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Drôle de matinée, pas drôle

Ce matin, j’ai été tirée de mon sommeil par la séquence archives de la RSR. J’étais encore trop au fond du puits pour me souvenir des mots, mais c’est le ton qui m’a lancé les alarmes internes: je n’ai pas compris tout de suite que c’était les archives… Entendre ainsi dans un demi-sommeil un discours grandiloquent se terminant par "Vive la France!" suivi des premières notes de la Marseillaise alors que je n’écoute plus France Inter depuis plusieurs années m’a complètement paniquée – une invasion de mes compatriotes aurait-elle eu lieu pendant la nuit, histoire de venir récupérer Johnny et ses impôts (et peut-être mon cerveau aussi, puisque c’en est un qui a fui)???

Meuh non! c’était Séquence Archives: le discours de De Gaulle à l’occasion des Accords d’Evian entérinant la fin de la guerre d’Algérie. Il y a seulement 45 ans… mais cette séquence audio semblait tellement anachronique! je me suis levée toute déprimée, comme si tous les malheurs de cette décolonisation douloureuse me rodaient soudain autour…

Histoire de continuer la matinée par un épisode désagréable, il se trouvait que j’avais rendez-vous chez l’hygiéniste dentaire. Cette profession n’existe pas en France et ce n’est que tout récemment que j’ai commencé à la fréquenter. L’hygiéniste pratique, idéalement 1 à 2 fois par an, un nettoyage en profondeur des dents et des collets, afin de prévenir et corriger les problèmes de tartre et gencives. C’est plus qu’un simple détartrage, utilisant ultra-sons et pinces en tous genres, mais aussi tout le nécessaire pour blanchir et polir les dents, enlever les tâches etc. Autrement dit, on joint l’utile (hygiène bucco-dentaire) à l’agréable (sourire tout blanc, propre et net).

Par contre c’est vraiment un sale moment à passer. Petite consolation, j’ai eu le plaisir de m’entendre dire que j’avais enfin fait des progrès dans ma technique de brossage et que les petits soucis alarmants de la dernière fois étaient quasi-résorbés. Il faut dire qu’elle m’avait terrorisée l’an passé au point que je n’ai pas eu d’autre choix que de devenir une inconditionnelle du fil dentaire quotidien sur les 11*2*2 côtés de mes intervalles interdentaires (ben oui je n’ai que 24 dents, raison de plus pour ne pas me permettre d’en négliger une seule!).

Tout cela avant de continuer ma journée de travail qui s’annonçait bien chargée. Je n’ai même pas pris le temps de descendre prendre mon café du matin et j’ai attaqué le monceau de tâches à fond. Pas le choix, même si cette semaine je ressens chaque jour plus le besoin de vacances; je suis un peu à plat, par moment nauséeuse, un peu la tête qui tourne… A 10h30, un collègue me tire de là presque de force, pour aller discuter 2-3 points autour d’un café.

Mauvaise idée! ce café m’a explosé le cerveau!

A peine revenue face à mon écran, il m’a explosé les yeux!

J’ai commencé une migraine ophtalmique…

Cela m’est arrivé une seule fois dans ma vie, en cours de révisions d’examens pour ma première année universitaire, une période où je m’étais complètement surmenée, révisant tous les soirs jusqu’à minuit pour ingurgiter toutes les nouvelles notions d’algèbre, chimie organique et autres joyeusetés bien théoriques. A l’époque, j’avais perdu la moitié de mon champ visuel pendant près d’une heure.

Cette fois, c’était plus curieux, mais aussi plus typique (terme technique: scotome scintillant): un croissant kaléidoscopique, crénelé, géométrique en noir et blanc complètement saturé, dans le centre exact de mon champ visuel qui me sert à lire, a peu à peu grandi, comme une onde qui se propage après la chute d’un caillou dans un plan d’eau, se déplaçant vers les bords de mon champ visuel, jusqu’à en disparaître après une trentaine de minutes.

Episode non douloureux et peu paniquant, puisque je connaissais le phénomène, et qu’il n’est par chance pas suivi d’une douloureuse migraine chez moi. Mais j’étais quand même à côté de mes pompes, nauséeuse et vidée, tremblant un peu, avec une sorte de très légère sensation de pression sans douleur dans le crâne après la crise.

Conclusion, régime sans café jusqu’aux vacances en tout cas (j’en consomme 1 à 2 par jour, je peux m’en passer), et du sommeil et du repos ce week-end, tant pis pour le travail laissé en plan, le client vient de repousser de 2 semaines la décision sur la grosse avant-vente qui m’occupe de toute façon, donc, respirons un peu.

Je suis en train de me remettre dans mon surmenage de 2004, cela ne va pas; et cette fichue nouvelle organisation qui ne se met toujours pas en place continue de me bouffer de l’énergie nerveuse…

J’ai même hésité à passer ici ce soir, mais bon, j’avais envie de parler de tous ces sujets, un peu aussi pour m’en débarrasser avant d’aller rêver cette nuit, pour mieux profiter de la belle journée qui s’annonce demain et peut-être du retour de la neige ensuite. Faire comme Benoît, une balade au bord du lac, toujours un peu magique, et méditer sur les émotions avec l’aide des notes de Vero que je n’ai pas encore bien assimilées… la vie est belle, même quand elle est trop pleine.