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Et Dieu s’effaça dans la brume

Alors j’ai lu… de la science fiction, des essais. Des écrits de savants disant leur foi. Mais aussi des livres donnant un éclairage nouveau à la vision du monde de mes 20 ans, comme La Mélodie Secrète, ou L’homme qui devint Dieu.

Puis, une énième nuit de discussion, face à 3 potes agnostiques, nous avons parlé de la vie après la mort, suite à je ne sais plus quelle sortie d’un film Alien où l’héroïne se suicide pour tuer l’alien dont elle était enceinte. La mort les terrorisait tous les trois, au point qu’ils ne comprenaient pas ce geste dans le film. En fait, ils espéraient au contraire qu’à terme, la science et la technologie permettrait de l’abstraire un jour en donnant accès à l’immortalité à leurs consciences incarnées.

Et moi je ne les comprenais pas.

J’étais certes angoissée comme eux, mais de mourir déjà demain, parce que cette mort-là aurait fait que ma vie n’aurait pas eu de sens – pas eu le temps de donner la vie, tant de beauté à découvrir encore; mais si cette mort, même demain, avait soudain un sens comme de permettre à d’autres de vivre au prix de mon seul sacrifice (ce qui était clairement le cas dans le film), je pouvais alors l’envisager avec davantage de sérénité (du moins abstraitement!), voire la considérer comme nécessaire.

Plus généralement, la mort me semblait s’intégrer comme une simple étape au sein d’un cycle immuable et naturel contre lequel je ne voyais pas l’intérêt de me révolter, et il me semblait intuitivement que l’unicité (ici) et l’éphémère (maintenant) de ma conscience était une simple illusion égocentrique qu’il fallait dépasser pour vivre sereinement. En sciences, le principe de conservation de l’énergie stipule que "rien ne se perd, rien ne se crée, tout se transforme"… je l’utilisais comme analogie, car il exprimait en fait assez bien ma conception de la conscience (ou de l’âme en terminologie chrétienne).

Et là ils se sont moqués de moi… tes convictions, m’ont-ils expliqué, ne sont pas catholiques. Tes histoires de cycle naturel et immuable, d’harmonie et de nature… on dirait du bouddhisme!

Et là, j’en ai eu marre. C’est vrai que dans ma perception de l’âme et de la mort, le paradis et l’enfer ne me parlaient pas du tout. Si encore j’avais pu faire de la théologie pour approfondir les mystères de la foi catholique! mais non, les séminaires, c’était pour une élite exclusivement masculine. Au moins, les écoles d’ingénieurs étaient désormais ouvertes aux filles… voilà qui m’incitait sans hésitation à choisir mon camp!

C’est ainsi qu’à 20 ans, j’ai laissé tomber la pratique du catholicisme qui me conduisait à trop de contradictions intellectuelles.

Je suis devenue agnostique.Eglisedanslabrume_2

Dès lors, pour moi spécifiquement car je continuais de respecter les convictions des autres (surtout si je jugeais qu’elles leur faisait du bien à l’âme comme je l’avais expérimenté moi-même), Dieu s’effaça dans la brume.

                         Ni tout à fait absent,

                              ni tout à fait présent,

                                       juste flou et lointain…