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Vaccin anti-romantisme

Madamebovary C’est l’histoire d’Emma… au début, elle a mon âge; j’ai 16 ans encore; elle a aussi mes rêves, un peu naïfs, mais elle et moi, nous souhaitons tant les réaliser! Nos petites vies seraient bien trop tristes sans ces rêves, elle qui s’ennuie au fond de son couvent, moi qui aspire à m’évader du quotidien étriqué de mes parents…

Je m’ennuie aussi au cours de français… Bien loin le collège, avec ses profs passionnés qui nous faisaient explorer la science-fiction, le fantastique, les grands romans d’amour et les grandes causes: Barjavel, Tolkien, Emily Bronte, Hemingway, Zola…

Désormais le bac approche, et comme il se prépare sur deux ans, tous les exercices que j’adorais, rédactions, suite de textes, ont disparu au lycée, au profit d’études laborieuses nourries de termes aux consonances éminemment abstraites, litotes, allégories, césures et métaphores. Pour moi, l’application de tout cet outillage mécanique aux plus beaux textes de notre littérature en évapore toute l’essence, toute la beauté, toute la poésie enfin!

Il faut dire aussi que les profs passionnés se défoncent avec les 1ère A, pas chez les scientifiques, ces espèces de tristes sires acnéiques à lunettes dont l’esprit plus porté sur les maths est forcément imperméable à toute expression un tant soit peu poétique… enfin, c’est ce que les profs de littérature s’imaginent… à ces matheux donc, les profs tristounets, qui avancent d’un ton monocorde sur un programme d’un classicisme désespérant… tant pis pour moi!

C’est ainsi que je n’ai d’autre choix que d’ingurgiter l’histoire d’Emma, de ses rêves naïfs jusqu’à son épouvantable agonie, en passant par les affres de sa recherche désespérée du bonheur romantique le plus absolu, jusque dans l’aveuglement le plus sordide…

Et c’est tout particulièrement l’étude de cet extrait qui va me frapper à vie:

Ce furent trois jours pleins, exquis, splendides, une vraie lune de miel.

Ils étaient à l’hôtel de Boulogne, sur le port. Et ils vivaient là, volets fermés, portes closes, avec des fleurs par terre et des sirops à la glace, qu’on leur apportait dès le matin.

Vers le soir, ils prenaient une barque couverte et allaient dîner dans une île.

C’était l’heure où l’on entend, au bord des chantiers, retentir le maillet des calfats contre la coque des vaisseaux. La fumée du goudron s’échappait d’entre les arbres, et l’on voyait sur la rivière de larges gouttes grasses, ondulant inégalement sous la couleur pourpre du soleil, comme des plaques de bronze florentin, qui flottaient.

Ils descendaient au milieu des barques amarrées, dont les longs câbles obliques frôlaient un peu le dessus de la barque.

Les bruits de la ville insensiblement s’éloignaient, le roulement des charrettes, le tumulte des voix, le jappement des chiens sur le pont des navires. Elle dénouait son chapeau et ils abordaient à leur île.

Ils se plaçaient dans la salle basse d’un cabaret, qui avait à sa porte des filets noirs suspendus. Ils mangeaient de la friture d’éperlans, de la crème et des cerises. Ils se couchaient sur l’herbe ; ils s’embrassaient à l’écart sous les peupliers ; et ils auraient voulu, comme deux Robinsons, vivre perpétuellement dans ce petit endroit, qui leur semblait, en leur béatitude, le plus magnifique de la terre. Ce n’était pas la première fois qu’ils apercevaient des arbres, du ciel bleu, du gazon, qu’ils entendaient l’eau couler et la brise soufflant dans le feuillage ; mais ils n’avaient sans doute jamais admiré tout cela, comme si la nature n’existait pas auparavant, ou qu’elle n’eût commencé à être belle que depuis l’assouvissance de leurs désirs.

À la nuit, ils repartaient. La barque suivait le bord des îles. Ils restaient au fond, tous les deux cachés par l’ombre, sans parler.

Les avirons carrés sonnaient entre les tolets de fer ; et cela marquait dans le silence comme un battement de métronome, tandis qu’à l’arrière la bauce qui traînait ne discontinuait pas son petit clapotement doux dans l’eau.

Une fois, la lune parut ; alors ils ne manquèrent pas à faire des phrases, trouvant l’astre mélancolique et plein de poésie ;

même elle se mit à chanter :

Un soir, t’en souvient-il ? nous voguions, etc.

Sa voix harmonieuse et faible se perdait sur les flots ; et le vent emportait les roulades que Léon écoutait passer, comme des battements d’ailes, autour de lui.

Emma et son amant Léon, aveuglés par leurs premiers jours d’amour… comment peut-on trouver romantique les reflets irisés d’un fleuve pollué, un repas de friture dans un cabaret glauque, parler enfin de nature ainsi en pleine ville? objectivement, c’est ridicule! Mais la soigneuse mise en mots par Flaubert reconstitue à mes yeux parfaitement l’ironie de cet aveuglement, et toute l’histoire ainsi construite sur quelques centaines de pages est au final terriblement convaincante.

Terriblement actuelle aussi, pour moi la gamine de province des années 80: au même moment, j’entends les femmes de la famille chuchoter à demi-mot chez ma grand-mère que la femme de son médecin du bourg doit faire une désintoxication chez les alcooliques anonymes… aurait-elle cherché dans l’alcool cette évasion qu’Emma cherchait dans les bras de ses amants un siècle plus tôt?

Car il s’agit ici d’Emma Bovary pour ceux qui ne l’auraient pas reconnue, très bien rendue dans cet extrait.

Finalement, tout ce roman m’amènera à un début de réalisme sur le genre humain, car je suis sûre de pouvoir reconstituer la galerie de portraits pourtant peu flatteurs de Flaubert en cherchant à peine autour de moi! Mais surtout, ce roman constituera ma première dose de vaccin anti-romantisme idéaliste. L’année suivante, j’achèverai le traitement par la lecture de "Belle du Seigneur", d’Albert Cohen, mais ce sera pour une autre note…

 

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2004 – Escapade à deux

Au retour des vacances qui m’avaient enfin rechargé les batteries, nous disposions d’un rare et précieux week-end de DINKs (Double Income No Kids), les filles ayant prolongé leur séjour balnéaire chez les grand-parents de Bretagne.

Speedster5 Nous avions décidé de l’employer à une balade à deux, combinant mes intérêts touristiques à un vieux rêve de Mari Charmant: pour moi, un tour en Suisse Centrale pour revenir sur les lieux qui m’avaient tant fascinée un quart de siècle plus tôt, des Diablerets à Interlaken et découvrir, au-delà encore, le coeur (haut perché) de la Suisse, là où se rejoignent les alpes bernoises, valaisannes et tessinoises; pour Mari Charmant, louer un petit bolide décapotable avaleur d’asphalte à grand renfort de sensations fortes de conduite (en un mot, tape-cul!), là en l’occurrence une Opel Speedster.

Nous sommes donc montés aux Diablerets le vendredi soir, pour dormir dans un de ces vieux chalets-hôtels intemporels, au confort boisé rustique typique des stations de ski suisses. Le samedi matin, nous sommes repartis dans la pluie et les nuages qui encombrent trop souvent les vallées des alpes du Nord à la moindre dépression estivale: tant pis pour la décapotable: nous avions encore l’espoir de croiser un rayon de soleil plus tard, c’est long, un week-end…

Petits arrêts dans différents villages, rencontrés au hasard: balade sur un marché/brocante/braderie suisse-allemand, puis pause déjeuner dans un de ces restaurants simples qu’on appellerait brasserie en France, auberge de village en Suisse, puis une étape dans une piscine pour se réchauffer et se détendre dans un jaccuzzi thermal mis à disposition à côté des bassins de natation, et un arrêt à Interlaken pour regarder amusés des hordes de touristes japonais frigorifiés passer de bus en hôtel et réciproquement, au rythme d’un agenda qu’on devinait parfaitement minuté et archi-plein, tout le contraire du nôtre…

Moi je me gave de paysages, malgré le temps encore couvert, au bord du lac de Brienz, près du superbe village d’Iseltwald, un petit joyau du type carte postale pour touristes, puis Mari Charmant attaque avec joie la suite des réjouissances: la montée du col de Grimsel (2165m), le premier de notre grand tour des cols du lendemain. En effet, c’est le long de cette montée que nous nous arrêtons pour la nuit, à l’hôtel Handeck, à mi-parcours.Speedster1

Dimanche matin, démarrage tranquille, tandis que tous les autres touristes filent dans la montagne tout excités par le retour d’un soleil splendide, nous profitons du chalet "wellness" rien que pour nous – douche tropicale et polaire, jacuzzi aux herbes, salle de gym, sauna et bain kneipp… après cette petite heure de bien-être à deux qui achève définitivement la mise au placard de mes soucis du premier semestre, nous reprenons la route mythique dans une ribambelle de fanas du bitume venus user de la gomme sur ces fantastiques épingles à cheveux: motards, cabriolets, Ferraris, je regarde ébahie une collection de gros cubes se disputer les virages entre cars postaux et bus de touristes…

Speedster3Je ne suis pas une fan d’automobile, loin s’en faut, mais je dois reconnaître que je m’en suis mis plein les yeux et je n’ai même pas eu mal au coeur (il faut dire que je sentais le moindre caillou de la route, cela aide). Superbe arrêt déjeuner au bout d’une route à sens unique alterné (un passage d’une queue de véhicules dans chaque sens toutes les 45 minutes) pour accéder à un barrage entouré de paysages grandioses, à plus de 2000m d’altitude, sous un ciel bleu parfait, avec un glacier pour toile de fond… petite balade fantastique…

Puis le col de la Furka (2413m), descente au carrefour de la Suisse centrale, et comme nous n’avons pas le temps de poursuivre jusqu’au Tessin, bifurcation pour revenir au lac de Brienz par le col de Susten (2259m).

C’est fou comme une journée d’été sans soucis, sans repas, sans les enfants peut être longue! nous avons encore le temps de nous baigner dans le lac de Brienz, de rendre la voiture près de Berne, et de souper d’une salade et une glace au bord du lac de Morat sur une terrasse dorée par le soleil couchant…

Etait-ce cette lumière chaude, le plaisir d’un week-end magnifique où nous avions chacun réalisé un vieux rêve personnel en harmonie avec l’autre, l’effet des vacances reposantes tout juste derrière nous, la liberté trop rare d’être seuls sans les enfants, le tournis des 4 vallées-3 cols enchaînés en 24 heures, ou les tournants professionnels que nous négocions chacun de notre côté… ou un peu de tout cela en même temps? sur cette terrasse-là, profitant sans stress de la lenteur du service débordé par l’affluence de ce beau dimanche soir, nous avons fait plein de bilans et décidé nos prochains projets: une semaine de vacances chacun pour réaliser un projet personnel nous tenant à coeur. Un projet Yang pour lui: trek en solo dans un pays nordique; un projet Yin pour moi: une thalasso harmonisante.

Projet perso que je m’empressai de planifier pour l’automne…

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Testetvous.com – ben c’est raté!

Il y a quelques jours j’ai reçu un gentil mail de Psychologies.com m’informant de l’ouverture de leur nouveau site testetvous.com avec un bon cadeau pour un test payant de valeur 2.99euros.

Musardant un peu sur le site, voilà que je trouve un test de Christophe André sur le Quotient Emotionnel. J’avais fait un test de QE dans un bouquin il y a 10 ans qui était absolument lamentable et comme j’espère avoir progressé depuis dans mon intelligence émotionnelle, je me suis laissée tenter.

Bref. Au bout de 42 questions, voici le résultat que j’ai obtenu, ci-dessous.

Comme je suis de bonne humeur ce soir, en voici la version/traduction humoristique. Le résultat de mon test correspond à une variable indéfinie, ce qui est assurément très inquiétant – serais-je donc une Extra-Terrrestre du QE??? Toutefois, en mettant en place une information d’exception robuste, j’ai encore quelque espoir de clarifier la source du problème. La documentation de fusion froide pourrait être utile également, et en dernier ressort, il semble y avoir une base de données de connaissances qui détienne la réponse ultime.

Le plus curieux est la mention d’un navigateur mozilla, genre d’incongruité que je n’ai jamais touchée moi, conventionnelle à mort je fais du microsoft à 100%.

Bref, j’ai perdu 10mn de mon précieux temps sur ce site! Je suis sûre que je peux trouver le même test gratuit ailleurs… je vais chercher…

Vive l’informatique.

The web site you are accessing has experienced an unexpected error.
Please contact the website administrator.
(*)

The following information is meant for the website developer for debugging purposes.
Error Occurred While Processing Request

Variable idResultat is undefined.

Resources:

  • Enable Robust Exception Information to provide greater detail about the source of errors. In the Administrator, click Debugging & Logging > Debugging Settings, and select the Robust Exception Information option.
  • Check the ColdFusion documentation to verify that you are using the correct syntax.
  • Search the Knowledge Base to find a solution to your problem.

Browser  Mozilla/4.0 (compatible; MSIE 6.0; Windows NT 5.1; SV1; .NET CLR 1.1.4322; .NET CLR 2.0.50727; .NET CLR 3.0.04506.30)
Remote Address  (Effacé par Kerleane)
Referrer  http://test-et-vous.psychologies.com/tests/testpremium.cfm/3136/17176/calculez-votre-quotient-emotionnel.htm
Date/Time  13-mars-07 09:32 PM

(*) webmaster introuvable, au passage.

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2004 – Emancipation

Avec le recul, je réalise que c’est au beau milieu des épuisantes tribulations et angoissantes bousculades de ce printemps 2004 que je suis vraiment devenue adulte.

L’étape marquante s’est produite dans le courant du mois de mai, lors d’une visite de mes parents venus me dépanner une semaine pour garder les puces pendant que Super Nounou prenait des vacances bien méritées.

J’avais depuis près de six mois réservé une location sur une île de la côte atlantique qui m’attire depuis des années. Mais je n’en avais encore rien dit à mes parents – car cela signifiait que cette année nous passerions nos vacances à la mer loin d’eux, et je préférais en parler de vive voix.

Evidemment, quand l’occasion s’est présentée, cela n’a pas été facile. C’était un soir après ma journée de travail et le souper préparé par ma mère, les enfants au lit, les hommes occupés je ne sais où. Je me souviens juste des précieux rayons de soleil rasants des soirs de mai, qui passaient enfin, à l’approche du solstice, à travers les grands arbres de derrière, jusqu’à la fenêtre de ma cuisine où je finissais de ranger la vaisselle avec Maman.

Elle a mal réagi.

Mais, pour la première fois de ma vie peut-être, moi pas.

Je l’ai regardée, déchiffrant presque consciemment tout son langage non verbal, en même temps que j’écoutais tous les arguments fallacieux qu’elle improvisait soudain pour me convaincre que ce choix de vacances n’était pas une bonne idée.

Ainsi, je voyais clairement devant moi les émotions négatives qu’elle me renvoyait brutalement et que jusque-là, dans de telles occasions (heureusement rares!) j’avais toujours laissées s’amplifier en moi et déborder jusqu’à ma propre perte de contrôle (typiquement, les larmes et la fuite, car je ne suis pas d’une nature colérique). Car j’étais toujours enfermée dans mon rôle de petite fille auprès d’elle, malgré tous mes efforts pour m’en sortir depuis l’adolescence.

Je voyais donc ces émotions – mais pour une fois, c’était clairement SES émotions, pas les miennes. Et au-delà du stress et de la fatigue, ou peut-être justement parce que j’étais dans une période tellement surmenée car ce petit incident n’était même plus capable de m’effleurer émotionnellement, je suis restée très calme.

Chaque argument qu’elle m’exposait était parfaitement démontable, car j’avais passé des soirées entières à préparer ces vacances et je n’avais négligé aucun détail. Des moustiques au surpeuplement en passant par l’eau froide, elle ne m’épargnait rien de ce que son imagination lui proposait dans le mode panique généré par ses émotions. Mais j’avais réponse à tout. Il y a des gens que la logique laisse insensible, mais pas Maman: elle a un bac+4 en maths, et je tiens mon esprit rationnel et logique autant d’elle que de mon père… Donc, en restant factuelle, je l’ai très vite ramenée à une discussion plus sensée et moins biaisée par les émotions, du moins, dans le langage.

En particulier, cela l’a forcée à m’écouter enfin, d’abord avec sa raison, puis plus profondément; car je me suis vite jetée dans le créneau, improvisant à mon tour, pour lui dire ma déception de la voir me détruire ainsi mon rêve de vacances dépaysantes, dont j’avais tant besoin à ce moment. Et cela juste parce qu’elle était déçue, triste et angoissée que je la laisse tomber… Je lui ai formulé verbalement, calmement et clairement, ces émotions qui venaient de l’aveugler jusqu’à m’exposer des arguments qui ne tenaient pas la route, et ce que ses émotions m’imposaient à moi, alors que j’attendais d’elle un autre soutien, plus positif…

Pour la première fois de ma vie, je l’ai prise en défaut. Car c’était la première fois que je la voyais soudain plus faible que moi, et à ma grande surprise, je l’ai entrevue trembler, comme si à son tour, elle devait maitriser une montée de larmes, alors que moi je restais calme… Elle m’a encore juste demandé ce qui m’arrivait, pourquoi je réagissais si bizarrement, car visiblement, pour elle aussi, quelque-chose avait changé… je me souviens lui avoir expliqué en 2 ou 3 phrases que je n’avais fait qu’appliquer avec elle les stratégies relationnelles apprises et développées sur le tas au travail. S’accrocher aux faits, aux arguments, à la logique au-delà des émotions et des schémas-types trop souvent figés, une fois qu’on a appris à décoder ces derniers intuitivement…

Nous nous sommes séparées pour aller méditer, ou oublier, cet incident chacune de notre côté.

Sur le coup, j’étais contente de moi, de ma maîtrise, de mon progrès…

Aujourd’hui, avec le recul, je regarde cette étape-là comme essentielle, mais j’en conçois aussi une certaine tristesse. La semaine suivante, elle a accompagné Mamie vers une étape difficile, sa perte d’autonomie nécessitant une hospitalisation permanente. C’était planifié pour son retour de Suisse, elle le savait, elle s’y préparait donc aussi psychologiquement… Bêtement, je n’ai pas du tout relié ces faits à l’époque, mais maintenant que je reconstitue le puzzle sur mes papyrus, je m’interroge…

Un cran de plus dans l’engrenage de la vie.

Depuis ce jour en tout cas, il me semble que notre relation a changé. Je suis plus sereine, je la comprends mieux, elle m’écoute et me parle avec plus de respect… passer cette étape m’a permis aussi de me tourner vers d’autres horizons… mais il me reste bien d’autres étapes à franchir, et je dois encore tant apprendre d’elle!

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Petit progrès, grande joie

Je viens de faire un petit progrès, une vraie petite victoire sur moi-même, qui m’a donné beaucoup de joie et de confiance, alors je viens en partager un peu ici!

Pour Carnaval, je fais depuis 3 ans l’effort de déguiser mes puces en bricolant avec de vieux vêtements tant bien que mal, en comptant seulement sur mon imagination, car le travail manuel et artistique fait partie, avec le sport, de mes points faibles, depuis l’enfance où ces matières étaient toujours celles à problèmes dans mes carnets de note.

Mais cette année, mon inspiration, c’était les fleurs. Du coup, j’avais une très vague idée du costume et du masque à réaliser jusqu’à 2 semaines avant l’échéance, date à laquelle j’ai commencé à paniquer – comment donc arriver à mes fins dans les temps?

J’avais bien réalisé facilement 2 grandes corolles représentant les pétales avec une base en carton et du cordon élastique pour la fixation. Mais le dessin qui me venait intuitivement sur la feuille de mon "patron" impliquait clairement la réalisation d’une robe verte pour chaque petite. Or je n’avais absolument rien de ce style dans mes fringues de récup et surtout rien d’homogène.

Or, pour Noël, Mari Charmant avait ramené une machine à coudre à la maison: lui avait le vague espoir qu’une main habile de passage nous aiderait à recoudre la moitié des rideaux qui pendouille, et moi j’avais encouragé l’achat avec la conviction que ce serait lui qui s’y collerait… En effet, je suis complètement allergique à toute activité sérieuse de couture, ou pire, de tricot, depuis les décevantes tentatives de m’y initier par ma mère pendant mon enfance. Pas mon truc, je suis une intello moi! En outre, je suis toujours apeurée devant toute machine susceptible de transformer mon inévitable maladresse en carnage (j’ai déjà passé par la clinique de la main à cause d’un simple couteau de cuisine!).

Résultat: la machine était toujours dans son emballage, au grenier, dans l’attente d’une prochaine visite de Sainte-Maman-La-Super-Couturière.

Alors soudain m’est venu l’illumination. Avec cette machine, coudre 2 robes vertes pour mes petites fleurs ne devrait pas être une grande affaire pour Mari Charmant, si je lui préparais le tissu moi-même avec les instructions.

Je suis donc allée acheter le tissu en profitant de mon jour de congé, et le week-end venu, j’ai tracé le patron que j’avais imaginé à la craie, découpé les morceaux à assembler, et descendu la machine dans son emballage pas déballé.

Curieusement, juste à ce moment-là, Mari Charmant s’est trouvé fort occupé à réaliser des roses des sables corn-flakes-chocolat avec les filles, d’après une recette dénichée par Lili (fortuitement?). Pressée par le temps, J-6 dans le calendrier donc J-2 dans mon agenda de maman à double vie travail-maison, je me donc suis vue forcée de déballer la machine moi-même.

Diantre! c’est bigrement compliqué une machine à coudre. Impossible, en regardant la chose à vide, de comprendre par où va passer le fil. Normal: il y a DEUX fils, mais cela, je ne le sais pas encore. Je presse de questions Mari Charmant: c’est une machine, c’est son rayon, il sait tout cela naturellement. Hummmm. Il est vraiment TRES occupé avec les roses des sables. Et il commence à émettre des messages bizarres – "tu fais attention, tu ne vas pas te traverser un doigt avec l’aiguille, n’est-ce pas?". J’ai sorti le mode d’emploi pour comprendre moi-même au moins le vocabulaire (c’est quoi une canette?) en attendant qu’il mette enfin la machine en ordre de marche par lui-même, et voilà que… je le vois mal à l’aise.

Mes petites antennes kerleanesques commencent à m’alarmer: homme-pas-à-l’aise! homme-pas-à-l’aise!

Explication: j’ai étudié et travaillé avec des hommes depuis plus de 15 ans, plus longtemps encore que mon compagnonnage avec Mari Charmant, et à force, j’ai développé ces petites antennes qui me disent quand l’homme sait… ou pas. Parce que visiblement, il n’y a rien de pire pour la vaste majorité des gars que j’ai côtoyés que d’avouer: "je ne sais pas", en tout cas dès qu’il s’agit d’un domaine technique genre la voiture ou le lave-vaisselle en panne, sans parler des projets complexes dans lesquels je rame avec eux au boulot (et quand ce genre d’attitude conduit à découvrir à la dernière minute un problème qui donne un an de retard au projet global parce que pas un gars n’a osé communiquer ses doutes, cela me désespère, mais c’est une autre histoire).Machineacoudre

Et là petite antenne a dit: Mari Charmant n’a pas plus que toi idée de ce qu’est une canette, et en outre, lire le mode d’emploi est un acte tellement humiliant pour lui qu’il est inimaginable de lui imposer cet affront à son sacro-saint honneur masculin en ce chouette dimanche après-midi passé dans la bonne humeur autour des enfants, entre le projet gourmand des roses des sables et la fièvre des préparatifs carnavalesques…

Alors voilà comment, probablement en sauvant l’honneur de Mari Charmant, j’ai appris MOI-MEME ce qu’est une canette – il suffisait de savoir lire et suivre les instructions – et cousu MOI-MEME les deux robes. Y compris les ourlets des manches, car la machine dispose d’un bras libre. Y compris même un patch circulaire au col de la robe d’Ondine, que dans mon ignorance totale des pratiques de base de la couture j’avais découpé beaucoup trop large initialement.

Le résultat restait certes très amateur à regarder de près, mais a valu aux filles un joli succès d’estime au concours de masques (17èmes) et même une photo dans l’édition spéciale d’un journal local, ce qui les a beaucoup impressionnées. J’ai d’ailleurs eu le droit aux chaleureux remerciements de Lili – "tu sais, il n’y a pas beaucoup de mamans de mes copines qui font quelque-chose pour le carnaval". Yeeepppeee.

Carnaval2 Je ne suis pas toujours très disponible pour jouer avec mes puces, mais elles savent qu’elles peuvent compter sur un gros investissement de mon temps si précieux pour les grandes occasions qui ponctuent les années enfantines – anniversaires, fêtes d’école, etc. D’après ce que je me souviens de ma propre enfance, c’est essentiel.

Mais ce-faisant, j’ai aussi impressionné mes deux gourous de référence, Mari Charmant qui connaît assez ma hantise des travaux manuels et des machines pour savoir l’effort psychologique que j’y ai mis, et Super-Maman, qui mise au courant par le "téléphone arabe" version bretonne (via ma soeur), s’est soudain retrouvée ravie de voir enfin atteint le résultat attendu (patiemment) depuis 30 ans: eh oui, Kerleane se met à la couture! tout arrive!

N’exagérons rien: la machine est repartie au grenier et les rideaux pendouillent encore jusqu’à nouvel ordre (voire calendes grecques).

Mais cela faisait longtemps que je n’avais pas réalisé un tel petit progrès personnel, et cela m’a causé une grande joie, au point même que je suis plus en confiance depuis quelques jours sur différents projets professionnels…

En effet, à l’idée de tout ce que je peux encore apprendre avec un peu d’effort, la vie devant moi me paraît pleine de promesses de petites et grandes joies!

Je vous en souhaite autant: je suis sûre que la vie de chacun est pleine de ces petits pas en avant, mais trop souvent, on ne voit que les obstacles, et pas les avancées…

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2004 – Bousculade

C’est donc franchement épuisée que j’ai fini le printemps 2004.

Au mois d’avril, le plus gros et le plus vieux de mes projets a implosé, suite à une alliance industrielle contraire à nos intérêts au sein du consortium. Bien sûr les ruptures ne sont jamais aussi franches dans la réalité: on m’a donc demandé une étude complémentaire pour clarifier l’impact sur notre stratégie.

Au mois de mai, c’est à peine si j’ai réussi à croiser mon chef pour lui présenter les conclusions de l’étude. Visiblement, il s’affairait à des manoeuvres en haut lieu, repérables à une frénésie de réunionnite aigüe. J’étais à l’écart de l’agitation et ne m’en souciais guère: depuis 5 ans que je bossais avec lui, je savais qu’il écrantait toutes ces histoires politiques pour laisser bosser les gens tranquilles, et qu’il ferait appel à moi seulement quand il le jugerait utile.

Naïve, Kerleane, naïve! si j’avais écoutée mes petites antennes, j’aurais mieux anticipé ce qui se tramait.

Mi-juin, une dizaine de jours avant mon départ en vacances, chef convoque ses troupes, les 6 ou 7 personnes sous sa supervision directe. Et commence une présentation Powerpoint: Nouvelle Organisation. Tout le R&D est chamboulé: unités d’affaires désintégrées, fusion de départements, regroupement d’activités, lancement d’un département dédié expertise principale, on n’y retrouve plus ses petits, ni ses chefs, en tout cas moi: ancien chef a disparu dans l’organigramme (pudiquement, on appelle cela une mise au placard) et mon équipe qui fait partie de ses meubles sans doute plus décoratifs que fonctionnels, puisque je m’occupe de tous les projets exotiques, avant-garde et tordus qui traînent depuis 3-4 ans, donc, visiblement, personne ne se soucie de notre activité. Moi non plus, je ne suis dans aucun organigramme!

L’angoisse! heureusement qu’on ne supprime pas d’emplois. Commence donc alors l’humiliante tournée des chefs…

Chef remplaçant de chef précédent. Très gentil pendant l’entretien, mais visiblement peu inspiré de conserver cette activité atypique vu ses objectifs opérationnels ultra-prioritaires.

Super chef nouveau. Débarqué quelques semaines auparavant, ne connaît encore pas grand-monde, a visiblement placardé chef précédent, et nous accorde un long entretien à moi et mon premier lieutenant que j’ai appelé en renfort, pour nous expliquer sa vision révolutionnaire sur le fond comme sur la forme, tout en nous proposant des postes complètement différents dans une structure peu attractive. Nous sortons épouvantés par l’ampleur de la révolution et l’incompréhension fondamentale de nos assets technologiques que super chef nouveau vient de nous exposer avec une assurance telle qu’elle paraît inébranlable: la panique! je n’ai plus qu’une idée, trouver absolument une alternative pour ne PAS dépendre de lui. (En pratique il changera du tout au tout dans les mois qui suivront, et s’avèrera l’une des personnes les plus intelligentes croisées sur mon parcours professionnel par sa capacité d’adaptation. Mais c’est une autre histoire.)

Tout cela me laisse fort peu de possibilités.

En regardant les missions des nouveaux départements, il me paraît évident que mes activités doivent naturellement passer au département d’expertise principale qui échappe justement à super chef nouveau. J’arrive à négocier un créneau de 10mn téléphoniques dans l’agenda débordant du chef expertise principale fraîchement promu pour vendre mon équipe et mes projets. Hélas, refus poli mais ferme: "tu comprends Kerleane, j’ai déjà beaucoup de monde dans la barque, je ne peux pas prendre tes activités en plus". En pratique, dans les semaines et mois qui suivront, il ouvrira une dizaine de postes, et ne reviendra jamais vers nous… grrr.

La dernière possibilité est très embarrassante. A la restructuration précédente, j’avais hésité entre transférer mon activité dans une unité d’experts ou prendre la responsabilité d’une petite équipe en suivant mon ancien chef. Ma fidélité à ce dernier avait fait pencher la balance, et chef des experts m’en voulait peut-être encore un peu, car il avait besoin de peupler son équipe pour la rendre crédible et ma défection n’avait pas dû lui faciliter les choses. Je laisse donc trainer cette dernière option…

C’est la veille de mes vacances… je n’ai quasi pas dormi depuis une semaine, comme si tout mon décalage horaire pas digéré depuis la grippe de janvier se transformait en insomnie géante. J’ai réussi à organiser la réunion de la dernière chance, avec ancien chef et tous les grands chefs influents, sauf super chef nouveau grâce à une astuce d’agenda de connivence avec les assistantes, pour présenter mes activités et démontrer en une heure top chrono en quoi elles sont essentielles pour l’entreprise.

Le message est envoyé. Mais je pars en vacances ce soir-là sans savoir quel chef, quelle mission je trouverai au retour, ni si j’aurai encore mon équipe et mes projets.

Heureusement, j’avais cette annèe-là réservé une location tranquille et bien située sur l’Atlantique, et malgré l’affreuse météo de ce début juillet 2004, ces vacances furent les plus reposantes depuis des années.

0huenfreveuse

Mon esprit se vide – le soir, je vais longuement marcher sur la plage dans le fort vent d’ouest, une fois les enfants couchés, et toutes mes pensées parasites s’envolent ainsi, jour après jour. Un soir, il me revient à l’esprit le terrible cauchemar fait pendant la forte fièvre de janvier. J’y suivais ancien chef dans les bas-fonds de Los Angeles, une vraie cour de miracles dont je ne sortirai pas indemne, tandis que chef fraîchement promu à l’expertise principale (qui en janvier, était au même niveau hiérarchique) suivait un trottoir plus sûr jusque dans les beaux quartiers… sans nous!

Véridique! de quels éléments inconscients (mes petites antennes!) pouvais-je donc disposer en janvier pour prévoir aussi clairement cette situation? mon cerveau à 40.2°C avait-il soudain développé une perspicacité inhabituelle? je ne sais pas. Et le rêve s’arrêtait là me laissant dans l’expectative!

Finalement, je suis rentrée par le train de nuit un lundi matin, arrivée au bureau pas trop fraîche en milieu de matinée et m’attendant au pire, mais non, grand sourire de mes collaborateurs: l’équipe est transférée, telle quelle, au département des experts. La réalité est que ce chef là est le seul à ne pas avoir dit non au transfert (il dit rarement non). Premier lieutenant est dépité par son manque d’enthousiasme, et cherche à se recaser dans le département de l’expertise principale, mais n’y trouve pas son bonheur. Pour ma part j’en fais mon affaire. Il me faudra environ 3 mois pour gagner l’estime de ce nouveau chef, qui m’avouera à l’entretien de fin d’année qu’il avait sous-estimé la valeur de notre travail car il était toujours resté caché dans les cartons d’ancien chef…

Grande et dure leçon pour Kerleane donc: ne pas compter aveuglément sur son chef pour défendre son bifteck. J’ai vraiment passé par de grands doutes sur ma valeur dans toute cette période: puisque personne ne voulait de moi, c’est donc que je ne valais rien? Ce qui m’avait sauvée et permis de partir en vacances l’esprit serein, c’était l’assemblage de ma présentation aux grands chefs – des faits, des chiffres, des objectifs, du concret pour me convaincre moi-même et donc les autres de la valeur de ces activités.

Et j’ai aussi appris à déployer mes antennes et me rendre plus visible. Mieux connectée, mieux informée. Toutes ces grandes manoeuvres sont en train de recommencer apparemment… cela promet pour les prochaines semaines… et c’est le bon moment de tirer des leçons du passé.

A méditer!

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Une autre source d’obésité?

… pour rats, mais tellement meilleurs que les OGM: des livres, des livres, des livres!

BibliothequeEt puisque je veux ce soir partager une note positive avec tous les rats de bibliothèque de mon genre, tant de fois frustrés de ne pas trouver l’ouvrage de leurs rêves au fond des étagères qu’ils connaissaient par coeur à force de les avoir parcourues, voilà ce qui me réjouit aujourd’hui: miracle technologique à la racine d’un nouveau monde virtuel, balbutiant au début de notre 3ème millénaire, le web, qui met à la portée de qui sait bien les chercher plus d’informations qu’une seule bibliothèque n’en contiendra jamais sous forme papier (ce dont, accessoirement, les arbres nous sauront probablement gré).

Rien à faire de Monsanto, le vrai pouvoir, aujourd’hui pour demain, ne serait-il pas dans les mains de… Google?

Depuis toute petite, j’adore les livres, les librairies, les bibliothèques… tout ce qui représente le Savoir, tout ce que le cerveau humain a créé, toute cette information, cette érudition, ces histoires, ces réflexions… je ne suis au fond peut-être qu’un rat, un rat de bibliothèque…

Je mange les mots des autres, j’en suis même sans doute boulimique… et d’une gourmandise obsessionnelle, impossible à satisfaire: trop d’encyclopédies universelles ou spécifiques, trop de langues que je ne connais pas, qui ne me seront jamais accessibles! les yeux, les oreilles plus grands que le cerveau!

Mais au fait… que deviennent donc tous ces mots que je mange? suis-je devenue obèse de tout ce que j’ai lu?

Et vous, souffrez-vous des mêmes symptômes – boulimie livresque, boulimie d’infos? Janssens_jl_ratdebiblio

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Petit cadeau quechua

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Compositeur Anonyme – Perou, 1631

Extrait à écouter ici

Ce chant m’a profondément touchée quand je l’ai entendu dans la compilation de Robert Gass découverte il y a 10 jours (lien dans ma colonne Musique – le chant apache vient de là aussi).

Souvent considéré comme un des principaux hymnes sud-américains, cette pièce vocale à plusieurs voix, la plus ancienne recensée au Nouveau Monde, apparaît pour la première fois dans un recueil de musique sacrée et catéchisme rassemblé par un missionnaire franciscain Juan Perez Bocanegra en 1631.

Il s’agit d’un chant processionnel de l’église coloniale espagnole San Pedro de la ville péruvienne Andahuaylillas. Toute son originalité, toute sa force aussi, réside dans le fait qu’il est écrit dans la langue locale inca: le Quechua. Ce chant rend grâce à la Vierge Marie lors des processions mariales locales, au moyen d’images symboliques inspirées de la nature.

Apparemment, on ne sait pas si cette pièce magnifique a été écrite par un missionnaire formé à l’art vocal européen et ayant appris la langue locale pour mieux évangéliser (comme le père Julien Maunoir qui re-christianisa mes ancêtres), ou si c’est un inca quechuan formé par les missionnaires au chant vocal européen qui l’a composé dans sa langue natale et intégré à la spiritualité locale (symbôles naturels, culte à la déesse "terre-mère" devenu marial…).

Toujours est-il que ce chant, né de la rencontre du meilleur de deux cultures, a depuis longtemps quitté le Pérou pour se trouver maintenant intégré au répertoire de nombreux choeurs jusqu’en Europe et plus loin… voilà bien quelque-chose de bon à la mondialisation, audiblement déjà en route au 16ème siècle…

Les paroles du chant et leur traduction en anglais

Pour une illustration visuelle de l’intégration des 2 cultures, j’ai rassemblé ci-dessous une représentation symbolique actuelle de Pachamama, la déesse-mère des incas, à comparer avec une représentation anonyme de la Vierge Marie, datant du 16ème siècle, école de Cuzco (Pérou, même région, même époque). Voir le commentaire sous wikipedia pour ceux qui lisent l’espagnol: apparemment, le triangle est un symbôle très fort dans la culture inca.

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2004 – Tribulations

Quand je regarde en arrière, 2004 m’apparaît comme l’année où j’ai recommencé à sortir la tête du quotidien pour regarder où j’en étais et où j’allais.

Les six premiers n’ont pas été faciles, pourtant.

2004 a en effet commencé par la disparition de mon chat, la nuit du Nouvel An, alors que nous recevions plein de famille: en a-t-il eu soudain marre? je l’avais pas mal délaissé l’année précédente, débordée que j’étais par mes petites filles de 4 ans et quelques mois…

Janvier s’est poursuivi avec un voyage professionnel en Californie, moment qu’Ondine a choisi pour faire ses premiers pas que je guettais avec impatience depuis plusieurs semaines. Bon, elle a toujours eu un caractère très indépendant, elle n’avait visiblement pas besoin de moi pour se lancer!

Quand je suis rentrée de ce voyage, toute la famille avait la grippe. J’ai relayé Mari Charmant bien fiévreux tout le dimanche au grand dam de mon manque de sommeil, car je dors très peu en avion, et le lundi matin je suis retournée au bureau comme si de rien n’était. Cela n’a pas loupé: je suis rentrée pleine de frissons le soir, et j’ai passé le reste de la semaine à suer et faire des cauchemars sous la couette, deux jours à plus de 40 degrés, ce qui ne m’était plus arrivé depuis l’enfance…

Et du coup, je ne me suis pas remise du décalage horaire. Pendant les 6 mois suivants, je suis restée sur l’horaire californien: zombie le matin, je commençais à émerger en fin d’après-midi! avec une de ces fatigues que l’on peut qualifier de chronique – asthénie consécutive à une grippe, banal et bénin donc, mais terriblement handicapant.

Histoire de me forcer à bouger un peu pour me réveiller, j’essayais de sortir dehors skier, raquetter ou surfer quand les conditions étaient bonnes. Un samedi neigeux, je me suis amusée comme jamais dans la poudre avec le snowboard, et c’est en toute confiance que je l’ai repris le dimanche matin. Hélas pendant la nuit la piste avait durci et j’ai pris peur. C’est comme cela que je me suis fait une entorse au genou, sur le plat, à 0.01km/h… parce que la planche s’est coincée dans la neige et je n’allais pas assez vite pour la dégager avant de faire le faux mouvement idiot qui m’a fait m’écraser par terre à l’opposé de la planche – chorégraphie improbable que personne n’a d’ailleurs comprise, et que je mets au défi quiconque de reproduire spontanément. Mais bon, en attendant, moi j’ai vu le genou se tordre et surtout je l’ai entendu craquer. Avant même d’avoir mal, je me sentais mal rien que par les yeux et les oreilles!

Ainsi Kerleane la douillette a ajouté 2 semaines de béquilles et un mois de séances de physio à la surveillance constante d’un bébé d’un an trottant partout, au jonglage entre 2 nounous différentes et les arrangements de garde mutuelle de nos chérubins entre voisins dans les trous horaires laissés par un soupçon d’école maternelle et nos emplois respectifs, en plein au milieu de nouveaux projets mélangés à de vieux projets interminables dont on ne savait plus vraiment à quoi ils servaient au boulot… et cerise sur le gâteau, tour de ma petite tribu chez mes belle-familles parisiennes à Pâques, entièrement organisée par mes soins, du transport aux bagages.Katereddy2

Pas mal pour un zombie – mon principal soutien moral pendant toute cette période était le personnage de Kate Reddy, terriblement proche!

Je crois que j’ai désespéré ma physiothérapeute avec toutes les séances fixées à 8h le matin avant que je coure au boulot (enfin, façon de parler: que je boîtille jusqu’à ma voiture pour "courir" au boulot). J’étais incapable de faire le moindre travail musculaire à cette heure-là, comme si on m’avait sortie de mon lit (23h en Californie): je tremblais comme une feuille. Lamentable.

Mais du coup, tout cela m’a quand même rendu service. D’abord j’ai pris conscience de mes limites physiologiques dans des circonstances encore passablement bénignes. Et puis à la physio, dans la salle d’attente, j’ai découvert… Psychologies Magazine.

A suivre…

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Mon Janvier 2007

Voilà déjà janvier qui s’en va.

Janvier presque sans neige, et je n’ai même pas skié les quelques jours d’ouverture en début de mois.

Janvier plein de virus, rhumes et gastro, et je suis encore face au dernier en date: Ondine a la varicelle, pourvu que je n’en fasse pas un zona… en attendant la grippe annoncée pour ces jours-ci… soupir.

Janvier au boulot, de plus en plus démotivant avec tous ces projets qui traînent et l’ineptie de ma mission – je suis coincée entre en faire vachement plus, avec toutes les manoeuvres au bulldozer que cela signifie, ce qui m’est inacceptable, et en faire de moins en moins, ce qui m’est tout aussi insupportable. J’ai même été musarder sur les sites de bilans de compétence pour comprendre où j’en suis et pourquoi après tant d’années intéressantes j’arrive à une telle démotivation. Et je ne sais toujours pas si j’aurai le feu vert pour ma demande de formation, le seul gros projet qui me motive sérieusement pour cette année. Mais j’irai le défendre jusqu’à la direction s’il le faut. Petit objectif au passage pour février: avec les dossiers en cours, atteindre le seuil symbolique de mon 10ème dépôt de brevet en 5 ans. Et encore un petit plaisir égocentrique: une semaine de vacances en plus cette année, merci l’ancienneté… reste à rêvasser sur son usage!

Janvier et tout le stress pas résolu de mes problèmes de garde d’enfants. Répit jusqu’à fin février, mais je ne sais toujours pas comment faire ensuite. Pleurnicher auprès de la nounou de remplacement pour qu’elle me garde au moins la petite jusque fin juin, et caser la grande ailleurs? Bricoler un jour ici un jour là? Transformer la femme de ménage en nounou à domicile? j’en ai marre de me casser la tête sur ces questions. Presqu’envie de laisser traîner et attendre que ma bonne étoile se charge de tout. Après tout, elle ne m’a jamais trahie sur ce coup-là, même quand il a fallu recaser d’urgence Lili à 2 ans en moins de 4 jours pour 40 heures par semaine…

Mais aussi bien des petites et grandes joies pour ce mois de janvier! Ce voyage dans mes souvenirs que j’ai mis en forme ici m’a recentrée sur des clés essentielles qui sommeillaient en attendant leur heure au fond de moi (mais je ne sais toujours pas pour quelles portes). Beaucoup de plaisir aussi à découvrir d’autres blogs, certains nouveaux, d’autres pas encore explorés. Une vraie bouffée d’air pour mon cerveau si curieux d’apprendre et de découvrir, après ces journées de travail toujours aussi actives mais devenues intellectuellement fades car vides de sens.

Et vu comme cela s’annonce, Février ne devrait pas être très différent…