Encore de la synchronicité aujourd'hui.
Ce matin j'ai acheté le magazine économique suisse Bilan pour son dossier de couverture sur les femmes cadres… et j'ai fini par y lire avec bien plus d'intérêt l'article sur Henry Markram et son projet de prolonger l'effort Blue Brain de l'EPFL par la création d'un "CERN de l'intelligence artificielle" en Suisse Romande!
Plus tard dans la journée, j'ai pris quelques minutes de pur bonheur avec les filles entre leurs cours respectifs de danse créative et de guitare et notre descente mensuelle à la bibliothèque du bord du lac: nous avons trempé nos pieds dans la rivière du village! J'avais la joie brute, enfantine, de patauger avec les fées dans cette eau tout juste descendue des torrents de notre montagne, et elles ont adoré! A se demander pourquoi on ne fait pas cela plus souvent, c'est juste devant l'école…
15km et 30mn plus loin, au bord du lac, j'ai encore fait face aux montagnes du Chablais jusqu'aux dents du Midi, debout sur le parapet, à demi euphorique face à l'énergie splendide que je ressens toujours à cet endroit… c'est toute pleine de cet émerveillement que je suis rentrée dans la bibliothèque, et sans réfléchir, face au présentoir mettant en valeur différents ouvrages, j'ai saisi un gros pavé orange:
Henry Mintzberg, Le Management – Voyage au centre des organisations.
je l'ouvre au hasard, et voilà que je tombe sur un chapitre intitulé "des managers et non des MBA", et qui dit ceci:
Il y a un réel besoin de talents intuitifs et de bon sens parmi ces jeunes diplômés et pas seulement de prouesses universitaires. C’est un problème de supposer de l’intuition chez les candidats à un diplôme de gestion, car il y a peu de chance pour que l’intuition se manifeste chez un être jeune. En effet, il n’est pas possible d’être intuitif à propos de choses dont on n’a qu’une connaissance superficielle.
De plus, même si ce potentiel d’intuition existe, son absence de forme développée signifie qu’il ne peut être employé dans le processus de l’enseignement.
La sélection de ceux qui veulent suivre des cours de gestion doit se faire par la preuve d’une expérience professionnelle de gestionnaire réussie. Les candidats doivent avoir une réelle expérience pratique. Les capacités au leadership et à la gestion des candidats doivent être démontrées.
Un autre chapitre s'intitule "Hémisphère gauche et hémisphère droit"… j'ai emprunté le livre, non pour le lire moi, mais en pensant l'amener à mon chef, qui m'a tenu exactement le même discours il y a quelques jours, au fond de ses propres réflexions! il faut dire qu'il répond parfaitement à la définition du manager expérimenté dans ce bouquin… cela devrait lui parler. En fait, on n'a jamais aussi franchement dialogué que ces dernières semaines… drôle d'expérience.
Mais j'ai quand même survolé l'ouvrage à la maison aussi pour moi – impossible d'ingurgiter linéairement 700 pages dans mon emploi du temps de ministre, mais j'ai une bonne technique de lecture rapide et je suis tombée en une dizaine de minutes sur les messages dont j'avais besoin… au point de finalement passer la soirée à y réfléchir avec note à la clé ici.
Ainsi, p.114 à 119: références à un échange de l'auteur avec un autre ponte dans les années 70, concernant une référence qu'il avait initialement souhaité faire aux perceptions extra-sensorielles dans son article au Harvard Business Review sur les hémisphères du cerveau et le management. Cette référence a été retirée de la publication, car trop provocatrice. Mais c'est de Turing qu'il la tenait. Turing! le grand penseur à l'origine de l'IA au milieu du 20ème siècle. Je ne savais pas qu'il avait des croyances dans ce domaine. Encore plein de liens à explorer là-dessus.
J'ai dans la foulée réalisé ce soir le surprenant parallélisme entre mon développement personnel et mon expérience professionnelle de ces 3 dernières années. C'est au printemps 2007 que j'ai pris conscience de mon besoin de développer mon cerveau droit, en lisant "Petit manuel d'auto-psy", Serge Fitz, Ed. Jouvence, pendant les vacances de Pâques. J'ai suivi les synchronicités dans la foulée qui m'ont conduite à découvrir les mandalas… au moment même où une réorganisation me précipitait sans crier gare chez celui que j'appelais alors New Boss. Suivit une bonne année de galère pour m'habituer à son style de gestion, effréné, touche-à-tout, principalement verbal et réunionniteux, et à son intelligence ultra-synthétique, visuelle, conceptuelle – il est gaucher d'ailleurs, bref le cerveau droit à fond, tout l'envers de moi l'analytique, réfléchie, jonglant subtilement entre les dossiers et les émotions douces dans le souci du moindre détail perfectionné encore et toujours, au détriment souvent de l'action et de la décision… Puis une bonne année de prise de conscience de mes propres limitations, et du besoin de progresser en me débarrassant de mes schémas limitants. Travail personnel de fond, largement raconté ici… et en parallèle tous les progrès accompagnés et reconnus par New Boss, jusqu'à devenir un de ses piliers de confiance malgré nos différences. Aujourd'hui je jongle facilement sur les différents modes, cerveau droit et cerveau gauche, en fonction des circonstances, et cela m'a permis d'accèder à de plus grandes responsabilités depuis 2009.
Il me reste à mieux vivre mes émotions, mais je commence aussi à voir des progrès sur ce plan, et il m'est aussi apparu évident aujourd'hui que c'est sur cet axe-là que je vais en baver dans mon nouveau projet professionnel, puisque je vais devoir ME vendre MOI. Angoisse totale. Mais j'y arriverai.
Il est surtout terriblement troublant pour moi ce soir de relire ces notes du blog en mai, juin et juillet 2007. Je l'avais oublié, mais ces notes me font découvrir ce soir que le rêve marquant de l'été 2007 m'était venu dans le stress de la nuit précédent mon premier entretien avec New Boss!!! Or j'ai beaucoup repensé à son message réconfortant ces derniers temps, pour me conforter dans mes choix de suivre mes valeurs les plus profondes, quels que soient les risques et difficultés des tournants à prendre pour cela. Et le plus drôle, cette énigmatique – à l^époque! – dernière ligne de la météo couleurs que j'avais relevée comme exceptionnelle: On ne vous demande pas d'être perfectionniste mais de suivre les étapes de la voie d'apprentissage d'une discipline de vous ouvrir à recevoir l'enseignement du maître qui le dispense. Et du coup, de guérir votre relation au père, à la notion de hierarchie !
Exactement ce que je vis à présent.
C'est… perturbant, pour mon esprit rationnel. Je ne peux pas nier la réalité de tous ces signes au nom de l'objectivité scientifique; je ne peux rien prouver, tout est dans ma tête, et en même temps, tellement évident à ma pleine conscience! Est-ce donc moi qui crée cette réalité juste sur la base des signes auxquels j'ai bien voulu prêter attention dans le courant de ma vie?