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Petite pause

SquelettePas le temps de bloguer ces jours… derrière moi la pire semaine Kate Reddy depuis longtemps, que je raconterai à l’occasion; mais surtout, devant moi, ma petite pause-évasion tant attendue.

Joyeuses Pâques!

PS: j’ai quand même fait une note sur Madame Bovary comme promis à Lady R: elle est affreusement formattée mais je n’ai pas le temps de la peaufiner cette fois. En tout cas, cela fait de la lecture pour patienter en attendant mon retour, surtout si vous suivez le lien.

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Vaccin anti-romantisme

Madamebovary C’est l’histoire d’Emma… au début, elle a mon âge; j’ai 16 ans encore; elle a aussi mes rêves, un peu naïfs, mais elle et moi, nous souhaitons tant les réaliser! Nos petites vies seraient bien trop tristes sans ces rêves, elle qui s’ennuie au fond de son couvent, moi qui aspire à m’évader du quotidien étriqué de mes parents…

Je m’ennuie aussi au cours de français… Bien loin le collège, avec ses profs passionnés qui nous faisaient explorer la science-fiction, le fantastique, les grands romans d’amour et les grandes causes: Barjavel, Tolkien, Emily Bronte, Hemingway, Zola…

Désormais le bac approche, et comme il se prépare sur deux ans, tous les exercices que j’adorais, rédactions, suite de textes, ont disparu au lycée, au profit d’études laborieuses nourries de termes aux consonances éminemment abstraites, litotes, allégories, césures et métaphores. Pour moi, l’application de tout cet outillage mécanique aux plus beaux textes de notre littérature en évapore toute l’essence, toute la beauté, toute la poésie enfin!

Il faut dire aussi que les profs passionnés se défoncent avec les 1ère A, pas chez les scientifiques, ces espèces de tristes sires acnéiques à lunettes dont l’esprit plus porté sur les maths est forcément imperméable à toute expression un tant soit peu poétique… enfin, c’est ce que les profs de littérature s’imaginent… à ces matheux donc, les profs tristounets, qui avancent d’un ton monocorde sur un programme d’un classicisme désespérant… tant pis pour moi!

C’est ainsi que je n’ai d’autre choix que d’ingurgiter l’histoire d’Emma, de ses rêves naïfs jusqu’à son épouvantable agonie, en passant par les affres de sa recherche désespérée du bonheur romantique le plus absolu, jusque dans l’aveuglement le plus sordide…

Et c’est tout particulièrement l’étude de cet extrait qui va me frapper à vie:

Ce furent trois jours pleins, exquis, splendides, une vraie lune de miel.

Ils étaient à l’hôtel de Boulogne, sur le port. Et ils vivaient là, volets fermés, portes closes, avec des fleurs par terre et des sirops à la glace, qu’on leur apportait dès le matin.

Vers le soir, ils prenaient une barque couverte et allaient dîner dans une île.

C’était l’heure où l’on entend, au bord des chantiers, retentir le maillet des calfats contre la coque des vaisseaux. La fumée du goudron s’échappait d’entre les arbres, et l’on voyait sur la rivière de larges gouttes grasses, ondulant inégalement sous la couleur pourpre du soleil, comme des plaques de bronze florentin, qui flottaient.

Ils descendaient au milieu des barques amarrées, dont les longs câbles obliques frôlaient un peu le dessus de la barque.

Les bruits de la ville insensiblement s’éloignaient, le roulement des charrettes, le tumulte des voix, le jappement des chiens sur le pont des navires. Elle dénouait son chapeau et ils abordaient à leur île.

Ils se plaçaient dans la salle basse d’un cabaret, qui avait à sa porte des filets noirs suspendus. Ils mangeaient de la friture d’éperlans, de la crème et des cerises. Ils se couchaient sur l’herbe ; ils s’embrassaient à l’écart sous les peupliers ; et ils auraient voulu, comme deux Robinsons, vivre perpétuellement dans ce petit endroit, qui leur semblait, en leur béatitude, le plus magnifique de la terre. Ce n’était pas la première fois qu’ils apercevaient des arbres, du ciel bleu, du gazon, qu’ils entendaient l’eau couler et la brise soufflant dans le feuillage ; mais ils n’avaient sans doute jamais admiré tout cela, comme si la nature n’existait pas auparavant, ou qu’elle n’eût commencé à être belle que depuis l’assouvissance de leurs désirs.

À la nuit, ils repartaient. La barque suivait le bord des îles. Ils restaient au fond, tous les deux cachés par l’ombre, sans parler.

Les avirons carrés sonnaient entre les tolets de fer ; et cela marquait dans le silence comme un battement de métronome, tandis qu’à l’arrière la bauce qui traînait ne discontinuait pas son petit clapotement doux dans l’eau.

Une fois, la lune parut ; alors ils ne manquèrent pas à faire des phrases, trouvant l’astre mélancolique et plein de poésie ;

même elle se mit à chanter :

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions, etc.

Sa voix harmonieuse et faible se perdait sur les flots ; et le vent emportait les roulades que Léon écoutait passer, comme des battements d’ailes, autour de lui.

Emma et son amant Léon, aveuglés par leurs premiers jours d’amour… comment peut-on trouver romantique les reflets irisés d’un fleuve pollué, un repas de friture dans un cabaret glauque, parler enfin de nature ainsi en pleine ville? objectivement, c’est ridicule! Mais la soigneuse mise en mots par Flaubert reconstitue à mes yeux parfaitement l’ironie de cet aveuglement, et toute l’histoire ainsi construite sur quelques centaines de pages est au final terriblement convaincante.

Terriblement actuelle aussi, pour moi la gamine de province des années 80: au même moment, j’entends les femmes de la famille chuchoter à demi-mot chez ma grand-mère que la femme de son médecin du bourg doit faire une désintoxication chez les alcooliques anonymes… aurait-elle cherché dans l’alcool cette évasion qu’Emma cherchait dans les bras de ses amants un siècle plus tôt?

Car il s’agit ici d’Emma Bovary pour ceux qui ne l’auraient pas reconnue, très bien rendue dans cet extrait.

Finalement, tout ce roman m’amènera à un début de réalisme sur le genre humain, car je suis sûre de pouvoir reconstituer la galerie de portraits pourtant peu flatteurs de Flaubert en cherchant à peine autour de moi! Mais surtout, ce roman constituera ma première dose de vaccin anti-romantisme idéaliste. L’année suivante, j’achèverai le traitement par la lecture de "Belle du Seigneur", d’Albert Cohen, mais ce sera pour une autre note…

 

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Pour LadyR

Ce ping-pong sur Proust m’est utile pour me rappeler mes limites, préjugés etc… à dépasser.

En échange, j’ai cherché dans mes trésors ce que je pouvais te donner compte-tenu de ce que j’ai lu de tes intérêts en cours… Comme en ce moment, c’est à travers le très riche CD Chants de Robert Gass que j’explore différentes spiritualités, je te poste un lien ici vers l’extrait que je préfère des quelques morceaux soufis que j’y ai trouvés. Le choix a été difficile, mais la présentation de ce morceau est intéressante et m’a finalement décidée; c’est en effet un chant Qawwali traditionnel, chant de dévotion, tel que ceux utilisés lors de rassemblements et fêtes soufis, destinés à guider l’audience vers un état de "marifat", autrement dit de connaissance intérieure/connaissance divine/gnose/éveil, à travers la beauté de la poésie, la répétition de phrases musicales et la performance extatique du rythme et du chanteur.

Cet extrait est du défunt chanteur pakistanais Nusrat Fateh Ali Khan, reconnu comme l’un des plus grands chanteurs de Qawwali.

Bon week-end!

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2004 – Escapade à deux

Au retour des vacances qui m’avaient enfin rechargé les batteries, nous disposions d’un rare et précieux week-end de DINKs (Double Income No Kids), les filles ayant prolongé leur séjour balnéaire chez les grand-parents de Bretagne.

Speedster5 Nous avions décidé de l’employer à une balade à deux, combinant mes intérêts touristiques à un vieux rêve de Mari Charmant: pour moi, un tour en Suisse Centrale pour revenir sur les lieux qui m’avaient tant fascinée un quart de siècle plus tôt, des Diablerets à Interlaken et découvrir, au-delà encore, le coeur (haut perché) de la Suisse, là où se rejoignent les alpes bernoises, valaisannes et tessinoises; pour Mari Charmant, louer un petit bolide décapotable avaleur d’asphalte à grand renfort de sensations fortes de conduite (en un mot, tape-cul!), là en l’occurrence une Opel Speedster.

Nous sommes donc montés aux Diablerets le vendredi soir, pour dormir dans un de ces vieux chalets-hôtels intemporels, au confort boisé rustique typique des stations de ski suisses. Le samedi matin, nous sommes repartis dans la pluie et les nuages qui encombrent trop souvent les vallées des alpes du Nord à la moindre dépression estivale: tant pis pour la décapotable: nous avions encore l’espoir de croiser un rayon de soleil plus tard, c’est long, un week-end…

Petits arrêts dans différents villages, rencontrés au hasard: balade sur un marché/brocante/braderie suisse-allemand, puis pause déjeuner dans un de ces restaurants simples qu’on appellerait brasserie en France, auberge de village en Suisse, puis une étape dans une piscine pour se réchauffer et se détendre dans un jaccuzzi thermal mis à disposition à côté des bassins de natation, et un arrêt à Interlaken pour regarder amusés des hordes de touristes japonais frigorifiés passer de bus en hôtel et réciproquement, au rythme d’un agenda qu’on devinait parfaitement minuté et archi-plein, tout le contraire du nôtre…

Moi je me gave de paysages, malgré le temps encore couvert, au bord du lac de Brienz, près du superbe village d’Iseltwald, un petit joyau du type carte postale pour touristes, puis Mari Charmant attaque avec joie la suite des réjouissances: la montée du col de Grimsel (2165m), le premier de notre grand tour des cols du lendemain. En effet, c’est le long de cette montée que nous nous arrêtons pour la nuit, à l’hôtel Handeck, à mi-parcours.Speedster1

Dimanche matin, démarrage tranquille, tandis que tous les autres touristes filent dans la montagne tout excités par le retour d’un soleil splendide, nous profitons du chalet "wellness" rien que pour nous – douche tropicale et polaire, jacuzzi aux herbes, salle de gym, sauna et bain kneipp… après cette petite heure de bien-être à deux qui achève définitivement la mise au placard de mes soucis du premier semestre, nous reprenons la route mythique dans une ribambelle de fanas du bitume venus user de la gomme sur ces fantastiques épingles à cheveux: motards, cabriolets, Ferraris, je regarde ébahie une collection de gros cubes se disputer les virages entre cars postaux et bus de touristes…

Speedster3Je ne suis pas une fan d’automobile, loin s’en faut, mais je dois reconnaître que je m’en suis mis plein les yeux et je n’ai même pas eu mal au coeur (il faut dire que je sentais le moindre caillou de la route, cela aide). Superbe arrêt déjeuner au bout d’une route à sens unique alterné (un passage d’une queue de véhicules dans chaque sens toutes les 45 minutes) pour accéder à un barrage entouré de paysages grandioses, à plus de 2000m d’altitude, sous un ciel bleu parfait, avec un glacier pour toile de fond… petite balade fantastique…

Puis le col de la Furka (2413m), descente au carrefour de la Suisse centrale, et comme nous n’avons pas le temps de poursuivre jusqu’au Tessin, bifurcation pour revenir au lac de Brienz par le col de Susten (2259m).

C’est fou comme une journée d’été sans soucis, sans repas, sans les enfants peut être longue! nous avons encore le temps de nous baigner dans le lac de Brienz, de rendre la voiture près de Berne, et de souper d’une salade et une glace au bord du lac de Morat sur une terrasse dorée par le soleil couchant…

Etait-ce cette lumière chaude, le plaisir d’un week-end magnifique où nous avions chacun réalisé un vieux rêve personnel en harmonie avec l’autre, l’effet des vacances reposantes tout juste derrière nous, la liberté trop rare d’être seuls sans les enfants, le tournis des 4 vallées-3 cols enchaînés en 24 heures, ou les tournants professionnels que nous négocions chacun de notre côté… ou un peu de tout cela en même temps? sur cette terrasse-là, profitant sans stress de la lenteur du service débordé par l’affluence de ce beau dimanche soir, nous avons fait plein de bilans et décidé nos prochains projets: une semaine de vacances chacun pour réaliser un projet personnel nous tenant à coeur. Un projet Yang pour lui: trek en solo dans un pays nordique; un projet Yin pour moi: une thalasso harmonisante.

Projet perso que je m’empressai de planifier pour l’automne…

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Petites ou grandes phrases…

Carole a posté quelques réflexions intéressantes sur la difficulté d’accès de certains styles dans les notes de forums sur sa place à elle, dont voici un extrait "recette":

Voyons ce que nous dit un spécialiste, François Richaudeau, dans son livre “La lisibilité”. Une phrase devrait contenir une ou deux sous-phrases, rarement trois. Chaque sous-phrase devrait être composée en moyenne,

  • pour le lecteur lent (moyennement cultivé), de 8 mots
  • pour le lecteur moyen (assez cultivé) de 13 mots
  • pour le lecteur très rapide (cultivé) de 16 mots.

Je me suis demandé ce que cela signifiait pour les blogs? Je savais que le vocabulaire pouvait être difficile d’accès pour certains lecteurs. Par exemple Carole mentionne une différence de vocabulaire des Québécois. Je connais ce type de différence car je l’observe aussi avec les Suisses, notamment ceux dont un des parents est germanophone. Mais je n’avais pas pensé à la construction des phrases: c’est pourquoi je reprends cette note ici.

Je sais que je fais des phrases trop longues quand j’écris spontanément. Je pense que c’est lié à ma forme de pensée, très analytique. Mais effectivement, je peux faire l’effort d’un phrasé plus court quand je le veux plus percutant. Si je retravaille un texte, en général je vais toujours couper des phrases, jamais les rallonger…

Pour une construction de phrases absolument atypique dans notre blogosphère, voir le blog de Sou. Je dois encore faire des efforts dans mon ouverture à l’atypique, car pour l’instant je n’arrive pas à entrer dans cet univers dont je devine pourtant l’immense richesse d’après d’autres traces qu’elle a posé ici et là. Mais ce style m’est vraiment trop hermétique. Pour l’instant. J’ai encore à progresser dans mon ouverture à l’autre!

Pour la pire longueur de phrases, quoiqu’absolument correctes grammaticalement, il faut effectivement tenter la lecture d’un roman de Proust, comme le rappelle d’ailleurs Carole. J’ai essayé, j’ai échoué. Mais il faut dire aussi que ce qu’il racontait dans ce roman ne m’intéressait pas du tout – lol!

Car finalement, le style n’est que la forme au service du fond…

Reste aussi le pédantisme. Souvent absolument inconscient. Quand on est né une cuiller en argent dans la bouche, qu’on a fréquenté exclusivement des écoles bourgeoises et qu’on continue d’évoluer dans les hautes sphères sociales, on peut très bien ne pas se rendre compte du décalage que l’on a, dans les formes, avec les classes populaires voire même les vastes classes moyennes. J’ai vu des spécimens de cette espèce ne pas comprendre qu’ils pouvaient être mal-aimés, engendrer une méfiance naturelle juste à cause de leur parler un peu snob. Et réciproquement – un parler un peu rocailleux peut jouer bien  des tours, notamment en entretien d’embauche (un article à ce sujet justement dans le "PME magazine" suisse de ce mois)…

Je suppose que toutes ces différences transparaissent aussi sur les blogs, à travers les styles et le choix des mots… le problème d’un blog, c’est qu’il s’agit d’une communication un à plusieurs, donc il est impossible d’adapter le style aux différents interlocuteurs. C’est forcément le lecteur qui s’adapte. Pour ma part, j’ai encore du progrès devant moi!

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Drôle de matinée, pas drôle

Ce matin, j’ai été tirée de mon sommeil par la séquence archives de la RSR. J’étais encore trop au fond du puits pour me souvenir des mots, mais c’est le ton qui m’a lancé les alarmes internes: je n’ai pas compris tout de suite que c’était les archives… Entendre ainsi dans un demi-sommeil un discours grandiloquent se terminant par "Vive la France!" suivi des premières notes de la Marseillaise alors que je n’écoute plus France Inter depuis plusieurs années m’a complètement paniquée – une invasion de mes compatriotes aurait-elle eu lieu pendant la nuit, histoire de venir récupérer Johnny et ses impôts (et peut-être mon cerveau aussi, puisque c’en est un qui a fui)???

Meuh non! c’était Séquence Archives: le discours de De Gaulle à l’occasion des Accords d’Evian entérinant la fin de la guerre d’Algérie. Il y a seulement 45 ans… mais cette séquence audio semblait tellement anachronique! je me suis levée toute déprimée, comme si tous les malheurs de cette décolonisation douloureuse me rodaient soudain autour…

Histoire de continuer la matinée par un épisode désagréable, il se trouvait que j’avais rendez-vous chez l’hygiéniste dentaire. Cette profession n’existe pas en France et ce n’est que tout récemment que j’ai commencé à la fréquenter. L’hygiéniste pratique, idéalement 1 à 2 fois par an, un nettoyage en profondeur des dents et des collets, afin de prévenir et corriger les problèmes de tartre et gencives. C’est plus qu’un simple détartrage, utilisant ultra-sons et pinces en tous genres, mais aussi tout le nécessaire pour blanchir et polir les dents, enlever les tâches etc. Autrement dit, on joint l’utile (hygiène bucco-dentaire) à l’agréable (sourire tout blanc, propre et net).

Par contre c’est vraiment un sale moment à passer. Petite consolation, j’ai eu le plaisir de m’entendre dire que j’avais enfin fait des progrès dans ma technique de brossage et que les petits soucis alarmants de la dernière fois étaient quasi-résorbés. Il faut dire qu’elle m’avait terrorisée l’an passé au point que je n’ai pas eu d’autre choix que de devenir une inconditionnelle du fil dentaire quotidien sur les 11*2*2 côtés de mes intervalles interdentaires (ben oui je n’ai que 24 dents, raison de plus pour ne pas me permettre d’en négliger une seule!).

Tout cela avant de continuer ma journée de travail qui s’annonçait bien chargée. Je n’ai même pas pris le temps de descendre prendre mon café du matin et j’ai attaqué le monceau de tâches à fond. Pas le choix, même si cette semaine je ressens chaque jour plus le besoin de vacances; je suis un peu à plat, par moment nauséeuse, un peu la tête qui tourne… A 10h30, un collègue me tire de là presque de force, pour aller discuter 2-3 points autour d’un café.

Mauvaise idée! ce café m’a explosé le cerveau!

A peine revenue face à mon écran, il m’a explosé les yeux!

J’ai commencé une migraine ophtalmique…

Cela m’est arrivé une seule fois dans ma vie, en cours de révisions d’examens pour ma première année universitaire, une période où je m’étais complètement surmenée, révisant tous les soirs jusqu’à minuit pour ingurgiter toutes les nouvelles notions d’algèbre, chimie organique et autres joyeusetés bien théoriques. A l’époque, j’avais perdu la moitié de mon champ visuel pendant près d’une heure.

Cette fois, c’était plus curieux, mais aussi plus typique (terme technique: scotome scintillant): un croissant kaléidoscopique, crénelé, géométrique en noir et blanc complètement saturé, dans le centre exact de mon champ visuel qui me sert à lire, a peu à peu grandi, comme une onde qui se propage après la chute d’un caillou dans un plan d’eau, se déplaçant vers les bords de mon champ visuel, jusqu’à en disparaître après une trentaine de minutes.

Episode non douloureux et peu paniquant, puisque je connaissais le phénomène, et qu’il n’est par chance pas suivi d’une douloureuse migraine chez moi. Mais j’étais quand même à côté de mes pompes, nauséeuse et vidée, tremblant un peu, avec une sorte de très légère sensation de pression sans douleur dans le crâne après la crise.

Conclusion, régime sans café jusqu’aux vacances en tout cas (j’en consomme 1 à 2 par jour, je peux m’en passer), et du sommeil et du repos ce week-end, tant pis pour le travail laissé en plan, le client vient de repousser de 2 semaines la décision sur la grosse avant-vente qui m’occupe de toute façon, donc, respirons un peu.

Je suis en train de me remettre dans mon surmenage de 2004, cela ne va pas; et cette fichue nouvelle organisation qui ne se met toujours pas en place continue de me bouffer de l’énergie nerveuse…

J’ai même hésité à passer ici ce soir, mais bon, j’avais envie de parler de tous ces sujets, un peu aussi pour m’en débarrasser avant d’aller rêver cette nuit, pour mieux profiter de la belle journée qui s’annonce demain et peut-être du retour de la neige ensuite. Faire comme Benoît, une balade au bord du lac, toujours un peu magique, et méditer sur les émotions avec l’aide des notes de Vero que je n’ai pas encore bien assimilées… la vie est belle, même quand elle est trop pleine.

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Sédentaire ou nomade

Petite inter(per)ception sur un ping-pong de notes entre Manue et Julie sur ce thème:

Du sédentaire total au nomade sans cesse en vagabondage, il y a toute une palette de situations.

Ainsi, je ne me définirais pas comme sédentaire car j’ai émigré (pas trop loin géographiquement et culturellement, mais émigré quand même), et je ne me définirais pas comme nomade car j’habite dans ma maison en un lieu choisi comme point d’ancrage à court, moyen et long terme.

Enfin, il y a dans ma vie des temps sédentaires et des temps nomades.

J’ai des temps sédentaires auprès des miens et au bureau – la majeure partie du temps.

Mais je passe quasi toutes les vacances loin de chez moi; je n’ai pas fini encore de découvrir la France, rien que cela (destination de facilité avec les mômes, mais il y a de quoi savourer de toute façon)… Et je voyage aussi pour le travail, ce qui me permet de rencontrer aussi d’autres gens, eux-mêmes souvent enrichis par d’autres rencontres, etc… Ainsi, j’ai par exemple mangé chinois avec 15 coréens dans un faubourg de Bristol autour des 100 mots d’anglais que nos accents respectifs nous laissaient comprendre; j’ai assisté intriguée dans un resto végétarien d’Edinbourg à la comparaison des textes de l’Ancien Testament entre un prédicateur anglican et un juif pratiquant, arbitré par un français athée, mais ayant pris la peine culturelle de se documenter; j’ai discuté des qualités diplomatiques naturelles comparées des femmes et des cherokees avec un demi cherokee en mangeant des sushis près d’une plage de Los Angeles; j’ai assisté aux retrouvailles de cousins germains iraniens puis de cousins du Sénégal qui se croisaient par hasard après des émigrations divergentes ayant fait se perdre de vue leurs parents; j’ai observé l’effet du vin blanc suisse sur un japonais introverti (c’est curieux); j’ai suivi en différé l’émigration d’un citoyen brittanique en Nouvelle-Zélande en vue de sa retraite. Etc. Et j’étais payée pour tout cela! à vrai-dire je ne l’aurais pas fait sinon, car je suis casanière et timide et je ne cours donc pas après les voyages spontanément, mais je dois reconnaître que tout cela est tout-à-fait enrichissant et le peu de ces expériences que j’ai pu vivre me donne une bonne idée de la richesse que de vraies nomades comme Manue ont dû croiser en route…

Après, c’est aussi une question de caractère et de qui croise votre route à quel moment… parfois on a juste envie de s’asseoir ensemble un moment… et puis finalement, on ne bouge plus.

J’ai des amis nomades qui ont besoin d’un point d’ancrage, maison familiale ou de vacances par exemple…

Mais j’ai aussi des amis sédentaires qui s’évadent dans des livres, des films, des expos ou animations culturelles qui amènent l’ailleurs dans leur bled paumé, dans des recettes venues d’ailleurs, de la world music, ou des échanges sur des forums grâce à l’annulation des distances que le virtuel a apporté…

Je crois qu’au final, chacun y trouve son compte. Pour moi, l’idéal étant un point d’ancrage bien fort autour duquel je peux articuler des évasions ponctuelles… cela-dit je comprends que certains ne voient pas l’ancre, mais la chaîne. Moi je trouve cela rassurant, une chaîne: si je me noie, je peux m’y accrocher… mais il faut dire que je n’ai jamais très bien su nager et que je suis d’un tempérament angoissé – lol!

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Testetvous.com – ben c’est raté!

Il y a quelques jours j’ai reçu un gentil mail de Psychologies.com m’informant de l’ouverture de leur nouveau site testetvous.com avec un bon cadeau pour un test payant de valeur 2.99euros.

Musardant un peu sur le site, voilà que je trouve un test de Christophe André sur le Quotient Emotionnel. J’avais fait un test de QE dans un bouquin il y a 10 ans qui était absolument lamentable et comme j’espère avoir progressé depuis dans mon intelligence émotionnelle, je me suis laissée tenter.

Bref. Au bout de 42 questions, voici le résultat que j’ai obtenu, ci-dessous.

Comme je suis de bonne humeur ce soir, en voici la version/traduction humoristique. Le résultat de mon test correspond à une variable indéfinie, ce qui est assurément très inquiétant – serais-je donc une Extra-Terrrestre du QE??? Toutefois, en mettant en place une information d’exception robuste, j’ai encore quelque espoir de clarifier la source du problème. La documentation de fusion froide pourrait être utile également, et en dernier ressort, il semble y avoir une base de données de connaissances qui détienne la réponse ultime.

Le plus curieux est la mention d’un navigateur mozilla, genre d’incongruité que je n’ai jamais touchée moi, conventionnelle à mort je fais du microsoft à 100%.

Bref, j’ai perdu 10mn de mon précieux temps sur ce site! Je suis sûre que je peux trouver le même test gratuit ailleurs… je vais chercher…

Vive l’informatique.

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(*)

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Error Occurred While Processing Request

Variable idResultat is undefined.

Resources:

  • Enable Robust Exception Information to provide greater detail about the source of errors. In the Administrator, click Debugging & Logging > Debugging Settings, and select the Robust Exception Information option.
  • Check the ColdFusion documentation to verify that you are using the correct syntax.
  • Search the Knowledge Base to find a solution to your problem.

Browser  Mozilla/4.0 (compatible; MSIE 6.0; Windows NT 5.1; SV1; .NET CLR 1.1.4322; .NET CLR 2.0.50727; .NET CLR 3.0.04506.30)
Remote Address  (Effacé par Kerleane)
Referrer  http://test-et-vous.psychologies.com/tests/testpremium.cfm/3136/17176/calculez-votre-quotient-emotionnel.htm
Date/Time  13-mars-07 09:32 PM

(*) webmaster introuvable, au passage.

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2004 – Emancipation

Avec le recul, je réalise que c’est au beau milieu des épuisantes tribulations et angoissantes bousculades de ce printemps 2004 que je suis vraiment devenue adulte.

L’étape marquante s’est produite dans le courant du mois de mai, lors d’une visite de mes parents venus me dépanner une semaine pour garder les puces pendant que Super Nounou prenait des vacances bien méritées.

J’avais depuis près de six mois réservé une location sur une île de la côte atlantique qui m’attire depuis des années. Mais je n’en avais encore rien dit à mes parents – car cela signifiait que cette année nous passerions nos vacances à la mer loin d’eux, et je préférais en parler de vive voix.

Evidemment, quand l’occasion s’est présentée, cela n’a pas été facile. C’était un soir après ma journée de travail et le souper préparé par ma mère, les enfants au lit, les hommes occupés je ne sais où. Je me souviens juste des précieux rayons de soleil rasants des soirs de mai, qui passaient enfin, à l’approche du solstice, à travers les grands arbres de derrière, jusqu’à la fenêtre de ma cuisine où je finissais de ranger la vaisselle avec Maman.

Elle a mal réagi.

Mais, pour la première fois de ma vie peut-être, moi pas.

Je l’ai regardée, déchiffrant presque consciemment tout son langage non verbal, en même temps que j’écoutais tous les arguments fallacieux qu’elle improvisait soudain pour me convaincre que ce choix de vacances n’était pas une bonne idée.

Ainsi, je voyais clairement devant moi les émotions négatives qu’elle me renvoyait brutalement et que jusque-là, dans de telles occasions (heureusement rares!) j’avais toujours laissées s’amplifier en moi et déborder jusqu’à ma propre perte de contrôle (typiquement, les larmes et la fuite, car je ne suis pas d’une nature colérique). Car j’étais toujours enfermée dans mon rôle de petite fille auprès d’elle, malgré tous mes efforts pour m’en sortir depuis l’adolescence.

Je voyais donc ces émotions – mais pour une fois, c’était clairement SES émotions, pas les miennes. Et au-delà du stress et de la fatigue, ou peut-être justement parce que j’étais dans une période tellement surmenée car ce petit incident n’était même plus capable de m’effleurer émotionnellement, je suis restée très calme.

Chaque argument qu’elle m’exposait était parfaitement démontable, car j’avais passé des soirées entières à préparer ces vacances et je n’avais négligé aucun détail. Des moustiques au surpeuplement en passant par l’eau froide, elle ne m’épargnait rien de ce que son imagination lui proposait dans le mode panique généré par ses émotions. Mais j’avais réponse à tout. Il y a des gens que la logique laisse insensible, mais pas Maman: elle a un bac+4 en maths, et je tiens mon esprit rationnel et logique autant d’elle que de mon père… Donc, en restant factuelle, je l’ai très vite ramenée à une discussion plus sensée et moins biaisée par les émotions, du moins, dans le langage.

En particulier, cela l’a forcée à m’écouter enfin, d’abord avec sa raison, puis plus profondément; car je me suis vite jetée dans le créneau, improvisant à mon tour, pour lui dire ma déception de la voir me détruire ainsi mon rêve de vacances dépaysantes, dont j’avais tant besoin à ce moment. Et cela juste parce qu’elle était déçue, triste et angoissée que je la laisse tomber… Je lui ai formulé verbalement, calmement et clairement, ces émotions qui venaient de l’aveugler jusqu’à m’exposer des arguments qui ne tenaient pas la route, et ce que ses émotions m’imposaient à moi, alors que j’attendais d’elle un autre soutien, plus positif…

Pour la première fois de ma vie, je l’ai prise en défaut. Car c’était la première fois que je la voyais soudain plus faible que moi, et à ma grande surprise, je l’ai entrevue trembler, comme si à son tour, elle devait maitriser une montée de larmes, alors que moi je restais calme… Elle m’a encore juste demandé ce qui m’arrivait, pourquoi je réagissais si bizarrement, car visiblement, pour elle aussi, quelque-chose avait changé… je me souviens lui avoir expliqué en 2 ou 3 phrases que je n’avais fait qu’appliquer avec elle les stratégies relationnelles apprises et développées sur le tas au travail. S’accrocher aux faits, aux arguments, à la logique au-delà des émotions et des schémas-types trop souvent figés, une fois qu’on a appris à décoder ces derniers intuitivement…

Nous nous sommes séparées pour aller méditer, ou oublier, cet incident chacune de notre côté.

Sur le coup, j’étais contente de moi, de ma maîtrise, de mon progrès…

Aujourd’hui, avec le recul, je regarde cette étape-là comme essentielle, mais j’en conçois aussi une certaine tristesse. La semaine suivante, elle a accompagné Mamie vers une étape difficile, sa perte d’autonomie nécessitant une hospitalisation permanente. C’était planifié pour son retour de Suisse, elle le savait, elle s’y préparait donc aussi psychologiquement… Bêtement, je n’ai pas du tout relié ces faits à l’époque, mais maintenant que je reconstitue le puzzle sur mes papyrus, je m’interroge…

Un cran de plus dans l’engrenage de la vie.

Depuis ce jour en tout cas, il me semble que notre relation a changé. Je suis plus sereine, je la comprends mieux, elle m’écoute et me parle avec plus de respect… passer cette étape m’a permis aussi de me tourner vers d’autres horizons… mais il me reste bien d’autres étapes à franchir, et je dois encore tant apprendre d’elle!

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Educations – le message

Ces deux visages sont ceux de Tilly Smith, une écolière d’Angleterre, et d’une petite "gitane de la mer", de la minorité ethnique Moken de Ko Surin, en Thaïlande.

Toutes deux auraient pu faire partie des centaines de milliers de morts emportés par les vagues dévastatrices du 26 décembre 2004.

Moken_1Mais les Mokens ont vu la mer montrer des signes étranges ce matin-là: "Les anciens ont pensé au crabe gigantesque, responsable des marées". La petite fille, ses parents, ses cousins, ses amis, tous ont suivi le patriarche du village dans la montagne, à temps pour que quasiment toute la communauté soit sauvée (181 personnes, 1 disparu). Cette communauté ethnique étant sous le parrainage étroit de l’UNESCO, son histoire a rapidement été médiatisée et a fait le tour de monde avec emphase sur l’importance de préserver le savoir ancestral de ces communautés.

TillyPar ailleurs, d’un peu plus loin, à Phuket, l’histoire de Tilly a également fait le tour des télévisions et des journaux du monde entier. Cette petite fille-là a utilisé le savoir fraîchement transmis par son école pour alerter et sauver une centaine de personnes. En effet, à défaut de savoir ancestral applicable dans cet environnement étranger, elle venait d’étudier le phénomène du tsunami en cours de sciences et elle a su en reconnaître les signes, l’expliquer à son tour et donner l’alerte sur la plage de ses vacances, avec l’aide de ses parents.

Savoir ancestral, savoir des livres, savoir d’école… voilà pour moi le message universel bien réel derrière ces deux histoires qui ont certainement été plus ou moins déformées par la voracité médiatique post-tsunami: nous sommes des êtres vivants doués d’intelligence, de mémoire et de langage, sans griffes, sans poils, sans dents acérées, sans nageoires et sans ailes, et pourtant nous savons voler et nager et nous déplacer plus vite que le plus rapide des animaux…

Le savoir est notre plus grande force, et l’éducation est la plus efficace de nos défenses. La survie de notre espèce en dépend depuis toujours, et on n’a pas fini d’en avoir besoin…

En outre, qu’une petite fille de passage arrive à sauver une centaine d’inconnus, presque autant qu’un patriarche de village, réceptacle des savoirs ancestraux que malheureusement seuls les siens écoutaient encore, c’est quand même fort, et cela motive drôlement à envoyer toutes les petites filles du monde à l’école, non?

Unescodde Un message similaire a été formatté par l’UNESCO dans le programme décennal d’Education au Développement Durable: ici.

Il est urgent d’apprendre, pour nous, pour nos enfants, et pour les enfants qui les suivront.