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Petites ou grandes phrases…

Carole a posté quelques réflexions intéressantes sur la difficulté d’accès de certains styles dans les notes de forums sur sa place à elle, dont voici un extrait "recette":

Voyons ce que nous dit un spécialiste, François Richaudeau, dans son livre “La lisibilité”. Une phrase devrait contenir une ou deux sous-phrases, rarement trois. Chaque sous-phrase devrait être composée en moyenne,

  • pour le lecteur lent (moyennement cultivé), de 8 mots
  • pour le lecteur moyen (assez cultivé) de 13 mots
  • pour le lecteur très rapide (cultivé) de 16 mots.

Je me suis demandé ce que cela signifiait pour les blogs? Je savais que le vocabulaire pouvait être difficile d’accès pour certains lecteurs. Par exemple Carole mentionne une différence de vocabulaire des Québécois. Je connais ce type de différence car je l’observe aussi avec les Suisses, notamment ceux dont un des parents est germanophone. Mais je n’avais pas pensé à la construction des phrases: c’est pourquoi je reprends cette note ici.

Je sais que je fais des phrases trop longues quand j’écris spontanément. Je pense que c’est lié à ma forme de pensée, très analytique. Mais effectivement, je peux faire l’effort d’un phrasé plus court quand je le veux plus percutant. Si je retravaille un texte, en général je vais toujours couper des phrases, jamais les rallonger…

Pour une construction de phrases absolument atypique dans notre blogosphère, voir le blog de Sou. Je dois encore faire des efforts dans mon ouverture à l’atypique, car pour l’instant je n’arrive pas à entrer dans cet univers dont je devine pourtant l’immense richesse d’après d’autres traces qu’elle a posé ici et là. Mais ce style m’est vraiment trop hermétique. Pour l’instant. J’ai encore à progresser dans mon ouverture à l’autre!

Pour la pire longueur de phrases, quoiqu’absolument correctes grammaticalement, il faut effectivement tenter la lecture d’un roman de Proust, comme le rappelle d’ailleurs Carole. J’ai essayé, j’ai échoué. Mais il faut dire aussi que ce qu’il racontait dans ce roman ne m’intéressait pas du tout – lol!

Car finalement, le style n’est que la forme au service du fond…

Reste aussi le pédantisme. Souvent absolument inconscient. Quand on est né une cuiller en argent dans la bouche, qu’on a fréquenté exclusivement des écoles bourgeoises et qu’on continue d’évoluer dans les hautes sphères sociales, on peut très bien ne pas se rendre compte du décalage que l’on a, dans les formes, avec les classes populaires voire même les vastes classes moyennes. J’ai vu des spécimens de cette espèce ne pas comprendre qu’ils pouvaient être mal-aimés, engendrer une méfiance naturelle juste à cause de leur parler un peu snob. Et réciproquement – un parler un peu rocailleux peut jouer bien  des tours, notamment en entretien d’embauche (un article à ce sujet justement dans le "PME magazine" suisse de ce mois)…

Je suppose que toutes ces différences transparaissent aussi sur les blogs, à travers les styles et le choix des mots… le problème d’un blog, c’est qu’il s’agit d’une communication un à plusieurs, donc il est impossible d’adapter le style aux différents interlocuteurs. C’est forcément le lecteur qui s’adapte. Pour ma part, j’ai encore du progrès devant moi!