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Mandala couronne

Comme je l’ai expliqué dans les notes précédentes, l’expérience du mandala m’a absolument fascinée. J’ai eu l’impression que je me libérais d’un vieux blocage, mon incapacité d’expression graphique, en place depuis mon enfance. Le yoga m’a paru plus familier, car il s’agissait d’une introduction pour débutants qui me rappelait mon cours régulier de stretching. La séance de la matinée a tout de même eu pour effet d’augmenter mon métabolisme, et j’étais donc franchement affamée avec un début de mal de crâne (de mon cerveau glouton!) quand nous avons pris, tardivement, la pause pique-nique au bord du lac.

A notre retour, nous sommes passés sur le thème de l’après-midi, qui, après l’ancrage et le travail d’enracinement du matin, passait sur la prise de conscience de la couronne avec un travail sur un mandala structuré, cette fois, et pour finir une série d’exercices de yoga associés.

Contrairement au mandala d’intuition que nous avions pratiqué le matin, le mandala structuré est tout d’abord construit selon des régles géométriques précises. Je serais d’ailleurs tentée d’utiliser des outils pour le rendre plus rigoureux, mais nous devions le faire à main levée, car l’effort de concentration que cela demande fait partie du processus de concentration, de recentrage qui est essentiel à la portée de l’exercice.

Une fois construit la structure de 2 ou 3 séries de lignes, carrés, losanges et cercles inscrits les uns dans les autres successivement de l’extérieur vers le centre (d’où le recentrage, forcément équilibré dans cet exercice, qui doit se pratiquer sans tourner le papier), nous avions la liberté du remplissage: gommer, remplir, avec des formes ou des couleurs de notre choix, mais pas la liberté du thème: nous devions représenter notre couronne.

Mise en confiance par l’exercice du matin et les règles géométriques parfaitement structurantes, j’ai très vite construit la structure et eu envie d’y mettre 4 couleurs vives et complémentaires, violet et jaune, bleu et vert, dans des formes fortes et simples à l’extérieur, gommant le cercle original d’enveloppe (la protection) pour mieux représenter la couronne. Et j’ai complété l’intérieur en figuratif, en le chargeant un peu trop sur la fin car il me restait du temps – un peu dommage, avec le recul, mais j’étais quand même contente du résultat.

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Comment je me suis retrouvée à cette journée de découverte du yoga-mandala…

Il y a quelques semaines, alors que je réfléchissais à ces questions de "synchronicité", j’ai eu l’idée inhabituelle d’aller acheter du bon fromage à la laiterie locale, en prévision du passage de mon beau-frère pour souper. En entrant, j’ai regardé les affichettes sur la vitrine, et l’une d’elles a attiré mon attention: il s’agissait de la pub pour un dimanche découverte sur yoga et mandala. Je suis entrée acheter le fromage, et en sortant, j’ai encore regardé de plus près l’affiche, pour voir si ce cours avait lieu ici. En fait, non, alors je me suis juste dit qu’il faudrait que je me renseigne d’ici la rentrée sur les cours de yoga donnés au fitness local, et j’allais partir quand une dame apparemment sortie de nulle part m’a gentiment interpellée: "vous la trouvez jolie? je viens juste de la mettre…".

Interloquée j’étais, pour le coup! une petite voix intérieure s’est mise à rigoler: tiens tiens, si tu n’arrives pas à te décider à aller au yoga, le yoga vient à toi…

"C’est vous qui donnez ce cours?"

Elle n’avait pas du tout l’air de l’idée que je me faisais d’une prof de yoga, mais plutôt l’air familier, gentille, et pas très différente de moi (je ne pense pas franchement ressembler à une yogi – lol). Nous avons échangé quelques phrases: c’est aussi elle qui donne les cours auquels j’envisageais de m’inscrire à la rentrée, et elle habite ici. Mais j’avais besoin de réfléchir, je ne prends jamais de décisions à chaud; et je n’ai pas répondu clairement à sa question sur mon intérêt.

Le lendemain, toutefois, je suis revenue noter le numéro de téléphone, puis après quelques échanges et incertitudes sur un nombre de participants suffisant, je me suis donc retrouvée parmi 6 autres curieuses dimanche matin, avec la prof de yoga et l’animatrice en mandala qui avaient sympathisé à une formation il y a quelques mois et qui avaient décidé suite à cette expérience de proposer ensemble cette journée découverte.

Kripalumandala … un petit mandala pour la route… (pas de moi celui-là: il manque les couleurs – lol!)

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Mon deuxième mandala

Comme il me restait une dizaine de minutes après avoir fini mon premier mandala, j’en ai profité pour en faire un rapide, correspondant plus à l’idée que je m’en faisais au départ. Nous n’avions pas de compas ni de règle, mais j’ai quand même bricolé une rosace avec les disques à disposition, et posé sur le papier une ébauche de réflexion en cours.

Bien plus conforme à mon esprit ultra-cartésien, donc 😉

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Mon premier mandala!

Dire qu’il y a quelques-jours en cours, j’expliquais dans un com à Vero que j’étais incapable de dessiner. Je n’ai pas menti: je dessine très mal, comme un enfant de 8 ou 10 ans, et j’ai été traumatisée par ma nullité aux cours de dessins du collège où j’étais largement dans les pires cancres irrécupérables, incapable de rendre autre chose qu’un dessin naïf ou une feuille gondolée de tâches trop diluées. Me rendre au cours de maths après cette épreuve était un soulagement indicible, et même en école d’ingénieurs, le dessin industriel est resté ma bête noire, la seule matière où j’ai osé, ma moyenne me le permettant, rendre une copie quasi-blanche (j’ai juste assuré 1/20 le 0 étant éliminatoire!)…

Mais… "seuls les imbéciles ne changent pas d’avis".

Il se trouve que j’avais l’occasion de participer ce week-end à une journée découverte du yoga et du mandala, connu aussi sous le nom de dessin centré (comme l’a expliqué la prof, cette terminologie passe mieux en France et en Belgique car elle sonne moins "secte"!).

C’est une histoire un peu trop longue et curieusement riche en découvertes pour être résumée en une seule note, mais pour commencer ce soir, pour moi l’essentiel est dans ce que j’ai, à mon étonnement le plus total, sorti de ce premier exercice, en une trentaine de minutes, simplement mise en condition par un groupe accueillant et exclusivement féminin, l’absence d’esprit de compétition, et 1h30 d’exercices inhabituels pour moi allant d’un posé de caillou collectif dans un vase ensablé à la position du lotus avec le pouce enroulé (oublié le nom technique!) en passant par une danse de la fertilité (sic!) ou le dos rond du chat…

J’avais présenté mes objectifs en début de séance:

  1. le relaxation/ressourcement/recentrage au milieu de ma vie très -trop- active: il s’agissait ici pour moi de découvrir un cours de yoga – enfin, surtout voir si le courant passe avec la prof – qui reprendra à la rentrée dans mon village, cours vers lequel je pense me tourner à défaut d’y trouver un cours de qi gong ou tai qi qui me paraissaient pourtant plus accessibles.
  2. le développement de ma créativité en approchant le mandala comme une forme d’art plus accessible pour moi, qui suis complexée du dessin figuratif mais tout-à-fait à l’aise avec la géométrie plane et même spatiale, allergique à la peinture mouillée et au malaxage, mais attirée par les formes et les couleurs simples.

Bref, sur l’objectif 2, bingo. Je me suis complètement décomplexée sur ce coup-là – j’ai enfin osé dessiner quelque-chose de simple mais qui sortait de ma tête et qui représente quand même quelque-chose. Le but de l’exercice ici était simplement de réaliser un mandala intuitif sur notre ancrage autour de notre centre, après une relaxation guidée sur le thème d’une petite graine à planter dans la nature.

Voilà ma représentation. J’aimerais la mettre en mots, expliquer comment je l’ai construit, mais je crois que c’est contraire à l’exercice… Seul le titre l’accompagne, et on ne le choisit qu’une fois le mandala terminé, pour moi c’était clairement "où je suis" comme réponse au thème de l’ancrage.

Je crois que je commence à comprendre pourquoi LadyR fait tant d’éloges de l’art-thérapie (la prof de mandala suit justement une formation dans ce domaine) et pourquoi le développement de l’estime de soi exploré par Vero s’accompagne de dessins

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Trois soeurs – Louise

Louise était pleine de vie.

Bébé déjà, joufflue, joyeuse, bruyante, elle était la fierté de Marie-Jeanne, qui ne manquait pas de la prendre partout avec elle, du jardin à la cuisine, de l’église au champ, de la foire à l’épicerie, ravie des commentaires admiratifs des matrones du village. Quelle belle enfant Marie-Jeanne avait faite là! celle-là ne donnerait guère de soucis à sa mère: cela se lisait dans le rose de ses joues potelées et le brillant de ses yeux bruns, et la Lisette du bois l’avait même confirmé en lisant l’avenir dans son marc de chicorée.

Vaillamment charpentée, grande et forte pour son âge, Louise aida donc Marie-Jeanne depuis sa plus tendre enfance, au potager, au lavoir, à l’étable, au poulailler. Elle ramassait plus de pommes de terre, après la moisson d’août, qu’elle n’en mangeait de tout l’hiver, et pourtant elle avait bon appétit. Elle ne craignait ni le gel, ni le vent, ni la boue, ni les brûlures du soleil: dehors par tous les temps, toujours volontaire pour la moindre course à faire ici ou là, elle trottait du matin au soir, et il faut bien dire que l’occupation, en ce temps et lieu modeste, ne lui manquait pas. Elle nourrissait les cochons, qui craignaient déjà sa poigne alors qu’elle n’avait pas douze ans; à quinze ans, elle aidait au vêlage et plumait les volailles, les pieds dans la boue, les mains dans la fiente, sans se soucier de la vaine coquetterie qui semblait tant tourner la tête aux autres filles de son âge. Elle était bien occupée, va, et avec les grand-parents qui prenaient de l’âge, les petites soeurs pas encore dégourdies, et les parents restés sans fils, il était clair que la ferme aurait toujours besoin de ses bras, de ses jambes, de sa tête…

… De sa vie.

Et Louise était heureuse ainsi, chaque jour à vaquer tant et si bien que les années passaient déroulant leurs saisons, parsemées de naissances, de départs et de retours, mais marquées de la même certitude: Louise était là. Louise s’occupait de tout.

Louise était pleine de vie.

(Papyrus à suivre ici)

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Trois soeurs – Elisabeth

Elisabeth était si légère qu’elle semblait risquer s’envoler à tout instant vers ce royaume des rêves qui séparent les deux mondes, et qui lui était étrangement familier, comme à tous ceux que la vie hésite à garder, oscillant au gré d’un mal capricieux.

Car Elisabeth se consommait depuis l’enfance, souffle après souffle, chaque jour plus ténu au rythme des flambées des fièvres nocturnes, marque de son épuisant combat contre les mauvais esprits. Elle en gardait la peau blanche, tendre et diaphane, des êtres de la nuit. Mais Elisabeth résistait; Elisabeth avait la force intérieure des filles de granite, dont elle portait encore, par les hasards génétiques, les yeux gris-bleu et les mèches auburn. Ce délicat équilibre animait son visage fin d’un subtil rappel de l’éternelle harmonie entre le caillou et le lichen tels qu’on les trouve encore, entremêlés dans les chaos les plus profonds des forêts de chênes et de foyards, là où se tinrent, en des temps si lointains qu’ils ne sont plus accessibles à notre mémoire, les furieux combats des puissances naturelles. C’est pourquoi sans doute son visage était-il si émouvant, au-delà de sa maigreur, de sa petitesse, de sa faiblesse: Elisabeth avait la grâce d’une fille d’elfe.

Ce que le manque de force lui rendait à jamais inaccessible dans notre violent monde de la matière, Elisabeth avait su le puiser ailleurs. Le rêve, puis le livre, puis l’écriture, la construisirent plus sûrement que le plus lointain des voyages; elle y rencontrait tour à tour l’autre, l’art et l’exotisme, les idées les plus audacieuses… Par ce pélérinage intellectuel, elle fit peu à peu sien le monde des idées, s’enrichissant de vocabulaire et de concepts comme d’autres s’enrichissent de bijoux et de châteaux.

Et quand Elisabeth eut ses 20 ans, les progrès de ce monde pour la passion duquel elle menait son combat inégal vinrent enfin à sa rescousse. Il lui faudrait à jamais se passer de celui des ses poumons malades qu’une chirurgie au nom barbare de pneumothorax avait affaissé pour la sauver un peu encore, mais l’autre put finalement être nettoyé, parfaitement, à la streptomycine.

Alors, le souffle toujours ténu mais désormais préservé, Elisabeth remercia Marie-Jeanne, pour la patience et le dévouement qui ne lui avaient jamais fait défaut, et elle lui exprima enfin son désir le plus profond: voler de ses propres ailes, jusque tout là-haut, à Paris, là où le monde des idées était tellement plus vivant et accessible, là où elle pourrait enfin trouver un travail à la mesure de ses capacités: dactylo, secrétaire, documentaliste… Marie-Jeanne eut bien de la peine et du souci de laisser ainsi s’envoler son fragile oiseau vers un monde aux curieux attraits dont elle n’avait guère l’idée elle-même, mais il n’était pas dans sa nature d’aller contre l’ordre des choses. Elle avait bien assez prié la Vierge Marie, mère de Jésus, et Sainte-Anne, mère de Marie, pour qu’elles l’aident à garder encore ce dernier poussin en vie toutes ces dures années où elle avait cru la perdre 10, 20, 50 fois; elle pouvait donc bien la laisser aller de son gré maintenant, avec juste, au cas où elle trouverait sur sa route d’autres mauvais esprits, les précieuses médailles protectrices aux effigies de ces saintes mères patrones, bien cachées au milieu du linge dans la valise.

Ainsi Elisabeth s’envola-t-elle vers une autre vie, d’autres rencontres, des amours même – peut-être, sûrement? Mais personne n’en sut jamais grand-chose. Elisabeth revenait juste pour les vacances, chaque fois plus légère, mais rayonnant désormais de cette légèreté infiniment grâcieuse et lumineuse, à qui sait les regarder, des rêveurs devenus heureux.

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Papyrus #3 – L’appel de la montagne

Il était une fois un petit garçon plein de vie, qui parcourait tout enthousiaste, par tous les vents et dans toutes les boues, les chemins creux et défoncés d’un bocage isolé pour aller chercher le Savoir à l’école du village, car le Savoir des siens ne lui suffisait pas.

Car c’était alors, en effet, le temps des grands Progrès : des allocations familiales aux tracteurs, de l’électricité à l’eau courante, de la pénicilline aux vaccins, que d’inventions magnifiques! Et au cœur de tout cela, l’école, qui éradiquait alors indifféremment les poux et les ploucs. En effet, les poux étaient devenus très simples à éliminer à grand renfort de DTT, cette autre merveille de la science chimique ; pour les ploucs, par contre, c’était toujours un peu laborieux, car il fallait tout d’abord enterrer leur langage terreux, mal approprié pour véhiculer les nouveaux savoirs. Mais à défaut d’être d’une efficacité absolue, les progrès en la matière s’avérèrent tout de même statistiquement significatifs dès lors que, l’électrification des campagnes aidant, la radio puis la télévision gagnèrent enfin ces audiences reculées.

Est-ce donc à l’école, ou par la radio, que le petit garçon découvrit les montagnes de légende? Selon ses souvenirs, l’école l’emmena voir la mer, à l’âge de sept ou huit ans, mais cela représentait encore l’excursion de toute une journée ; la montagne, à des centaines de kilomètres, était clairement hors de portée… Plus probablement, la montagne dut s’imposer à ses rêves de gamin comme à des milliers d’autres dans toute la Bretagne, à travers ses ambassadeurs les plus mythiques d’alors. Car, dans les années 50, les campagnes retardées et socialement défavorisées du Centre-Bretagne avaient leur Zinedine Zidane, comme plus tard les banlieues nord de Marseille au tournant du millénaire. Elles en eurent même deux dans cette décade : Robic, puis Bobet, coureurs cyclistes bretons de légende, s’il en est.Hsvelocopie

Ainsi ces lointaines montagnes, inaccessibles et pourtant synonymes de tant d’exploits héroïques, devinrent pour le petit garçon un rêve, un projet, l’étape obligée de sa propre ascension. Car le chemin était long depuis l’école du village pour se construire enfin une vie différente des siens, même si les bourses venaient compléter les allocations familiales pour aider les gamins des champs les plus doués à accéder aux nouveaux Savoirs nécessaires à la nation, à l’industrie, au progrès. Il parcourut donc patiemment les longues étapes en peloton, d’internat en internat ; ce faisant, il gravit laborieusement les cols de plus en plus raides, certificat d’études, BEPC, baccalauréat, semant chaque fois plus d’équipiers… Puis vint l’étape clé, la plus difficile : le contre-la-montre des Concours aux Grandes Ecoles.

Et il escalada tout cela sans pause, travaillant dur aux champs pour aider le père tout l’été, travaillant dur à la ville soir et week-ends pour payer sa chambre d’étudiant tout le restant de l’année.  Certainement il était fatigué… le classement le déçut ; il ne serait pas le premier polytechnicien de son village. Ni même centralien. Ingénieur chimiste peut-être ; mais il fallait descendre à Marseille ; et de toute façon, il n’aimait pas la chimie. Or le tour de France est sans pitié pour les retardataires d’un jour : éliminés ; pour lui, plus de bourse. Il lui fallait donc redescendre dans les collines, celles de l’université, ce qu’il fit finalement de bon cœur, car le rythme y était plus tranquille, et à condition qu’il s’engageât d’avance à travailler à la transmission de ses Savoirs pour l’état dès son diplôme en poche, une bourse confortable lui fut de nouveau allouée.

Ainsi il se traça désormais une vie tranquille, dans le confort et loin des champs à part quelques escapades de pêche à la ligne. Cette vie fut bientôt égayée par l’amour d’une compagne et de quelques enfants vifs, et restait rythmée toujours par les rentrées scolaires et les examens, mais du bon côté à présent.

Cependant, il restait tout de même à ce petit garçon devenu grand un rêve personnel à réaliser : voir ces montagnes qu’il avait tant imaginées gravir, pendant toutes ces années, et qui continuaient de le fasciner sur le petit écran désormais coloré. Il lui fallut encore quelques années pour mettre l’argent de côté et disposer d’une voiture assez fiable pour traverser la France, quelques mois pour finaliser le projet – choix de la région, se loger -, puis encore une de ces immenses journées d’été pour y arriver enfin : Jura, 900m d’altitude, presque trois fois plus haut que la plus haute lande des Monts d’Arrée !

Un mois ne suffit pas pour rassasier sa soif de montagne, et il y retourna souvent ensuite. Mais ce mois lui suffit à emmener la petite Kerleane s’étonner devant les curieux plissements calcaires des falaises du Doubs, découvrir la mythique Chamonix et sa mer de glace, se baigner dans les lacs de Neuchâtel et du Léman, voir décoller les deltaplanes, et surtout, au bout d’un chemin étroit et défoncé, pique-niquer un soir dans une vallée perdue des Diablerets, parsemée de chalets d’un bois hors d’âge, et troublée seulement du tintement des cloches des vaches.

J’ai encore en moi le bonheur familial de ce magnifique soir d’été… l’appel de la montagne a pris le relais. Et peut-être l’ai-je transmis à mon tour: ci-dessous, été 2005, Lili à son tour pose fièrement près de son premier sommet!

Pour ce parcours… bravo Papa.

Pour ce partage… merci Papa. 

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Papyrus #2: La femme du marin n’attend plus

Elle l’a regardé jusqu’à l’horizon, s’éloigner et s’éloigner encore.

Elle a d’abord regardé les hommes s’affairer gaillardement sur le pont, dans la fébrilité du départ. Il y a tant d’impatience en eux, à l’heure de leurs retrouvailles avec l’autre… Car la mer visiblement les attend aussi, et ne se lasse jamais d’eux: elle piaffe, elle vibre, elle gémit, elle ondule sans cesse pour les appeler, à peine assagie à l’abri du port.

Elle a surtout regardé son homme : son clin d’œil fugitif mâtiné d’un dernier sourire, puis ses gestes assurés mille fois répétés. Car il est beau, avec ses mains fortes, son pas dansant au rythme de la houle, sa silhouette solide qui fait peu à peu corps avec le pont, s’effaçant derrière les vives couleurs de la coque tandis que le navire s’éloigne hardiment vers son amante aux éternelles vagues, jusqu’à enfin en fendre le premier ressac, au passage au près des récifs.

Enfin, elle a regardé la grand-voile immaculée, gonflée du fier vent de noroît. Sa blancheur lumineuse est en effet toujours la dernière à se noyer dans les larmes tirées indifféremment par le soleil, le vent ou la mélancolie du départ, car elle brille bien distinctement sous le soleil, jusqu’à se fondre enfin à l’ultime frontière visuelle, ce tracé grisé de la légère brume de mer qui démarque le bleu marin du bleu azur sur les horizons atlantiques.

Le navire est toujours bien long à gagner cet horizon… Mais, finalement, comme toujours, il disparaît… Il ne reste alors que les mouettes, qui reviennent à terre pleurant leur colère de se savoir abandonnées.

Femmedumarin_2L’attente est finie.

Elle range machinalement une mèche sous son bonnet ; le vent la dérange sans cesse : il faudra penser à la couper. Elle a faim à présent : il faut rentrer préparer le souper ; trier le linge pour la lessive de demain ; mais avant tout, poster les papiers pour le notaire, qu’ils ont revus ensemble, et qu’il a enfin signés. Elle touche l’enveloppe, rassurante, au fond de sa poche : elle ne s’est pas envolée. Entre-temps, le vent a un peu forci : les femmes resserrent leur col, tournent le dos au quai – un signe de la tête, au revoir… on bavardera un autre soir.

Ainsi elle reprend le chemin de la maison, machinalement, revenant un peu plus à chaque pas vers son quotidien solitaire, mais bien rempli : il y a tant à faire, quand on est seule sans homme à la maison, pendant tout ce temps. 

Car la femme du marin n’attend plus qu’il rebrousse chemin pour venir la retrouver; il reviendra bien assez tôt, tout autant impatient et fébrile pour ce retour qu’il ne l’était à l’aller, lassé pour un temps de son amante aux dix mille eaux, et bouillant du désir de s’étourdir à terre. Et s’il ne lui revient pas… la femme du marin est libre, elle est forte, elle est sage; elle est patiente. Et cela, la mer ne le lui reprendra pas.

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Papyrus: “Fille du Poher”

Voici la nouvelle dont l’écriture a tout chamboulé dans ma tête cet été comme je l’ai expliqué dans une de mes premières notes. J’ai reçu la lettre du concours aujourd’hui: elle n’a pas été retenue, ce qui me permet de la publier librement ici (enrichie d’images et hyperliens: vive le multimédia!).

Qui sait, peut-être ce papyrus trouvera-t-il quelque écho chez un lecteur de passage… vos commentaires sont bienvenus.

Note: Les portraits illustrant ce récit sont des miniatures tirés de l’oeuvre magnifique de Sandrine Gestin, une jeune artiste d’origine bretonne que j’ai découverte sur la toile. Si vous cherchez des idées de cadeaux, elle a une boutique pleine de merveilles ici.

Fille du Poher

Elle était née dans un village du massif armoricain, si érodé que le granite affleurait dans la plupart des champs. C’est pourquoi la terre y était pauvre ; mais les hivers étaient doux, l’eau ne manquait jamais, et cette contrée à l’écart des cités de pierre où s’épanouit l’ambition des hommes n’était que rarement atteinte des guerres et épidémies que drainent leurs grands chemins.

Ainsi elle se savait fille, petite-fille et arrière-petite-fille de femmes dont les traits rappelaient les siens, et dont la vie s’était écoulée semblable à la sienne entre les mêmes collines et forêts depuis un temps incertain, au-delà de la mémoire transmise par les Anciens.

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De même elle se savait née de ses père et grands-pères, hommes robustes et taciturnes qui répétaient simplement le travail de cette terre ingrate sans lever les yeux vers d’autres horizons. Certes, de temps en temps, un fils ou un frère était parti, n’ayant plus de sillons à partager au sein d’une trop grande fratrie, ou malheureusement torturé par les démons de l’aventure comme parfois les jeunes garçons. Mais aucun n’était revenu : d’après les Anciens, le monde des morts commençait au-delà de la forêt ; leurs récits, inquiétants comme l’agonie de la lumière dans les gris après-midi de novembre, mettaient en scène un monde fantasmagorique mêlant les morts aux vivants et le sacré aux réalités naturelles plutôt que les exploits des héros chantés ailleurs, sans que cela n’étonne personne dans cette contrée de Bretagne encore ignorante de la culture, du savoir des savants, et même de l’histoire.

On rencontrait déjà bien assez la mort en travaillant, en enfantant et en vieillissant pour ne pas aller la chercher de son propre gré. Car c’était par les accidents, et les maladies, que le monde des morts se manifestait le plus souvent pour le plus grand malheur des vivants, que ce soit sur les animaux, les cultures, la forêt, ou pis encore, les gens. Certains de ces évènements étaient d’une nature particulièrement spectaculaire et traumatisante, comme les incendies ; et plus rapide, plus bruyante, plus brûlante encore que la plus forte des flammes, car venue directement du ciel : la foudre. Les autres éléments n’étaient pas en reste : l’eau, particulièrement vicieuse dans son habileté à reprendre aux mères leurs tout-petits marchant à peine dans les innombrables flaques, ruisseaux, puits et fontaines de ce pays humide; les cailloux, les rochers, et plus encore le métal extrait de ces derniers, par des blessures parfois mortelles lorsque les plus fougueux s’excitaient les uns contre les autres, poussés par les mauvais esprits ; et même l’air, qui se chargeait de pestilences autour des malades, hommes ou bêtes, pour en contaminer d’autres. Et cet air se déchaînait souvent, se mêlant à la pluie vicieuse pour rouiller les os tout l’hiver et même au-delà, dans ce pays sans franches saisons, soumis à la ribambelle des tempêtes atlantiques.

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Contre les peurs des Anciens, l’ambition des êtres les plus doués de ce peuple simple était donc non pas l’exploration des frontières du monde physique, mais, plus abstraite, la maîtrise du sacré, à travers les rites qui aidaient les vivants au détriment des morts. Cependant le passage entre ces mondes était une frontière perpétuellement mouvante, et la distinction entre le Bien et le Mal qui en définissait les équilibres subtils nécessitait la plus grande perspicacité. On en parlait peu ; certains rites se perpétraient transmis entre quelques élus, alors que d’autres se pratiquaient simplement en famille, les mères veillant scrupuleusement à leur respect : le culte des multiples saints et saintes aux vertus protectrices se mêlait ainsi intimement aux rites du christianisme primitif importé d’Irlande plus d’un millénaire auparavant.

http://www.sandrinegestin.com Dans ce monde elle avait grandi, enfant curieuse d’apprendre tant des récits intrigants des Anciens que des gestes assurés de ses parents. Ainsi sans cesser d’exécuter soigneusement sa part croissante des travaux quotidiens, elle observait les plantes et les animaux le jour, la lune et les étoiles la nuit. Car elle vivait plus ardemment que ses pairs, l’esprit sans cesse en éveil agité par des questions sans réponse dans sa langue rocailleuse, mais animée avant tout par la volonté de bien faire, de mieux faire, pour elle et pour les siens. En effet, dans les récits des Anciens, les hommes et les femmes qui l’avaient précédée, ambitieux comme elle d’action, de reconnaissance et de découverte, avaient mis leurs dons au service des leurs : Décider, Soigner, Savoir, Créer.

Mais le temps des Anciens n’était plus. Alors qu’elle grandissait, cette contrée oubliée fit l’objet d’évènements extraordinaires qui devaient marquer pour longtemps le destin de ses habitants. Tout commença par la visite d’un étrange missionnaire, un homme venu d’ailleurs, bien au-delà des collines et des forêts, mais qui avait appris leur langue rocailleuse pour mieux parler aux gens. Et il amenait avec lui des nouveautés propres à exciter la curiosité des enfants autant que des parents : des images aux scènes richement illustrées, des processions théatrales dont les plus fervents obtenaient de jouer les meilleurs rôles, et des cantiques, chansons construites sur des mélodies si populaires que tous les fredonnaient. Il emballa rapidement les foules, au point qu’on fut bientôt plus de mille à vouloir participer aux processions lors de ses visites, et comme c’était un homme juste et bon, il entra dans la mémoire des Anciens comme «an Tad Mad » : le bon père.

Pour elle, ce fut une révélation : alors que les Anciens n’usaient que de la parole la plus simple pour transmettre leurs savoirs, ces illustrations, ces processions, ces chansons frappaient tellement plus les sens ; et surtout, les visiteurs savaient les réponses aux questions insatiables des enfants les plus curieux ; ils leur parlaient du monde au-delà des forêts et des collines, de la Terre qui est ronde comme les astres du ciel, des territoires vierges au-delà de l’océan à l’Ouest, des quatre horizons ondoyant sous les blés dans les grandes plaines à l’Est, des montagnes si hautes que les nuages s’éventraient sur leurs neiges éternelles, ruisselant de cascades, sur les routes de Rome et de Saint-Jacques; et des constructions des hommes, cités magnifiques aux immenses cathédrales… voilà donc pourquoi les fils et les frères partis vers ces merveilles n’étaient pas revenus.

Mais surtout, les visiteurs portaient des livres, où ils savaient graver la parole qu’on leur confiait. Avec quel ravissement vit-elle son nom inscrit en belles lettres courbes comme les symboles dessinés par les constellations d’étoiles de ses rêveries nocturnes… tout juste fut-elle déçue de le voir si petit, tel de fines pattes de mouches qu’elle ne savait reproduire. Car ces lettres dansaient devant ses yeux sans signification, et brouillées par ses larmes de frustration devant ce savoir à jamais inaccessible : après ces jours de fête, elle reviendrait à ses tâches quotidiennes, condamnée à l’ignorance. Tout au plus, comme elle avait accouché peu de temps auparavant d’un magnifique garçon auquel on donna le rôle du divin enfant, son unique heure de gloire devait-elle rester sa prestation dans le rôle de Marie, dans la plus belle des processions menées par cette nouvelle ferveur.

Elle ne pouvait se résigner à la pérennité de ce destin injuste.

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Ainsi, dès lors, elle ne cessa d’encourager les siens vers un progrès dont elle imaginait les lumières et les bienfaits comme ceux du plus brillant des astres, référence naïve à ce lointain roi Soleil dont les fastes et les guerres nécessitaient toujours plus de taxes jusque dans ses collines et forêts reculées. Hélas, cet idéal l’engagea sur un long chemin douloureux, car dans son impatience elle négligea de bien mesurer les subtiles frontières entre le Bien et le Mal, le Juste et l’Erreur, malgré les avertissements de ceux qui savaient, Anciens et Nouveaux. Ainsi celui-là même de ses enfants qui faisait sa gloire et son plus grand espoir, ce fils magnifique et adoré, si brillant et plein d’énergie comme elle l’avait toujours été, passa trop vite, et fort vainement, au monde des morts. Pendu à un arbre à tout juste seize ans avant la moisson de 1675: les Bonnets Rouges avaient tenté la révolution un bon siècle trop tôt, en cette contrée de Bretagne, toujours ignorante de la culture et du savoir des savants… mais brutalement confrontée à l’histoire.

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Sa modeste histoire, elle, aurait dû s’arrêter là, comme tant d’autres. Mais elle puis ses filles continuèrent de vivre plus ardemment que leurs pairs, l’esprit sans cesse en éveil agité par des questions sans réponse, et animées avant tout par la volonté de bien faire, de mieux faire, pour elles et pour les leurs. Ainsi son histoire continue dans celles dont les traits rappellent les siens, et qui ont hérité ses rêves – rêves qu’à force de patience et de sagesse, leur temps enfin venu, elles ont réalisés, par-delà les collines et les forêts, et jusque dans les livres, puisque ce récit lui est dédié.

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L’écriture retrouvée

J’ai fait une découverte il y a deux semaines et c’est ce qui m’a conduit ici. Le long d’un cheminement commencé (ou repris?), il y a environ deux ans, sans doute; je ne sais plus très bien.

J’ai découvert que pour créer, il n’y a pas besoin de se nourrir de ses souffrances. Enfin pour ce qui est de la création à visée "artistique". Pour la création technique ou scientifique, je le savais déjà, c’est même là-dessus que j’ai détourné mon énergie depuis plus de 15 ans, mais pour créer des mots et des mondes (copyright Marino!), des images, des musiques, je croyais qu’il fallait avoir besoin de transcender ses douleurs, ses malheurs, sa colère… le problème, c’est que moi, sur ce registre-là, je n’ai plus grand-chose à exprimer (bienheureusement 😉 D’ailleurs les blogs, c’est un peu çà, quand on s’y balade, tant de déceptions amoureuses, de thérapies par l’écrit, de coups de gueule…

Bref, j’étais persuadée qu’avec ma petite vie terriblement sans histoires et terre-à-terre, je n’aurais rien à donner à part ce que font les gens sans histoires et terre-à-terre; typiquement, des enfants, un boulot, peut-être que le jour où je sortirai de mon tourbillon boulot-marmots-julot-auto-dodo à la Kate Reddy, je ferai un peu de bénévolat histoire de m’occuper, et pis voilà.

Mais non, voilà, cet été, il y a quelque-chose qui a changé dans ma tête. J’ai pris du recul sur mon travail, ce qui ne m’était pas arrivé avec une telle acuité depuis des années. J’ai ressenti un besoin de bouger, de faire autre chose, j’ai commencé à frémir, bouillir, et puis voilà, maintenant, çà déborde. Car j’ai fait la rencontre clé – non non pas le prince charmant, ce pôle-là, Dieu merci, est bien stable ces temps, faut pas ruer dans tous les brancards à la fois tout de même, encore une fois, je suis terriblement sans histoires – non, tout bêtement : un dépliant à la bibliothèque de mon village. Moins romantique, donc… mais tout aussi efficace sur mon ego de trentenaire blasée par sa petite vie tranquille (ben si, un simple dépliant! comme quoi, il faut être ouvert d’esprit.)

Ce dépliant me proposait de participer à un concours de nouvelles.

Le thème m’interpellait, mais ne m’inspirait pas.

Et voilà que mon cerveau, cet animal infatigable toujours prêt à s’emballer, a commencé à partir en boucle sur ce sujet. Vous savez, le genre de boucles qui fait dire que vous êtes dans la lune. Pilote automatique pour le quotidien sans histoires et terre-à-terre; mais les pensées qui s’entre-choquent, se construisent, se bousculent, se façonnent en arrière plan… Idée fixe… D’habitude c’est le boulot, ou parfois un ruminement intérieur sur un fait d’actualité qui me révolte, qui me met dans cet état.

Je suis allée au bout de l’exercice, de toute façon, faut que çà sorte, sinon ces pensées enfermées me réveillent la nuit…

Surprise: l’écriture est venue, toute seule, limpide, et j’ai ressenti une immense joie, celle de créer un univers, un personnage, une légende, avec des mots et des phrases assemblés comme des coups de pinceaux sur une toile… Prise au jeu, j’ai continué, fini l’exercice. Puis j’ai fait le vrai travail; reprendre les phrases, rééquilibrer les sons, chercher des métaphores, des associations de mots qui enrichissent le style. J’ai continué pendant 2 semaines, par petites touches, jusqu’au deadline, et soumis mon travail, d’abord à Mari Charmant puis, encouragée, au concours – étonnée de avoir mené ce projet à son aboutissement au beau milieu de mon tourbillon de vie de maman-manager (car en plus, c’était la rentrée). Surtout que j’ai toujours de la peine à terminer, je suis trop perfectionniste (d’où la nécessité de me fixer des délais pour que je livre quelque-chose!).

Mais voilà, ce-faisant, j’ai rouvert le robinet… çà fait 12 ans que j’écris principalement des textes techniques en anglais, plus quelques lettres et un journal en pointillé. Je ne savais même pas si j’étais encore capable d’écrire quelque-chose de lisible dans ma langue maternelle. J’en ai pourtant noirci des cahiers, des ébauches de romans sur des centaines de pages, à l’adolescence, de toutes mes souffrances d’alors, les souffrances des rêves que j’avais et qui ne se réalisaient pas, les souffrances du mal-être propre à cet âge, de ma difficulté à trouver ma place et à m’émanciper. Et puis brutalement, le jour où j’ai quitté la maison pour aller étudier, j’ai trouvé un petit copain, un univers étudiant moins difficile que le lycée car plus homogène et plus mûr, et le plaisir de découvrir le monde de mes propres ailes. Et du jour au lendemain, j’ai arrêté d’écrire. J’avais tout simplement trop à vivre pour cultiver ce loisir. Classique. "Poète à 20 ans, c’est banal… poète à 30 ans, c’est original". Je ne suis pas originale, donc à 30 ans, mes projets, c’était la construction de ma maison, une promotion au boulot et le lancement d’un petit 2ème…

Bref. Ce ne sont pas mes souffrances que je vais transcender avec ce plaisir d’écrire retrouvé, mais plutôt, un cheminement dont je veux mieux capturer les étapes. J’ai tout simplement trop d’énergie en moi ces temps et je ne sais plus qu’en faire. Je crains bien que ces pauvres papyrus ne finissent noyés sous des trombes d’eau comme leur prédecesseur dans ma vie réelle. Enfin, avec 20MB, j’ai encore un peu de marge!

ET à bouffer mes nuits comme çà, mon énergie, elle ne va pas durer… Bonne nuit.