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Mue des émotions, mue des perceptions

Ces derniers jours j'ai travaillé sur mes vieilles connaissances. Contrat alimentaire et je vois bien que je suis utile encore, mais je ne suis plus en phase avec tout cela. D'un autre côté, j'ai de la peine à me lancer dans mes nouveaux défis. Je ne sais plus très bien ce que je veux; jamais je n'ai jamais été aussi libre, et jamais je n'ai eu autant de doutes et de questionnements.

Ce soir, je prends un peu de temps pour moi, et voilà que mon intuition me porte à aller regarder ce que je publiais en février mars l'an passé.

Quelle surprise de relire dans cette note il y a un an jour pour jour, car je l'avais complètement oubliée celle-là:

plus je fais l'effort de lâcher-prise de ces émotions négatives, plus j'ai l'impression de peler un oignon, l'oignon de mes couches émotionnelles entassées par la vie, et de toucher du doigt des émotions très anciennes, très enfouies, que je n'arrive pas à bien dégager du fond de moi, comme celles de mon enfant intérieure que j'avais découverte il y a un an en faisant le stage de reiki. Hasard du calendrier?

Et 2 ans donc maintenant… j'en ai épluché des couches depuis 2 ans, depuis 1 an, depuis 6 mois. Au point de toucher maintenant de plus en plus aux couches restantes venues d'autres temps, celui de mes ancêtres, voire d'autres espaces, celui de mes étranges rêves géométriques multi-dimensionnels qui me sont encore si mystérieux…

mon regard aussi a changé. J'ai vu cette semaine des arbres élancer leurs branchages magnifiques vers le ciel sur mon trajet au boulot

En y retournant cet après-midi, comme à chaque fois que je refais ce trajet bien moins fréquemment à présent, j'ai croisé en conscience cet arbre justement! Pour la première fois, j'ai remarqué qu'il est penché en fait, mais l'angle de la route faisait que je ne l'avais jamais vu – simplement cette fois je l'ai aussi regardé par la vitre latérale et même vérifié dans le rétroviseur. Je ne peux plus voir les arbres comme je les voyais, ou plutôt ne les voyais pas, avant. Je ne vois pas les faunes qui les habitent et je ne les entends pas consciemment, mais je ressens quelque-chose… dans ma perception de l'arbre, il y a une résonance avec mes propres émotions, états d'âmes, parfois le germe d'une nouvelle idée ou prise de conscience. Même le silence d'un arbre dénudé l'hiver a quelque-chose de magnifique – l'expression d'une certaine solidité, grandeur, courage, comme des racines à nues qui s'élancent vers le ciel sans que rien ne les perturbe, ni le plus grand gel, ni la plus folle tempête, ni le plus long déluge.

Je suis convaincue que chacun peut développer ces nouvelles perceptions en s'amusant à laisser plus de place à son hémisphère cérébral droit. Aller en nature jouer à ces jeux d'imagination est une expérience extraordinaire à chaque fois, mais pas forcément sur le moment, pour moi c'est après que cela ressort, barrières protectrices anti-délire de mon mental obligent… Je pense que de nouvelles connexions se font dans le cerveau à travers ces jeux créatifs, et amènent ensuite à changer sa perspective au quotidien, à aborder les problèmes sous un angle différent, ce qui peut soudain débloquer des situations jugées inextricables sur un plan purement mental…

J'ai du mal à parler de tout cela avec mon entourage tant professionnel que familial autrement que par petites touches, car j'ai moi-même eu besoin de beaucoup de temps pour m'ouvrir à ces drôles d'idées, mais je les croise des fois dans des endroits les plus inattendus, jusque dans les catalogues de bouquins professionnels particulièrement sérieux


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Responsabilité(s)

Je ne cesse de faire des prises de conscience, chaque semaine qui passe, en pleine évolution intérieure alors même que ma vie extérieure est assez tranquille. Je pense que la phase de vie dans laquelle je suis est une transition semi-sabbatique, sorte de repos du guerrier, qui va me permettre de débarrasser quelques vieux schémas limitants et reprendre des forces, et finalement muer dans une nouvelle Kerleane plus forte et plus grande pour prendre une responsabilité élargie dans la 2ème moitié de vie qui se profile devant moi.

Je l'avais écrit il y a quelque-temps, le fait de ne pas savoir quels étaient mes rêves d'enfant me perturbait. J'y ai pensé et re-pensé encore et mes souvenirs sont revenus.

Quand j'étais enfant je voulais être un champion, un leader, un héros.

Du plus loin que je me souvienne, je voulais être le héros des dessins animés, des bouquins, mais aussi le champion du Tour de France… Je me souviens maintenant que je jouais que je gagnais le Tour de France. J'avais un gros problème, c'est que tous ces héros étaient des mecs, à quelques exceptions près comme le garçon manqué Claude dans le Club des Cinq à laquelle je m'identifiais beaucoup. Et moi j'étais une fille. Zut.

Et un autre problème, c'est que les autres en particulier mes petits copains ne me voyaient pas du tout comme un leader, en tout cas sur le plan physique, toute intello que j'étais. Je pouvais faire mon petit effet avec mon imagination, capable d'entraîner tout une bande d'un anniversaire à improviser une pièce de théâtre de mon cru ou d'amener les petits voisins à faire des recherches archéologiques dans le quartier, mais c'était rare; en général je me faisais juste insulter ou taper dessus dès que je prenais une initiative. Alors j'allais pleurer chez les adultes tellement plus raisonnables et évolués que cette bande de méchants idiots, mais évidemment cela n'arrangeait rien à ma popularité! Re-zut.

Il m'est resté de ces expériences la désagréable impression que prendre des initiatives n'attirait que des ennuis et que je n'étais pas à ma place dans tout cela. Je me suis contentée d'assumer les responsabilités qui allaient de soi, acceptables par tous sans aucun risque de conflit. Jusqu'au moment où un concours de circonstances m'a mise dans une impasse: soit je gardais les responsabilités qui m'étaient confiées pour ne pas me mettre en conflit avec ma hiérarchie, alors que je les voyais nous conduire dans un mur, soit je prenais mes propres responsabilités d'initier du changement, au risque de tout casser. Je n'ai pas pu faire face: j'ai fui. 

Cela m'a paradoxalement amenée à prendre plus de responsabilités que je n'osais avant. A m'affirmer comme jamais depuis le coeur de l'enfance je n'avais plus osé le faire. Et c'est encore bien timide, mais j'ai vraiment l'impression que c'est ce qui m'appelle. Simplement j'ai besoin

1) de mettre ma responsabilité au service d'une cause à laquelle je crois.

2) de construire ma responsabilité sur des bases plus solides, une force, une sérénité et une sécurité intérieure que je dois maintenant faire grandir pour ne pas vaciller au premier obstacle.

Suis-je dans une nouvelle illusion, impasse à venir, ou guidée par ma voix (voie) intérieure la plus profonde? j'ai du mal à y voir clair. Quant aux prochaines étapes… c'est bien flou.

 

 

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Les émotions

Je me suis empêtrée pendant des années dans mes émotions. Impression qu'elles étaient incontrôlables, qu'elles me débordaient tout le temps.

J'observe un changement. Elles ne me débordent plus. Avant je sur-réagissais au quart de tour. Maintenant dans une situation stressante je me vois calme, je reste capable de réfléchir et de respirer.

L'émotion arrive plus tard, atténuée, avec des symptômes physiques même, mais à un moment où je peux m'en distancier, la reconnaître et l'évacuer.

Je ne crois pas que je gère mieux mes émotions, mais je n'ai plus le problème du trop-plein qui déborde au quotidien.

Il reste que je ne me sens pas très forte sur ce plan émotionnel. Et je ne sais pas comment m'améliorer.

 

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Il y a 7 ans, et maintenant…

Samedi 20 mars 2004: "J'en ai marre d'être fatiguée; marre de l'hiver aussi. Nous avons eu une semaine printanière et je me suis sentie bien plus d'aplomb. Je suis incapable de rester en plein air plus d'une heure sans tomber de sommeil. (…) La physiothérapeute m'a fait une petite remarque qui me travaille depuis "Ne soyez pas trop exigeante avec vous-même; donnez-lui (mon genou blessé) 3 semaines pour se remettre." C'est bizarre mais je crois que c'est la 1ère fois qu'on me dit çà. Et çà m'a frappée. Je réalise soudain à quel point je cours derrière la perfection. Je voudrais tout faire! et je me plains de fatigue… Mes collègues masculins ont, pour bon nombre d'entre eux, une épouse et mère de famille gérant probablement 60 à 90% des tâches ménagères. Pas moi. (…) Exigeante avec moi-même… certes… sinon je ne sortirais pas de dessous la couette le matin. C'est sans doute ce qui me demande le plus de volonté de toute la journée! Je suis aussi exigeante avec moi-même parce qu'on me le demande. Mes parents, mes profs, mon mari, mes filles, mes collègues, ma famille, plein de gens ont une image de moi et des attentes que je ne veux pas trahir. (…) Et enfin je veux être moi-même, et c'est justement là que je suis épuisée! je me suis rabattue sur mes petits bonheurs favoris: la lecture, la vidéo, le chocolat. En attendant impatiemment l'été pour les fleurs."

Impressionnant le chemin parcouru en 7 ans. Je suis devenue vachement plus égoïste et vachement moins fatiguée, pourtant j'en fais encore beaucoup! Je suis allée ressortir ce carnet pour voir si j'avais noté mes symptômes de grippe en janvier 2004, pour comparer. J'avais mis 6 mois à récupérer de la fatigue. Alors quand j'ai fini au lit avec une très forte fièvre mercredi passé j'ai eu peur de refaire la même expérience. Mais la fièvre est tombée dès le lendemain et même si j'ai traîné des symptômes grippaux atténués encore 4-5 jours, je me sens de nouveau à peu près en forme, juste plus fatiguée le soir et un peu plus de peine à me lever le matin. Ouf!

Quant à l'exigence… le perfectionnisme… je fais face à toutes mes croyances d'enfant. J'ai tellement d'émotions qui remontent maintenant que ma nouvelle activité professionnelle me donne un espace apaisé, isolée avec mes dossiers sur ma montagne pendant de longues journées. J'occupe le mental avec mes joujoux intellectuels, et derrière, devant, dessous, y a tout qui remonte. Peur, colère, tristesse. Je n'ai jamais eu autant d'états d'âme incompréhensibles, sortis de nulle part. Que puis-je faire? Rien. J'attends. J'observe. Je nettoie. J'en ai ravalé des émotions en 40 ans. A se demander si le reste de ma vie suffira à me guérir de tout cela…

J'ai décidé aujourd'hui d'appeler cette étape de ma vie mon semi-sabbatique émotionnel.

Semi car je ne suis quand même pas devenue ermite, donc j'ai quand même mon petit bain d'émotions quotidiens, rien qu'avec les enfants on ne peut pas vivre en autiste! Mais d'avoir apaisé le tourbillon professionnel me donne le temps de me reconstruire, voire de me construire tout court.

Finalement, ce dont j'ai pris le plus conscience ces dernières semaines c'est de ne pas savoir Qui Je Suis, sous un tel fatras de croyances et émotions ravalées, réprimées sous un joli couvercle décoratif, je me sens incohérente, compliquée, un peu perdue en fait. Comment ne pas jeter le bébé avec l'eau du bain? dans ces émotions il y a aussi de la joie, de l'empathie… mais comment faire le tri? qu'est-ce qui est vraiment à moi dans tout cela?

 

 

 

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Espace temps

Quand mes arrière-grand-parents étaient petits, pour accéder à de nouveaux savoirs, il fallait faire tellement de kilomètres et y consacrer tellement de temps qu'ils n'y pensaient même pas.

Quand mes grand-parents ont vieilli, ils prenaient le temps de lire Ouest France ou Le Télégramme 6 jours sur 7, ils écoutaient la radio en épluchant les patates, ils regardaient les infos à la télé en soupant.

Quand mes parents m'ont élevé, nous habitions en ville et Papa m'emmenait à la bibliothèque quasiment tous les mercredis et les samedis, et la télé occupait le reste de mes loisirs.

Maintenant, dès que je me pose une question, je fais le tour du sujet sur internet. A toute heure du jour et de la nuit, je peux aller lire une thèse du MIT sur l'"affective computing" (ce sujet à l'interface entre psycho, informatique et intelligence artificielle m'intrigue), chercher une recette de gâteau au citron facile pour les enfants, recevoir le dernier mailing de Maman qui transmet les nouvelles et photos fascinantes d'un couple de ses connaissances en vadrouille en Asie, et celui de Belle-Maman par alliance qui vient de se passionner pour une sorte d'insecte des marais multicolore, petite merveille de la nature difficilement observable en vrai mais tout à fait accessible sur écran.

Il y a là quelque-chose d'étourdissant. Je pourrais me noyer dans toutes ces connaissances à portée de clic. Mais la vraie vie n'a pas changé et le temps continue de m'échapper. Je me demande si en revenant à un rythme plus raisonnable il y a quelques mois je n'ai pas déformé le temps, ou ralenti mes gestes et mes pensées à un point tel que le temps gagné sur mon heure de transport quotidienne, avant, ou sur les interminables réunions inefficaces qui me semblaient remplir mes journées, avant, semble s'être évaporé. Je ne le trouve plus, ce temps!

C'est un phénomène souvent rapporté par les retraités, et je ne me l'explique pas…

On dirait que si je ne me fixe pas une liste de choses à faire ultra ambitieuses EXPLICITEMENT, rien n'avance. Avant je pouvais vivre 3 vies en une journée et 4 étalées sur la semaine sans réfléchir aux priorités. Et puis un jour cela n'a plus eu de sens pour moi, j'ai voulu reprendre les rennes de ma vie. Mais je cherche encore le mode d'emploi.

Derrière mon écran, l'espace-temps contracté de l'accès instantané à des infos aussi distantes géographiquement et temporellement que la signature dans un registre paroissial d'un ancêtre d'il y a près de 400 ans dans un pays tellement à l'ouest de celui-ci que leurs histoires ne se sont pas entre-mêlées depuis le temps des romains, enfin je crois…

Devant mon écran, l'espace-temps dilaté de tout ce que je rêverais de faire encore dans la bonne demi-vie qu'il me reste statistiquement, et que… je n'arrive même pas à diviser en petits pas sûrs sans en voir s'empiler de semaine en semaine, reste à faire, reste à faire…

D'ailleurs faut que j'aille finir de gratouiller mes cartes de voeux, manuscrites, quelle drôle d'idée! mais je ne peux pas me résoudre à les contracter en 3 clics. J'ai besoin de marquer la matière… c'est plus vrai, cela a plus d'existence que le virtuel. Enfin je crois…

On vit quand même une époque bizarre. Ou bien c'est moi qui deviens bizarre à trop réfléchir à ces trucs absurdes?

 

 

 

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Listes à faire

Après quelques mois de lâcher prise et d'une certaine errance, je me secoue, quitte à revenir à mes vieux travers. J'en ai marre de traîner des doutes existentiels et ce fond de tristesse que je n'arrive pas à saisir, mais qui ne s'exprime que dans l'inactivité.

J'ai traversé quelques périodes de spleen cet automne: on ne casse pas sans contrecoup l'image et les projets dans lesquels on s'est enfoncés pendant des années jusqu'à l'implosion… pourtant, je n'ai pas fait de burn-out, juste un peu de blues – puisque je me suis toujours levée le matin, même si parfois sans entrain, et mes proches n'ont vu que mon amélioration. Même ex-boss, qui est resté mon principal client jusqu'à Noël, m'a passé ce message positif la semaine passée: sortie de mes tracasseries internes d'avant, je suis devenue plus positive et je lui apporte plus qu'avant.

Mais moi je vois bien mon chantier interne. Je continue de construire sur mes forces mais je dois sacrément me secouer pour m'améliorer encore sur les autres plans. Ne pas savoir ce que je ferai dans 1 an est totalement déstabilisant pour moi, même si je n'ai cette incertitude que sur le plan professionnel. Planifier et suivre des chemins tout tracés a pendant des années été mon antidote à l'angoisse. En me sortant de ce schéma de confort, j'ai fait face à ma peur. Je n'ai plus peur, mais c'est peut-être une illusion mentale: objectivement, ma situation est telle que je n'ai plus de raison d'avoir peur de remettre en question mes besoins primitifs, je ne vais pas crever de faim ni perdre mon toit, quant au reste, je pourrais sans doute vivre sans… Je prends surtout un risque sur mon image. Mais ai-je encore besoin du regard des autres pour exister?

Alors je me suis remise à fonctionner cette rentrée de janvier comme je fonctionnais avant de me mettre à mon compte: je me fais une liste de choses à faire plutôt ambitieuse en début de semaine, en combinant les tâches privées et les tâches professionnelles, même si je suis plus ou moins mon propre chef dans tous les domaines à présent. Et je la traite de mon mieux jour après jour. 

C'est fou comme un truc aussi simple peut être structurant. Cette semaine, j'ai réussi à m'attaquer sérieusement à un projet privé qui traînait depuis juillet. Du coup, je me sens mieux.

C'est certainement illusoire, mais bon, j'avais vraiment besoin de me restructurer.

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Mémoire

Ma mémoire d'éléphant  me porte depuis toute petite. Mon père me l'a transmise.

Comme lui, je peux encore 20 ans après me souvenir d'un repas de famille, quelle date, quel lieu, qui était présent, une ou deux anecdotes, parfois le menu, la lumière, l'humeur ou le placement des uns et des autres.

Je revois toutes les salles de classe de mon enfance, toutes mes vacances, toutes mes rencontres, je peux les situer précisément dans l'espace-temps de ma trajectoire.

Je passe une fois à un endroit et, si je prête attention à mon chemin, je m'en souviendrai sans peine pour mon prochain passage.

Je me souviens du prix des articles que j'ai achetés ce matin. Je m'impatiente à faire réciter son vocabulaire allemand à Lili qui a hérité de la mémoire de poisson en bocal de Mari Charmant – à moi il suffit de photographier dans ma tête la page de son livre pour en mémoriser les mots même si je ne les ai jamais rencontrés avant.

J'ai réalisé seulement récemment que la plupart des gens vivent très bien sans s'encombrer de tout cela. Mais pour moi, si un matin j'ai la tête dans le brouillard pour cause de migraine, fatigue, déprime, virus ou autre, c'est le drame. C'est comme si ma personnalité se désagrégeait. 

Mais aussi, pour moi, aventurer mon esprit dans des espaces non construits fidèlement à ma mémoire est toujours surprenant. Dessiner un mandala, écrire un papyrus. Surprenant mais libérateur aussi.

Et d'ailleurs, je me demande quoi faire de cette mémoire, concrètement, utilement? Alors que les réseaux sociaux mémorisent sans relâche les connections, humeurs, faits et gestes de tout un chacun, alors qu'il me suffit de sortir l'iphone du sac à main à tout moment pour me connecter sur wikipedia et trouver l'information dont j'ai besoin, à quoi mes neurones magasiniers peuvent-ils bien servir encore?

 

 

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En avant 2011

Tourner le dos à 2010 n'a pas été facile. Je sais que cette année marquera un gros tournant dans ma vie, sans doute celui de mon milieu de vie, avec le deuil de différents projets que je portais par habitude mais y croyant de moins en moins. J'avais placé mes souhaits personnels pour 2010 dans le domaine de la gestion des priorités, faire moins mais mieux. Les choix se sont imposés d'eux-mêmes, mais avec combien de turbulences émotionnelles!

Comme j'ai changé cette année…

J'avais le blues au tournant du calendrier. Je ne voyais que des deuils dans cette année 2010 à clore désormais, et que des incertitudes dans cette année 2011 à attaquer sur des bases plus floues que jamais. Qui suis-je? A quoi je sers? Qu'est-ce que je fais là? En revenant volontairement à un rythme de vie plus raisonnable et à une plus grande liberté, j'ai dû me confronter au vertige, au vide de ces questions que j'avais fini par éluder dans le tourbillon du quotidien. C'est là que je mesure combien je suis fragile.

Alors j'ai placé mes souhaits pour 2010 sur l'axe de la force, de la réalisation, de l'utilité. Je veux être utile, aider, construire. Etre utile aux miens au minimum. Etre utile à d'autres en sus. Je sais bien, consciemment, pour l'avoir longtemps expérimenté, que c'est dans le don inconditionnel à l'autre que je m'illumine. Je sais aussi, intuitivement, pour m'y être brûlé les ailes, que le don de soi ne doit pas être au détriment de soi, que c'est d'abord en développant sa force intérieure, le sens d'être connecté à des plans que les mots seuls ne peuvent pas exprimer, que l'on peut donner plus et donc créer plus encore. Et le vrai don est un échange. Il faut aussi apprendre à recevoir.

Je souhaite faire de belles rencontres en 2011. Que les synchronicités m'amènent là où je trouverai du sens naturellement, sans me casser encore et toujours plus la tête à la recherche d'un sens qui m'échappe toujours plus.

Et apprendre chaque jour quelque-chose de nouveau.

Et des objectifs très concrets.

– Réaliser un chiffre d'affaires me garantissant un strict salaire minimum dans ma nouvelle indépendance. Très bonne manière de garder les pieds sur terre – gagner de l'argent! Accessoirement, cela m'occupe l'esprit, au lieu de laisser divaguer sans cesse.

– Accompagner Lili et Ondine dans leurs défis de croissance. Défis scolaires pour Lili, défis émotionnels pour Ondine.

– Accompagner Mari Charmant dans tout ce qui peut lui faciliter la réalisation de son propre chemin de vie. 20 ans à cheminer ensemble cette année… et finalement avec le recul tout cela avait et continue d'avoir étonnamment de sens. J'ai l'impression que je lui ai transmis certaines de mes forces là où il avait des faiblesses, gestion du quotidien et relationnel, et qu'inversement il m'a transmis certaines de ses forces là où j'avais des faiblesses, confiance en moi, communication, vision… Il lui reste à enrichir sa vie spirituelle, il me reste à équilibrer ma vie émotionnelle. Au boulot!

– Peindre un mandala sur toile chaque mois de cette année.

– Planifier des vacances extra-hors-dinaire à Pâques et en octobre, nouveaux lieux, horizons, expériences en famille.

– Fêter de façon exceptionnelle les multiples gros anniversaires de cette année.

– Améliorer notre habitat.

– Faire au moins un nouvel apprentissage chaque jour. 1 notion, 1 rencontre, 1 mot… peu importe, mais la journée sera inoubliable si elle m'a ainsi enrichie… et 365 journées inoubliables feront une très belle année!

– Renouveler mes ambitions pour 2012 où je fêterai mes 18 mois post transition professionnelle.

– Tonifier mon corps. Ce n'est plus de souplesse que j'ai besoin tant je l'ai développée depuis 2005 à force de gym douce, stretching et yoga; c'est de force, de tonus, d'énergie que j'ai besoin à présent.

– Travailler ma lumière intérieure, mon rayonnement, ma beauté, ma créativité, en harmonie avec ce plan subtil que je ne comprends pas – développer ma spiritualité, c'est indispensable pour remplir ce vide de sens qui me déprime trop souvent, comme si, maintenant que j'ai dépassé la peur qui a rétréci ma vie pendant tant d'années, je devais maintenant passer l'épreuve de la tristesse…

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Nouvelle expérience

J'ai fait un nouveau pas dans le dépassement des blocages hérités de mes cours de dessin au collège.

J'en avais gardé une horreur pour la peinture, délavée, qui gondolait le papier le plus épais. J'ai dépassé mon blocage sur le dessin en 2007, et gribouillé pendant 3 ans mes mandalas aux crayons de couleur, toujours trop pâles à mon goût, ou au feutre, qui interdisent toute nuance et mémorisent chaque direction de tracé avec plus ou moins de bonheur. Ces derniers mois cela ne me disait plus rien, je voulais y mettre plus d'énergie, plus de couleur, plus de matière. Alors en novembre je suis allée acheter un peu de matériel et au premier week-end de pluie j'ai tenté l'expérience.

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Le résultat est conforme à mes espérances en matière de couleurs et j'ai pris beaucoup de plaisir à travailler avec de la vraie peinture, même si j'ai beaucoup tâtonné n'ayant aucune technique! je me rends compte que je n'ai pas assez couvert la toile dont on voit encore la texture par endroits, et aussi que j'ai tout à apprendre en termes de nuances et associations de teintes… et bien sûr le côté plat de mon art naïf me saute aux yeux ainsi. Je ne manque pas d'imagination pour les formes et les couleurs, mais je suis incapable de créer du relief, sans parler de travailler la lumière…

Peu importe, car pour le moment, c'est toujours un moment magique pour moi de créer ainsi. Je n'arrive pas à caser un cours de peinture dans mon agenda: c'est que ce n'est pas le moment encore. 

 

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Du passé au futur

Cet automne j'ai passé beaucoup de temps dans les archives en ligne des Côtes d'Armor. Mon père a pu me fournir les noms, dates et lieux de naissance approximatifs de mes 8 arrière-grand-parents et j'ai pu remonter, branche par branche, parfois jusqu'au 16e siècle.

Et j'ai au fur et à mesure révisé mes connaissances de l'histoire locale.

Comment expliquer que des ancêtres lettrés, y compris les femmes, qualifiés d'honorables au 17ème siècle, s'entre-mêlant avec des prêtres, notaires, avocats, écuyers de basse noblesse, toutes sortes de notables que l'on retrouve parrains ou témoins dans les registres paroissiaux et les premiers registres d'état civil autour de la révolution, n'aient en une poignée de générations transmis que des landes et un peu de pierre à des descendants devenus illettrés dans la 2e moitié du 19ème siècle, chair à canon en 14-18, et complètement complexés par leur langue, leurs habits, leurs culture et leur pauvreté de ploucs tout droit hérités de pauvres hères pas évolués depuis le Moyen-Age (croyions-nous) au milieu du 20ème siècle, jusqu'à ce que l'éducation nationale un peu mieux organisée leur redonne un semblant d'horizon et de dignité?

C'est très bien expliqué ici… J'ai effectivement des ancêtres tisserands, et des paysans nés de père en fils dans le même hameau pendant des générations. Je suppose que ce sont eux qui ont investi leur fortune de la toile dans les maisons de pierre que l'on vend aujourd'hui pour moins cher que ma voiture dans ce même hameau… quelle ironie!

Mais que retenir de cette histoire d'une déchéance que la mémoire familiale a oubliée de verbaliser, n'en transmettant que les émotions que j'identifie très bien à présent:

– la peur de l'avenir, bloquant toute initiative, tout esprit d'entreprise; l'emploi idéal est celui de fonctionnaire, ou à la rigueur dans une grosse boîte, sous le confortable parapluie de l'autorité d'un système ou d'un patron puissant. (A l'époque, comme le résumaient très bien les chouans, il y avait Dieu et le roi, qui les laissaient mener leur business et transmission familiale sans trop les déranger, à part avec quelques impôts excessifs de temps en temps)

– la tristesse du présent, de la difficulté de savoir Qui On Est, coupé de ses émotions les plus enracinées, et de la créativité dont elles sont génératrices, ayant perdu les repères de la langue, des lieux, de légendes d'un autre temps sans pour autant intégrer complètement les nouveaux savoirs un peu trop froids, un peu trop vides des livres et des ordinateurs; cerveau gauche hpertrophié, cerveau droit estropié.

– la honte des erreurs du passé, mais quelles erreurs? il reste ce malaise qui ressort à chaque génération plus tôt dans le chemin de vie, on s'énerve ou on déprime, on se noie dans l'alcool, on rumine de vieilles rancoeurs, ou on finit par perdre la tête. Bon j'exagère un peu ce n'est pas systématique mais pas loin.

Il est temps de faire du nettoyage. Je sens bien confusément que je ne peux pas grandir, évoluer encore sans me débarrasser de quelques-unes de ces casseroles. Au moins je les comprends un peu mieux qu'il y a 3-4 mois à présent.

Je ne peux aussi m'empêcher de faire le parallèle de cette lente déchéance socio-culturelle avec celle qui pourrait toucher nos futurs arrière-arrière-petits-enfants d'Europe, si on ne se bouge pas un peu pour accompagner plus directement les mutations à venir du 21ème siècle naissant. Mais comment??? en tout cas, il faut veiller à garder la mémoire, et l'éducation… pour le reste il faut leur faire confiance, ils seront créatifs.