Ces derniers mois, j'ai eu le temps de lire, de réfléchir, et de découvrir de nouveaux savoirs comme jamais depuis des années, mais avec en plus l'éclairage de l'expérience que je n'avais pas à 20 ou 30 ans.
En particulier, j'essaie de mieux comprendre le monde de la finance et de l'économie. Ils m'ont été complètement hermétiques pendant des années. La gouvernance de plus en plus financière, parfaitement honnête et d'une efficacité redoutable, mais sans vision, sans rêve, sans passion, sans réponse non plus à mes incessantes questions sur le "mais après?" de mon ancien employeur m'a finalement désespérée au point que j'ai démissionné, car rien n'avait plus de sens pour moi.
Mais je n'ai pas lâché le morceau. Les épreuves que nous traversons dans la vie sont autant d'occasions de grandir. Je veux comprendre pourquoi j'ai bloqué sur ces circonstances, qu'est-ce qu'elles reflétaient de mes propres limitations. Je veux maintenant mieux comprendre les règles du jeu et mon rôle là-dedans. De toute façon, je ne peux plus pas ignorer les réalités économiques et financières, d'une part parce que je dois encore trouver comment mieux y insérer mon projet professionnel, d'autre part parce qu'il nous est impossible de faire abstraction des bouleversements macro-économiques en cours dans nos propres projets privés.
Internet est un outil extraordinaire; depuis mon grenier au bord de l'alpage, je peux lire les blogs de tous ceux qui se posent des questions et partagent leurs idées, aux Etats-Unis, en Angleterre, en France, au Canada (je lis essentiellement en anglais et un peu en français). Mais aussi toutes sortes de livres et publications, scientifiques, technologiques, sciences humaines, je suis curieuse de tout et je suis toujours étonnée de voir combien d'informations inédites on trouve en 3 clics de Google, comme si les journalistes et même des essayistes s'arrêtaient à la première page ou aux mots-clés les plus communs, alors qu'en 10mn de recherche supplémentaire on trouve des trésors de pertinence sur la moindre question un peu élaborée.
Et puis il y a le sens de l'histoire. Ce premier chapitre de la prophétie des Andes m'avait interpellée en 2007 sans que j'y voie plus loin que mes propres connaissances culturelles de base. Puis en Ecosse, j'ai pendant quelques instants extraordinaires visualisé, ou plus précisément ressenti, la responsabilité intellectuelle d'un stratège dans la tente d'un général sur les vestiges archéologiques d'un camp romain. Comment percevait-il le monde et son évolution alors? Le dernier de ces stratèges a abandonné un jour ce camp pour se replier plus au Sud, puis encore plus au Sud, puis encore… jusqu'à Rome, s'il n'était pas mort avant, dans la lente agonie de l'empire romain. Dans notre groupe y compris parmi les animateurs certains se projetaient plus facilement sur les cultures chamaniques comme les pictes, moi par contre je me sentais plus en phase avec les romains, organisés, structurés, technologiquement évolués… Mais dans mon ressenti, ils manquaient un peu trop de créativité, de fantaisie… il en faut aussi, en tout cas moi j'en ai besoin, cela illumine mon quotidien. Peut-être qu'ils ont manqué d'imagination. Peut-être pas: après tout la civilisation a continué, le pouvoir des empereurs est simplement passé à l'Eglise, qui a ensuite longuement régné sur le Moyen-Age… Et là je retrouve ma généalogie… Templiers, hospitaliers, abbayes, châteaux… jusqu'à la révolution française… encore un monde qui disparaît, de nouvelles fortunes se font, d'autres s'enfoncent peu à peu… mes ancêtres sabotiers des forêts, marchands de bois, et tisserands des landes, marchands de toiles, doivent s'adapter aux nouvelles donnes: dès le milieu du 19e, il est loin le temps de la prospérité économique portée par les échanges internationaux de la Bretagne aux siècles précédents. Cela donne le tournis… et moi dans tout cela? qu'est-ce que je fais là?
Comme j'aimerais mieux comprendre ce monde, et ma place ici… J'ai lâché prise, j'ai médité, j'ai marché, j'ai dessiné, j'ai rêvé, mais au final je reviens toujours aux mêmes questions. C'est bien çà le fond de mon problème: toujours chercher le sens de tout cela…