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Réflexions métaphysiques

J'ai fini hier la lecture de "La route du temps" de Philippe Guillemant, et je n'arrête pas d'embêter mon physicien de Mari Charmant avec des questions métaphysiques.

Le monde est-il déterministe et 100% prévisible (y compris donc nos actes, pensées etc)? c'est ce que la science des lumières nous a habitués à penser depuis quelques siècles. Mais certains phénomènes sont imprévisibles. Pour citer Philippe Guillemant, la question suivante est donc la suivante: un déterminisme imprévisible n'est-il pas équivalent à un indéterminisme réel?

Ce qui nous laisse a priori avec le hasard. Pas le hasard facile à modéliser une fois qu'on en connaît les causes (hasard déterministe), mais celui inexpliqué. Philippe Guillemant fait l'hypothèse audacieuse que ce hasard-là est aussi déterministe mais… causé par le futur, et non le passé. Il appelle cela la double causalité. Voilà qui est bien difficile à capter car contraire à notre perception du monde, du moins dans les sociétés occidentales, mais il existe d'autres communautés humaines comme les hopis pour lesquels le temps n'a pas le sens linéaire que nous lui accordons, moulés par son omniprésence dans notre culture, notre environnement et notre langage. Et qui plus cette théorie métaphysique est compatible avec les dernières théories et expériences de la physique moderne, selon Philippe Guillemant qui, au-delà de son bagage scientifique de base et de son travail de chercheur au CNRS dans un domaine plus appliqué, semble bien documenté sur le sujet. Einstein avait déjà montré que le temps est une notion toute relative – et les équations de la physique sont réversibles… 

Pourquoi notre expérience, notre observation du monde va-t-elle à l'encontre de ces théories? voilà qui est bien perturbant. Mais l'auteur va encore plus loin. Son livre se veut initiatique plus que scientifique. C'est à travers sa propre expérience métaphysique, notamment des synchronicités, qu'il a construit ces théories, navigant sans cesse entre sa raison et ses connaissances d'une part (mon cher cerveau gauche!) et son expérience de vie, son éveil et même son émerveillement devant le monde, la nature, avec un profond humanisme qui se dégage de beaucoup de ses lignes, au point que son écriture en devient parfois irritante pour une empathique comme moi – il use et abuse de phrases courtes, répétées et ponctuées de point d'exclamation pour mieux convaincre son lecteur en tentant de l'amener dans son expérience…

Et là je soupire… peine perdue! pour moi qui partage la vie d'un mécaniste convaincu, je sais combien il est difficile de partager ses expériences de vie, comme si elles n'étaient qu'illusions de nos esprits en recherche, mais totalement improuvables et… impartageables. Le livre de Philippe Guillemant a le mérite d'un coming out, de ce point de vue-là… Mais je n'ai moi même rien compris à ses doubles 22; c'est plutôt en me raccrochant à mes propres expériences de synchronicités, régulièrement partagées sur ce blog, que j'ai pu continuer à suivre ses propos.

Les dernières de ses hypothèses concernent la modélisation de notre conscience comme porte d'accès à des dimensions complémentaires à l'espace-temps (en ligne encore une fois avec la physique – théorie des cordes), qui expliquerait comment nous pourrions, par l'intention pure, le lâcher-prise puis l'observation des traces de futurs possibles à choisir par notre libre-arbitre, déterminer notre futur, en se déplaçant en quelque sorte dans ces autres dimensions. Ceci est cette fois compatible avec bien des voies spirituelles – la convergence de ces dernières sur ces aspects m'a frappée depuis longtemps.

Tout cela est bien troublant pour moi, car dans les discussions métaphysiques que j'avais des nuits entières avec mes potes de l'école d'ingénieurs il y a une vingtaine d'années, je finissais toujours acculée à cette intuition d'une conscience plus vaste, plus grande, hors de mon monde réel, mais jamais je n'ai pu partager cette intuition. Et jusqu'ici je l'ai croisée plus souvent chez des ésotériques, des prêtres par exemple, dont l'emballage de croyances plus ou moins dogmatiques ne résistent jamais au rouleau-compresseur de ma raison. 

J'étais condamnée à la schizophrénie de la séparation entre mes expériences intimes, intuitives, et mon intelligence pragmatique, logique et rationnelle.

Je désespérais aussi devant la croissance de l'entropie, du désordre donc. Voilà bien la pire découverte de mes études d'ingénieur. Indéniable théorie mais tellement désespérante… cela a beaucoup contribué à me décourager de toute recherche métaphysique. J'avais peur du trouver un tel vide… J'ai préféré me cantonner à vivre tranquillement ma vie. Mais la théorie de Philippe Guillemant ouvre une nouvelle perspective sur ce plan-là aussi. Que je dois encore digérer…

Reste que je ne comprends pas bien, en particulier à la lumière des principes proposés par Philippe Guillemant, pourquoi ma vie est inondée de synchronicités depuis mon adolescence au moins, sans que je fasse quoi que ce soit pour les provoquer. Pour moi, comme je l'avais expliqué ici, les synchronicités sont avant tout une question d'observation, d'Eveil au monde. Je les pensais même compatibles avec le déterminisme simplement causal, faisant simplement l'hypothèse peu coûteuse de mon ignorance des causes "cachées". 

Peut-on vraiment les provoquer?

A explorer.