Category: Humeurs
J’ose pas y croire…
Ben voilà, je vais changer de chef.
Comme en 2004, je n’ai rien vu venir. Pourtant j’avais bien développé mes réseaux d’information internes, mais rien n’a filtré. Rétrospectivement, je comprends beaucoup mieux bien des petites phrases et l’environnement sclérosé dans lequel je me cognais de plus en plus, tout ce qui traînait désespérément sans raison, et surtout, au paroxysme de fin juin, cette impression d’être laissée bien seule à tirer mes projets et ma petite équipe. Il me semblait surtout être la dernière à avoir encore assez d’énergie pour essayer de faire bouger les choses, au point de me faire traiter d’idéaliste par des collègues plus pragmatiques, désabusés et résignés depuis longtemps…
Et voilà, j’osais plus y croire, mais… tout ce que j’avais espéré, en vain, voir se mettre en place il y a 3 ans me tombe dessus, apparemment!
Jusqu’à hier, j’ai pas voulu y croire encore. J’avais encore trop dans le ventre un noeud d’humiliation d’avoir mendié à ce New Boss justement, en vain, une place dans son organisation toute pimpante d’il y a 3 ans: le "grrr" dans ma note de souvenirs d’il y a quelques mois, c’était lui! Là encore, c’est après coup que je réalise combien cette émotion était restée coincée en moi (bon j’avais quand même exprimé un grrrr ici – lol), au point que j’étais incapable de me comporter naturellement avec lui, toujours sur mes gardes et mal à l’aise (grrrr!). Alors, comme en 2004, j’ai de nouveau passé de mauvaises nuits ces derniers temps, me réveillant en milieu de nuit pour un cycle d’insomnie, comme souvent les anxieux (brrrrr….).
Depuis 2 semaines, j’ai tourné et retourné dans ma tête tous les scénarios.
Mais aussi, j’osais pas y croire, mais depuis 2004, j’ai évolué. J’ai repris confiance en moi grâce à diverses réalisations professionnelles, et j’ai aussi progressé sur un plan plus personnel. Je sais mieux trouver en moi cette source d’énergie qui irradie, qui fait qu’on se sent infiniment vivant, et surtout je sais mieux la ré-alimenter. Au point que j’ai maintenant souvent l’impression de déborder de créativité et de motivation. Au point même de commencer à oser essayer de les transmettre aux autres, mais ceci sera mon prochain défi.
J’ai fait un rêve surprenant justement ma dernière nuit de réflexion avant mon premier entretien. C’était un rêve mélange de visions et d’émotions, extrêmement difficile à verbaliser et à rassembler à mon réveil; je n’ai pu qu’en saisir quelques bribes dans mon cahier. Mais il m’a remplie de courage, et toujours de cette formidable énergie…
Alors je suis allée à l’entretien avec New Boss et là, vraiment, j’osais pas y croire. Motivant et à l’écoute. Au fur et à mesure qu’il me parlait et répondait à mes questions, je me suis détendue et je me suis jetée à l’eau. Je lui dit quels étaient mes objectifs d’évolution. A ma grande surprise, il était visiblement dans une position d’écoute et d’ouverture que je ne lui connaissais pas. Il m’a proposé d’avancer dans cette direction, entièrement libre, en lui faisant une proposition, et indépendamment de cela, il m’a aussi demandé de l’aider à compléter sa liste d’objectifs pour son nouveau département sur la base de mon expérience actuelle.
Je suis sortie, je suis allée dans l’escalier, j’ai fait des bonds de joie, jusqu’à ce que je me rappelle que j’étais sans doute sous vidéo-surveillance. Ce serait dommage de me faire interner pour cause d’euphorie passagère alors que les opportunités que j’osais à peine espérer se présentent tout-à-coup VRAIMENT et sans effort de ma part!
Confiance, écoute, collaboration, motivation – je n’osais pas encore y croire. Mais à ma grande surprise, New Boss a proposé de parler aussi à mes autres collègues et équipiers en transit, afin de répondre à leurs questions dans la foulée. Cette deuxième séance a apporté encore des promesses qui n’ont sans doute pas vocation à être entièrement satisfaites, mais tout cela est néanmoins un tel changement que je suis encore sortie de là tout excitée. Deux mots surtout que j’ai retenus dans son credo, et qui vont être son défi à mon avis – ouverture et innovation. A suivre.
Mais j’ose toujours pas y croire… il me faut maintenant formuler mes objectifs d’évolution en une proposition concrète et structurée… et revenir sur terre. Heureusement, ma bonne étoile m’avait déjà conduite à me préparer, et je viens d’en retrouver le clin d’oeil dans ma météo couleur…
Météo couleur
Curieuse du succès que ce petit jeu de cartes rencontre sur certains de nos psychoblogs, je me suis amusée avec depuis environ un mois. Et je suis intriguée. Vraiment intriguée. Pour ma part, je vais continuer à faire mes expériences mais d’une manière plus rigoureuse, en notant systématiquement mon état d’esprit avant le test, la position des cartes choisies (j’ai déjà testé qu’elle n’est pas fixe) et mon tirage effectif pour vérifier s’il y a bien une corrélation anormale.
Je suis en plein chamboulement professionnel, ce qui m’a complètement bousculée ces derniers jours. Les faits feront l’objet de ma prochaine note, déjà rédigée mais en cours de contrôle (j’ai la prudence de la garder assez floue pour préserver mon anonymat). Mais, en attendant les détails, en m’amusant à tirer ma météo couleur aujourd’hui après avoir longuement médité sur la nouvelle situation, voici ce que j’ai obtenu et qui correspond étonnamment à ce qui me bouleverse en ce moment…
Cette couleur raconte ce que vous êtes en train de vivre en ce moment. Elle précise ce qui se passe et la façon dont vous le gérez.
Turquoise lumière
Vous êtes en train de guérir. C’est un miracle. Ce que vous avez toujours souhaité est en train de se manifester, la situation bloquée se libère. Votre polarité manquante arrive. Vous êtes habité par une force inhabituelle qui vous procure un changement de niveau de conscience. Votre coeur déborde, vous êtes animé d’intention pure, prêt à donner votre amour au monde sans besoin que cela ne se sache. Vous préoccupation se tourne vers la planète, son écosystème, sa survie et vous êtes prêt à veiller pour que l’homme y prenne sa place sans nuire à l’évolution des espèces.
Cette couleur vous informe des moyens qui sont à votre disposition et ce que la vie vous recommande de saisir comme circonstance favorable en ce moment.
Violet Naissant lumière
Vous avez l’occasion de mettre en pratique un sujet qui vous tient à coeur dont vous avez acquis les connaissances théoriques en allant à l’école. Quelle aubaine ! Voulez-vous passer à la pratique ! Passés les premiers jours de tâtonnements, vous allez petit à petit acquérir l’entraînement qui vous manque pour devenir, inévitablement avec le temps, maître en la matière. Qui ne risque rien ne peut prétendre espérer du meilleur ! On ne vous demande pas d’être perfectionniste mais de suivre les étapes de la voie d’apprentissage d’une discipline de vous ouvrir à recevoir l’enseignement du maître qui le dispense. Et du coup, de guérir votre relation au père, à la notion de hierarchie !
Le bâton de pluie et autres nouvelles
Rude journée aujourd’hui. Et ici, tout-à-coup, des notes qui me parlent sur vos blogs, envie de rebondir, mais pas le temps. Je reviens mi-juillet après avoir déposé mes puces à la plage pour un mois, et après une avant-cure de cure de sommeil et de bons petits soins chez Maman, qui m’a préparé sa bibliothèque de bouquins sur le do-in pour l’heure de la sieste, histoire de me retaper les méridiens du foie et du poumon en respirant l’odeur des algues après un plat de langoustines. Vu ce que j’ai appris aujourd’hui, j’en aurai bien besoin pour préparer le prochain cap professionnel, puisque je dois changer de chef d’ici à septembre. Mais chaque chose en son temps…
Alors juste une petite note légère… depuis hier, des trombes d’eau s’abattent sur ma région. La route entre Evian et la frontière suisse a été coupée à cause de glissements de terrain qui se sont également produits au-dessus de Vevey. Les pompiers sont en alerte pour inondations en tout genre, et toutes sortes d’experts jaune fluo dépêchés par les services communaux se sont relayés tout l’après-midi pour curer une canalisation de ruisseau devenu torrent puis mare, menaçant la route qui descend de nos pistes de ski au village.
Mais ce que les médias suisses romands ont omis d’expliquer, c’est que l’origine de ce désordre pourrait fort bien venir de l’initiative, pourtant fort sympathique dans son intention d’origine, d’une maîtresse de bricolage passionnée de beaux objets artisanaux aux propriétés quelque-peu magiques.
Car après avoir ramé dans les trombes d’eau qui transformaient nos autoroutes en piscines hier soir, savez-vous ce que j’ai trouvé à la maison, comme, au minimum, les 25 autres mamans et papas de la classe de Lili?
Un bâton de pluie.
Magnifique objet je dois dire: long cylindre de bois décoré de 100 clous, aux propriétés sonores diluviennes absolument indéniables. Fièrement rapporté par ma puce, avec, bien entendu, moultes démonstrations de ses propriétés, y compris par la petite soeur ravie de ce nouveau jouet musical.
Bref, 26 bâtons de pluie dans les Préalpes, et c’est le déluge!
Merci Lili 😉
PS: toute dénonciation serait particulièrement malvenue, car je doute que les assurances RC des différents protagonistes suffisent à couvrir les dégâts survenus dans la région suite à cette malheureuse expérience. Mais pour consoler tout le monde, nous avons eu le droit aujourd’hui aux arc-en-ciel les plus fantastiques que j’ai jamais vus (confirmé par mon daltonien de Mari Charmant, c’est dire!)
Bonnes vacances, avec ou sans soleil!
C’est compliqué les gens…
Alors voilà, c’est tombé sur moi: faut que j’organise le menu du repas pour 120 personnes, moitié adultes moitié enfants, pour la fête de l’école d’Ondine. Ecole Montessori auto-gérée par les parents – qui doivent donc prendre un charge l’une ou l’autre tâche à un moment ou un autre.
Vu mon emploi du temps chroniquement surchargé, mes voyages et cie, je me suis portée volontaire pour des tâches plus ponctuelles mais pas moins compliquées, comme ici aider le comité à organiser cette fête de fin d’année.
Cette fois, il a été décidé de rationnaliser ce repas, qui était sous forme de buffet canadien "chacun-apporte-sa-spécialité" les années précédentes. Cela allait très bien quand l’école était plus petite, mais avec la croissance des effectifs, l’an passé il y avait 10 fois trop de nourriture et quasi tout le monde est parti sans s’en soucier à l’arrivée d’un gros orage, laissant un cauchemar logistique aux quelques courageux GO restés par mégarde… et en plus, apparemment des parents se sont plaints que le repas n’était pas équilibré, que des familles avaient juste amené des chips et que leurs enfants n’avaient mangé que cela. En réalité, il y avait un bol de chips… et 20 bols de toutes sortes de super plats, salades en tous genres, fruits, fromages, ce qui me laisse vraiment, mais alors vraiment songeuse!
Bon, je suppose que ce sont les mêmes parents à qui le traiteur qui fournit les repas de midi à l’école s’évertue à expliquer que non, cela ne sert à rien qu’il double les quantités de légumes, vu qu’il en jette déjà la moitié qui lui revient tous les soirs (ce qui prouve bien que si les enfants en question ont envie de plus de légumes, ils ont tout-à-fait la possibilité de se resservir, mais quand Maman-mange-tes-légumes-c’est-bon-pour-toi n’est pas là, que croyez-vous qu’ils font? pfff, comme dirait Vero…).
Bref, l’organisatrice en chef n’étant pas plus que moi une experte en organisation de repas de masse bio dynamique végétarien sans gluten sans lactose, nous avons spécifié un menu très simple avec buffets de salades crudités-pâtes-patates-taboulé, des glaces en cornet et bâtons et des biscuits/gâteaux secs, maison ou pas, pour le dessert, sachant que l’école offre le rôti pour le BBQ.
Rôti? mais on fait quoi pour les végétariens? j’ai pensé à un plateau de fromages, mais s’ils sont versés dans la diététique, ils ne mangent sans doute pas de fromage non plus? Le problème que je ne les connais pas… au fait, le rôti, c’est du porc? cela pose un problème? bon, bref, pour l’instant, on a laissé ces questions de côté… et j’ai fait un super tableau excel pour calculer et répartir les portions à amener par chaque famille comme demandé par super organisatrice qui n’avait pas du tout envie de téléphoner à 30 familles pour optimiser leur apport culinaire (puisqu’un sondage a montré qu’elles préféraient amener plutôt que payer la nourriture, toujours selon le principe de chacun-met-la-main-à-la-tâche).
Maintenant, j’angoisse, est-ce que cette attribution autoritaire de "Kerleane et Super Organisatrice ont choisi le menu unilatéralement… FAmille X fait 8 portions de tomates-mozarella et achète 8 glaces… Famille Y amène 8 portions de salade verte, avec la sauce, 4 baguettes et un assortiment de biscuits…" ne va pas faire des histoires? Mais comment faire autrement? un menu fixe centralisé (refusé par le sondage) ou chacun-amène-sa-bouffe-rien-que-pour-lui (et bye-bye le partage)?
C’est quand même là que je trouve c’est bien compliqué de rendre les gens heureux dans une société pleine d’individualités… Pfffffff!
Un peu angoissée aussi, et s’il n’y a pas assez à manger? j’avais affreusement mal géré la logistique d’un voyage de groupes quand j’étais ado en comptant sur mon appétit, oubliant celui des mecs de 18 ans et 30 kilos plus lourds de muscles… j’avais sacrifié ma part, jeûnant en pénitence, mais cela n’avait pas suffi… j’ai pas osé dire à Super Organisatrice que j’avais un tel précédent, elle va sûrement adorer mon tableau Excel, mais je me sens d’avance un peu bureaucrate incompétente sur ce coup-là.
Je suis curieuse de vivre la suite…
Toutes ces Sarah, et le reste
Dimanche après-midi, le grand soleil du matin nous a permis d’aller pique-niquer en montagne, et c’est tout emplie de la sérénité de cette balade en famille que je m’asseois un moment dans le jardin, à notre retour, avec le Psychologies magazine d’avril (je rattrape mon retard de lecture…).
Mon humeur commence à se gâter avec l’article sur "Second life", qui explique comment quelques millions de gens s’inventent une seconde vie… plus belle? certes: avec plus de sexe, d’argent, de pouvoir, de célébrité. Virtuels. C’est glauque…
Et derrière cet article, une pub. Pas une de ces pubs futiles sur une crème de nuit ou un complément alimentaire. Une pub pour le dernier livre de Tatiana de Rosnay, la petite-fille du figuier pour moi, puisque c’est sa note expliquant le titre "The Fig Tree" de son blog qui me l’avait fait découvrir à mes débuts dans la rue des psycho-blogs, où elle tient une grande vitrine.
Ce livre est suffisamment médiatisé, déjà best-seller international et futur film, pour que je n’en rappelle pas l’histoire. Pour moi, assise dans mon quotidien merveilleux de quiétude et de verdure, peu importe le livre, ce qui me frappe en plein fouet, c’est juste le fond rouge de ces mots "Le 16 juillet 1942, Sarah, 10 ans, est raflée, comme quatre mille autres enfants."
4000 enfants au Vél’d’Hiv. 4115, ou 4051, les chiffres exacts varient un peu, mais 4000 en tout cas.
Et tout de suite, dans ma tête, la douloureuse tristesse de la chanson de Goldman, que je ne peux plus écouter sans pleurer depuis que je suis maman, "comme toi":
Elle s’appelait Sarah elle n’avait pas huit ans
Sa vie c’était douceur rêves et nuages blancs
Mais d’autres gens en avaient décidé autrement
Elle avait tes yeux clairs et elle avait ton âge
C’était une petite fille sans histoire et très sage
Mais elle n’est pas née comme toi ici et maintenant
J’ai reposé le magazine, je me suis mise pieds nus, je suis allée m’asseoir en tailleur sur l’herbe, sous le soleil, face à la montagne, et je me suis encore une fois demandé: pourquoi tant de drames là-bas, loin de moi dans le temps ou dans l’espace, mais malgré tout portés à ma connaissance, conceptualisés, traduits des mots (raflée!) et des nombres (4000!) en images (Sarah… la photo… mes filles), en émotions qui m’explosent soudain le fin fond de mon cerveau reptilien de maman mammifère… ainsi ma vie à moi est sans drame, mais ces drames existent ailleurs… pourquoi?
C’est quoi le sens de tout cela?
Et ce drame-là, ce morceau de génocide en marche en juillet 1942, m’a soudain obsédée comme tout ce que j’ai pu lire, voir, entendre, sur la shoah, depuis ma découverte de ces horreurs grâce à un documentaire de la bibliothèque de ma classe de CE2. Je revois encore l’étagère…
Alors, tard dimanche soir, j’ai vérifié les chiffres dans le Quid, et j’ai regardé mes filles dormir, me répétant qu’elles ne risquent rien, elles, ici et maintenant.
Lundi matin, déplacement à Genève pour une réunion dans le quartier des organisations internationales, je croise à deux reprises des groupes d’enfants, en rang de deux, mélange coloré, bruyant, joyeux, et l’horreur me revient dans les yeux. 4000… 200 groupes d’enfants comme ceux-ci? Des petits, des grands, des maigres, des gros, des timides, des hyperactifs, des filles et des garçons. Des mômes… Comme les vôtres. Comme les miens.
Lundi soir, aéroport. Un gamin qui hurle, et toute l’aérogare semble incommodée… Malaise. Peut-on seulement concevoir la même situation, puissance 4000?
Mardi matin, je marche encore, mais cette fois dans le 15ème arrondissement, sans savoir que le Vél d’Hiv n’est pas bien loin; il y a là une boulangerie qui sent si bon le pain français, une boucherie, un coiffeur, la poste… et une école maternelle, des parents qui y conduisent leurs petits, se saluent, échangent quelques mots. Tranches de vie. Le ciel est grand bleu. Mais moi je ne peux m’empêcher de projeter ce quotidien que j’observe un peu détachée là en 2007 dans le Paris d’il y a 65 ans.
Et finalement, j’arrive sur les boulevards près de la Seine, je regarde les grands immeubles qui arborent fièrement toutes sortes de logos de notre société d’abondance et de bonheur, Yves Rocher, HP, TF1… la beauté, la technologie, la communication.
Alors je vais bosser, voir mes collègues et mon client, discuter projets, problèmes et solutions, continuer, de mon mieux, ma petite tranche de vie à moi… après tout, Goldman chantait aussi:
Il y mettait du temps, du talent et du cœur
Ainsi passait sa vie au milieu de nos heures
Et loin des beaux discours, des grandes théories
A sa tâche chaque jour, on pouvait dire de lui
Il changeait la vie
Mais tout de même, je voulais venir dire ici que je n’ai toujours pas trouvé… le sens de tout cela.
1981… et si on rêvait encore?
Le monde de mes 10 ans me paraît bien loin.
Un lundi matin, mai 1981. C’est ma première classe verte. Toute excitée, je n’ai presque pas dormi de la nuit, tant j’ai eu peur de ne pas entendre le réveil! Le car qui va conduire les CM1 et CM2 dans le Massif Central part à 6 heures: il fait encore nuit noire, quand les enfants encore ensommeillés se rassemblent dans la rue. Enfin c’est le départ, et nous regardons la gorge un peu serrée soudain les au-revoir de nos parents sur le trottoir qui s’éloignent, s’éloignent…
Mais 500m plus loin, les maîtres demandent au car de s’arrêter! le Bar-tabac-PMU-presse du haut du quartier est déjà ouvert, et l’un d’eux court vite acheter les journaux du matin. Je me rends compte soudain qu’ils sont tout excités eux aussi; joyeux comme je ne les ai rarement vus; le visage fendu d’un large sourire, car pour eux aussi, c’est une première, la réalisation d’un rêve… La gauche est au pouvoir! ils partiront bientôt en retraite à 55 ans…
C’est ma petite voisine dans le car qui m’explique tout cela. Elle me demande si mes parents étaient contents ou tristes, hier soir. Tant de gens ont fait la fête. Mais ses parents à elle étaient déçus. Elle en reprend l’air grave et dépité. Moi je ne sais pas. Nous avons regardé les résultats, mais on ne parle pas de politique chez moi, et mes parents n’ont manifesté ni joie outrancière, ni grosse déception. Je suis toute étonnée donc de voir ce matin-là combien ces élections passionnent les autres! quelque-part, la joie de mes maîtres est communicative… le soleil se lève, et nous partons à l’aventure… quelle belle journée!
Et quelques mois plus tard, j’ai 10 ans, je suis en CM2, le maître toujours aussi joyeux et enthousiaste veut partager avec nous un peu de son idéal: il rêve d’Europe à présent, elle va se faire enfin, bien loin derrière lui sa petite enfance pendant la guerre, les Allemands sont enfin nos frères, et bientôt aussi les Espagnols, les Portugais, les Grecs!
Alors voici ce qu’il nous apprend à chanter, sur la 9ème symphonie de Beethoven choisie pour l’hymne européen:
Que la joie qui nous appelle, nous accueille en sa clarté,
Que s’éveille sous son aile l’allégresse et la beauté.
Plus de haine sur la terre, que renaisse le bonheur,
Tous les hommes sont des frères quand la joie unit les coeurs.
Peuples des cités lointaines qui rayonnent chaque soir,
Sentez-vous vos âmes pleines d’un ardent et noble espoir ?
Luttez-vous pour la justice, êtes-vous déjà vainqueur ?
Ah qu’un hymne retentisse à vos coeurs mêlant nos coeurs.
Si l’esprit vous illumine, parlez-nous à votre tour,
Dites-nous que tout chemine vers la paix et vers l’amour.
Dites-nous que la nature ne sera que joie et fleurs,
Et que la cité future oubliera le temps des pleurs.
Je n’ai pas beaucoup de mémoire pour les chansons, mais je n’ai jamais oublié les paroles de celles-ci. Il y a quelques mois, j’ai voulu la chanter à nouveau, pour l’apprendre à mes filles, mais je n’ai pas pu. Je ne sais pas pourquoi, ce chant est pour moi trop chargé d’émotion, de nostalgie: ma voix tremble et je suis au bord des larmes avant la fin du premier couplet…
Car mon maître est un vieux monsieur désormais…
Aujourd’hui, c’est ma petite soeur, même pas encore née en mai 1981, qui enseigne aux enfants du primaire… et à son programme, obligatoire depuis une loi passée en 2005, l’apprentissage de l’hymne national, ce chant sanguinaire des pires heures de la Révolution, mais auquel tout Français doit le respect, sous peine de 7500 euros d’amende et 6 mois de prison, selon la loi de sécurité intérieure passée en 2003.
Que c’est loin le 20ème siècle: même l’aux armes etcetera de Gainsbourg est mort, mort, mort…
Alors moi, je trouve que c’est dur d’être devenue adulte, d’avoir 30 ou 40 ans aujourd’hui et d’avoir vu les rêves de nos parents s’évanouir comme de tristes chimères… même si tout cela a moins d’importance pour moi aujourd’hui puisque j’ai quitté ma patrie pour aller plus près de ces "cités lointaines qui rayonnent chaque soir", j’ai mal au coeur… alors pour ceux qui sont restés et qui partageraient ma peine, même si vous êtes une minorité dans les sondages, voici tout de même quelques liens pour rêver encore de construire, avec nos simples mots plutôt que de grands idéaux politiques, un monde meilleur dans lequel les petiots de notre "Douce France, chère patrie de notre enfance" n’auront plus à chanter "Ils viennent jusque dans vos bras – égorger vos fils, vos compagnes!" et "Tous ces tigres qui sans pitié – déchirent le sein de leur mère" (ben oui c’est dans les paroles!).
- Proposer une nouvelle version pour la marseillaise des enfants jusque fin 2007 (concours ouvert tout particulièrement aux classes scolaires): ici.
- Signer l’appel de Graeme Allwright pour une nouvelle marseillaise: ici.
- Une autre association pour une nouvelle marseillaise: ici.
- Les paroles en français de l’hymne européen officiel (la version que j’ai apprise à l’école est une variante officieuse apparemment, mais la musique est la même): ici.
Pour LadyR
Ce ping-pong sur Proust m’est utile pour me rappeler mes limites, préjugés etc… à dépasser.
En échange, j’ai cherché dans mes trésors ce que je pouvais te donner compte-tenu de ce que j’ai lu de tes intérêts en cours… Comme en ce moment, c’est à travers le très riche CD Chants de Robert Gass que j’explore différentes spiritualités, je te poste un lien ici vers l’extrait que je préfère des quelques morceaux soufis que j’y ai trouvés. Le choix a été difficile, mais la présentation de ce morceau est intéressante et m’a finalement décidée; c’est en effet un chant Qawwali traditionnel, chant de dévotion, tel que ceux utilisés lors de rassemblements et fêtes soufis, destinés à guider l’audience vers un état de "marifat", autrement dit de connaissance intérieure/connaissance divine/gnose/éveil, à travers la beauté de la poésie, la répétition de phrases musicales et la performance extatique du rythme et du chanteur.
Cet extrait est du défunt chanteur pakistanais Nusrat Fateh Ali Khan, reconnu comme l’un des plus grands chanteurs de Qawwali.
Bon week-end!
Drôle de matinée, pas drôle
Ce matin, j’ai été tirée de mon sommeil par la séquence archives de la RSR. J’étais encore trop au fond du puits pour me souvenir des mots, mais c’est le ton qui m’a lancé les alarmes internes: je n’ai pas compris tout de suite que c’était les archives… Entendre ainsi dans un demi-sommeil un discours grandiloquent se terminant par "Vive la France!" suivi des premières notes de la Marseillaise alors que je n’écoute plus France Inter depuis plusieurs années m’a complètement paniquée – une invasion de mes compatriotes aurait-elle eu lieu pendant la nuit, histoire de venir récupérer Johnny et ses impôts (et peut-être mon cerveau aussi, puisque c’en est un qui a fui)???
Meuh non! c’était Séquence Archives: le discours de De Gaulle à l’occasion des Accords d’Evian entérinant la fin de la guerre d’Algérie. Il y a seulement 45 ans… mais cette séquence audio semblait tellement anachronique! je me suis levée toute déprimée, comme si tous les malheurs de cette décolonisation douloureuse me rodaient soudain autour…
Histoire de continuer la matinée par un épisode désagréable, il se trouvait que j’avais rendez-vous chez l’hygiéniste dentaire. Cette profession n’existe pas en France et ce n’est que tout récemment que j’ai commencé à la fréquenter. L’hygiéniste pratique, idéalement 1 à 2 fois par an, un nettoyage en profondeur des dents et des collets, afin de prévenir et corriger les problèmes de tartre et gencives. C’est plus qu’un simple détartrage, utilisant ultra-sons et pinces en tous genres, mais aussi tout le nécessaire pour blanchir et polir les dents, enlever les tâches etc. Autrement dit, on joint l’utile (hygiène bucco-dentaire) à l’agréable (sourire tout blanc, propre et net).
Par contre c’est vraiment un sale moment à passer. Petite consolation, j’ai eu le plaisir de m’entendre dire que j’avais enfin fait des progrès dans ma technique de brossage et que les petits soucis alarmants de la dernière fois étaient quasi-résorbés. Il faut dire qu’elle m’avait terrorisée l’an passé au point que je n’ai pas eu d’autre choix que de devenir une inconditionnelle du fil dentaire quotidien sur les 11*2*2 côtés de mes intervalles interdentaires (ben oui je n’ai que 24 dents, raison de plus pour ne pas me permettre d’en négliger une seule!).
Tout cela avant de continuer ma journée de travail qui s’annonçait bien chargée. Je n’ai même pas pris le temps de descendre prendre mon café du matin et j’ai attaqué le monceau de tâches à fond. Pas le choix, même si cette semaine je ressens chaque jour plus le besoin de vacances; je suis un peu à plat, par moment nauséeuse, un peu la tête qui tourne… A 10h30, un collègue me tire de là presque de force, pour aller discuter 2-3 points autour d’un café.
Mauvaise idée! ce café m’a explosé le cerveau!
A peine revenue face à mon écran, il m’a explosé les yeux!
J’ai commencé une migraine ophtalmique…
Cela m’est arrivé une seule fois dans ma vie, en cours de révisions d’examens pour ma première année universitaire, une période où je m’étais complètement surmenée, révisant tous les soirs jusqu’à minuit pour ingurgiter toutes les nouvelles notions d’algèbre, chimie organique et autres joyeusetés bien théoriques. A l’époque, j’avais perdu la moitié de mon champ visuel pendant près d’une heure.
Cette fois, c’était plus curieux, mais aussi plus typique (terme technique: scotome scintillant): un croissant kaléidoscopique, crénelé, géométrique en noir et blanc complètement saturé, dans le centre exact de mon champ visuel qui me sert à lire, a peu à peu grandi, comme une onde qui se propage après la chute d’un caillou dans un plan d’eau, se déplaçant vers les bords de mon champ visuel, jusqu’à en disparaître après une trentaine de minutes.
Episode non douloureux et peu paniquant, puisque je connaissais le phénomène, et qu’il n’est par chance pas suivi d’une douloureuse migraine chez moi. Mais j’étais quand même à côté de mes pompes, nauséeuse et vidée, tremblant un peu, avec une sorte de très légère sensation de pression sans douleur dans le crâne après la crise.
Conclusion, régime sans café jusqu’aux vacances en tout cas (j’en consomme 1 à 2 par jour, je peux m’en passer), et du sommeil et du repos ce week-end, tant pis pour le travail laissé en plan, le client vient de repousser de 2 semaines la décision sur la grosse avant-vente qui m’occupe de toute façon, donc, respirons un peu.
Je suis en train de me remettre dans mon surmenage de 2004, cela ne va pas; et cette fichue nouvelle organisation qui ne se met toujours pas en place continue de me bouffer de l’énergie nerveuse…
J’ai même hésité à passer ici ce soir, mais bon, j’avais envie de parler de tous ces sujets, un peu aussi pour m’en débarrasser avant d’aller rêver cette nuit, pour mieux profiter de la belle journée qui s’annonce demain et peut-être du retour de la neige ensuite. Faire comme Benoît, une balade au bord du lac, toujours un peu magique, et méditer sur les émotions avec l’aide des notes de Vero que je n’ai pas encore bien assimilées… la vie est belle, même quand elle est trop pleine.
Testetvous.com – ben c’est raté!
Il y a quelques jours j’ai reçu un gentil mail de Psychologies.com m’informant de l’ouverture de leur nouveau site testetvous.com avec un bon cadeau pour un test payant de valeur 2.99euros.
Musardant un peu sur le site, voilà que je trouve un test de Christophe André sur le Quotient Emotionnel. J’avais fait un test de QE dans un bouquin il y a 10 ans qui était absolument lamentable et comme j’espère avoir progressé depuis dans mon intelligence émotionnelle, je me suis laissée tenter.
Bref. Au bout de 42 questions, voici le résultat que j’ai obtenu, ci-dessous.
Comme je suis de bonne humeur ce soir, en voici la version/traduction humoristique. Le résultat de mon test correspond à une variable indéfinie, ce qui est assurément très inquiétant – serais-je donc une Extra-Terrrestre du QE??? Toutefois, en mettant en place une information d’exception robuste, j’ai encore quelque espoir de clarifier la source du problème. La documentation de fusion froide pourrait être utile également, et en dernier ressort, il semble y avoir une base de données de connaissances qui détienne la réponse ultime.
Le plus curieux est la mention d’un navigateur mozilla, genre d’incongruité que je n’ai jamais touchée moi, conventionnelle à mort je fais du microsoft à 100%.
Bref, j’ai perdu 10mn de mon précieux temps sur ce site! Je suis sûre que je peux trouver le même test gratuit ailleurs… je vais chercher…
Vive l’informatique.
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