Xavier Péron et la connexion maasaï

C’est un livre que j’ai croisé dans plusieurs bibliothèques et qui m’a accompagné dans la transition de 2013 à 2014, avec quelques synchronicités que je ne pouvais pas ignorer. Je lui dois depuis des mois une petite note, que voici enfin…

Xavier Péron a une histoire de vie étrange – quasi noyé à 6 ans, il est revenu de cette expérience de mort imminente (EMI) avec l’obsession de l’image d’un guerrier africain qui n’a cessé de guider le reste de sa vie: études de sociologie, spécialisation sur les maasaï, chez qui il a trouvé le guerrier en la personne de Kenny Matampash, celui que j’ai envie d’appeler son âme-frère… Ce livre raconte cet étonnant parcours, et les différentes prises de conscience nécessaires à l’accomplissement spirituel, jusqu’à la 9ème leçon et désormais, une fois accompli, Xavier Péron se consacre à sa mission de transmission, que ce livre a déjà commencé à concrétiser.

C’est donc un livre très personnel, et je me suis sentie en très forte connexion avec l’auteur en le lisant. Les prises de conscience qu’il faisait au fil des pages ne m’ont pas surprise, car je les ai faites aussi, mais beaucoup plus sereinement, mon parcours de vie étant plutôt joyeux, même s’il est aussi laborieux. Son expérience de négociateur de l’OSCE au Kosovo m’a fascinée, car il lui a fallu dépasser la peur… faire confiance… et dans quelles circonstances, et avec quel résultat! Je suis très sensible à la peur, et ce passage m’a beaucoup parlé. Une autre de ses expériences, sur l’île de Groix, a ravivé mes connexions bretonnes… j’ai moi-même un fantôme là-bas, une lointaine cousine noyée sur une de ces plages dans les années 70, une mort un peu mystérieuse noyée dans les brumes de mes souvenirs d’enfance… j’en ai eu des frissons en lisant ce passage, si bien écrit par Xavier qu’il paraît complètement réel alors qu’il est absolument surnaturel, une petite voix me disant que c’était le même fantôme: je ne sais pas si j’aurai un jour le courage, et/ou la folie, d’aller sur cette île le vérifier.

Xavier Péron met ainsi bout à bout toutes les expériences étonnantes de son chemin de vie, en montrant a posteriori combien elles ont éclairé son parcours, même si dans le temps de l’expérience, il était dans le doute et le questionnement, voire la peur, la colère ou la tristesse. C’est un très bel exemple de développement personnel et spirituel à travers l’attention aux synchronicités et dénouements inattendus, forçant la prise de conscience. Ses expériences sont extrêmes (tout le monde ne commence pas son parcours initiatique par une EMI!) mais je sais qu’il est aussi possible de les vivre en douceur, comme mes propres expériences, racontées ici et là sur ce blog.

Globalement, j’ai aimé découvrir une spiritualité africaine dont j’ignorais tout à travers l’éclairage (je dirais même la guidance) qu’elle a porté à ce chemin de vie d’une part et à travers l’information que Xavier Péron a mise en forme (les clés de la spiritualité maasaï) pour nous autres occidentaux d’autre part. On y retrouve en effet toutes les bases que l’on trouve dans les grands courants spirituels humains, simplement chez eux c’est une déesse-mère qui symbolise ce que j’appelle aujourd’hui “la lumière” et que je cherchais dans l’esprit-saint de la religion de mon enfance. Mais bon moi j’aime bien l’abstraction, je n’ai pas besoin de raccrocher ces concepts à des figures simples comme mère, père, fils etc… Le travail des maasaïs sur l’émotionnel, le lâcher-prise, accepter ce qui est, est intéressant aussi et en ligne avec ce que j’ai retenu du boudhisme.

A la fin du livre, je suis cependant un peu restée sur ma faim; comme s’il devait y avoir une 10ème leçon, pas expérimentée encore, quelque-chose en lien avec la (co-)création d’un futur encore à imaginer, au-delà de la nostalgie d’un passé qui ne reviendra plus de toute façon, en tout cas pas sous la même forme. Dans ma compréhension actuelle du monde, très limitée, c’est le paradigme auquel le Dalaï-Lama est confronté: le Tibet de son enfance ne sera jamais restauré, mais il est porteur d’une tradition et d’une profonde compréhension spirituelle qu’il cherche à confronter au progrès, à la science, jusqu’aux dernières avancées de la psychologie et des neurosciences. Cela ne l’empêche pas de continuer de guider son peuple tant bien que mal (il faudra d’ailleurs que je fasse une note sur ce que j’avais observé de son organisation à Fribourg l’an passé), mais il est clairement tourné vers le futur. Je ne pense pas qu’il y ait d’autre choix, et c’est une attitude très responsable.

C’est une question que j’aimerais donc renvoyer à Xavier Péron, et à travers lui à Kenny Matampash et aux sages maasaïs – comment la spiritualité maasaï peut-elle nous aider à grandir, à progresser dans ce 21ème siècle où tout s’accélère, nos communications, nos expériences, et au point que le temps lui-même nous semble raccourcir?

 

 

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