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Mon premier mandala!

Dire qu’il y a quelques-jours en cours, j’expliquais dans un com à Vero que j’étais incapable de dessiner. Je n’ai pas menti: je dessine très mal, comme un enfant de 8 ou 10 ans, et j’ai été traumatisée par ma nullité aux cours de dessins du collège où j’étais largement dans les pires cancres irrécupérables, incapable de rendre autre chose qu’un dessin naïf ou une feuille gondolée de tâches trop diluées. Me rendre au cours de maths après cette épreuve était un soulagement indicible, et même en école d’ingénieurs, le dessin industriel est resté ma bête noire, la seule matière où j’ai osé, ma moyenne me le permettant, rendre une copie quasi-blanche (j’ai juste assuré 1/20 le 0 étant éliminatoire!)…

Mais… "seuls les imbéciles ne changent pas d’avis".

Il se trouve que j’avais l’occasion de participer ce week-end à une journée découverte du yoga et du mandala, connu aussi sous le nom de dessin centré (comme l’a expliqué la prof, cette terminologie passe mieux en France et en Belgique car elle sonne moins "secte"!).

C’est une histoire un peu trop longue et curieusement riche en découvertes pour être résumée en une seule note, mais pour commencer ce soir, pour moi l’essentiel est dans ce que j’ai, à mon étonnement le plus total, sorti de ce premier exercice, en une trentaine de minutes, simplement mise en condition par un groupe accueillant et exclusivement féminin, l’absence d’esprit de compétition, et 1h30 d’exercices inhabituels pour moi allant d’un posé de caillou collectif dans un vase ensablé à la position du lotus avec le pouce enroulé (oublié le nom technique!) en passant par une danse de la fertilité (sic!) ou le dos rond du chat…

J’avais présenté mes objectifs en début de séance:

  1. le relaxation/ressourcement/recentrage au milieu de ma vie très -trop- active: il s’agissait ici pour moi de découvrir un cours de yoga – enfin, surtout voir si le courant passe avec la prof – qui reprendra à la rentrée dans mon village, cours vers lequel je pense me tourner à défaut d’y trouver un cours de qi gong ou tai qi qui me paraissaient pourtant plus accessibles.
  2. le développement de ma créativité en approchant le mandala comme une forme d’art plus accessible pour moi, qui suis complexée du dessin figuratif mais tout-à-fait à l’aise avec la géométrie plane et même spatiale, allergique à la peinture mouillée et au malaxage, mais attirée par les formes et les couleurs simples.

Bref, sur l’objectif 2, bingo. Je me suis complètement décomplexée sur ce coup-là – j’ai enfin osé dessiner quelque-chose de simple mais qui sortait de ma tête et qui représente quand même quelque-chose. Le but de l’exercice ici était simplement de réaliser un mandala intuitif sur notre ancrage autour de notre centre, après une relaxation guidée sur le thème d’une petite graine à planter dans la nature.

Voilà ma représentation. J’aimerais la mettre en mots, expliquer comment je l’ai construit, mais je crois que c’est contraire à l’exercice… Seul le titre l’accompagne, et on ne le choisit qu’une fois le mandala terminé, pour moi c’était clairement "où je suis" comme réponse au thème de l’ancrage.

Je crois que je commence à comprendre pourquoi LadyR fait tant d’éloges de l’art-thérapie (la prof de mandala suit justement une formation dans ce domaine) et pourquoi le développement de l’estime de soi exploré par Vero s’accompagne de dessins

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2004 – Thalasso – De moi aux autres

Au-delà du re-centrage, et de la réappropriation de l’importance de mon corps à travers les soins, la qualité de la nourriture et les séances de sport que je suivais assidument l’après-midi, ce séjour m’amena rapidement à m’interroger sur ma relation aux autres.

Le premier axe vint de la "petite liste des gens que j’aime".

J’ai commencé la liste, et je n’avais pas envie de m’arrêter.

Je ne suis pas quelqu’un de passionné, d’exclusif, capable de l’étourdissement aveugle d’un amour absolu auprès duquel toute autre relation apparaîtrait bien fade. Bien sûr, je suis passée, bébé, amoureuse, enceinte, allaitante, par ces périodes de folie hormonale qui nous guident par tous les sens dans la construction d’une puissante relation à un autrui dont les pas entremêlés aux notres marquent à jamais l’imaginaire de notre destin. Ces êtres-là sont bien évidemment sortis les premiers de ma liste. Mais au-delà d’eux, aussi tant d’autres, croisés ici ou là, car j’avais envie de mettre sur cette liste tous les petits détails que j’aime chez untel, unetelle, untelautre… famille, collègues, voisins, amis… qu’aucune passion ne m’a jamais éclipsés.

J’ai fini par décider de faire la liste à l’envers, pour que l’exercice ait une quelconque utilité: identifier les quelques personnes avec qui je trouve difficile de construire une relation positive, et réfléchir à ma perception de leurs défauts, pour mieux les détourner, et de leurs qualités, pour mieux les valoriser.

Exercice utile effectivement, car il m’a démontré que je n’ai pas de colère… J’ai lu ici, chez Benoît, Vero, Manue, Carole, des notes très intéressantes sur la colère, sur le pardon, mais ces notes ne me parlent pas: peut-être suis-je, comme Evelyne/alibi-bi avant son accident cérébral, handicapée des émotions (mon score de QE est très bas…)?

Pour moi, face à ces gens difficiles, pas de colère, mais plutôt, de la compassion, et un gros effort de patience, me mettre dans leur langage, dans leur vision, pour arriver à échanger et avancer ensemble quand même, un peu; et aussi l’esquive, presque un jeu, ne pas les énerver, "faire avec".

La colère, chez moi, c’est un moment d’agression: de la peur avant tout, peur de la violence, de la méchanceté, de l’injustice, de l’abandon. Je n’ai pas de force dans ces occasions: ma voix tremble, mon coeur dérape, mon estomac se noue, et bientôt, les larmes – une infinie tristesse…

Comme je déteste ces expériences que je trouve humiliantes depuis que j’ai atteint l’âge de raison, j’ai passé une large part de ma vie à optimiser ma relation aux autres pour ne pas déclencher ces émotions négatives. Et je me sens mieux ainsi. Même si ce n’est pas courageux, mais alors, pas courageux du tout… je suis de ceux qui fuient, je ne sais pas faire front; une antilope, pas une lionne!

Mais parfois les antilopes sauvent leur peau en apprivoisant les lionnesKamuniak

L’écrasante majorité de mes relations me sont ainsi apparues, dans cet exercice de bilan au calme, loin des émotions d’un moment, étonnamment positives, et en fait, cela m’a emplie de joie.

J’avais désormais l’impression que je verrais toujours avant tout du positif dans toute personne nouvellement rencontrée, et même dans les plus difficiles.

Avec le recul, c’est à peu près à ce moment-là que je me suis débarrassée de l’essentiel de mon reste de timidité, qui m’a tant fait rougir de la peur du jugement d’autrui, pendant des années.

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2004 – Thalasso – Détox?

Premier matin, visite médicale, puis les 5 premiers soins, je ne sais plus trop lesquels parmi bain, douche, jets en piscine, hydrojet, enveloppement d’algues, massages…

La visite médicale est sans histoire. Je n’ai ni problème de poids, ni varices, juste le haut du dos très tendu – abus du travail sur écran, et nature sujette au stress "crispeur d’épaules". Mais on va y remédier: je sors avec une petite fiche personnalisée me promettant qu’on va me dorloter un max toute cette semaine.

Dès le premier soin, j’ai la vessie pleine – buvez, éliminez, qu’ils disaient! heureusement il y a des tisanes et fontaines à disposition partout. Entre les soins, après passage aux toilettes (mais qu’est-ce que çà draine!) je vais me reposer sur les transats, accompagnée de musique douce… et je me détends, doucement, mes pensees se ralentissent, je me re-centre…

Le soin phare du jour, c’est un massage sous affusion d’eau de mer, en fin de matinée, avec un baume aux huiles essentielles (lavande, etc). Sublime détente! Mais à la fin du soin, la masseuse m’adresse la parole, intriguée, un peu inquiéte: "là, sur la nuque, c’est tout rouge – excès d’adrénaline! trop de stress, ce n’est pas bon pour vous cela – pourtant, je sens que vous êtes gentille et sentimentale, faîtes attention, c’est  dangereux tout ce stress! vous êtes étudiante?" Je suis surprise (ai-je l’air si jeune? sur quelle perception base-t-elle son jugement, nous n’avons même pas parlé?), je lui explique que non, je bosse, j’ai 2 enfants, et je suis venue justement faire une cure anti-stress pour me relaxer et me refaire une santé, à titre préventif… Elle regarde de plus près, s’interroge; pourrait-il s’agir simplement d’une piqure d’insecte? une araignée peut-être?  je loge sur place? bizarre, mais bien vérifier ma chambre, mon lit, mon oreiller tout de même…

Un peu intriguée, je finis ainsi cette matinée, et rapidement, je n’y pense plus. Jusqu’au soir… car soudain, tout mon corps commence à me gratter! les jambes, les bras, le tronc, se couvrent de boutons puis de plaques rouges, chaudes, boursouflées…

Une belle crise d’urticaire!

Ce n’est pas la première fois que cela m’arrive. Allergie, virus, ma peau m’a déjà fait de telles réactions en quelques occasions. Mais là, le mystère reste entier. Je vais voir le médecin du centre après une nuit agitée par les démangeaisons – elle est étonnée; certaines personnes font des réactions à l’eau de mer chaude; peut-être aussi suis-je allergique à l’huile essentielle de lavande utilisée dans différents soins? En fait, j’ai re-testé tout cela depuis: la réaction ne s’est pas reproduite. C’était autre chose.

A posteriori, l’hypothèse virale est apparue très plausible, car mes enfants sont tombés malades en mon absence et elles m’avaient déjà contaminée puisque j’ai fini par tousser à mon tour en fin de séjour. Mais pendant quelques jours, je me suis interrogée sur la cause de cette violente réaction de ma peau, alors que je venais enfin prendre soin de moi en général;  et cela n’a fait que renforcer l’intuition qui m’avait menée ici: ce corps qui est le mien, je dois en prendre soin… 

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2004 – Thalasso – Ma quête

Ecrire Premier matin au réveil en ce mois de novembre 2004, impatiente, je prends tout de même le temps de coucher mes objectifs sur papier avant d’enfiler mon peignoir pour me rendre à la visite médicale – de ce texte, voici, retranscrit ici, l’essentiel.

J’ai décidé de prendre cette semaine pour faire face à moi-même. Un petit bilan de tiers de vie (en étant optimiste!). Une pause loin de mon quotidien, sans contraintes domestiques ni professionnelles. Juste m’occuper de moi. Prendre du recul.

Pour m’aider dans ma démarche, j’ai pris les "petites listes à faire pour mieux profiter de la vie" du magazine Psychologies. Je crois que je me connais assez bien, à présent. J’ai fait beaucoup de tests sur leur site web notamment, et je n’ai rien appris. Je suis heureuse, équilibrée. Ma démarche n’est pas tant une recherche thérapeutique de réparation, de guérison auto-centrée, mais plutôt, un objectif de prévention, pour passer l’hiver mieux que l’an passé, pour prévenir le retour de certains troubles dont je ne souffre pas ces temps-ci, tels que mon rhumatisme à la hanche, ou ma fatigue chronique (qui, curieusement, n’a pas réapparu cet automne malgré le rythme fou que je me suis imposé). Je veux refaire le plein d’énergie pour la réinjecter dans ma vie: à [Mari Charmant], aux filles, à [mon employeur].

Ces derniers temps, une réflexion revenait tout le temps. Ayant repris confiance en moi professionnellement après le cap difficile de juin-juillet, je me suis reposé des questions essentielles sur "à quoi je sers".

Je revois le jour de ma confirmation. C’était il y a 17 ans hier, quasi à la moitié du chemin déjà parcouru. Quels étaient les mots exacts? Il y a eu 2 moments-clé, dans mon souvenir. Il me faudrait retrouver mon journal d’alors pour les détails. Mais je me souviens très bien de cette journée. 14h30, la rencontre, un choc d’énergie, puis, juste avant la cérémonie, ce mystérieux "çà va?", puis la cérémonie elle-même, les lumières, la musique, et la confirmation elle-même, quels étaient les mots? "Tu iras loin"? J’en ai retenu une immense dose de confiance en moi, mais aussi, l’impression d’avoir une mission à accomplir.

C’est cette mission que je cherche aujourd’hui.

Il me semble que j’ai reçu un trop plein de dons pour la vie que je mène aujourd’hui.

Comme quoi, je tourne en rond. Ces questions sont toujours entières pour moi aujourd’hui – plus de deux ans plus tard. Je suis simplement un peu plus avancée dans ma quête de réponses. En particulier, partant de ce que mon intuition m’avait inspiré en m’envoyant thala-délasser enfin mon corps trop ignoré par mon orgueilleux intellect qui s’y trouve pourtant fort bien hébergé, j’ai mieux compris l’importance de mieux habiter et soigner ce corps pour avancer globalement, même si c’est pour moi un long et difficile chemin. Et la page suivante, c’est mon corps qui l’a menée – prochain épisode… 

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2004 – Thalasso – Préparation

Thalassoi Comme prévu en conclusion de notre évasion-duo estivale, je m’organisai pour partir une semaine en évasion-solo thalassothérapeutique, un vieux rêve que je souhaitais réaliser depuis la naissance d’Ondine, mais que différents événements dont la marée noire de l’hiver 2002-2003 m’avaient fait reporter.

Choix de la date, d’abord: novembre s’imposa rapidement, étant à la fois mon mois de prédilection pour le ressourcement, un mois de basse saison permettant de bénéficier de meilleurs tarifs à l’écart des foules, et ce mois de la transition, toujours brutale ici en altitude, des douces journées d’ocre-tobre au monochrome glacial neige-nuages-nuit de l’hiver débutant après la Toussaint.

Choix du lieu, ensuite. J’aurais aimé partir sur la côte atlantique, sur une de ses îles ou sur la côte basque, mais au départ de Suisse et à cette saison, il m’aurait fallu sacrifier deux journées rien que pour le voyage. Je décidai donc de descendre en Méditérannée, à une heure de low cost de Genève, et je choisis rapidement Antibes, bien que le centre n’y donne pas directement sur la mer, pour la spécialisation en cure "Harmonie Energie" proposée là-bas, ce qui permettrait de tester en une semaine différents soins énergétiques en plus de la cure – une première pour moi.

Choix de la compagnie, enfin. Je ne cherchai pas inviter une copine; j’avais besoin de ce temps rien que pour moi, pour me retrouver seule 6 jours, pour me recentrer, coupée de tout – Mari Charmant, les enfants, le boulot, la maison, la famille, etc… Par contre, je pris soin de remplir mes bagages avec quelques outils essentiels. Deux livres sur le Qi Gong et la médecine énergétique, histoire de me familiariser avec le vocabulaire (à l’époque, je n’avais jamais entendu parler de méridien ni de chakra); 2 ou 3 Psychologies Magazine en retard de lecture; et surtout, "Petites listes à faire pour mieux profiter de la vie", un petit guide publié dans un de ces numéros, et un cahier pour m’aider à formaliser ma démarche d’introspection.

Pour n’avoir strictement aucun souci d’organisation ou de planification, je choisis l’option pension complète diététique, et je louai une voiture à l’aéroport afin d’avoir la liberté d’aller me promener dans la région au gré de mon humeur.

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Loyale?

Il y a quelques mois, j’ai eu la curiosité de demander à mes parents quels étaient à leurs yeux ma plus grande qualité et mon plus gros défaut.

Mon père n’a pas répondu. Je suis toujours étonnée de voir combien il peut être bavard et tourné vers les autres tout en ne dévoilant rien de ses valeurs et convictions les plus profondes, même à ses intimes, il faut tout deviner par une fine observation, et encore, on ne sera jamais sûr de rien. Cette question-là était trop directe: il a esquivé, comme toujours si habilement qu’on ne s’en est même pas rendu compte!

Ma mère a joué le jeu par contre, sans préméditation, et le résultat m’a beaucoup surprise, surtout par sa spontanéité et son assurance: pour la qualité, je suis fidèle (elle a cherché d’autres termes plus précis ensuite, style "loyale", et elle a encore ajouté "travailleuse"), pour le défaut… tous ceux de mon père, qu’elle ne veut pas énoncer, mais elle dit cela en rigolant. (Donc, pour le défaut, lire entre autres le paragraphe ci-dessus. Sauf que je ne crois pas être bavarde. A part ici – lol)

Fidèle, moi? quelle étrange miroir elle me renvoyait là. Je suis partie à plus de mille km d’elle, j’oublie parfois de téléphoner le dimanche, je ne viens pas pour Noël et j’ai passé quelques étés sans mettre les pieds chez eux malgré l’attrait de leur côte bretonne à cette saison. Mais peu importe ces détails sans doute: après tout, je ne l’ai jamais trahie ou abandonnée (quelle drôle d’idée d’ailleurs – je me sentirais effectivement bien incapable de trahir ou abandonner ma propre mère!).

J’ai rangé cela dans un coin sans plus y penser, jusqu’à ce jour où j’ai eu la curiosité de faire un test de personnalité orienté bilan de compétences professionnel (eh oui c’est le même test qui tourne sur les blogs ces jours-ci). Car voilà ce qui est sorti du test, en terme de qualités inhérentes à ma personnalité, et dans cet ordre:

honnête, intègre; fiable; loyale; respectueuse des autres; souple, adaptable; fine, habile; réfléchie; observatrice; dotée d’un fort esprit d’analyse; intuitive; capable de prévoir et d’anticiper; dotée du sens de l’humour, notamment un humour un peu ironique.

Alors là, j’ai été vraiment étonnée. Je connaissais bien une partie de la liste, qui ressort dans mes évaluations de fin d’année au boulot, mais cette emphase sur la loyauté et la fiabilité exprimant finalement exactement ce que ma mère avait voulu exprimer en cherchant le mot juste m’a vraiment surprise.

Comme quoi, rien de tel qu’une mère pour connaître son enfant, même de 35 ans et n’ayant plus toutes ses dents!

PS: pour les défauts, qui vont avec d’ailleurs… ce sera une autre note 😉

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Faut vraiment que je le lise…

Au coeur de cet hiver, j’avais croisé une note de Carole sur le "forum-liberté" qu’elle animait alors (et qui a disparu depuis apparemment) sur le livre et le film "La prophétie des Andes", qu’elle n’avait pas trouvé intéressant, mais qui semblait être une référence connue de tous. Curieuse d’en savoir plus, j’avais cherché sur google plus d’informations, et découvert que ce roman était effectivement un best-seller et souvent utilisé à des fins de développement personnel, bien qu’il s’agisse d’un récit de pure fiction.

CelestineVoyant que certains lecteurs se plaignaient de la piètre qualité de l’écrit dans sa version française, je cherche alors à savoir si la version anglaise était plus intéressante, pour l’acheter en VO le cas échéant. Et là, surprise, le titre anglais "The celestine prophecy" me rappelle un livre trouvé l’an passé à la foire des bouquins d’occasion organisée chaque année dans mon village au profit des paysans de montagne, et stocké dans ma petite bibliothèque en réserve pour le jour incertain où je reprendrai vraiment le temps de lire des romans… je grimpe au galletas, et effectivement, en deux minutes chrono, je le retrouve, c’est bien lui!

Et je le mets de côté pour les vacances.

Et les vacances arrivent, mais j’ai croisé un essai et des magazines en route qui me détournent encore de cette lecture.

Vient enfin ma semaine de formation. A tout hasard, je le mets dans la valise, pour lire à l’hôtel le soir.

Et j’arrive à l’hôtel, mais avec mon ordinateur portable et un document à délivrer pour le lendemain matin pour ne pas bloquer mes collègues sur un projet multi-partite urgent. Malgré mon lever dans la nuit, le voyage et ma journée de cours, je règle les points les plus faciles, puis je me couche et je me lève encore tôt pour attaquer la partie difficile l’esprit clair et livrer la spécification à 8h, avant de retourner en cours. Pas le temps de lire, bien entendu. Ce sera encore pour les calendes grecques.

Sauf que…

J’ai perdu ma veste. Enfin, pas exactement. J’ai égaré ma veste que je retrouverai le lendemain matin après une série de quiproquos improbables. Et dans ma veste il y avait mes clés. Et ces clés me permettaient d’ouvrir ma voiture. Dans laquelle était resté mon ordinateur…

Je me suis ainsi retrouvée à faire le pied de grue, les mains vides, pendant une éternité, à attendre un taxi qu’on m’avait en fait commandé pour une destination erronée, à quelques dizaines de mètres de mes clés que personne ne savait retrouver, en regardant inquiète ma voiture restée toute seule au milieu d’un parking isolé avec l’incongruité de ses plaques suisses dans une région où il n’est pas rare de brûler des véhicules à la moindre saute d’humeur sociale. Pas bon…

… mais j’ai décidé de le prendre avec philosophie: advienne que pourra. Je me suis aussi demandé, dans ce temps mort interminable propice aux pensées vagabondes, si Benoît le cocreateur avait retrouvé ses clés, et je me suis promis de le lui demander dès que je récupèrerai un accès à la blogosphère. En fait, ce ne sera pas nécessaire. Deux heures après que j’aie retrouvé mes propres clés, il publiera sa propre clé de l’énigme! et moi je le découvrirai le lendemain… morte de rire!

Car entre-temps, forcément, privée de mon cordon ombilical informatique au boulot, je n’ai pas d’autre choix pour occuper ma soirée que de prendre ce fameux bouquin.

Dont j’aurai le temps de lire la première révélation (fictive, pour mémoire) ce soir-là:

Devenir éveillé aux coïncidences qui se présentent dans nos vies.

Tout un programme…

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Le tournant

Duguay_chemin Les dernières semaines m’ont portée face à une série de nouveautés qui se préparaient depuis fin 2006, mais qui se sont soudain concrétisées, me permettant de commencer à voir la suite du chemin, derrière le tournant qui se dessine pour moi en cette année 2007.

Certes, je n’ai pas eu le courage d’accepter la promotion que me proposait mon chef en février, avant tout pour des questions d’éthique personnelle (manque de disponibilité lié à mon temps partiel auquel je ne veux pas renoncer, et mauvaise consicence de profiter des ennuis de santé d’un collègue pour grimper à sa place). Mais mon statut va tout de même changer dans quelques semaines, m’engageant à un niveau de responsabilité plus élevé sur le papier, même si aucun changement hiérarchique ne le cristallise à ce stade.

Enfin, la formation qui s’est imposée à moi comme une évidence vers Noël a été acceptée par ma hiérarchie, et alors que je viens de la commencer, elle s’est révélée encore plus passionnante que mes attentes. Il me faut encore construire une partie du projet sous-jacent, notamment par le choix judicieux de mon sujet de mémoire, mais j’en suis toute excitée.

Quand je regarde derrière moi, je me vois devant des opportunités et des non-opportunités, pas toujours faciles à distinguer. Certaines voies m’inspiraient de le peur ou du doute; je les ai refusées, quitte à faire du sur-place, voire reculer. Certaines voies m’attiraient; je les ai choisies, quitte à me fatiguer un peu (beaucoup) sur ces chemins.

Et cela, que ce soit sur le plan professionnel ou sur le plan personnel.

En fait, je ne regrette rien…

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2004 – Racines

Après ces vacances qui m’avaient enfin requinquée, j’ai commencé à reprendre du temps pour moi. Après plusieurs années passer à lire essentiellement sur l’éducation, la famille, le développement de l’enfant, d’un côté, et de l’autre, des essais sur le management, les différences hommes-femmes, l’organisation des sociétés humaines… j’ai commencé à acheter à Psychologies Magazine et je lisais tout, jusqu’aux petites annonces, que je trouvais fascinantes car pleines de mots dont je n’avais aucune idée, coaching, analyse transactionnelle, etc.

C’est aussi à ce moment, à la fin de l’été quand les jours de plus en plus courts rappellent l’approche du temps des morts (Toussaint, un temps très fort dans le tréfonds de la Bretagne d’où je viens), que j’ai commencé à explorer les nouveaux outils développés par le Conseil Général des Côtes d’Armor: base de données des registres paroissiaux Genearmor interrogeable en ligne, et microfilms des archives départementales, registres paroissiaux du 17ème et du 18ème siècle, cadastres anciens… 

Anciens Mon patronyme étant peu commun et centré déjà il y a 3-4 siècles sur la commune d’origine de mon père, il m’a été facile de sortir de la base tous les homonymes, et j’ai reconstruit manuellement la trace de 2 ou 3 arbres sur 2 siècles, sans savoir si l’un d’eux a effectivement directement conduit à moi. Mais en observant les mariages mélangeant toujours plus ou moins des patronymes locaux encore présents dans le coin 3 siècles après, et la relative petitesse de la population (enfin, surtout de ceux qui arrivaient jusqu’au mariage), j’ai fini par conclure que je devais croiser un ancêtre ou un cousin ou un voisin d’un ancêtre dans quasiment chaque page des registres paroissiaux, et j’ai commencé à m’y balader au hasard. Par chance, sur cette commune, les registres sont en bon état et généralement assez lisibles, passé quelques spécialités d’antan (tracé des lettres différents, et utilisation de septante mais bon, depuis 12 ans en Suisse, je le pratique moi-même!).

Tout cet exercice était absolument sans surprise, confirmant simplement l’extrême linéarité de la vie de ces anciens. A part la forte mortalité enfantine et en couches, rien de surprenant dans ces registres campagnards: très peu d’enfants illégitimes, et quasi pas de mort violente, un homme écrasé par une charette, et une mendiante et sa fille retrouvées mortes dans un champ en plein été, ce dernier fait divers m’ayant beaucoup intriguée au point que je me dois de décrire un jour les éléments de mon enquête, doutant que les autorités d’alors aient fait grand cas de cette affaire, même si le registre mentionne qu’elles ont été saisies comme le voulait la loi (sous l’ancien régime ici en l’occurrence).

Toulgoulic

Le plus ancien porteur du patronyme, à la souche de l’un des arbres, avait tout de même vécu l’âge honorable de 90 ans (sachant qu’à partir de 60 ans, en général, l’âge était arrondi) au 17ème siècle. Pas mal!

En même temps, je trouvais ces données terriblement rassurantes et structurantes, pouvant visualiser ensemble les lieux visités dans mon enfance et ces données historiques, et j’ai compris ce que les Mormons peuvent rechercher dans leur exploration maniaque de toutes les sources généalogiques.

Paradoxalement, cette quasi-preuve de la cohérence et de la banalité de mes racines (toute ma famille venant de la même région avec le même profil socio-culturel: sans surprise) ne me donnent pas plus de sentiment d’identité nationale, ce fameux terme à la mode, ou même régionale, puisque cette dernière a tendance à remporter plus de faveur chez les Bretons en général (à part un cas particulier parmi les candidats présidentiables…). J’ai juste les pieds encore un peu plantés dans un coin de terre de là-bas, et mes gènes de rhumatismes-hypertension pas forcément améliorés par la très probable consanguinité de ces paysans. Au moins, j’aurai rompu cette dernière avec les mélanges alsaciens, suisses, auvergnats, franciliens et gascons que j’ai vu traîner dans la généalogie de Mari Charmant! 

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1981… et si on rêvait encore?

Le monde de mes 10 ans me paraît bien loin.

Un lundi matin, mai 1981. C’est ma première classe verte. Toute excitée, je n’ai presque pas dormi de la nuit, tant j’ai eu peur de ne pas entendre le réveil! Le car qui va conduire les CM1 et CM2 dans le Massif Central part à 6 heures: il fait encore nuit noire, quand les enfants encore ensommeillés se rassemblent dans la rue. Enfin c’est le départ, et nous regardons la gorge un peu serrée soudain les au-revoir de nos parents sur le trottoir qui s’éloignent, s’éloignent…

Mais 500m plus loin, les maîtres demandent au car de s’arrêter! le Bar-tabac-PMU-presse du haut du quartier est déjà ouvert, et l’un d’eux court vite acheter les journaux du matin. Je me rends compte soudain qu’ils sont tout excités eux aussi; joyeux comme je ne les ai rarement vus; le visage fendu d’un large sourire, car pour eux aussi, c’est une première, la réalisation d’un rêve… La gauche est au pouvoir! ils partiront bientôt en retraite à 55 ans…

C’est ma petite voisine dans le car qui m’explique tout cela. Elle me demande si mes parents étaient contents ou tristes, hier soir. Tant de gens ont fait la fête. Mais ses parents à elle étaient déçus. Elle en reprend l’air grave et dépité. Moi je ne sais pas. Nous avons regardé les résultats, mais on ne parle pas de politique chez moi, et mes parents n’ont manifesté ni joie outrancière, ni grosse déception. Je suis toute étonnée donc de voir ce matin-là combien ces élections passionnent les autres! quelque-part, la joie de mes maîtres est communicative… le soleil se lève, et nous partons à l’aventure… quelle belle journée!

Et quelques mois plus tard, j’ai 10 ans, je suis en CM2, le maître toujours aussi joyeux et enthousiaste veut partager avec nous un peu de son idéal: il rêve d’Europe à présent, elle va se faire enfin, bien loin derrière lui sa petite enfance pendant la guerre, les Allemands sont enfin nos frères, et bientôt aussi les Espagnols, les Portugais, les Grecs!

Alors voici ce qu’il nous apprend à chanter, sur la 9ème symphonie de Beethoven choisie pour l’hymne européen:

Que la joie qui nous appelle, nous accueille en sa clarté,
Que s’éveille sous son aile l’allégresse et la beauté.
Plus de haine sur la terre, que renaisse le bonheur,
Tous les hommes sont des frères quand la joie unit les coeurs.

Peuples des cités lointaines qui rayonnent chaque soir,
Sentez-vous vos âmes pleines d’un ardent et noble espoir ?
Luttez-vous pour la justice, êtes-vous déjà vainqueur ?
Ah qu’un hymne retentisse à vos coeurs mêlant nos coeurs.

Si l’esprit vous illumine, parlez-nous à votre tour,
Dites-nous que tout chemine vers la paix et vers l’amour.
Dites-nous que la nature ne sera que joie et fleurs,
Et que la cité future oubliera le temps des pleurs.

Je n’ai pas beaucoup de mémoire pour les chansons, mais je n’ai jamais oublié les paroles de celles-ci. Il y a quelques mois, j’ai voulu la chanter à nouveau, pour l’apprendre à mes filles, mais je n’ai pas pu. Je ne sais pas pourquoi, ce chant est pour moi trop chargé d’émotion, de nostalgie: ma voix tremble et je suis au bord des larmes avant la fin du premier couplet…

Car mon maître est un vieux monsieur désormais…

MarseillaiseAujourd’hui, c’est ma petite soeur, même pas encore née en mai 1981, qui enseigne aux enfants du primaire… et à son programme, obligatoire depuis une loi passée en 2005, l’apprentissage de l’hymne national, ce chant sanguinaire des pires heures de la Révolution, mais auquel tout Français doit le respect, sous peine de 7500 euros d’amende et 6 mois de prison, selon la loi de sécurité intérieure passée en 2003.

Que c’est loin le 20ème siècle: même l’aux armes etcetera de Gainsbourg est mort, mort, mort…

Alors moi, je trouve que c’est dur d’être devenue adulte, d’avoir 30 ou 40 ans aujourd’hui et d’avoir vu les rêves de nos parents s’évanouir comme de tristes chimères… même si tout cela a moins d’importance pour moi aujourd’hui puisque j’ai quitté ma patrie pour aller plus près de ces "cités lointaines qui rayonnent chaque soir", j’ai mal au coeur… alors pour ceux qui sont restés et qui partageraient ma peine, même si vous êtes une minorité dans les sondages, voici tout de même quelques liens pour rêver encore de construire, avec nos simples mots plutôt que de grands idéaux politiques, un monde meilleur dans lequel les petiots de notre "Douce France, chère patrie de notre enfance" n’auront plus à chanter "Ils viennent jusque dans vos bras – égorger vos fils, vos compagnes!" et "Tous ces tigres qui sans pitié – déchirent le sein de leur mère" (ben oui c’est dans les paroles!).

  • Proposer une nouvelle version pour la marseillaise des enfants jusque fin 2007 (concours ouvert tout particulièrement aux classes scolaires): ici.
  • Signer l’appel de Graeme Allwright  pour une nouvelle marseillaise: ici.
  • Une autre association pour une nouvelle marseillaise: ici.
  • Les paroles en français de l’hymne européen officiel (la version que j’ai apprise à l’école est une variante officieuse apparemment, mais la musique est la même): ici.