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D’un livre à l’autre

Enfin plongée dans "La prophétie des Andes", j’ai continué d’y avancer. Je le lis par petits bouts d’abord parce que c’est un mauvais roman – complètement décousu, une sorte de série B du livre avec un patchwork de personnages et de lieux sans travail descriptif sérieux ni construction soigneuse de la trame du récit, genre ce qu’on apprend au collège au cours de français: rien d’étonnant à ce que le manuscrit ait été refusé par tous les éditeurs au départ… Ensuite parce que je le lis en anglais, ce qui n’est pas trop difficile car c’est de l’américain sans sophistication descriptive, très accessible pour moi, mais cela ralentit tout de même mon assimilation. Enfin, parce que ce livre ayant visiblement plus d’intérêt comme outil de développement personnel que comme lecture de chevet, je prends mon temps pour réfléchir aux thèmes qui y sont abordés.

J’ai déjà publié les réflexions que la première prophétie, sur l’importance d’être attentif aux coincidences, m’inspiraient.

Sur la deuxiéme, qui met en perspective l’évolution historique de la civilisation occidentale jusqu’à notre monde à l’entrée du 3ème millénaire, ma réflexion est restée bloquée trois bonnes semaines. J’ai relu le chapitre, en vain, trouvant le sujet juste effleuré, et mal amené en plus, avec cette rencontre dans l’avion qui finit sans mot de la fin dans une stupide course poursuite à Lima… Comment approfondir ce sujet-là?

StauneMais supposons, pour le piment de mon propre récit ;-), que les coincidences aient fait leur travail… ainsi m’est venue cette obsession du non-sens de l’histoire des petites Sarah du Vél’D’Hiv, entrelacée de dimanche à mardi dans mon quotidien baladeur. Mardi soir, cette obsession m’a conduite au rayon livre du coin presse-librairie de l’aéroport, espérant pouvoir feuilleter le fameux bouquin "pléblicité" par Psycho mag. Mais je ne l’ai pas trouvé, et à la place, c’est ce pavé qui a fini dans mes mains:

"Notre existence a-t-elle un sens? Une enquête scientifique et philosophique"

De Jean Staune, Préface de Trinh Xuan Thuan.

Ce cher TXT, dont "la Mélodie secrète" avait profondément chamboulé mes convictions religieuses d’antan, quelque-part autour de l’été de mes 20 ans… Il m’avait été recommandé par une étudiante en astrophysique avec qui j’avais fait un bout de chemin entre le Poitiers médiéval et la Bretagne maritime cet été-là. Une référence.

J’ai donc feuilleté ce livre et il m’est apparu évidemment que c’était exactement le livre dont j’avais besoin pour aller plus loin dans mon questionnement existentiel.

Je ne l’ai ouvert qu’une fois assise dans l’avion, et malgré l’heure tardive, malgré la journée remplie de réunions, malgré le classement de 150 mails que je venais de réaliser entre-temps – mon petit marathon habituel à l’aérogare -, j’en ai lu près de 50 pages avant l’atterrissage une petite heure après. Mieux: ma bonne humeur montait au fil des pages!

J’ai continué d’en déguster une petite part aujourd’hui. Car il s’agit là encore, comme pour la plupart de mes lectures fondamentales, de dégustation plus que de gloutonnerie; je relis parfois 3 fois certains paragraphes pour bien les assimiler, car l’auteur a un esprit de synthèse apparemment très développé, et chaque phrase me paraît expliquer clairement ce qui me prendrait personnellement 3 pages à décrire (et de travers, en plus! lol).

J’ai fait quelques recherches sur l’auteur aussi, qui sont sorties tellement contrastées, manichéennes presque, que je me sens obligée de me forger ma propre opinion…

Et pour commencer, ce que j’en ai déjà lu m’a justement apporté la vue plus approfondie que je cherchais sur le sens de l’histoire, mais ce sera l’objet de ma prochaine note – décidément, synthétiser une synthèse n’est pas franchement un exercice dans lequel j’excelle…

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Trois soeurs – La légende

"Il était une fois, il y a de cela très longtemps, trois sœurs qui vivaient ensemble dans un champ. Ces trois sœurs étaient très différentes les unes des autres par leur taille et leur façon de se vêtir. Une des trois était petite, si jeune en fait qu’elle ne pouvait que ramper à la naissance, et elle était vêtue de vert. La deuxième portait une robe d’un jaune brillant et elle avait une façon bien à elle de se sauver toute seule lorsque le soleil brillait et que la brise lui caressait le visage. La troisième, l’aînée, se tenait toujours très droit et, étant très grande, essayait de protéger ses deux sœurs. Elle portait un châle vert pâle et sa longue chevelure blonde battait au vent.

De fait, les trois sœurs ne se ressemblaient que sur un point: elles s’aimaient beaucoup et ne se séparaient jamais. Elles étaient convaincues qu’elles ne pourraient supporter la séparation.

Un jour, un étranger apparut dans le champ des trois sœurs. C’était un petit Indien droit comme une flèche et brave comme l’aigle qui tournoyait haut dans le ciel. Il savait parler aux oiseaux et aux petits frères de la terre: la musaraigne, le tamia et les renardeaux. Et les sœurs, celle qui ne savait que ramper et celle aux longs cheveux, étaient bien intriguées par le petit Indien. Elles le voyaient porter une flèche à son arc, sculpter un bol avec son couteau en pierre, et se demandaient bien où il pouvait aller le soir.

Tard cet été-là, une des trois sœurs disparut. C’était la cadette en vert, celle qui ne savait que ramper. Elle pouvait à peine se lever dans le champ sauf lorsqu’elle trouvait un bâton sur lequel s’appuyer. Ses sœurs la pleurèrent jusqu’à l’automne, mais elle ne revint pas. Une fois de plus, le petit Indien revint visiter le champ des trois sœurs. Il vint ramasser des roseaux près d’un ruisseau voisin pour fabriquer des flèches. Les deux sœurs qui restaient le surveillèrent et regardèrent avec émerveillement l’empreinte de ses mocassins sur le sol où il était passé.

Ce soir-là, la deuxième sœur, celle vêtue de jaune et qui voulait toujours se sauver, disparut. Elle ne laissa pas de trace, mais il est possible qu’elle ait mis les pieds dans la foulée du petit Indien. Il ne restait plus qu’une sœur. Elle demeurait grande et droite, sans jamais s’incliner de chagrin, mais il lui semblait qu’elle ne pouvait vivre seule en cet endroit. Les jours raccourcirent et les nuits s’allongèrent. Le châle vert perdit sa couleur. Il avait pris de l’âge et semblait tout usé. Le vent avait défait sa belle chevelure blonde de jadis. Jour et nuit elle espérait le retour de ses sœurs, mais en vain. Sa voix, lorsqu’elle les appelait, était triste et mélancolique comme le vent.

Puis un jour, lorsque fut arrivé le temps des récoltes, le petit Indien entendit la plainte de la troisième sœur qui avait été laissée toute seule dans le champ. Il en eut pitié, la prit dans ses bras et l’amena chez ses parents. Quelle surprise l’attendait! Ses deux sœurs se trouvaient en toute sécurité dans la cabane des parents et la joie de la revoir enfin était grande. Le petit Indien les avait tellement intriguées qu’elles l’avaient suivi pour voir où et comment il vivait. Elles avaient tellement aimé la chaleur de son abri qu’elles avaient décidé de passer l’hiver avec lui. Et elles faisaient leur possible pour lui venir en aide.

La petite sœur en vert, qui avait maintenant atteint sa pleine maturité, tenait les casseroles pleines de nourriture. Sa sœur en jaune se laissait sécher sur une étagère en prévision de repas futurs. La troisième sœur se joignit à elles, prête à broyer le grain pour le petit Indien. Jamais plus on ne les sépara.

Tous les enfants connaissent ces trois sœurs et en ont besoin tout autant que le petit Indien. En effet, la petite sœur en vert est le haricot, sa sœur en jaune est la courge, et l’aÎnée aux longs cheveux blonds et au châle vert est le maïs." (Légende Mohawk) Trois_soeurs_2

Les trois sœurs sont les trois principales cultures pratiquées traditionnellement par les Iroquois (ligue des 5 nations): la courge, le maïs et le haricot. En savoir plus…