Me rendre à ce cours était un peu une aventure pour moi. J'étais traversée de pensées contradictoires:
1) comment expliquer mon parcours, mon approche rationnelle aux participants? mais qu'est-ce que je vais faire là, au juste?
2) et si cela se passe mal? si je sortais de là la tête à l'envers, prête à quitter mari, gosses et boulot pour suivre mon karma, comme cette maman qui a fait la une de quelques journaux suisses l'an passé? je l'avais croisée quelque-fois avant sa fuite, j'aimais bien son style, sa disparition volontaire pour ce qu'il faut sans doute appeler une secte m'avait d'autant plus frappée…
3) la ferme! tout va bien, c'est la première journée de douceur depuis 4 mois, le soleil et le paysage au bout du lac sont toujours un émerveillement… sur fond d'Enya, en route vers le cours, les larmes me montent aux yeux. La vie est magnifique et m'a toujours gâtée. Je n'en ai jamais compris le sens, j'ai longtemps vécu dans la peur que cela s'arrête, dans le souci de rendre ce que j'avais reçu.
Mais peu à peu je réalise que ce ne sont que mes projections mentales. La seule réalité est celle, instantanée et fugitive, mais sans cesse renouvelée tant que je suis vivante, de mes perceptions dans le présent, rien que le présent. L'essentiel est d'expérimenter, de vivre tout simplement…
Et ce cours, c'est un pas dans une nouvelle expérience. C'est mon intuition qui me conduit là. On verra bien comment je le vis, et je réfléchirai après… Avec le recul, un mois et demi après, je réalise combien ces pensées contradictoires, plus ou moins formulées, me perturbaient en arrivant à ce cours et conditionnaient mon comportement au début. Mais c'est aussi exactement pourquoi j'avais choisi ce cours "anonyme", parce que mon mental était incapable de sélectionner un maître reiki par lui-même, il y avait toujours trop de questions ou réticences, et je tournais en rond dans cette recherche depuis près d'un an!
En fait, nous étions tous les 5, les 4 élèves et la prof, autant sur nos gardes, à chercher nos marques, pendant la première heure. J'ai posé plein de questions, intervenant peut-être trop, typique de mon besoin de contrôle, et j'ai commencé à chauffer, j'étais toute rouge! ce qui a au moins permis de déterminer facilement mon tempérament ayurvédique – le feu! Katell en parallèle, nous noyait dans ses expériences fascinantes, son rire, sa dispersion – l'eau! et Jeremy et Joëlle nous écoutaient tranquillement – les terriens! Isa, la prof (NB: tous les prénoms sont modifiés), a réussi, en une heure, à nous donner une introduction, pas mal de théorie et à nous mettre à l'aise en nous interpellant chacun dans ce qu'elle percevait de nos tempéraments. Pas mal! tout au long du cours, elle a réussi à cadrer les envolées de Katell, à créer de l'espace de dialogue rationnel pour mes questions, tout en sortant de leur coquille nos deux terriens, qui sont sortis en verbalisant l'un bousculé, à la première séance, l'autre bouleversée, à la 2ème séance…