Perspective historique

Staune La perspective historique que James Redfield ne fait qu’effleurer en quelques phrases dans son roman fait l’objet de la première partie, introductive mais nettement plus détaillée et documentée, de l’essai de Jean Staune. Voici donc ma tentative de synthèse pour cette partie spécifiquement.

Le premier chapitre rappelle l’évolution de la pensée humaine, qui commença par créer des Dieux pour répondre à ses deux profondes angoisses existentielles – partagées par les hommes et femmes de tous lieux et de tous temps: la difficulté à trouver une explication cohérente, un sens, à ce que l’on vit, d’une part, et au fait que l’on meurt, d’autre part. Puis vint l’ère de la pensée rationnelle, dont les balbutiements posés par les Grecs il y a 2500 ans prirent vraiment leur essor à la fin du Moyen Age dans la société occidentale, avec les découvertes astronomiques qui cessèrent de placer l’Homme au centre de l’univers, puis le développement des autres sciences dans la foulée – notamment, en biologie, la théorie de l’évolution, qui acheva de déstabiliser l’Homme dans sa certitude d’être unique, élu des Dieux. Quel désenchantement! Et les grands penseurs cités dans ce chapitre se succèdent pour en explorer les conséquences, jusqu’à montrer que la suite logique et inévitable de cette ère moderne, cumul de la pensée rationnelle et matérialiste, est la modification de l’Homme par lui-même (génie génétique, intelligence artificielle…).

Le deuxième chapitre reprend cette perspective historique, mais sous un angle différent: celui de la condition humaine elle-même, abordée sous l’angle de la philosophie et des grandes traditions religieuses au cours du temps. L’auteur note d’une part que les fondements moraux et éthiques du "comment vivre" sont communs à ces dernières depuis des milliers d’années (même si ces grands principes n’ont pas toujours, pour ne pas dire pas souvent, été respectés!). Mais ces principes ont toujours été construits sur la base de conceptions non matérialistes du monde (ce qui les rend cohérents, c’est l’hypothèse déiste sous-jacente d’une "autre" réalité à atteindre/approcher). D’autre part, il explique que l’humanisme et le matérialisme ne sont pas compatibles; leur combinaison est sans issue, car les Droits de l’Homme, conçus sans le socle du déisme, n’ont pas de fondement (logique, rationnel) face à une pensée, une civilisation matérialiste, dont la parfaite évolution (logique, rationnelle) ne peut conduire qu’au "meilleur des mondes" matérialiste comme expliqué au premier chapitre. D’où l’importance de revnir à cette question fondamentale: notre existence (en tant qu’êtres humains – notre condition humaine) a-t-elle un sens?

Une fois ainsi posé le problème, l’auteur présente dans le troisième chapitre sa démarche pour l’étudier. Il reprend de nouveau la perspective épistémologique du premier chapitre, mais pour la projeter au XXIème siècle avec le pari suivant: de même que notre civilisation a connu un changement de paradigme (règles, conceptions, hypothèses de base constituant le socle de la science/la connaissance) en passant du monde ptolémien au monde newtonien, le XXème siècle était la charnière pour changer de nouveau de paradigme, et passer au monde einsteinien. Ce sont d’abord les avancées dans la physique de l’infiniment grand (relativité) et de l’infiniment petit (quantique) qui ont, indéniablement, entraîné ce changement de paradigme, pour nous entraîner dans une conception du monde physique où les notions d’incertitude, imprédictibilité, incomplétude, indécidabilité, indétermination, redeviennent des notions fondamentales… et scientifiquement prouvées. Mais aussi, d’après l’auteur, les avancées plus récentes en logique, biologie, et étude de la conscience – selon lui, les sciences de la vie ayant toujours du retard sur les sciences de la matière dans l’évolution de la connaissance humaine, ces avancées ne sont pas encore largement reconnues. C’est pourquoi il propose de nous expliquer ces avancées, en trois chapitres pour chacun de ces domaines, en partant des sciences de la matière bien reconnues auhourd’hui, et en posant le pari que les sciences de la vie vont connaître la même révolution que celle qu’a connue la physique au XXème siècle – maintenant! Enfin, il dévoile peu à peu son credo – le chapitre s’intitule "Vers de nouvelles lumières…", et se termine ainsi:

Si la vision réductionniste, mécaniste et déterministe que la modernité nous a donnée de l’homme et du monde est vraie, il faudra l’admettre. (…) [Sinon], la chose la plus importante [à faire aujourd’hui pour notre civilisation] sera de le dire (…): il s’agit d’une condition nécessaire (mais non suffisante!) à notre survie, la seule qui fera apparaître une nouvelle source de lumière remplaçant celle qu’a fait exploser le "désenchantement du monde". 

Et voilà… comment les 425 pages qui suivent vont-elles suffire à résumer les principales avancées scientifiques susceptibles d’apporter un éclairage (la lumière!) à ce questionnement existentiel? je suis dévorée de curiosité… et je m’en vais de ce pas poursuivre ma lecture.

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