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Une nouvelle vie commence

Depuis mercredi je vole de mes propres ailes.

Il y a 6 mois encore je n'aurais jamais imaginé une telle rupture.

Cela-dit, je suis loyale. J'ai encore plein de tâches à faire pour mon ancien employeur. Je n'arrivais plus à trouver chez lui l'espace dont j'avais besoin, mais je me casse maintenant la tête pour créer plus de valeur dans mon nouveau rôle et surtout le prouver rapidement. J'ai eu un peu de peine cette semaine avec quelques attitudes négatives, mais elles sont rares, heureusement. Je vois plus souvent de l'admiration et du respect que de la jalousie ou de la défiance, heureusement, mais chez les anciens et tous ceux que j'ai assez côtoyés pour gagner leur confiance. 

Je fais plein de nouvelles expériences à tout gérer moi-même. La partie administrative de la création d'entreprise en Suisse me paraît très simple maintenant. J'ai aussi commencé à gérer mon informatique moi-même – en fait la première brique était la création de mon site web, déjà début mai pour me donner du courage, le reste malheureusement est moins drôle. Je me rends compte que j'adore le marketing… mais pour aller vendre il va falloir que je me secoue sérieusement. D'abord, je crains de devoir créer le besoin, ce qui n'est pas bon du tout. Et puis il faut que je me vende moi. L'ancienne timide que j'étais est bien loin, mais je reste quand même mal-à-l'aise au premier contact. Bon, il faut que je construise sur ma créativité. C'est maintenant que je mesure aussi l'importance du développement du cerveau droit; plus je lis sur la négociation, sur l'innovation, sur le marketing, sur le leadership, même sur le management, plus je me rends compte que c'est l'une des clés qui me manquaient pour avoir plus d'impact. 

L'autre clé est l'ancrage. CREER des idées, des concepts, même les mettre en relation ne suffit pas, ce ne sont que des mots, des images; il faut REALISER… incarner, donner corps, donner vie, donner réalité à toutes ces intentions, ces abstractions, cet imaginaire qui s'emballe si facilement dans ma tête… là je ne vois pas trop comment faire. Surtout maintenant que je suis sans équipe.

Tout un programme devant moi en tout cas.

C'est motivant.

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La rentrée des uns, la sortie des autres

Voilà.

La rentrée est arrivée.

En douceur, d'abord nous, puis les enfants; retour progressif aux rythmes de l'année scolaire.

Le retour au travail était étrange pour moi. Revenir pour mieux partir. Finir différents mandats. Et négocier la suite. Etrange période schizophrénique où je suis encore le chef et la collaboratrice de mon plus probable prospect commercial à court terme. Tous ceux-là font comme si je ne partais pas, pas vraiment. Cela rompt des équilibres. Ils restent entre hommes. Ils commencent déjà à marquer leurs territoires, à se défier. Et il y a les autres, qui ont appris mon départ sur l'intranet, avec les autres départs. Je ne suis pas la seule. Comment communiquer? Je ne veux pas mentir non plus. Certains facteurs ont précipité ma décision de mettre en oeuvre un projet de longue date certes, mais qui aurait pu dormir 10 ans encore dans d'autres circonstances.

Il reste tout ce que j'ai envie de laisser en héritage. Une équipe gonflée à bloc. Toutes les inventions qui restaient dans un coin de ma tête et dont, clause de non concurrence oblige, je n'aurai de toute façon pas l'usage. Des messages, de ces grands messages que j'adore construire maintenant, de la vision technologique… mais le temps est trop court. Et tout ce que je n'arrive pas à construire, à réaliser, m'encombre et me fatigue, comme si ma tête était trop lourde de toutes ces idées, de tous ces projets non concrétisés et pourtant jamais oubliés. 

Et pourtant je sais que je dois lâcher tout cela, m'en libérer, pour m'ouvrir l'esprit à d'autres savoirs. Ma créativité bouillonne, ma soif d'apprendre aussi… mais j'ai aussi pris du recul, je connais mes forces et mes faiblesses; il me faut développer mon ancrage et ma confiance pour réaliser davantage. Désormais livrée à moi-même comme jamais…

Etonnamment, je n'ai pas peur. J'ai tous les risques en tête et passe un certain temps à les minimiser, mais ils ne m'empêchent pas de dormir, car je suis libre d'agir de différentes manières. Cette liberté est extraordinaire. Je n'avais jamais accordé beaucoup d'importance à cette valeur, mais c'est fou comme on peut être aveugle dans certaines situations. Je n'avais plus aucune liberté dans mon espace professionnel  et je ne le supporte pas. En fait, je n'ai jamais supporté les situations étouffantes. Je me rends compte aussi que je n'ai pas eu la liberté à laquelle j'aspirais pendant l'enfance. Et que si je suis si bien dans mon couple, c'est parce que nos individualismes respectifs nous laissent nous éclater dans nos espaces de liberté pour mieux se retrouver et s'enrichir mutuellement de nos découvertes personnelles.

D'avoir pris ma liberté a des effets secondaires aussi. Après plus de 30 ans (!) j'ai brutalement perdu l'habitude de me ronger les ongles. Je m'exprime franchement et me sens comme une autre personne, comme si j'étais enfin devenue adulte, sur le plan de la gestion des émotions. Je les reconnais, je les observe, je les exprime ou je les utilise, mais elles ne me débordent plus. Bien sûr, 3 semaines de vacances ont fait des miracles. Mais tout de même, c'est surprenant.

J'ai pris conscience aussi de tout ce que mon entourage me demande. J'aurais crevé d'épuisement à ce rythme, à toujours m'adapter au besoin d'autrui quitte à sacrifier mon propre ressenti. Je me diluais. Cela n'est plus possible. Il y a des effets de bord étranges – j'avais la capacité depuis toujours à passer des messages positifs aux autres, mais souvent ces messages n'avaient pas d'impact. Maintenant je vois clairement quels messages positifs ET impactants je peux passer. C'est là aussi une expérience incroyable, car il faut un culot que je n'ai jamais eu. Et à ma grande surprise, cela ne casse rien. Au contraire. Jamais on ne m'a autant respectée… et écoutée!

J'en regrette presque de quitter mon rôle de cadre maintenant. Je vais avoir un rôle tellement différent… et pour quels clients? mon positionnement est pointu – comment cibler leur besoin en arrivant au bon moment, avec la bonne offre? je vais devoir travailler mon réseau, mon écoute, mettre mes petites antennes au point… et parfois bizarrement j'ai l'intuition que cela va m'emmener vers autre chose, une nouvelle aventure technologique mais plus profondément porteuse de sens pour moi que ne l'étaient les précédentes tout au long de mes études, de ma carrière. J'ai passé toute ma vie à apprendre plus qu'à créer. J'ai encore quelques progrès à faire dans mon développement personnel et mes apprentissages, mais je commence à être mûre et sage maintenant, il devient temps pour moi de créer davantage, de réaliser davantage, d'avoir plus d'impact sur le monde.

Pour le rendre plus beau. Une évidence pour moi, en tout cas… Mais comment?

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Réflexions métaphysiques

J'ai fini hier la lecture de "La route du temps" de Philippe Guillemant, et je n'arrête pas d'embêter mon physicien de Mari Charmant avec des questions métaphysiques.

Le monde est-il déterministe et 100% prévisible (y compris donc nos actes, pensées etc)? c'est ce que la science des lumières nous a habitués à penser depuis quelques siècles. Mais certains phénomènes sont imprévisibles. Pour citer Philippe Guillemant, la question suivante est donc la suivante: un déterminisme imprévisible n'est-il pas équivalent à un indéterminisme réel?

Ce qui nous laisse a priori avec le hasard. Pas le hasard facile à modéliser une fois qu'on en connaît les causes (hasard déterministe), mais celui inexpliqué. Philippe Guillemant fait l'hypothèse audacieuse que ce hasard-là est aussi déterministe mais… causé par le futur, et non le passé. Il appelle cela la double causalité. Voilà qui est bien difficile à capter car contraire à notre perception du monde, du moins dans les sociétés occidentales, mais il existe d'autres communautés humaines comme les hopis pour lesquels le temps n'a pas le sens linéaire que nous lui accordons, moulés par son omniprésence dans notre culture, notre environnement et notre langage. Et qui plus cette théorie métaphysique est compatible avec les dernières théories et expériences de la physique moderne, selon Philippe Guillemant qui, au-delà de son bagage scientifique de base et de son travail de chercheur au CNRS dans un domaine plus appliqué, semble bien documenté sur le sujet. Einstein avait déjà montré que le temps est une notion toute relative – et les équations de la physique sont réversibles… 

Pourquoi notre expérience, notre observation du monde va-t-elle à l'encontre de ces théories? voilà qui est bien perturbant. Mais l'auteur va encore plus loin. Son livre se veut initiatique plus que scientifique. C'est à travers sa propre expérience métaphysique, notamment des synchronicités, qu'il a construit ces théories, navigant sans cesse entre sa raison et ses connaissances d'une part (mon cher cerveau gauche!) et son expérience de vie, son éveil et même son émerveillement devant le monde, la nature, avec un profond humanisme qui se dégage de beaucoup de ses lignes, au point que son écriture en devient parfois irritante pour une empathique comme moi – il use et abuse de phrases courtes, répétées et ponctuées de point d'exclamation pour mieux convaincre son lecteur en tentant de l'amener dans son expérience…

Et là je soupire… peine perdue! pour moi qui partage la vie d'un mécaniste convaincu, je sais combien il est difficile de partager ses expériences de vie, comme si elles n'étaient qu'illusions de nos esprits en recherche, mais totalement improuvables et… impartageables. Le livre de Philippe Guillemant a le mérite d'un coming out, de ce point de vue-là… Mais je n'ai moi même rien compris à ses doubles 22; c'est plutôt en me raccrochant à mes propres expériences de synchronicités, régulièrement partagées sur ce blog, que j'ai pu continuer à suivre ses propos.

Les dernières de ses hypothèses concernent la modélisation de notre conscience comme porte d'accès à des dimensions complémentaires à l'espace-temps (en ligne encore une fois avec la physique – théorie des cordes), qui expliquerait comment nous pourrions, par l'intention pure, le lâcher-prise puis l'observation des traces de futurs possibles à choisir par notre libre-arbitre, déterminer notre futur, en se déplaçant en quelque sorte dans ces autres dimensions. Ceci est cette fois compatible avec bien des voies spirituelles – la convergence de ces dernières sur ces aspects m'a frappée depuis longtemps.

Tout cela est bien troublant pour moi, car dans les discussions métaphysiques que j'avais des nuits entières avec mes potes de l'école d'ingénieurs il y a une vingtaine d'années, je finissais toujours acculée à cette intuition d'une conscience plus vaste, plus grande, hors de mon monde réel, mais jamais je n'ai pu partager cette intuition. Et jusqu'ici je l'ai croisée plus souvent chez des ésotériques, des prêtres par exemple, dont l'emballage de croyances plus ou moins dogmatiques ne résistent jamais au rouleau-compresseur de ma raison. 

J'étais condamnée à la schizophrénie de la séparation entre mes expériences intimes, intuitives, et mon intelligence pragmatique, logique et rationnelle.

Je désespérais aussi devant la croissance de l'entropie, du désordre donc. Voilà bien la pire découverte de mes études d'ingénieur. Indéniable théorie mais tellement désespérante… cela a beaucoup contribué à me décourager de toute recherche métaphysique. J'avais peur du trouver un tel vide… J'ai préféré me cantonner à vivre tranquillement ma vie. Mais la théorie de Philippe Guillemant ouvre une nouvelle perspective sur ce plan-là aussi. Que je dois encore digérer…

Reste que je ne comprends pas bien, en particulier à la lumière des principes proposés par Philippe Guillemant, pourquoi ma vie est inondée de synchronicités depuis mon adolescence au moins, sans que je fasse quoi que ce soit pour les provoquer. Pour moi, comme je l'avais expliqué ici, les synchronicités sont avant tout une question d'observation, d'Eveil au monde. Je les pensais même compatibles avec le déterminisme simplement causal, faisant simplement l'hypothèse peu coûteuse de mon ignorance des causes "cachées". 

Peut-on vraiment les provoquer?

A explorer.


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Transition estivale

Les vacances sont enfin arrivées. J'ai passé la première semaine à aller au bout de ma fatigue – longues nuits, journées lentes seulement rythmées par mon aller-retour quotidien à la thalasso à 30km, un peu de lecture, les bons petits plats de maman, et quelques moments tranquilles avec les enfants. 

Le temps magnifique de dimanche à mardi m'a offert davantage de dynamisme: de belles balades à vélo avec Lili, de grands bains froids comme on les aime ici, et même un peu de planche à voile pour donner un prétexte de montage de petite voile à Mari Charmant vexé d'être le plus débutant de la plage…

Bigorneaux, langoustines, coquille St-Jacques, poissons en tout genre, salade du jardin et prunes de la voisine.

J'ai reçu mon nouvel ordinateur et je le configure tranquillement à temps perdu, ce qui me donne aussi l'occasion de revisiter mes sites et blogs favoris en me questionnant sur les essentiels.

Je me sens en transit et pas très au clair pour la suite. Pourtant Septembre n'est à moins de 5 semaines d'ici à présent. Est-ce important? j'ai commencé mes vacances par la lecture de "La route du temps" de Philippe Guillemant et j'erre encore dedans au bout de 10 jours. J'ai depuis que je l'ai croisé l'intuition que ce livre doit m'éclairer comme beaucoup d'autres sur mon chemin dans le passé, mais plus j'avance la lecture, plus je me perds dedans, alors qu'il me semblait plein d'évidences au début.

Il me faut donc attendre encore et laisser venir à moi d'autres évidences.

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Fin de marathon

Je vis au jour le jour avec un rythme de folie. Les enfants sont parties en vacances dans la famille à présent, ce qui me soulage d'une de mes multiples vies, mais j'ai l'impression de ne pas voir le bout du tunnel. Je continue de finir mes tâches de manager au boulot, tout en prenant des demi-jours de congé pour préparer la rentrée; j'aménage mon bureau à la maison, j'ai créé la raison sociale, j'ai commandé un ordinateur portable.

Je démarre chaque matin avec une liste "à faire" qui se reporte de jour en jour. Moins je me pose, et plus le temps m'échappe. Je me demande comment je vais m'adapter au nouveau rythme, après avoir ainsi vécu à 200%. Je ressens intérieurement la nécessité de changer et de me recentrer sur l'essentiel; mais comme je ne peux pas prendre le temps de réfléchir et surtout ressentir ces jours-ci, je me sens oppressée. Je vois la peur refaire surface aussi – j'ai encore beaucoup de travail de renforcement de ma confiance en moi devant moi…

Mais le plus dur est de finir ce marathon, mon travail actuel. J'ai sans doute mis trop d'énergie dans la revue individuelle de 6 personnes. Les choix organisationnels qui ont précipité mon départ font souffrir mes collègues à leur tour, et je ne peux plus rien faire. Tout ce que nous avions mis en place depuis 2007 doit être expliqué, justifié, renforcé, ou on va repartir à zéro… J'ai bien fait de jeter l'éponge; je n'aurais pas supporté de passer l'année à venir à expliquer les procédures patiemment mises en place en 3 ans, alors que nous avions tant à progresser encore. Enfin, je vais peut-être le faire quand même, mais dans le contexte d'un mandat, c'est psychologiquement différent…

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Libération

4 semaines! entre ma démission et le message officiel de ma hiérarchie, il s'est passé 4 semaines.

4 semaines à ne parler vrai qu'au cercle de ceux que savaient. Cercle élargi peu à peu, mais jusqu'au dernier moment, certains sont restés épargnés par la rumeur.

Cette semaine, j'ai encore fait toutes les activités de manager qui n'ont plus de sens pour moi. Animation d'atelier dans un séminaire de département. Présentation du service aux nouveaux collaborateurs de l'entreprise. Participation à un comité de travail transversal dont le dysfonctionnement a largement contribué à ma décision de jeter l'éponge. Et je me suis couchée à minuit toute la semaine pour préparer les entretiens individuels de clôture de mon rôle de chef d'équipe, après ces journées de réunions épuisantes, et je dois encore en préparer 3 entre ce week-end et mardi…

Mais chaque jour qui passe me libère un peu plus de toutes ces tâches que je fais pour la dernière fois. J'étais au bord des larmes un soir cette semaine tellement je n'en pouvais plus de faire encore ces heures supplémentaires qui n'ont aucun sens pour moi, à part l'engagement moral de soutenir mon chef jusqu'au bout de mon contrat, et aussi une dernière débauche d'énergie pour mon équipe, pour que l'organisation continue sur sa lancée encore un moment sans tout casser maintenant. Les entretiens individuels que j'ai faits se sont bien passés, je donne encore le meilleur de mes conseils à mes équipiers car je sais malheureusement qu'ils vont se retrouver sans chef ces prochains mois: mon remplacement est tout sauf clair.

Il y a encore d'autres choses qui sont ressorties ces derniers jours. J'ai encore beaucoup de colère, moi si peu colérique, pour les malentendus de cet hiver. Je sais quand je prends du recul que c'est par mon manque de confiance en moi que j'ai créé ces malentendus… et que toute cette situation si pénible émotionnellement est justement là pour me faire grandir, m'apprendre à oser prendre la place qui est la mienne.

Il faut que je me libère encore davantage…

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Résonance

En mettant de l'ordre dans tous les journaux que je n'avais pas eu le temps de lire ces dernières semaines, j'ai eu la surprise de trouver cet article:

Le cheval quitte la scène

Publié deux jours après mon papyrus #5 "Le dernier cheval"!

Hommage à mon grand-père paternel… Centre-Bretagne, Gruyère, tant de similitudes… Il me reste à parler avec mon père, vérifier si l'inspiration de mon histoire s'est ancrée dans un héritage familial dont j'ai conscience sans me souvenir qu'il ait jamais été formalisé par la parole, ou si je nage en pleine illusion. Je ne sais même pas si mon grand-père a eu des chevaux à lui un jour – mes souvenirs des années 1970 c'était déjà les tracteurs.

Les années 1940 à 1960 ont vu les enfants des familles paysannes fribourgeoises quitter par milliers la terre de leurs ancêtres pour s’en aller quérir un emploi à Genève ou à Lausanne. (…) Nombre de paysans ont remis leur exploitation à ce moment charnière. Si bien que, pendant quelque temps, au milieu des années 1960, les contrastes étaient saisissants entre ceux qui aspiraient à la modernité et ceux qui continuaient à travailler de manière quasi ancestrale.

 

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C’est pas fini

Vendredi, j'ai annoncé mon départ à l'équipe. Je l'ai présenté sous l'axe le plus personnel et le plus positif possible; face à des responsabilités et une équipe étendues au-delà de mes limites cette année, j'ai fait un travail sur les priorités, et pris conscience que je ne faisais pas les bons choix, que je devais me recentrer sur mes priorités familiales et personnelles, avant d'arriver au burnout. Mais que j'allais rester à la disposition du groupe sur mandat de consultant, ce que Chef a confirmé tout en dressant un portrait digne d'un enterrement de toutes mes qualités.

C'était vraiment un moment étrange.

J'avais aussi préparé un message individuel pour chacun, le plus rassurant possible sur l'accompagnement que je leur promets encore dans la phase de transition. En fait la situation est complètement paradoxale; comme je n'ai pas négocié un départ avancé, à part mon mois de vacances à caser dans l'été, je les accompagne encore sur les objectifs 2010 (retardés de plusieurs mois par la réorganisation!), je vais m'atteler à la revue budgétaire début juillet, je traite toutes sortes de dossiers importants en ce moment jusque tard le soir. En outre, beaucoup de mes collègues ne sont pas encore au courant, ce qui crèe une situation un peu surréaliste.

Ce qui a été le plus perturbant dans mon dernier tournant de décision est qu'un 3ème départ a été annoncé en même temps que le mien. Nous partageons le même bureau, nous avons des équipes très proches fonctionnellement. 3 cadres en un mois dans un seul département. Je n'ai jamais vu cela en 12 ans de carrière, ce n'est pas dans la culture de l'entreprise, contrairement à quelques autres pharmas de la région. Mais je ne pouvais pas revenir sur ma décision. En fait, elle m'a sauvée. Si j'avais attendu un mois de plus, je n'aurai plus osé, la pression aurait été trop forte à l'idée d'abandonner ce navire en pleine tempête. Je serais restée amère à regarder les autres voguer vers d'autres horizons. Là finalement, j'ai même le beau rôle: moi je ne pars pas, je change juste de rôle… Enfin c'est encore à définir, mais c'est clair que je peux rester à disposition du groupe à temps très partiel, au moins le temps de transférer mes connaissances et responsabilités en douceur, ce qui me permettra aussi de réfléchir tranquillement à de nouveaux projets personnels.

Je reste très attachée au succès de l'entreprise et en même temps désespérée de mon impuissance à accompagner les mutations nécessaires que je vois avec une terrible lucidité… Il me reste juste l'intuition que mon choix est juste et constructif. Pour moi mais aussi pour l'organisation. Même pour ma hiérarchie, même mon équipe: c'est le type de turbulence qui peut les aider à grandir. 

Au moins tout cela aura-t-il créé quelques prises de conscience à tous les niveaux.

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Histoire bizarre (mais vraie, je le jure)

Mercredi soir j'étais surexcitée en faisant des prises de conscience sur le sens des expériences des 3 dernières années au fur et mesure que j'écrivais la note ci-dessous.

Mais le plus bizarre s'est produit le lendemain: jeudi matin, Ondine ma cadette de 7 ans est descendue toute habillée et très pressée, avec un projet totalement inhabituel pour elle qui a plutôt l'habitude de traîner au lit avec un bouquin jusqu'à mon 3ème appel pour le petit déjeuner: "Maman, on se dépêche, je veux aller à la rivière avant l'école, on a le temps?". Etonnée je suis, mais pourquoi pas? Qu'a-t-elle en tête? dans la continuité de nos scénarios poétiques, elle me dit qu'elle veut retourner voir les fées et enlever la pollution, allusion à un petit nettoyage de déchets que nous avions fait au bord du lac la veille.

Donc, nous nous préparons plus vite que d'habitude et débarquons à la rivière un bon quart d'heure avant le début des cours. Et là, surprise totale. A l'endroit même où je pateaugeais gaiement 16 heures plus tôt, se trouvait une tuile brisée. Une tuile romaine, moussue donc vieille. Certes nous avions eu du grand vent d'orage dans la soirée, mais une tuile isolée, EN PLEIN à cet endroit, sous la passerelle, cela m'a paru d'une telle improbabilité que j'en suis restée interloquée. Cela-dit, je n'ai pas perdu mon bon sens, comme j'avais justement descendu ma poubelle dans le coffre ce matin-là, je suis allée la chercher et j'ai ramassé un par un tous les morceaux brisés pour nettoyer la rivière, dans la logique de ma poésie féérique, c'était évidemment ce qui était attendu de moi ce matin-là.

Je suis allée travailler en tournant et retournant dans ma tête toutes sortes de réflexions, mais l'histoire n'était pas finie. Le soir, en rentrant, Ondine et moi racontons l'histoire à Lili, mon aînée de 11 ans. Silence, pas normal. Comme je conduisais c'est dans le rétroviseur que j'ai levé le sourcil en cherchant son regard pour lui demander un commentaire. Elle hésite… "Maman, c'est trop bizarre, cette nuit, j'ai justement rêvé de tuiles qui s'envolaient. Comme dans le conte, elles étaient à manger comme des bonbons, elles se transformaient en réglisse et finalement je les mangeais…".

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Voyage au centre des organisations, et au centre de mon histoire…

Encore de la  synchronicité aujourd'hui.

Ce matin j'ai acheté le magazine économique suisse Bilan pour son dossier de couverture sur les femmes cadres… et j'ai fini par y lire avec bien plus d'intérêt l'article sur Henry Markram et son projet de prolonger l'effort Blue Brain de l'EPFL par la création d'un "CERN de l'intelligence artificielle" en Suisse Romande!

Plus tard dans la journée, j'ai pris quelques minutes de pur bonheur avec les filles entre leurs cours respectifs de danse créative et de guitare et notre descente mensuelle à la bibliothèque du bord du lac: nous avons trempé nos pieds dans la rivière du village! J'avais la joie brute, enfantine, de patauger avec les fées dans cette eau tout juste descendue des torrents de notre montagne, et elles ont adoré! A se demander pourquoi on ne fait pas cela plus souvent, c'est juste devant l'école…

15km et 30mn plus loin, au bord du lac, j'ai encore fait face aux montagnes du Chablais jusqu'aux dents du Midi, debout sur le parapet, à demi euphorique face à l'énergie splendide que je ressens toujours à cet endroit… c'est toute pleine de cet émerveillement que je suis rentrée dans la bibliothèque, et sans réfléchir, face au présentoir mettant en valeur différents ouvrages, j'ai saisi un gros pavé orange:Mintzberg

Henry Mintzberg, Le Management – Voyage au centre des organisations.

je l'ouvre au hasard, et voilà que je tombe sur un chapitre intitulé "des managers et non des MBA", et qui dit ceci:

Il y a un réel besoin de talents intuitifs et de bon sens parmi ces jeunes diplômés et pas seulement de prouesses universitaires. C’est un problème de supposer de l’intuition chez les candidats à un diplôme de gestion, car il y a peu de chance pour que l’intuition se manifeste chez un être jeune. En effet, il n’est pas possible d’être intuitif à propos de choses dont on n’a qu’une connaissance superficielle.

De plus, même si ce potentiel d’intuition existe, son absence de forme développée signifie qu’il ne peut être employé dans le processus de l’enseignement.

La sélection de ceux qui veulent suivre des cours de gestion doit se faire par la preuve d’une expérience professionnelle de gestionnaire réussie. Les candidats doivent avoir une réelle expérience pratique. Les capacités au leadership et à la gestion des candidats doivent être démontrées.

Un autre chapitre s'intitule "Hémisphère gauche et hémisphère droit"… j'ai emprunté le livre, non pour le lire moi, mais en pensant l'amener à mon chef, qui m'a tenu exactement le même discours il y a quelques jours, au fond de ses propres réflexions! il faut dire qu'il répond parfaitement à la définition du manager expérimenté dans ce bouquin… cela devrait lui parler. En fait, on n'a jamais aussi franchement dialogué que ces dernières semaines… drôle d'expérience.

Mais j'ai quand même survolé l'ouvrage à la maison aussi pour moi – impossible d'ingurgiter linéairement 700 pages dans mon emploi du temps de ministre, mais j'ai une bonne technique de lecture rapide et je suis tombée en une dizaine de minutes sur les messages dont j'avais besoin… au point de finalement passer la soirée à y réfléchir avec note à la clé ici.

Ainsi, p.114 à 119: références à un échange de l'auteur avec un autre ponte dans les années 70, concernant une référence qu'il avait initialement souhaité faire aux perceptions extra-sensorielles dans son article au Harvard Business Review sur les hémisphères du cerveau et le management. Cette référence a été retirée de la publication, car trop provocatrice. Mais c'est de Turing qu'il la tenait. Turing! le grand penseur à l'origine de l'IA au milieu du 20ème siècle. Je ne savais pas qu'il avait des croyances dans ce domaine. Encore plein de liens à explorer là-dessus.

J'ai dans la foulée réalisé ce soir le surprenant parallélisme entre mon développement personnel et mon expérience professionnelle de ces 3 dernières années. C'est au printemps 2007 que j'ai pris conscience de mon besoin de développer mon cerveau droit, en lisant "Petit manuel d'auto-psy", Serge Fitz, Ed. Jouvence, pendant les vacances de Pâques. J'ai suivi les synchronicités dans la foulée qui m'ont conduite à découvrir les mandalas… au moment même où une réorganisation me précipitait sans crier gare chez celui que j'appelais alors New Boss. Suivit une bonne année de galère pour m'habituer à son style de gestion, effréné, touche-à-tout, principalement verbal et réunionniteux, et à son intelligence ultra-synthétique, visuelle, conceptuelle – il est gaucher d'ailleurs, bref le cerveau droit à fond, tout l'envers de moi l'analytique, réfléchie, jonglant subtilement entre les dossiers et les émotions douces dans le souci du moindre détail perfectionné encore et toujours, au détriment souvent de l'action et de la décision… Puis une bonne année de prise de conscience de mes propres limitations, et du besoin de progresser en me débarrassant de mes schémas limitants. Travail personnel de fond, largement raconté ici… et en parallèle tous les progrès accompagnés et reconnus par New Boss, jusqu'à devenir un de ses piliers de confiance malgré nos différences. Aujourd'hui je jongle facilement sur les différents modes, cerveau droit et cerveau gauche, en fonction des circonstances, et cela m'a permis d'accèder à de plus grandes responsabilités depuis 2009.

Intuition1 Il me reste à mieux vivre mes émotions, mais je commence aussi à voir des progrès sur ce plan, et il m'est aussi apparu évident aujourd'hui que c'est sur cet axe-là que je vais en baver dans mon nouveau projet professionnel, puisque je vais devoir ME vendre MOI. Angoisse totale. Mais j'y arriverai.

Il est surtout terriblement troublant pour moi ce soir de relire ces notes du blog en mai, juin et juillet 2007. Je l'avais oublié, mais ces notes me font découvrir ce soir que le rêve marquant de l'été 2007 m'était venu dans le stress de la nuit précédent mon premier entretien avec New Boss!!! Or j'ai beaucoup repensé à son message réconfortant ces derniers temps, pour me conforter dans mes choix de suivre mes valeurs les plus profondes, quels que soient les risques et difficultés des tournants à prendre pour cela. Et le plus drôle, cette énigmatique – à l^époque! – dernière ligne de la météo couleurs que j'avais relevée comme exceptionnelle: On ne vous demande pas d'être perfectionniste mais de suivre les étapes de la voie d'apprentissage d'une discipline de vous ouvrir à recevoir l'enseignement du maître qui le dispense. Et du coup, de guérir votre relation au père, à la notion de hierarchie !

Exactement ce que je vis à présent.

C'est… perturbant, pour mon esprit rationnel. Je ne peux pas nier la réalité de tous ces signes au nom de l'objectivité scientifique; je ne peux rien prouver, tout est dans ma tête, et en même temps, tellement évident à ma pleine conscience! Est-ce donc moi qui crée cette réalité juste sur la base des signes auxquels j'ai bien voulu prêter attention dans le courant de ma vie?