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Le silence

Le blog de Vero a disparu. Effacé.

Le blog de Benoît est muet. Congé sabbatique. Pas de nouvelles – j’espère que ça va.

Après avoir déjà perdu Marino, Manue, LadyR… je me sens un peu vide.

C’est bizarre de me dire que j’ai l’impression que plein de voisins sympas ont déménagé, alors que je ne les ai jamais rencontrés.

Il faut que je me secoue et que je revienne poster ici, que je retourne lire et commenter ceux qui ne sont pas partis, et aussi que j’aille me balader chez Carole qui a listé plein de blogs à explorer. Après tout, il y a de nouveaux voisins dont je devrais faire la connaissance dans ce quartier!

En même temps, je me dis que ce blog m’a aidée à passer une étape, un recentrage sur mes aspirations profondes, et ces gens que j’ai croisés au bon moment m’ont tous apporté une petite étincelle qui a éclairé mon chemin quand j’en avais besoin.

Je n’ai pas trouvé beaucoup de réponses à toutes ces questions qui m’habitent. Mais je suis beaucoup plus sereine.

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Mamie s’envole derrière son âme

Tant d’années prisonnière de cette réalité où elle devait donc avoir une mission à achever, pour n’avoir pu s’envoler plus tôt…

6 ans, 7 ans? j’en ai même perdu le compte.

Monastere Maman me disait cet été que non, ce n’était pas Alzheimer en fait, mais un accident cérébral, qui l’avait enfermée dans cet étrange territoire entre le monde du réel et le monde de l’esprit pour le temps qui lui restait à accomplir parmi nous.

Il restait ses yeux – je me souviendrai toujours de ses yeux, comme des oiseaux en cage; mais que voulait-elle donc me dire?

J’ai beaucoup pensé à elle depuis l’été 2006, et ces souvenirs qu’elle avait plantés, j’ai enfin osé les laisser germer. Ils m’ont conduite ici avec un pseudo et quelques papyrus qui m’ont permis de rendre hommage à la femme magnifique dont je souhaite profondément honorer et transmettre le souvenir.

J’ai passé beaucoup de ces derniers mois à tourner et retourner mon papyrus des trois soeurs dans ma tête. Puis à l’écrire par petits bouts, ici. Dresser le portrait d’Anne, en particulier. J’avais l’impression que si je le figeais, j’allais déclencher son envol. Puis la même angoisse en progressant vers l’épilogue.

Je n’ai rien posté depuis deux semaines. Cela ne m’était plus arrivé depuis longtemps, hors vacances. Je revenais toujours à cet épilogue, il m’obsédait, mais je ne pouvais pas l’écrire, pas maintenant, c’était trop tôt.

Je suppose qu’il va venir tout seul maintenant.

On verra.

Enfin, entre elle et moi, il reste Maman. Tant de chemin à parcourir ensemble encore, dans nos cycles de vie parallèles. Cette étrange sérénité dans sa voix ce soir, toutes les émotions par lesquelles elle est passée depuis 3 jours, racontées avec une sagesse que je ne peux qu’admirer. Une immense foi, la conviction que toute chose et tout événement est sa place, la plus juste et la plus belle.Voie

Et pour moi cette étrange impression que tout se précipite, que tout me précipite dans un nouveau cycle de ma vie justement. Une seule certitude: je me sens terriblement bousculée ces temps…

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Ma belle-mère (suite)

Depuis 15 ans que je la connais, je ne l’ai pas vue tellement évoluer, si ce n’est vers des principes de plus en plus rigides et une communication de plus en plus difficile. Elle est pour moi l’exemple à ne pas suivre par excellence. Quand je l’ai connue, elle avait déjà épuisé tout le monde, ses parents, ses soeurs, son mari, ses fils, ses chefs. Elle avait perdu son mariage et son travail. Mais c’est une femme de principes, et ses principes, elle les avait suivis jusqu’au bout.

Ainsi, elle est passée des quelques principes de diététique que toute maman rêve en secret d’appliquer aux repas familiaux à une approche totalement rigide et réglementée de quantités de vitamines et nutriments à ingurgiter, jusqu’à aujourd’hui refuser de manger autrement que selon ses habitudes très strictes consistant à éviter tout aliment susceptible de lui nuire, soit parce qu’il est pollué, soit parce qu’il est indigeste, etc. Impossible de l’amener au restaurant, donc.

En fait, elle voit le mal partout dans la nourriture.

Par ailleurs, elle est passée de la couche superficielle de catholicisme que tout français de bonne famille recevait au milieu du 20ème siècle à une approche totalement rigide et réglementée des principes fondateurs du christianisme tels qu’ils sont décrits littéralement dans les deux Testaments, jusqu’à aujourd’hui refuser d’entrer dans une église (par exemple à notre mariage) car selon les Témoins de Jéhovah (qu’elle a rejoint dans les années 80) ces églises sont assimilées aux temples tant décriés dans le Nouveau Testament. Elle ne fête pas non plus Noël, ni les anniversaires. Etc.

En fait, elle voit le mal partout dans la Bible.

Bien sûr, les Témoins de Jéhovah sont connus pour être une secte, plus ou moins modérée (au moins, à ma connaissance, ils ne l’ont pas ruinée, et visiblement ils ne la poursuivent pas quand elle s’échappe 15 jours à l’étranger sans moyen de transport ni téléphone autres que les nôtres). Mais quand j’observe le parallélisme de ses approches de la nourriture et de la religion, je me dis que le sectarisme vient d’elle avant tout!

En fait, elle voit le mal PARTOUT. Elle ne voit que le mauvais côté des choses, et des gens, ses parents, ses soeurs, son ex, ses fils, ses petites-filles, même ses thérapeutes en médecine douce, ils ont tous un défaut, tout le monde y passe, et en général, ils le savent, car elle se plaint, gentiment, sans colère, mais elle se plaint, elle est toujours victime de quelque-chose ou de quelqu’un.

4hommes1Alors elle a finalement passé sa vie à se construire de plus en plus de principes (dans sa tête) pour échapper à ce mal omniprésent (dans sa tête). Ou du moins, la seconde moitié de sa vie, sans doute après cette crise existentielle dite du "milieu de vie" qui frappe plus ou moins fort les adultes généralement autour de la quarantaine. Ce qu’elle a construit avant, et notamment mon Mari Charmant et son frangin, mais aussi les projets techniques auxquels elle a contribué au début de sa vie professionnelle, est à mon avis suffisamment réussi pour ne pas conclure qu’elle a complètement gâché sa vie.

J’ai donc vraiment de la peine pour elle, mais que faire? aurait-elle encore la force de casser cette spirale infernale du dogmatisme, de s’ouvrir à nouveau à l’amour, à la tolérance, à l’ouverture d’esprit, à l’autre et aux grandes et petites joies de la vie pour les années qui lui restent?

* Image de l’exposition "Law & Order" de M. Uwe Tabatt

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Ma belle-mère et moi

De tous les gens qui m’entourent, elle est la plus malheureuse.

Mais aussi, de tous les gens qui m’entourent, elle est la plus fatigante.

Elle est de passage ces temps-ci; mais nous ne la logeons pas chez nous, car le partage de la cuisine avec une maniaque du bio-dynamique-diététique poussé à l’extrême dépasse de loin la capacité de tolérance de Mari Charmant même (ou surtout?) s’il s’agit de sa chère maman. Il faut bien comprendre que ces principes impliquent typiquement 4 à 6h par jour pour la préparation et l’absorption des repas, à force de précautions en tous genre dans la manutention, la manipulation et la conservation des précieux nutriments, par exemple cuisson lente forcée à basse température.

Le plus bizarre dans toute cette histoire, c’est qu’elle n’interagit quasiment qu’avec moi. Je l’avais invitée à venir en Suisse l’an passé car j’avais mauvaise conscience de ne plus trouver le courage de traîner Mari Charmant et les filles chez elle à l’occasion de nos visites multi-familiales sur Paris. Ces visites sont des marathons que j’évite désormais, préférant recevoir moi-même dans mon petit coin à touristes, et nous n’arrivions plus de toute façon, les enfants grandissant, à entasser tout le monde pour une nuitée dans son 3 pièces 1/2.

Mais j’avais été très surprise de découvrir à son premier séjour qu’elle ne s’intéressait qu’à moi, sa belle-fille??? Certes, Mari Charmant la fuit depuis son adolescence et je vois mal comment il changerait d’attitude si elle ne change pas la sienne en premier lieu. Mais les enfants aussi ont vite compris qu’elles n’avaient pas là une nouvelle compagne de jeux, et encore moins une Mamie Gâteaux ("du sucre blanc? mais c’est du poison à petit feu mes pauvres petites!"). Pour elles, c’est la grand-maman #3 et probablement un grand mystère. Sans intérêt…

Donc, il lui reste Kerleane. C’est plus fort que moi, quand les gens sont insupportables, j’essaie quand même de les supporter. Du moins pendant un certain temps, après quoi je finis par fuir comme tout le monde, mais bon, ce temps-là c’est déjà cela de pris pour ces pauvres gens. Parce qu’avant de la voir insupportable, moi je la vois malheureuse. Et moi cela me fait de la peine, ne serait-ce qu’égoïstement parce que c’est la grand-mère biologique de mes filles – je n’aime pas l’idée qu’elles traînent un boulet pareil dans leur histoire familiale.

Alors je prends sur moi, et je l’écoute, et je l’observe. En fait, c’est un sujet d’observation absolument fascinant. C’est une personne à haut potentiel (si ce terme peut encore s’appliquer au 3ème âge?), mais complètement handicapée dans ses relations avec autrui. Cela se traduit maintenant par l’apparition d’une surdité extrêmement handicapante. Mais les examens médicaux n’ont rien donné, et pour cause, j’ai pu la tester moi-même: elle entend des cris d’oiseaux dans la montagne et peut écouter du Bach sur ma chaîne hifi, mais elle n’entend plus la voix humaine dès que ce qu’on lui dit ne l’intéresse pas. Ou qu’elle ne veut pas l’entendre. C’est fascinant: on dirait que son cerveau (son mental, diraient certains) la manipule en bloquant, filtrant les entrées de façon très sélective. Par exemple, moi, elle m’entend très bien. Même au téléphone. Mais à condition que je fasse un effort de communication vers elle, que je sois bien disposée, que je me concentre sur ce qu’elle a envie d’entendre.

(à suivre)

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Prophétie des Andes – Dynamiques inter-personnelles

J’en étais donc à la 5ème révélation quand je suis partie quelques jours en séminaire d’entreprise, avec le livre de James Redfield dans ma valise et l’intuition qu’il allait me servir.

Je ne sais plus très bien comment cela s’était décidé, mais mon chef m’avait demandé d’organiser une session de brainstorm pour clore le séminaire. Or ma précédente expérience l’année précédente n’avait rien donné, car nous avions eu plus de personnes que prévues à la dernière minute, et ce qui devait être un échange ouvert et équilibré avait tourné à la classique dynamique d’un grand groupe, avec ceux qui ne disent jamais rien, ceux qui font étalage de leur science, ceux qui critiquent systématiquement, et ceux qui parlent plus fort que tout le monde.

Il n’en était évidemment rien sorti.

Mais cette fois, j’avais décidé de mettre en oeuvre un outil appris à ma formation d’avril. Tiens, c’était là où justement le livre de James Redfield s’était imposé à ma lecture suite à un jeu de circonstances inattendu.

Donc ce livre avait sa place dans ma valise, tout comme le guide d’utilisation de mon petit outil.

Je suis une ancienne timide. Je dis "ancienne" car je ne rougis plus autant qu’il y a quelques années. Mais timide quand même, donc, animer une séance de brainstorm rassemblant deux bonnes dizaines d’ingénieurs de 3 continents, ce n’est pas franchement facile pour moi. Hors de question d’improviser: j’ai donc soigneusement préparé ma séance dans ma chambre en faisant des aller-retours entre, d’une part, une préparation mentale et graphique à la présentation de l’outil au groupe, et d’autre part, la lecture de quelques pages de "La prophétie des andes", le dépaysement de ces dernières me servant d’anti-stress.

C’est donc là que j’ai lu la 6ème révélation, qui insiste sur l’importance des schémas hérités de l’enfance, notamment dans le domaine des interactions avec autrui avec la définition de 4 types principaux (interrogateur, intimidateur, victime et distant) et des relations qui en résultent.

C’est vraiment à ce moment-là que j’ai vraiment commencé à aimer ce livre, parce que je me suis assimilée au héros – son type d’interaction "distant" me paraissait terriblement familier.

Alors je suis allée faire brainstormer mes collègues dans un état d’esprit très positif, laissant de côté mon envie de fuir au moindre doute pour essayer au contraire de leur faire passer cet état d’esprit, cette énergie que j’avais puisée ici et là.

Pour une première fois, je crois que je m’en suis sortie sans trop de maladresse. J’ai cassé la dynamique de groupe grâce à l’outil, qui est imparable sur ce point, et j’ai réussi à faire participer tout le monde, même les râleurs. En fait, cela a même éclairé sous un autre jour les personnalités de plusieurs de mes collègues à mes yeux. Et cette fois, il en est sorti du concret!

L’avenir me dira si j’arrive à répéter l’expérience.

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Adulte ou maturescent?

Horizonforet"Le long chemin pour devenir adulte" dans le dernier Psychologies Magazine m’a interpellée. Dans cet entretien avec les philosophes P.H. Tavaillot et E. Deschavanne, il est proposé de demander autour de vous "quand êtes-vous devenu adulte?" pour s’étonner de la diversité des réponses. En effet, ce passage n’est plus clairement identifié dans notre société en mutation, les anciens rites étant en perte de vitesse (service militaire, mariage…) et l’âge adulte étant désacralisé (l’adulte est celui qui n’a pas le temps, celui qui est enfermé dans ses obligations professionnelles et familiales, etc: être jeune ou retraité, c’est vachement plus cool!).

Du coup, chacun se forge sa propre idée, très individuelle, de ce qui qualifie son passage à l’âge adulte. Je suppose qu’on projette donc désormais dans sa réponse à la question "quand êtes-vous devenu adulte?" ses propres idéaux, ses valeurs les plus profondes, plutôt que le modèle caricatural du mari-père-soldat-citoyen (!) que notre société a en parti effacé.

En lisant l’article, je me suis rendu compte que je ne m’étais jamais posé cette question moi-même!

Et la réponse n’est pas simple.

Je serais quand même tentée, dans un premier élan, de répondre que je suis passée dans "l’ère adulte" l’année de mes 20 ans pour tout un tas de raisons.

Scientifiquement, j’ai arrêté ma croissance osseuse dans ma 20ème année en culminant à 1638mm de hauteur (dont j’ai déjà perdu une bonne poignée depuis!). J’aimerais bien pouvoir dire que j’ai atteint mon poids adulte aussi, mais cela voudrait dire que j’en ai 10% en excès aujourd’hui, donc, passons sur ce point, je devais sûrement être trop maigre 😉

Sociologiquement, l’été de mes 20 ans, j’ai touché mon premier salaire, intégralement dépensé dans mon premier gros achat (une chaîne hifi avec lecteur CD! que j’ai toujours aujourd’hui, mais en annexe), et j’ai spécialisé ma branche d’études techniques (sur laquelle je vis toujours aujourd’hui).

Enfin, psychologiquement, cette année-là j’ai commencé à vivre avec mon premier copain sérieux (avec lequel je vis toujours aujourd’hui, ben oui je suis du genre casanière lol), et j’ai clarifié mes croyances, valeurs, idéaux de vie, et systèmes de pensées (sur lesquels, encore une fois, je vis toujours aujourd’hui!).

Malgré tout, cette simplicité de réponse et la stabilité qu’elle indique est certainement trompeuse. La notion de "maturescence" décrite dans l’article comme une évolution permanente de l’être adulte vers l’idéal adulte est tout-à-fait pertinente pour moi. L’idéal adulte, c’est la combinaison de 3 facteurs: l’expérience, la responsabilité, l’authencité. Et cela, à 20 ans, je commençais à peine à y tremper les orteils! j’ai bien passé les 15 dernières années à faire des vocalises en terme d’expérience et de responsabilités (professionnelles, familiales) et je ne suis pas sûre encore de savoir vraiment chanter encore, mais disons que je vocalise sans trop de peine désormais, et c’est donc surtout sur l’authenticité (rapport à soi) que je travaille à présent.

D’une certaine manière, cet article m’aide à répondre à la question que je posais ici voilà quelques mois: c’est quoi devenir sage? eh bien, pour commencer, maturons, maturons…

Au fait, et vous? vous sentez-vous adultes?

Depuis quand, et pourquoi?

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2004 – Thalasso – Rencontres

Thalassoi J’utilisais ce temps de thalas-solo avant tout pour faire le point sur moi-même, mais je n’étais pas en retraite dans une cellule d’ermite, et avec le recul, un des intérêts de cette semaine était aussi de me plonger dans un milieu complètement inconnu, certes protégé, mais différent du monde dans lequel j’évolue d’habitude.

La clientèle était principalement constituée de couples âgés et beaucoup de femmes, les plus jeunes venues ici avec un bébé accaparant leur attention hors des soins, ou venues de délester de soucis qui curieusement, semblèrent très vite les rapprocher. Nous avions en effet, le lundi soir, une soirée d’accueil où les curistes pouvaient faire connaissance entre eux, et des petits duos de bavardage se formèrent ainsi entre les pensionnaires, quasiment pour toute la semaine.

Pour ma part, je fis la connaissance d’une femme d’une soixantaine d’années avec qui je passai le reste des soupers de la semaine à bavarder de nos vies respectives, ce qui était bien altruiste de sa part, car j’avais l’âge de ses filles et je devais lui paraître bien ennuyeuse! sa vie à elle avait été à la fois riche en réalisations (développement d’un cépage de Bourgogne avec son mari champennois, partis de zéro; et avec 4 enfants comme cerises sur le gâteau), riche en rencontres et, me semble-t-il, riche aussi en bonheurs, même si son veuvage brutal encore assez récent lui avait manifestement pesé.

J’ai un peu bavardé aussi, en fin de semaine, avec une autre jeune femme, à peine plus âgée que moi, qui semblait très nerveuse. En effet: elle était en instance de divorce, alors qu’elle était co-gérante d’une épicerie avec son futur ex-mari, situation évidemment difficile à vivre.

Et enfin avec un couple d’immigrés espagnols très âgés, un vieux monsieur un peu fatigué et une petite dame encore très vive, pleins de dignité et de bonté, le genre de couple que j’aimerais avoir encore dans 40 ans. Ils m’ont parlé de leurs enfants qui ne voulaient plus parler espagnol (une grande souffrance pour eux), de leur petite-fille qui faisait des études universitaires et qui ne voulait pas se marier ni avoir d’enfants (une autre souffrance pour eux), et ils m’interrogeaient comme s’ils voulaient comprendre si moi aussi j’étais à des années lumières de leurs valeurs. En effet, bizarrement, eux aussi me prenaient pour une étudiante, à croire que l’eau de mer m’avait rajeunie de 10 ans… alors je leur ai dit que mes parents aussi avaient rejeté le breton pour mieux asseoir leur réussite sociale, et que j’avais en effet fait des études supérieures, mais aussi deux enfants, et que leur petite-fille aurait bien le temps de changer d’avis en avançant dans sa vie de femme.

Je ne saurai jamais si cela les a un poil consolés. Ils étaient malgré tout lumineux, et le restent dans mon souvenir, c’est pourquoi je souhaitais leur consacrer ces quelques lignes, ainsi qu’à mon amie de tablée. Quand à la jeune femme en souffrance, j’espère que ce n’était qu’une étape vers du renouveau; c’est elle qui m’a expliqué le bien que fait une cure, et surtout comment les effets s’étalent dans le temps, et à quel intervalle, idéalement, le renouveler. Conseils que j’ai suivis d’ailleurs.

Je dois être quand même un peu bizarre: depuis toute petite, j’ai souvent préféré discuter avec des gens plus âgés qu’avec mes pairs. Enfant, j’adorais participer aux tablées d’adultes, et en classe, je me sentais souvent plus proche du prof que des autres gamins (mauvaise idée – j’en ai d’ailleurs bavé…). Cela m’a frappé à nouveau lors de ces rencontres. J’ai surtout réalisé que je recherchais avant tout chez les gens plus âgés soient des gens heureux (modèles à suivre, et source de joie de vivre) ou des gens savants (nécessaires à ma soif d’apprendre, et qui me font avancer à mon tour). Idéalement, ils peuvent aussi combiner les deux… ceux-là, je les appelle "les sages"…

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Yoga & Mandalas – Etrange épilogue

Migraine Après ce dernier mandala, nous sommes revenus au yoga, et c’est là que mes ennuis ont commencé.

J’avais toujours un peu mal à la tête. Rien de méchant, un peu comme ces jours d’été où la chaleur écrase le crâne, incitant à aller se terrer à l’ombre avec des rafraichissements. A priori, je ne voyais guère de contre-indication au yoga, au contraire, puisqu’il s’agit d’un sport à visée thérapeutique plus que compétitive. J’ai donc décidé de continuer les exercices.

Etant donné que nous avions pris du retard sur l’horaire, la prof nous a prévenues qu’elle adaptait son programme, et elle nous proposait de passer directement à un exercice très puissant, mais demandant une grande réceptivité. Cet exercice se pratique de préférence le soir, car il est très énergisant et il est essentiel de prendre un temps de relaxation et de repos après sa pratique, temps que nous aurions encore le temps de prendre avant de finir la journée. Elle nous a donc demandé si on se sentait prêts à le faire.

Cela m’a intriguée, forcément, et comme en plus je ne me sentais pas au mieux de ma forme, j’ai naïvement demandé ce qui se passait si on pratiquait mal cet exercice? question inattendue, peut-être, en tout cas, la réponse n’était pas claire. J’ai vaguement compris que cet exercice chamboule les énergies et on peut être à côté de ses pompes toute la journée si on le pratique assidument dès le réveil.

L’exercice consiste en gros à lever les bras pour se remplir d’énergie, puis à se coucher à plat ventre en remerciant, sept fois, chacun à son rythme, les yeux fermés. J’ai commencé l’exercice et environ au milieu, il m’est arrivé un désagréable incident: j’avais reculé sans m’en rendre compte, et en me relevant, je me suis cognée dans la table des mandalas qu’on avait rangée derrière moi. Mon mouvement était doux et je n’ai pas eu mal, mais j’ai ouvert les yeux et vu que j’avais dérangé le groupe, en particulier les animatrices, et je me suis sentie terriblement maladroite.

En parallèle, l’exercice avait non seulement décuplé mon mal de crâne, mais en plus je commençais à être vaguement nauséeuse.

La relaxation en silence qui a suivi n’a rien changé, peut-être parce qu’elle se pratiquait à plat ventre alors que j’aurais plutôt dû me reposer sur le dos.

Les exercices de yoga qui ont suivi n’ont rien arrangé non plus, au contraire. J’ai rapidement dû m’arrêter, car la moindre position basculée en avant augmentait ma migraine au point que je commençais à craindre de devoir aller vomir.

Dans ces conditions, arriver à la fin de la journée était un vrai soulagement. Même si je me sentais terriblement déçue d’avoir ainsi gâché la dernière heure, je restais ravie des expériences précédentes. Nous avons fini par un "debriefing", d’abord en regardant tous les mandalas réalisés par le groupe, puis, comme nous avions commencé le matin par nous présenter avec nos attentes, figurées par le choix d’un caillou déposé dans un grand bol plat rempli de sable, nous devions à présent expliquer pourquoi nous avions choisi ce caillou (dans quel état nous étions en arrivant), et comment nous avions vécu ces découvertes (dans quel état nous étions à présent).

Ce tour de table était vraiment intéressant car chaque expérience était à la fois constructive et très personnelle. Il y avait un caillou choisi avec une aspérité pour symboliser une colère, il y avait des aigreurs d’estomac, du stress, du mal-être à l’arrivée qui s’étaient envolés. Il y avait aussi deux personnes qui avaient trouvé perturbant les mandalas, pour des raisons opposées: la première parce qu’elle s’était sentie bloquée par la structure du dessin construit, alors qu’elle est d’habitude décrite comme quelqu’un de très structuré justement, la seconde parce qu’elle avait l’impression d’être infantilisée par le retour à un exercice aussi simpliste, presque naïf (amusant de noter que c’était, de loin, la plus jeune du groupe!). Et enfin il y avait moi, qui étais arrivée en pleine forme et super motivée, et repartais avec une terrible migraine (mais néanmoins ravie).

Je suis partie, et en quittant la pièce, j’ai réalisé combien j’étais "à côté de mes pompes" et au bord des vomissements, même si le mal de tête s’était atténué. Il fallait quand même que je fasse en voiture les 15km me séparant de chez moi, mais je n’ai pas osé prendre l’autoroute, je suis d’abord sortie de la ville pour aller vomir dans la campagne (vieux réflexe datant de mes grossesses…). En arrivant chez moi, j’étais désolée de me présenter dans un tel état… heureusement tout le monde allait bien, et je suis montée me coucher après une dernière étape la tête dans la cuvette, en me demandant si j’avais attrapé une gastro.

Mais non: au bout d’une heure au calme à écouter ma petite famille préparer le souper joyeusement sans moi, je me suis senti beaucoup mieux et je suis descendue les rejoindre, même si je n’ai pas osé manger grand-chose, et j’ai pu vaquer à mes occupations habituelles dans la soirée. J’ai montré mes mandalas à tout le monde pour la plus grande surprise de tous – tiens, Maman dessine?

Et c’est Mari Charmant qui a eu le mot de la fin en rigolant de mon air piteux pendant qu’il se régalait de ma part: "dis donc, ce ne serait pas ton yoga machin chose qui t’aurait mise dans cet état-là?".

Voilà donc qui m’apprendra à mal bousculer mes énergies (c’est aussi moi qui ai fait de l’urticaire en thalasso, après tout!)… je n’ai jamais fait de migraines de ce type, en tout cas, pas de cette violence et qui plus est, qui viennent et repartent aussi vite sans médication. C’est un peu curieux, mais en quittant l’assemblée dans ce sale état, j’avais comme l’impression d’avoir pompé les problèmes dont les autres s’étaient sentis soulagées. D’où le besoin de vomir. Quelle drôle d’idée.

J’ai attendu toute une semaine pour oser refaire un mandala au calme, ce que j’ai fait dimanche, et c’était parfait. Cela m’a pris une heure, l’heure d’une sieste, mais ma journée m’a semblée dix fois plus remplie ensuite. Et je n’ai pas eu mal à la tête…

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Mandala couronne

Comme je l’ai expliqué dans les notes précédentes, l’expérience du mandala m’a absolument fascinée. J’ai eu l’impression que je me libérais d’un vieux blocage, mon incapacité d’expression graphique, en place depuis mon enfance. Le yoga m’a paru plus familier, car il s’agissait d’une introduction pour débutants qui me rappelait mon cours régulier de stretching. La séance de la matinée a tout de même eu pour effet d’augmenter mon métabolisme, et j’étais donc franchement affamée avec un début de mal de crâne (de mon cerveau glouton!) quand nous avons pris, tardivement, la pause pique-nique au bord du lac.

A notre retour, nous sommes passés sur le thème de l’après-midi, qui, après l’ancrage et le travail d’enracinement du matin, passait sur la prise de conscience de la couronne avec un travail sur un mandala structuré, cette fois, et pour finir une série d’exercices de yoga associés.

Contrairement au mandala d’intuition que nous avions pratiqué le matin, le mandala structuré est tout d’abord construit selon des régles géométriques précises. Je serais d’ailleurs tentée d’utiliser des outils pour le rendre plus rigoureux, mais nous devions le faire à main levée, car l’effort de concentration que cela demande fait partie du processus de concentration, de recentrage qui est essentiel à la portée de l’exercice.

Une fois construit la structure de 2 ou 3 séries de lignes, carrés, losanges et cercles inscrits les uns dans les autres successivement de l’extérieur vers le centre (d’où le recentrage, forcément équilibré dans cet exercice, qui doit se pratiquer sans tourner le papier), nous avions la liberté du remplissage: gommer, remplir, avec des formes ou des couleurs de notre choix, mais pas la liberté du thème: nous devions représenter notre couronne.

Mise en confiance par l’exercice du matin et les règles géométriques parfaitement structurantes, j’ai très vite construit la structure et eu envie d’y mettre 4 couleurs vives et complémentaires, violet et jaune, bleu et vert, dans des formes fortes et simples à l’extérieur, gommant le cercle original d’enveloppe (la protection) pour mieux représenter la couronne. Et j’ai complété l’intérieur en figuratif, en le chargeant un peu trop sur la fin car il me restait du temps – un peu dommage, avec le recul, mais j’étais quand même contente du résultat.

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L’heure du rêve

MontagneJe rêve peu, notamment en semaine, sans doute parce qu’il me faudrait dormir un cycle de plus pour bien rêver… je me réveille parfois autour de minuit avec l’impression d’avoir un rêve à saisir alors que je viens à peine, me semble-t-il, de m’endormir, mais le rêve a disparu. Il reste les pensées: dans ce demi-sommeil, elles sont agitées, essentielles et étranges, comme si toutes les pensées parasites de la journée avaient disparu pour laisser émerger, dans tout leur éclat, seulement les idées les plus essentielles, les concepts les plus significatifs, et aussi, entre les faits d’hier et les questions de demain, les trajectoires de possibles connexions inattendues qui m’apparaissent soudain comme des évidences, au coeur de la nuit, alors que de jour, je n’en verrai plus que l’étrangeté.

Je respecte toutefois cet emballement de mon cerveau la nuit, car il est très fructueux: il enrichit ma créativité, mon intuition, ma perception des autres. Je suppose que c’est aussi par ces mécanismes que j’apprends, car beaucoup de ces pensées sont nourries des efforts intellectuels de mon travail ou de mes lectures. Simplement, si je me réveille à demi-consciente au milieu de la nuit, je ne suis pas vraiment dans la réalité, et j’ai une étrange intimité avec ces pensées, comme si les concepts et moi ne faisions plus qu’un…

L’expérience la plus étrange que j’ai faite dans ce domaine date de l’époque du bac. Après une révision trop intense du programme de maths, j’ai rêvé que j’étais une exponentielle (un objet mathématique représentant le fait de grandir sans cesse de façon toujours plus accélérée). Je suis incapable de me souvenir de ce que la perception de ce rêve mais c’est le meilleur exemple que j’ai trouvé à raconter de la folie qui m’habite parfois dans ce monde du sommeil!

J’ai eu le droit à une jolie petite évasion onirique il y a 8 jours (comme promis à Carole la voici enfin!).

J’ai rêvé de la maison de mes voisins. C’est un chalet immense et tarabiscoté dans la réalité, et dans mon rêve, j’ai soudain réalisé que c’était en fait une cathédrale, avec de hauts murs épais comme un château du Moyen-Age, et au Sud, une aile en forme de chapelle, comprenant le laboratoire (mes voisins ont en effet une pièce de ce nom au sous-sol, héritage du propriétaire précédent qui était un étrange Professeur Tournesol à la retraite) au-dessus de laquelle on trouvait les chambres des enfants.

Comme nos enfants s’entendent bien justement, j’ai eu dans ce rêve l’occasion de monter dans une de ces chambres au Sud, dans le toit de la chapelle, et de regarder par la fenêtre ouverte au Sud.

C’était une fenêtre en ogive comme on en trouve dans les églises, et elle révélait, entre les grands arbres, un paysage de toute beauté: au fond, de majestueux sommets parés de neiges éternelles, et allant vers eux, tout en douces sinuosités, un chemin tranquille, dans la verdure des pâturages ensoleillés.

J’étais frappée par la beauté et la sérénité de ce tableau, mais aussi, intriguée… au Sud de la maison de mes voisins, derrière les grands arbres qui leur font de l’ombre, il y a certes un paysage tranquille et ensoleillé, mais beaucoup plus quelconque, et surtout, il y a… ma maison.

Remplacée par ce tableau magnifique.

Etrange perspective…

Au réveil, il m’est resté la logique des connexions: je m’étais couchée l’esprit un peu agité me demandant ce que j’allais chercher et trouver à l’initiation au mandala & yoga quelques-jours plus tard. Or ma future voisine (dont le terrain s’intercale entre le mien et celui de mes voisins actuels, donc aussi dans ce paysage) est également prof de yoga, d’où l’association yoga->voisins. Et le paysage comme un tableau parfaitement encadré dans la géométrie régulière de l’ogive renvoyait certainement mon esprit à la symbolique du mandala, comme les rosaces de vitrail…

Restait la beauté du paysage, image que j’ai stockée précieusement dans ma collection de beaux rêves… je ne sais pas la dessiner avec la perfection qu’elle a dans mon esprit, mais j’en ai repris quelques thèmes dans le premier mandala que j’ai dessiné.

Et tout cela est très lumineux, doux, ressourçant pour moi… je vous en souhaite autant.