Imaginer, et après?

Je me découvre un peu plus chaque semaine.

Cette semaine, j'étais au top intellectuellement. C'est comme si j'avais tout à coup retrouvé ma capacité d'apprentissage maximum. J'ai lu des centaines de pages de documents techniques avec enfin l'impression d'en capter l'essence, presque intuitivement, et surtout de les connecter dans une vision d'ensemble… en voyant les trous, les liens manquants, c'est là que je peux guider les experts ou explorer moi-même.

Mais cela m'a aussi renvoyé à mes limitations. D'abord comment communiquer ces connaissances. Il faut littéralement que je me mette sur la même longueur d'onde que mon interlocuteur, et pour cela il faut que nous soyons tous les deux portés par une émotion positive, sinon le message ne passe pas. D'ailleurs, je n'ai plus de plaisir à écrire de gros rapports techniques dont la lecture ennuiera tout le monde. Mais les émotions positives partagées, ce n'est pas la règle! enfin, je fais de mon mieux… tout en ayant appris que je ne dois pas ignorer mes propres émotions négatives, sans pour autant m'en débarrasser en les jetant à la figure des autres… je dois juste les canaliser ailleurs.

Et puis reste la réalisation de toutes ces idées. Blocage total!

D'abord, je n'ai plus d'équipe, c'est terrible comme on avance lentement quand on est seul. Je ne tiendrai pas comme cela 10 ans, je crois… cela me manque trop. Je commençais juste à développer cette capacité d'accompagnement de l'autre dans son développement… maintenant je rêve d'accompagnement inconditionnel, qui ne soit pas entravé par l'artifice de la hiérarchie. Car quand on donne, en matière de relations humaines, on reçoit au moins autant, donc ce n'est qu'un artifice. Par exemple, donnez à votre chef et vous serez votre propre chef. Cela semble toujours idiot quand on nous le dit, mais c'est vrai, simplement, il faut l'expérimenter pour s'en rendre compte.

Pour réaliser il faut avoir confiance. Et là je rame toujours autant. J'en suis rendue à utiliser mon mental pour mesurer objectivement pourquoi je dois me faire confiance. Cela ne va pas de soi et… c'est toujours incompréhensible pour les gens qui regardent mon parcours. Fichue personnalité.

Et puis enfin, globalement, dans quoi tout cela s'inscrit-il? Fichtre a raison, je suis trop dans le vouloir, mais en même temps jamais je n'ai eu autant de peine en me levant le matin. Chaque matin, maintenant, je ne sais pas ce que je veux faire de ma journée, vu que je n'ai plus personne pour me la dicter (Mari Charmant et les enfants vivent leurs vies sans m'imposer grand-chose, et mon agenda professionnel est loin d'être rempli maintenant). Alors je me demande juste… si ma journée sera juste. C'est ridicule, mais tous les matins c'est la même chose. Je ne sais pas où je navigue la nuit car je ne me rappelle pas de mes rêves, mais j'ai de la peine à en revenir. Et tout est à cette image. Ainsi je peux fermer les yeux et créer un monde, comme dans les rêves… mais ce n'est qu'un rêve, une chimère…

Aujourd'hui j'ai craqué, je suis allée m'acheter une petite toile et de la peinture acryplique. Je ne fais plus de mandalas parce que je les trouve trop fades au crayon de couleur. Dans ma phase de vie actuelle, j'ai besoin de couleurs fortes, vives, énergiques. Alors je vais retrousser mes manches. J'aimerais écrire des histoires aussi. Mais est-ce raisonnable?

Raisonnable… tout est là. Je suis raisonnée et raisonnable. Et j'en ai marre, je me sens comme un adolescent étouffé, j'ai un immense besoin de liberté mais je ne vois pas du tout à quoi il peut bien faire écho dans l'univers quotidien. Pire, le lâcher-prise est terriblement déstructurant, angoissant. Si moi je laisse tout tomber, les autres ne vont-ils pas en faire autant? si les chirurgiens, les pilotes d'avion, les profs, les infirmières, les maires, les mamans se mettent tous au vert, à faire du yoga, à dessiner des mandalas ou à faire la sieste comme le chat, le monde se chargera de nous ramener bien vite à la réalité de nos besoins vitaux les plus élémentaires. Je n'ai pas l'âge d'être retraitée…

Je dois donc procéder par étapes.

Mon imagination est une force, après tout; je dois lui donner de l'espace d'expression dans ma vie. J'ai même envie de dire que c'est la priorité pour les prochaines semaines.

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