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Marre des gros systèmes

Les banques, d’abord (mais on doit pouvoir mettre les assurances dans le même panier). Devenues obèses, mondialisées, gérées par des cascades de managers dont seuls les carriéristes survivaient, même si c’était au prix de la la vente persuasive systèmatique de produits complexes et incompréhensibles au tout venant naïf, naturellement confiant en l’expertise du financier sur-diplômé…

Les grosses entreprises, dans la foulée. Je m’amuse à comparer les jeunes PME de mes potes à la gangrène des MBA idéalistes qui contaminent à grands coups de procédures, systèmes formalisés et guerre de petits chefs carriéristes (eh oui, encore) jusqu’à la capacité innovatrice d’anciennes PME devenues multinationales malgré elles. Je suis sûre que comme moi, vous en connaissez… dans la PME de mes potes, on calcule ses coûts, on s’adapte au client et on sait très bien ce qu’on peut lui vendre et pour combien, bref, on assure ses marges. Pas besoin d’un MBA pour cela. Par contre, un MBA c’est sûr que cela aide à monter des sytèmes comptables et fiscaux optimisés dans la légalité parfaite mais totalement complexe, pour expliquer à grands coups de tableaux en 3 dimensions (powerpoint de 300 slides) aux conseils d’administration et aux actionnaires que les budgets sont bien établis et respectés. Pour l’innovation et la création de valeur, ben, on travaillera avec les PME et si c’est convaincant, on s’endettera pour les racheter. Ben voyons. Malheureusement, on est pas mal dont le salaire de fin du mois dépend de cette démonstration, alors je me tais, maintenant.

Les états, enfin. Eux aussi ont grossi, depuis le Moyen-Age, la modernisation, la concentration et la professionnalisation des systèmes politiques, c’était la clé du progrès. Peu importe que cela ait conduit à la modernisation, la concentration et la professionnalisation des génocides de masse au 20ème siècle, de l’Allemagne au Cambodge en passant par le goulag… on n’imagine guère la révolution industrielle et les progrès qu’elle a amenés sans des états modernes, nés de la Révolution Française ou plus localement ici en Suisse de l’élan moderniste des radicaux au milieu du 19e siècle.

J’ai envie de rajouter la médecine. Cette impression d’être un numéro dans la procédure dans un hôpital… 

Mais si tout ce modèle était d’un autre millénaire? si nous avions atteint les limites de ces systèmes obèses et privés de sens? nos pauvres cerveaux, même celui du meilleur PDG, même celui du président élu par une démocratie de dizaines de millions d’électeurs, aucun cerveau humain ne peut appréhender, analyser, synthétiser, les faits nécessaires à la décision et à l’exécution CENSEE nécessaire à la bonne conduite de la banque, de l’entreprise, de l’état à partir d’une certaine taille critique! Alors ce pauvre cerveau s’entoure de tous les autres, et cela communique à tout va. Mais aucun être humain, même le plus développé, ne peut communiquer PARFAITEMENT avec tous les autres. Alors il y a forcément des erreurs, des oublis, des couacs, des ratés…

Et dans les petits systèmes, les petites communautés, les erreurs, les oublis, les coacs, les ratés restent de petite portée. On s’en rend compte vite, on corrige. Mais dans les gros systèmes…

Dîtes-moi, vous qui passez par là, suis-je donc outrageusement pessimiste, injustement remontée contre ces systèmes auquel j’avoue, je ne crois plus, bref, suis-je à côté de la plaque?

Parce qu’après tout, on dit toujours qu’un problème bien posé est un problème quasiment résolu…