Les croyances collectives

Après avoir pris conscience de sa structure mentale et appris à travailler avec/sur ses propres croyances, on se rend compte de leur interconnexion avec les croyances des autres. Structures familiales, sociales, régionales, nationales, culture d’entreprise, esprit de groupe dans des organisations comme les scouts: dès que plusieurs humains se rassemblent et échangent à l’aide de rites plus ou moins bien établis, ils intègrent ces structures à leurs propres structures. Nous en trimbalons donc tout un tas dans nos systèmes de croyances.

Plus l’organisation sociale est ancienne et plus elle est déployée à large échelle, plus la structure est bien établie et rigide; il faut énormément d’énergie pour la faire évoluer et un seul individu n’y arrive pas, à quelques rares exceptions, comme Gandhi, Martin Luther King, Nelson Mandela, mais aussi Napoléon, Lénine, Mao, Hitler ou Pol Pot…

Il est beaucoup plus difficile de prendre conscience et a fortiori de prendre du recul pour travailler sur ce niveau de croyances. En effet, il est impossible d’échapper à ces structures à part en devenant ermite (et ce n’est sûrement pas un hasard si beaucoup de leaders spirituels ont eu recours à ce type de retraite, mais aussi des artistes et des inventeurs, parce qu’en se libérant des structures anciennes on ouvre des portes pour en créer d’autres…). Car nous avons tous une famille, une citoyenneté, nous avons pris part à une école, une entreprise, été membres d’une organisation, d’un club… nous en avons accepté les règles et absorbé la culture.

Ainsi s’enchevêtrent dans notre structure mentale les croyances personnelles, construites sur nos expériences individuelles, et les croyances collectives, construites sur nos expériences de groupe.

Pour en prendre conscience et prendre du recul, il existe 2 principaux moyens: par soustraction et par addition.

La soustraction est la solution de l’ermite. Elle consiste à fuir la structure pour s’en libérer. De la prise de distance à la rupture, différents niveaux de soustraction sont possibles. Plus la fuite est violente plus la réponse émotionnelle est force, il faut pouvoir l’encaisser à ce niveau; on ne se sent pas forcément mieux après, et il ne faut pas négliger l’effet miroir, de même que quand on tire sur une corde cela tire aussi à l’autre extrémité…

L’addition est la solution de l’explorateur. Elle consiste à compléter la structure par l’exposition à des croyances divergentes, voire opposées, pour les relativiser. Là encore selon le degré de divergence différents niveaux d’addition sont possibles. Plus les nouvelles croyances divergent des anciennes plus elles vont charger la structure mentale, il faut pouvoir l’encaisser à ce niveau; on peut se sentir la tête trop pleine ou perdu dans des contradictions, et là aussi il y a un effet miroir en boomerang, puisqu’on amène ses anciennes croyances dans la confrontation aux nouvelles.

Personnellement ayant un mental fort et un émotionnel faible, je procède de préférence par les additions. Cela me permet aussi de garder toute une boîte à outils pour communiquer sur la base de ce que je comprends des croyances de l’autre. Il me semble aussi que cela me permet d’actionner plus de possibles, car j’ai l’intuition que c’est là-dedans que s’exerce mon libre arbitre pour créer telle ou telle instance de ma réalité au quotidien, justement en interaction avec les autres (quand nos deux intentions se rejoignent, leur réalisation devient possible). Mais je reconnais que c’est un peu encombrant, et que ce serait impossible de m’y retrouver si je n’avais pas le recul nécessaire pour me recentrer dans le doute sur le Qui Je Suis central à l’intérieur de toutes ces structures.

 

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