Les croyances personnelles

Nos croyances nous stucturent.

Nos croyances forment le modèle, l’architecture, du système mental dans lequel nous modélisons le monde que nous appelons “réalité” dès lors que nous sommes assez à partager le même modèle pour le considérer comme “vrai”, puisque nous partageons la même expérience. Enfin, nous pensons partager la même expérience, à travers nos différents modes de communication, des plus corporels comme les phéromones au plus sophistiqués comme les théories mathématiques.

Mais peut-être que même cette conviction d’une réalité unique et partagée n’est qu’une croyance… Y penser me donne le vertige comme de tenter d’abstraire la notion d’infini. Quand j’étais enfant et que je regardais trop la télé, je me demandais où était la réalité, dans l’écran ou sous mes pieds, et pourquoi on ne pouvait pas les fusionner plus facilement, je voulais tellement rejoindre Casimir et toute l’équipe de l’île aux enfants dans ce monde imaginaire derrière l’écran… Devenue adulte, parfois dans mes rêves les plus profonds j’arrive à percevoir des univers muldimensionnels. Et puis je me réveille au coeur de la nuit noire, et il ne me reste de ces voyages oniriques que des lambeaux que mon cerveau conscient arrive à conserver en couleurs, en formes tourbillonnantes. Même pas en mots. Alors je dois les taire, car personne ne peut les comprendre.

Mais quelles qu’elles soient, nos croyances se construisent, s’enrichissent, se renforcent ou se déforment au fil de nos expériences de vie. C’est important d’en être conscient pour progresser, mais c’est important aussi de les respecter, de respecter son propre rythme d’évolution pour ne pas devenir fou. Quand j’étais jeune adulte, confrontée à de nouvelles croyances simplement parce qu’en voyageant je découvrais de nouvelles cultures, je faisais de nouvelles expériences, j’étais tout le temps perturbée, parce que je prenais le choc de la différence en frontal dans mes propres structures de croyance, je ne les acceptais pas. Mon cerveau se mettait alors à tourner comme un fou pour les intégrer et cette agitation mentale me mettait par ricochet dans une telle turbulence émotionnelle que j’évitais de provoquer de telles situations pour ne pas souffrir. Mais mon cerveau finissait par les digérer, et ma curiosité insatiable continuait d’aller en chercher dans les hasards que la vie m’amenait…

En 2008, j’ai fait en 24h une prise de conscience très forte sur ma structure de croyances de base, construites sur les grosses crises émotionnelles de mon enfance. Cela m’a aidée à avancer, à dépasser ces croyances limitantes ou tout au moins à lâcher prise, à les accepter sereinement, avec détachement. Ce type de prise de conscience et l’évolution qui suit à chaque fois se sont poursuivies au fur et à mesure que j’étudiais les autres composantes de mon architecture mentale. C’est un travail de fourmi et qui nécessite , en tout cas dans mon cas, beaucoup de temps d’intériorisation. Même si j’ai utilisé quelques expériences avec des thérapeutes, en séance individuelle et en groupe, pour provoquer les prises de conscience et me donner des pistes de travail à intervalles réguliers, ce ne sont que les graines: le vrai travail est intérieur et personnel, mais en même temps nourri du miroir que nous offre à chaque instant notre expérience de vie et dans tous les domaines, social, professionnel, familial…

Alors, depuis 2008, j’ai appris à regarder la nature et les rencontres autour de moi comme des reflets de mon propre état intérieur, et à accepter leur variabilité comme des paramètres de ma propre évolution. J’ai développé la flexibilité de ma structure en jouant avec les symboles, en inventant des histoires, en créant des personnages, en les combinant pour rêver de différents possibles.  J’ai fait de la généalogie pour chercher ce miroir jusque dans les échos que veulent bien me donner les traces ténues de mes ancêtres, vecteurs des croyances familiales imprégnées dans notre inconscient par la transmission de nos parents, sur 10 générations selon la tradition chinoise… pour moi cela remonte au 17e siècle! J’ai dépassé mes croyances les plus fortes en risquant des expériences inattendues. Et je me suis beaucoup amusée!

Quand je dis “dépassé” ce n’est pas “effacé”. Je n’ai aucun intérêt à faire sauter les croyances au point de les faire disparaître, car elles sont toujours utiles dans un certain contexte. Beaucoup de gens fonctionnent ainsi avec la religion par exemple – ils y ont cru parce qu’ils ont grandi avec, ils n’y croient plus parce que nos sociétés laïques n’en ont pas besoin au quotidien, mais ils gardent les bases pour les réactiver en cas de besoin, lors des grands passages de la vie que sont les naissances et les morts par exemple, sans parler de tous les symboles, rites, habitudes comme Noël etc. qui restent ancrés dans les cultures associées. Je garde donc mes croyances pour mieux interagir avec ceux avec qui je les partage (j’évite par contre de les opposer en conflit. Ce n’est pas le type d’interaction que je recherche dans cette réalité. Mais c’est un schéma possible aussi).

Simplement j’ai pris conscience que ces croyances ne sont qu’une enveloppe, une structure, une architecture autour de “Moi” beaucoup plus profond et stable. Je les relativise, et j’en ajoute des nouvelles, et je les adapte au fur et à mesure de mes expériences. Je n’arrive pas toujours, dans le feu de l’action, à en être consciente, à vrai-dire je ne sais pas très bien comment çà fonctionne, mais souvent après, avec l’aide d’un temps d’intériorisation sous une forme ou une autre (balade dans la nature, cours de yoga, écriture, dessin), j’arrive à comprendre ce que l’expérience m’apporte et cela m’aide à l’accepter (“Accepter ce qui est”), quelle qu’elle soit.

Il me semble que cette approche est un enrichissement permanent. Toutefois, l’intériorisation est plus importante que jamais, parce que mes expériences de vie et mes rencontres sont si multiples, à l’image de la complexité de la structure que j’ai accumulée en 40 ans, que je n’arrive plus à savoir qui je suis, au sens de mon ego. C’est un peu comme si je jouais un rôle dans chaque situation en mettant l’habit qui convient, tiré de ma structure mentale. Pourtant, au fond de moi, c’est clair, je sais Qui Je Suis: c’est la seule base intemporelle et permanente que je retrouve en moi, pas forcément en mots ou en images… j’aimerais bien savoir quelle partie de mon cerveau s’active quand j’y accède, car c’est une expérience difficile à expliquer.

 

 

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