C’est pas fini

Vendredi, j'ai annoncé mon départ à l'équipe. Je l'ai présenté sous l'axe le plus personnel et le plus positif possible; face à des responsabilités et une équipe étendues au-delà de mes limites cette année, j'ai fait un travail sur les priorités, et pris conscience que je ne faisais pas les bons choix, que je devais me recentrer sur mes priorités familiales et personnelles, avant d'arriver au burnout. Mais que j'allais rester à la disposition du groupe sur mandat de consultant, ce que Chef a confirmé tout en dressant un portrait digne d'un enterrement de toutes mes qualités.

C'était vraiment un moment étrange.

J'avais aussi préparé un message individuel pour chacun, le plus rassurant possible sur l'accompagnement que je leur promets encore dans la phase de transition. En fait la situation est complètement paradoxale; comme je n'ai pas négocié un départ avancé, à part mon mois de vacances à caser dans l'été, je les accompagne encore sur les objectifs 2010 (retardés de plusieurs mois par la réorganisation!), je vais m'atteler à la revue budgétaire début juillet, je traite toutes sortes de dossiers importants en ce moment jusque tard le soir. En outre, beaucoup de mes collègues ne sont pas encore au courant, ce qui crèe une situation un peu surréaliste.

Ce qui a été le plus perturbant dans mon dernier tournant de décision est qu'un 3ème départ a été annoncé en même temps que le mien. Nous partageons le même bureau, nous avons des équipes très proches fonctionnellement. 3 cadres en un mois dans un seul département. Je n'ai jamais vu cela en 12 ans de carrière, ce n'est pas dans la culture de l'entreprise, contrairement à quelques autres pharmas de la région. Mais je ne pouvais pas revenir sur ma décision. En fait, elle m'a sauvée. Si j'avais attendu un mois de plus, je n'aurai plus osé, la pression aurait été trop forte à l'idée d'abandonner ce navire en pleine tempête. Je serais restée amère à regarder les autres voguer vers d'autres horizons. Là finalement, j'ai même le beau rôle: moi je ne pars pas, je change juste de rôle… Enfin c'est encore à définir, mais c'est clair que je peux rester à disposition du groupe à temps très partiel, au moins le temps de transférer mes connaissances et responsabilités en douceur, ce qui me permettra aussi de réfléchir tranquillement à de nouveaux projets personnels.

Je reste très attachée au succès de l'entreprise et en même temps désespérée de mon impuissance à accompagner les mutations nécessaires que je vois avec une terrible lucidité… Il me reste juste l'intuition que mon choix est juste et constructif. Pour moi mais aussi pour l'organisation. Même pour ma hiérarchie, même mon équipe: c'est le type de turbulence qui peut les aider à grandir. 

Au moins tout cela aura-t-il créé quelques prises de conscience à tous les niveaux.

One thought on “C’est pas fini

  1. Bonjour Kerlane,
    J’ai quitté mon entreprise il y a plus de trois ans, suite à quoi nous sommes arrivés ici. Les circonstances n’étaient pas les mêmes, qu’importe, je pense qu’au fond, les attentes se ressemblaient. Le fait de tout recommencer à 0 m’a fait énormément grandir et connaître autre chose de la vie. Mais je dois reconnaître que mes anciens collègues de travail me manquent un peu. Je ne pensais pas qu’ils faisaient autant partie de ma vie.Reste un peu de nostalgie, mais comparée à ce que je vis aujourd’hui, cette nostalgie se transforme vite en une sorte de joie quelquefois indéfinissable. bises

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