scientifique? il lui pose la question en anglais. Et que se passe-t-il si le scientifique japonais n’a pas bien compris? il continue de dire "yes, yes".

Et c’est comme cela que tout a commencé entre Watson et ses potes japonais!

Watson a entendu… ce qu’il avait envie d’entendre!

Je parle d’expérience (travail technique avec des japonais dans un groupe de travail international), sauf que moi, je ne suis pas anglophone, donc je me rendais mieux compte du niveau d’incompréhension de mon interlocuteur parce que c’était dur d’exprimer clairement ma pensée pour moi aussi! 

Donc, non seulement la télépathie des macaques n’est pas prouvée, mais en plus, toute cette histoire est très probablement un enchaînement malheureux de mauvaises interprétations de langage d’humain à humain… le fameux téléphone arabe qu’on pratiquait dans les cours de récré…

Non seulement on n’est pas télépathes, mais en plus nos moyens de communication REELS sont terriblement imparfaits!

Car le plus drôle, c’est que le dernier maillon de la propagation de ce mythe, entre le texte de Vero et moi, c’est aussi une mauvaise interprétation! hier soir, je n’ai vu que le mot "scientifiquement" (j’ai un radar sur celui-là, attention!) et pas les mots "supposons" pourtant répétés en noir sur blanc juste au-dessus! quelle magnifique illustration des illusions dans lesquelles nous baignons…

Il reste que j’adhère totalement à la magnifique conclusion de Vero, même si j’y viens par d’autres voies que l’inconscient collectif (là encore, prévoir une note):

JOIGNONS NOS PENSEES DE PAIX ET DE JOIE POUR TOUS