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Princes Charmants, Maris Charmants – si si y’en a plein!

http://www.marioduguay.com   

Une image (c) de Mario Duguay

Il y a tant d’attentes déçues (jusque dans les lettres au Père Noël, si si!), de rêves brisés, de rancoeurs rampantes, de divorces affreux dans cette blogosphère que je me décide à faire cette note même si je dois passer pour l’innocente (au sens béat) du village – on verra, il n’y a pas grand-monde à passer par ici de toute façon…

Toutes les petites filles lisent les histoires de Princesses, s’identifient à elles, et rêvent que leur tour viendra: un Prince Charmant les choisira, de préférence à travers un acte héroïque pour mieux souligner le côté exceptionnel de ce personnage extraordinaire. Et après… ils se marient et ils ont beaucoup d’enfants.

ET APRES???

Il est totalement inacceptable pour moi de laisser mes filles se cantonner à un mythe aussi inachevé, pourtant répété partout, et qu’elles adorent sans concession (Barbie, etc). Leur vie ne va pas s’arrêter après quelques paillettes à 20 ans, tout de même!!! Voici donc la suite que je leur propose (en touches subtiles et avec des mots adaptés à leur âge, bien sûr): le Prince est appelé ensuite à devenir Roi, et la Princesse, Reine. Pour exercer de telles responsabilités pendant leur longue vie, il leur faut bien d’autres qualités encore que celle du conte; en particulier, il leur faut maîtriser beaucoup de savoirs; et c’est à l’Ecole qu’on les acquiert (si si). Et bien entendu cela concerne tout autant la Reine que le Roi, évidemment!

Ensuite, quelques vérités pour bien préparer les filles… le Prince Charmant devenu Roi est très occupé par ses nouvelles responsabilités. Il n’a plus le temps de conter fleurette, ni d’aller danser (mais la Reine non plus de toute façon!). Il doit guerroyer, gérer son domaine, il est fatigué le soir et parfois impatient. Il passe souvent trop de temps à s’occuper de ses chevaux, à jouer avec ses amis à des défis chevaleresques ou aux cartes… Mais il ne faut pas se fier à ces apparences; son foyer, sa femme et ses enfants lui sont, malgré tout, essentiels.

ET J’EN AI LES PREUVES!

Ce n’est pas spécialement pour le mien que j’ai inventé le terme "Mari Charmant". En effet, je dois vivre sur une autre planète que celles des magazines, romans, films et blogs, car j’en vois plein autour de moi (mariés ou pas, mais disons en couple depuis un bail). Je dois aussi admettre pour mise en garde que ma planète ne se trouve pas dans les statistiques: sur les dizaines de couples que j’ai à l’esprit, moins de 5% de divorces ou séparation, et la plupart sont au moins des trentenaires avec (déjà!) de longues années de vie commune. Dans ma famille, ma belle-famille, chez mes voisins, chez mes collègues, je vois plein de Maris Charmants…

Je vois notamment mes collègues masculins parler de leur famille. Je suis souvent la seule fille à table ou à la pause café, alors je suppose que ces sujets viennent facilement dans la conversation et parfois, je voudrais les enregistrer discrètement pour montrer à leurs femmes, à leurs enfants, tout le bien qu’ils disent d’elles, d’eux, ces Maris, ces Papas dont certains passent pourtant près de la moitié de leur temps en voyage professionnel et dont la plupart donnent énormément (sûrement trop) de leur temps, leur énergie, leur passion à leur travail – ce bouffeur de vie de famille par excellence…

Et je ne parle pas seulement des mots, il y a le ton de la voix, des parcelles de sourires, de la lumière dans le regard. La fierté d’un Papa face au progrès de ses tout-petits, l’amusement un peu attendri d’un Mari qui explique "ma femme aime bien ceci ou cela…" (sous entendu "truc de gonzesse" mais bon ils nous aiment bien pour cela aussi!).

Car ils nous aiment, nos Maris Charmants, ces anciens Princes Charmants, même quand, devenus Rois, ils croulent sous le stress de leurs nouvelles responsabilités, au point qu’on ne les voit plus, ou qu’on les voit mal… ils ont beaucoup de tendresse pour nous et les enfants que nous leur avons donnés, même s’ils ont plus de peine que nous à l’exprimer du matin au soir, car enfin, "ce sont des mecs", tout de même… ce serait bête de leur en vouloir!

Et n’oubliez pas d’apprendre à vos filles à devenir Reines. Sinon elles chercheront toute leur vie le mythe inachevé du Prince Charmant, à 20 ans, à 30 ans, à 50 ans (apparemment, 3/4 des divorces sont demandés par des Princesses déçues)… Quel gâchis!

En conclusion: longue vie aux Maris Charmants, et à leurs Reines.

Et au passage je glisserai une intention au prochain Père Noël que je croise pour quelques-unes d’entre vous  – un Mari Charmant sous le sapin, pourquoi pas 😉

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A propos d’amitié

Une note de Lomi-Lomi sur les amitiés et inimitiés m’a donné quelques pistes de réflexion…

Amitiés, combien elles me manquent! j’y pensais encore l’autre soir – toutes mes copines d’antan sont restées en Bretagne ou sur Paris, et j’en ai perdu beaucoup en route, alors que nos vies, sournoisement, divergaient (case 1).

Et inversement, tous nos copains d’ici, rencontrés pendant les études qui nous ont amenés en Suisse, ont trouvé l’âme soeur dans le coin: les femmes de ces copains-là ne sont pas des exilées comme moi, elles ont toujours leurs grandes copines d’antan à portée de voiture, alors même si on passe de bons moments ensemble de temps à autre autour d’un BBQ ou d’une raclette selon la saison, je ne serai jamais dans le premier cercle de leurs intimes (case 2). 

Pour se faire des copines, il faudrait d’abord que je les rencontre, et cela, mine de rien, ce n’est pas si facile. Dans mon travail, les filles sont ultra-minoritaires, et celles qui restent sont soit plus vieilles, soit plus jeunes, soit entre les deux comme moi, mais sans enfants (et toutes ces catégories sont sans affinités avec les histoires de pampers des Kate Reddy de mon genre), soit suissesses (retour à la case 2), soit à parmi mes collègues de… Paris (retour à la case 1).

En dehors du travail, je me suis secouée pour faire du sport un soir hebdomadaire depuis l’an passé et cela m’a permis, effectivement, de revenir dans un monde, pour le coup, exclusivement féminin. Même chose avec les activités autour des enfants, anniversaires, ludothèque etc, mais bon, comme c’est la nounou qui fait la sortie des classes, il m’est arrivé l’an passé de croiser une maman de l’école à un anniversaire qui a ouvert de grands yeux: ah, c’est vous la maman de Lili? et c’était… en juin! Et encore heureux que je joue le jeu le mercredi grâce à mon 80%, sinon je serais complètement déconnectée de ce monde… 

Et une amitié met du temps à se construire – comment trouver ce temps dans un emploi du temps ultra-serré? mon temps à moi, c’est le soir entre 20h et 23h, quand les gens normaux regardent la télé…

C’est pour cela que je viens chercher de la lumière ici – ce n’était pas du tout mon intention de départ, j’ai débarqué avec juste l’envie d’utiliser le blog comme outil de mise en forme de mes mots, motivation avant tout technique et aussi une idée abstraite de "publication", poser des mots ici pour qu’ils soient publics, même si personne ne passait les voir, cela n’avait pas vraiment d’importance, c’était juste une motivation/satisfaction abstraite. Mais à ma grande surprise, cela m’a permis de rencontrer d’autres personnes derrière d’abord des commentaires, aussi quelques mails, et bien entendu ce que leurs blogs révèlent. Finalement, je passe bien la moitié de mon temps sur les blogs des autres, pas sur le mien, ce qui montre tout de même que j’y trouve mon compte… Et vous êtes complètement différents des gens que je croise dans ma vie réelle, c’est super enrichissant pour moi! je n’oserais jamais discuter avec des gens comme Vero, Marino, Lomi-Lomi, Alibi-bi ou Enriqueta par exemple, dans la réalité, je suis sûre que vous me paraîtriez toutes trop intimidantes, mais moi j’ai plein de choses à apprendre de ces gens intimidants…

Je vais continuer… Merci pour vos présences!

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Journée hédoniste

Promenadeautomnale

Aujourd’hui, exceptionnellement, je me suis accordé une journée de congé, partant au départ d’une bonne excuse: la nécessité, décembre arrivant, d’aller faire les magasins puisque le Père Noël de la famille, depuis la naissance de Lili, c’est moi…

Palace_1 J’ai eu la bonne idée, pour adoucir cette corvée, de la réaliser à Montreux, qui héberge un grand magasin de jouets et toutes sortes d’autres attraits plus touristiques, comme son fameux marché de Noël, dont je n’ai toutefois pas profité car je devais rentrer chercher Ondine à l’école avant son ouverture.Palaisoriental

Bateau

J’ai aussi eu la bonne idée de prendre mon micro Olympus tout neuf dans le sac, suffisamment miniature pour se faire oublier.

Alors voilà quelques images glanées…

Brume

D’abord dans les brumes de mon village ce matin entre l’école et la voiture…

… ambiance..

Puis lors de ces 10 minutes de promenade sur la rive du lac: moments de pur plaisir de vivre ici et maintenant, volées à mon emploi du temps perpétuellement surchargé, à part en ces soirées que j’aime venir passer ici plutôt que devant la télé…

Freddymercury

La statue de Freddy Mercury saluant le lac… 15 ans après sa disparition, encore un superbe bouquet de fleurs à ses pieds, avec les quelques mots d’amour éternel d’une groupie inconsolable…

… ambiance…

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Le bateau d’un pêcheur, nonchalant dans ce matin brumeux.

Et quelques oiseaux peu farouches qui me laissent approcher mon appareil comme si de rien n’était…

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Gris uniformes

Embouteillage Au milieu de flot des voitures des pendulaires ce matin, une constatation soudaine: ces voitures sont toutes grises. Ou presque; quelques-unes bleu sombre, noires ou blanches; une rouge ici ou là, plutôt bordeaux que rouge vif. Mais pour la majorité, petites, grandes, breaks, 4*4, même un coupé décapotable MG (capoté de noir tout de même) qui attendait au feu à côté de moi ce matin: toutes grises, ou presque.

Pourquoi tant de gris? est-ce que les voitures sont plus grises aujourd’hui qu’il y a 10-15 ans? est-ce une spécificité suisse (après tout, le sel abondant sur les routes l’hiver motive le choix d’une couleur cachant la saleté grise qui va avec…)?

Parce qu’enfin, ma première voiture était jaune moutarde, et la deuxième, violette, avec une bonne bouille, on aurait dit un jouet. Il me semble que c’était la mode à l’époque. Mais quand j’y réfléchis, je crois qu’on ne les voit plus trop, ces voitures: c’était l’époque des premières Twingo avec leurs coloris sortant de l’ordinaire, suivies par les Corsa, Cinquecento et compagnie. Est-ce que les Twingo sont grises aujourd’hui?  je ne me souviens plus quand j’ai vu la dernière Twingo colorée?

Et d’ailleurs, moi aussi je me suis convertie à l’auto grise… Dès ma première grossesse, achat d’un break d’occasion: gris. Second bébé, renouvellement du break: gris. C’est pratique, discret, peu salissant, on ne voit pas les rayures, cela se revend bien…

Mais tout de même, je n’aime pas le gris, trop triste, trop sale, couleur de la mer sous une pluie maussade, couleur de la neige salie en fin d’hiver, couleur de la maladie, couleur du brouillard, couleur de la banlieue, du béton, du périph, des usines, couleur de la pierre inerte et froide.

Couleur de novembre (même si j’aime novembre).

Alors rentrée chez moi, je me suis précipitée vérifier mon armoire. Je n’ai pas un seul vêtement gris. A part quelques chaussettes – joker, on ne les voit pas. Ouf!

Le gris uniforme n’envahira pas mes uniformes… déjà que je bosse dans un monde de mecs et d’ordinateurs ultra-technique… j’ai besoin de couleurs douces, verts, beiges et bruns, de couleurs gentilles, pastels et blancs, avec comme compromis, le bleu jean ordinaire et du noir plus ou moins chic. Mais pas de gris.

Promis!

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Novembre m’inspire

1er novembre aujourd’hui! Et le calendrier, cet année, ne m’a pas trahie. Nous avons perdu près de 20 degrés en 3 jours.

Et moi, je suis contente! j’ai toujours aimé novembre, et je m’impatientais d’y arriver cette année, au bout de cet été indien qui n’en finissait pas.

Novembre, quand j’étais petite, cela commençait par le rassemblement de la famille au déjeuner chez mes grand-parents, puis la messe des morts et la visite au cimetière, et comme le calendrier ne nous trahissait généralement pas, cela se faisait le plus souvent sous la pluie ou dans le vent, voire même, certaines années, les deux à la fois. D’ailleurs, on sortait les manteaux d’hiver neufs à cette occasion. Je crois que je ne suis jamais allée à l’église en tribu familiale à Pâques, ni même à Noël, mais la Toussaint, c’était incontournable! Ce qui, avec le recul (et un certain esprit critique…) me fait penser qu’on avait finalement dans la pratique catholique locale plus le souci (et le souvenir pour certains) de nos morts, proches de nous et rappels de notre propre destin de mortel, que celui des évènements bibliques, quand bien même ces derniers se présentaient comme plus joyeux et plus miraculeux…

Ciel En tout cas, novembre en Bretagne, c’était parfait pour l’ambiance! arbres dénudés comme des cadavres noircis se découpant sur un horizon privé de lumière, tempêtes automnales, et surtout des heures de cette petite pluie fine (crachin, bruine…) dont l’humidité pernicieuse s’infiltre jusqu’au plus profond des maisons. Je sens encore le froid des draps sur mes jambes nues, dans les chambres mal chauffées où j’ai parfois logé à cette saison.

A l’adolescence, j’ai eu le plaisir (laborieux tout de même) de mettre des mots sublimes sur ces atmosphères: le spleen de Baudelaire, si bien exprimé dans ces quelques vers

Quand le ciel bas et lourd pèse comme un couvercle

Sur l’esprit gémissant en proie aux longs ennuis (…)

Ainsi j’étudiais Les Fleurs du Mal au lycée, et sur le chemin du retour, je me récitais ces vers en y ajoutant des suites de mon cru, selon mon humeur du moment. Bien sûr, l’image d’enfermement me parlait d’autant plus que je me sentais également à l’étroit dans ma coquille mal dégrossie d’adolescente mal aimée de ses pairs (du moins le percevais-je ainsi) et rêvant à d’autres horizons, ceux d’une vie adulte libre et lumineuse, qui m’étaient encore totalement inaccessibles. Ainsi novembre résonnait-il plus en harmonie avec mes doutes et angoisses intérieurs d’alors que les chaleurs, couleurs, odeurs exubérantes des mois estivaux par exemple…

Enfin, depuis mes 13 ans, novembre a souvent été pour ma vie intérieure le mois du renouveau, de la créativité. L’explication se trouve facilement dans le fait que ce mois est propice au repli sur soi dans les chaumières; au travail d’écriture que rien ni personne ne vient troubler tant il est désagréable de sortir aux premiers frimas; puis finalement, tellement plus propice que les autres temps de l’année aux longs cheminements intérieurs sans distraction autre que le hurlement du vent les soirs de tempête et, de temps en temps, le craquement d’une bûche dans l’âtre. Pour un peu, on entendrait les esprits s’exprimer dans ces monologues trop sinistres (pour ceux qui y croient). Pas étonnant que la fête des morts tombe à cette période sous nos climats!

Spleen ou pas, j’ai avancé à travers tous ces mois de novembre. Celui de ma vingtième année, j’ai déplacé ma vie, au sens propre et au sens figuré, et c’est là enfin que je suis entrée dans mon ère adulte. C’est d’ailleurs là que plein de petits maux dont je souffrais avant ont disparu. J’ai un souvenir fantastique de ce mois de novembre où j’ai enfin investi ma vie plus librement.

Il y a eu d’autres mois de novembre plus perturbateurs, ensuite. Je suis souvent tombée amoureuse en novembre, j’y ai rompu aussi, ou failli rompre; mois du travail sur moi, des remises en question, parfois salutaires, parfois excessives. Finalement, c’est un mois où je suis un peu décalée (on peut peut-être l’expliquer par de subtils déséquilibres hormonaux dûs à l’entrée dans la saison hivernale) et il vaut mieux me laisser tranquille. En principe, j’en sors en forme. Mais mieux vaut ne pas me déranger.

Quand je suis arrivée en montagne, novembre a pris un sens tout différent: bien plus rares la bruine et les tempêtes de mon enfance – c’est ici aux premières neiges que l’on s’attend; celles qui parent les arbres d’un habit féérique, d’une blancheur immaculée. Et les jours sans neige, alors que les basses plaines sont enfermées sous le couvercle du ciel bas et lourd si propice au spleen, ici, le brouillard est sous nos pieds et, pour peu qu’il ait neigé, le soleil ajoute aux arbres une parure d’étincelles.Chapelleneige

C’est pourquoi j’aime toujours autant novembre. Le spleen de mes 15 ans me touche bien moins; par contre, la perfection et la pureté d’un paysage enneigé sous les rayons d’un soleil faiblissant mais bien présent résonne toujours avec mon état d’esprit, comme un but, une harmonie à atteindre par moi-même.

Bref. Il y a 2 ans, j’ai utilisé novembre pour faire une pause dans ma vie avec l’aide de Mari Charmant, qui a assuré comme un chef la logistique domestique en plus de son boulot pendant les 6 jours nécessaires à une retraite en thalasso "Harmonie-Energie". Entre les soins et la gym, je me suis replongée dans mon histoire, mon présent et mes projets par moi-même (avec pour seule aide un de ces petits carnets pratiques de Psychologies Mag que je trouve fort utiles). Cela m’a fait beaucoup de bien, forcément physique grâce à la cure, et surtout, je suis revenue l’esprit serein.

L’an passé était plus tranquille. Cette année… on verra!

   

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Ils rêvent de gagner à l’Euromillion – moi pas

Les doutes de Desperate Workwife sur son rapport à l’argent lus au travers de ma corvée des factures mensuelles ce dimanche après-midi a mis le sujet sur mon tapis… devrions-nous tous donc rêver de gagner à l’Euromillion pour débarasser nos dettes et être à jamais (ou du moins sur plusieurs générations) à l’abri de la peur du lendemain qu’exprime si justement Desperate Workwife:

Donc, comme certainement beaucoup de nos semblables, nous donnons l’image d’une famille bourgeoise, aisée, sans difficultés, jouissant de situations solides, etc. A l’intérieur, le doute sur notre avenir, notre peur d’avoir fait des paris risqués nous ébranle et nous fait vaciller. On se rassure comme on peut, en se disant qu’après la prochaine déclaration ce sera forcément plus souple, on s’en sortira, que ces années de rattrapage sont particulièrement difficiles, etc…

Le fait est que, avec le report de la cagnotte Euromillion toujours pas gagnée, collègues, voisins, commerçants autour de moi m’ont l’air tout excités…

Mais moi, je ne joue pas à Euromillion.

Je suis complètement hermétique à ce genre d’espoirs. Je suis beaucoup trop lucide sur l’impact qu’un gain de 200 millions aurait sur ma vie, même si une bonne partie part aux impôts (en Suisse).

Je me trouverais projetée dans le clan des (très) riches. Je devrais équiper ma maison d’alarmes (ou mieux déménager), mettre mes filles dans une école privée par peur du racket, me prendre la tête à contrôler que des gestionnaires de fortune ne sont pas en train de m’arnaquer… Euromillion

Mais surtout, je serais en décalage avec ma famille, mes relations, mes amis d’hier et d’aujourd’hui; et j’aurais toujours un doute sur la motivation cachée dans les relations à autrui… l’argent compte dans les relations sociales, familiales, amicales. Mari Charmant a fait quelques périodes de chômage dans son parcours, avant de réussir à monter son business. Il a vu terriblement clairement comment les gens se comportaient différemment au cours du temps: méprisants devant le "looser" qui ne le fréquentaient plus que parce qu’à travers moi, restée dans la boucle des salariés méritants; puis quand le vent a changé, clairement intéressés devant le "winner" devenu susceptible un jour de les embaucher (ils peuvent toujours courir: il ne leur a pas pardonné!). L’idée de me faire bouffer le restant de ma vie par tous un tas de parasites espérant récolter des miettes ne m’enthousiasme absolument pas…

Par ailleurs, il m’arrive de descendre dans un hôtel 4 étoiles à l’occasion de conférences professionnelles, mais je m’y sens toujours mal à l’aise de croiser indifféremment dans le couloir les femmes de ménage à la vie laborieuse et des "femmes de luxe" aux bijoux présomptueux. En fait, je me sens plus proches des premières, je leur dis toujours bonjour… Elles me rappellent les femmes que je côtoyais sur la chaîne de mon premier boulot d’été, simple case "stage ouvrier" pour moi dans mon parcours de formation d’ingénieur, mais tout leur avenir sans autre horizon probable pour elles. On papotait un peu à la pause: elles avaient 20 ans comme moi, mais souvent déjà des gamins à nourrir, habiller, éduquer… et à la fin du mois, comme elles étaient pour la plupart intérimaires, elles tremblaient d’angoisse devant le verdict du patron venu annoncer dans l’atelier s’il les reprenait ou pas, selon la marche des affaires… je n’ai jamais autant mesuré la chance d’avoir un autre parcours (merci l’école).

Quand aux autres, les "femmes de luxe", de toute façon, elles m’ignorent si elles me croisent: je n’ai pas le bon look, les bonnes manières, les codes sociaux-culturels des hautes sphères. Je ne suis pas à l’aise, gauche et malhabile; elles le sentent. Pourtant j’ai appris, cela va beaucoup mieux qu’il y a 10 ans; on ne me surnomme plus Bécassine (c’était gentil, mais juste!). Pour moi, devoir naviguer dans le beau monde, c’est une vraie corvée: je suis convaincue qu’être multi-millionnaire me dénaturerait.

Enfin, je ne pense pas que l’argent rende plus heureux, même si le manque d’argent rend la plupart du temps plus malheureux. Je crois, par contre, que le travail rend heureux, quand il est choisi et pratiqué avec conscience. Le goût du travail bien fait, le plaisir de se savoir utile: comme le chantait si bien Lavilliers, si demain par aventure, je devenais super riche…

J’voudrais travailler encore – travailler encore
Forger l’acier rouge avec mes mains d’or
Travailler encore – travailler encore
Acier rouge et mains d’or

J’peux plus exister là
J’peux plus habiter là
Je sers plus à rien – moi
Y a plus rien à faire
Quand je fais plus rien – moi
Je coûte moins cher – moi
Que quand je travaillais – moi
D’après les experts

… conclusion: l’euromillion… je le laisse aux autres!

   

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Sisyphe

Sisyphe Je me sens comme Sisyphe ces jours au boulot: devant de lourdes tâches sans cesse recommencées. Je ne sais pas si c’est l’effet post-rentrée ou si décidément tout devient plus compliqué, mais il me semble que je n’arrête pas de sauter de tâche en tâche, en plus, elles se complexifient et les directions à suivre sont contradictoires (elles changent de jour en jour). Ce qui m’étonne le plus, ce sont les stratégies différentes que les gens adoptent face à ces situations cornéliennes.

Il y a les fatalistes, qui font l’autruche ou le mort; les agités, qui s’énervent et s’agitent en tous sens; les râleurs, qui commentent et critiquent; les sceptiques, qui attendent que çà se passe; et les pragmatiques, qui bricolent avec les moyens du bord.

Je suis aussi fascinée de voir à quelle dilution de compétences un boîte de taille pourtant réduite  peut rapidement arriver et à la difficulté de coordonner/gérer une telle ruche au jour le jour (sans parler de planification à long terme!).

Mais je continue de ramasser ma boule, la monter où je peux, puis je passe à une autre boule, je la remonte où je peux, puis… etc.

Faut que je relise Dilbert…

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Lire ou écrire, il faut choisir…

… si je veux dormir!

Debordeepetite

J’ai encore passé du temps à me balader rue des blogs ce soir. Simple flanerie,  comme du lèche-vitrines au hasard, sans rien chercher de particulier, je m’arrête ici ou là. Devant les blogs à la mode, ceux où tout le monde va (à en juger par les compteurs et les commentaires) mais aussi devant ces petites vitrines inconnues, juste listées dans l’annuaire des mises à jour avec une enseigne accrocheuse.

Bien sûr je vais aussi toujours visiter les échoppes, petites ou grandes, qui m’ont fait cadeau d’un petit passage chez moi avec commentaire (pour les autres, je n’ai pas de trace, faut me laisser une carte de visite…)

Je trouve cela fascinant – toutes ces tranches de vie, ces personnes que l’on devine derrière. Parfois si proches, parfois si différentes.

Le problème, c’est que j’ai calculé que j’ai déjà perdu quelques heures de sommeil ici; je lis, le lis, je lis… puis (des fois) j’écris. J’aime bien peaufiner ma note, chercher quelques liens ou une photo, car l’aspect "publication" me fascine. Tout cela prend du temps….

J’ai pris ce temps là où j’ai pu; mais j’ai peu de marge. Je ne regarde jamais la télé, max 2-3 DVD par mois, j’ai pas encore fini le Psychologies magazine de mai (il faut dire que je les lis INTEGRALEMENT, c’est grave…) et j’ai au moins 3-4 bouquins empilés qui attendent que je les ouvre. SI je veux un sommeil suffisant, j’arrive à tirer 2 heures par jour pour moi en moyenne et il faudrait que je case toutes ces activités là-dedans… Pfffouououou…

…. et voilà…. c’est déjà l’heure de dormir… lire et écrire… ce sera pour demain.

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Larme de fond

Curieuse expérience ce matin dans un (nécessaire!) exercice de rangement de ma cédéthèque. J’extrais de la pile un échantillon récupéré dans un de ces magazines touristiques acheté au détour d’un quelconque été histoire de prolonger un peu les paysages au retour. Cela s’appelle "Entrez dans la danse bretonne": gavotte, an dro, laridé, ronde, jabadao, dérobée… je ne me souviens même pas l’avoir écouté. Je le mets dans le lecteur…

… il m’a eu par surprise! les premiers mots d’introduction en breton m’ont interloquée. Il me semblait qu’ils étaient proclamés avec l’accent français (comme les radios bretonnantes il me semble!). Mais je n’y comprends rien, de toute façon. Puis les notes de Tri Martolod (celles reprises par Manau en 1998 dans leur tube "La tribu de Dana") et voilà que je commence à chalouper. Je zappe… bombardes, binious… et voilà l’émotion qui monte, qui monte, je m’enfuis me faire un thé pour retrouver ma contenance… mais trop tard, ces sons de chez moi m’ont tapé dans le fin fond du cerveau ou du coeur ou je ne sais trop où, et elle arrive, la larme, venue tout droit de ce fond de moi.

Larme de fond… Bombarde_1

… une image, mon grand-père, assis sur le banc de pierre devant son pavillon construit pour sa retraite, épluchant les patates du champ de derrière la maison à la récolte desquelles je participais tous les étés (et que je mangeais toute l’année… aujourd’hui, j’en suis encore saturée, si j’achète plus de 2kilos de ces tubercules par mois, c’est exceptionnel…) en écoutant Radio Bretagne Ouest

Il jouait de la bombarde dans les bals de sa jeunesse… Mais trop essouflé par le tabac quand je l’ai connu, il ne m’en a donné qu’une démonstration dont je me souvienne, le jour où j’ai moi-même fièrement exécuté une danse plinn apprise à la flûte à l’école. Avec le recul, je me demande si ce n’était pas aussi par pudeur ou honte de cet "instrument de plouc" qu’il ne le sortait plus? si on remettait les danses plinn au goût du jour dans l’école de la République, c’est que les temps avaient de nouveau changé, ben oui, le folk des années 70 était passé par là, en tout cas par ma prof de musique…

Je ne saurais même pas définir l’émotion qui m’envahit quand j’écoute ces musiques de chez moi. Ce n’est pas de la tristesse, ni de la joie, c’est indéfinissable. Je dirais que c’est juste beau, vivant en moi… je n’ai pas de mots; juste une larme.

Une larme de fond.

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Hic! eeeeeh…. ah?

Des fois on croise un pauvre gars bourré d’une quelconque substance licite ou illicite dans la rue. Le pauvre n’a plus tous ses esprits; dans son monde déformé, voilà que soudain, il vous prend pour sa frangine, sa maman, une gamine, ou on ne ne sait trop qui. Et forcément, il vous apostrophe, vous que ne demandiez qu’à passer votre chemin, le nez sur vos chaussures (pensons à autre chose… tiens, au fait, faudra penser à les cirer…). Mais voilà que de son propos incohérent, émerge le plus pénible des mots dans un tel contexte: "Tu". Diantre! les témoins de la scène s’imagineraient-ils que vous êtes un de ses intimes? alors vous levez la tête de vos chaussures (qu’il faudra quand même penser à cirer, c’est vrai que çà fait négligé) et, selon votre caractère ou votre humeur, vous lancez un grand regard désapprobateur, un jet de mots cassants, ou un simple haussement d’épaules avec les yeux qui roulent au ciel et un geste d’impatience, histoire de bien montrer que non, vous n’êtes pas des intimes de ce Monsieur.

Autre scène, vous avez tout juste 18 ans, mais la gueule pas franchement usée par la vie, et bien envie d’en profiter. Tout fier de votre nouvelle majorité, vous partez à la conquête du monde. Et vlan, voilà soudain un vieux schnock qui vous regarde de haut: "mais tu fais quoi là, toi? c’est réservé aux majeurs!". Comme si, par exemple, le fait de participer à un concours pour gagner des casseroles sur un marché nécessitait de présenter sa carte d’identité – ben si, je l’ai vécu.

Alors, le vouvoiement, on le conquiert, et quand on l’a, on n’a pas envie de le lâcher. Même à 90 ans, grabataire et gâteux, on y tient, au respect – l’abus du tutoiement dans ces conditions fait même l’objet d’études sur la maltraitance en maison de retraite

Aïe aïe je vous vois paniquer. La pauvre Kerleane vient de débarquer dans la blogosphère et elle n’a pas encore assimilé la règle du tutoiement dans les blogs…

… mais si mais si, j’ai lu le mode d’emploi, et puis c’est bien expliqué sur la première page: on est ici dans une sphère intime. Virtuelle, car c’est l’intimité de Kerleane et non directement la mienne donc çà ne me dérange pas, et réciproquement: c’est la régle du jeu…

Non, rien à voir… c’est juste que hier, au courrier, j’ai reçu ma nouvelle carte Hic! eeeeeh… ah? avec un joli texte qui me tutoyait. Moi! et pourtant, je suis sûre que j’avais mis ma date de naissance dans leur formulaire. Donc pas d’excuses, parce que bon, ma majorité, çà fait un bail que je l’ai, tout de même, et je ne rajeunis pas vraiment.

Mais voilà, pauvre Kerleane (enfin, plutôt moi pour de vrai, sur ce coup-là), c’est ta faute! quelle inconsciente étais-tu donc pour remplir un tel formulaire… tout cela pour une carte qui ne t’a jamais rien rapporté, même pas une réduction en période de soldes – rien que de la pub, à intervalles réguliers. En plus, je fais à ce point partie de leurs intimes qu’ils viennent de distribuer 2 millions de catalogues en Suisse, mais moi, je n’ai rien reçu…

Mais c’est bon, j’ai trouvé la solution: je vais leur renvoyer la carte, et si l’envie me reprend, je remplirai un prochain formulaire au nom de… Kerleane! après tout, Kerleane, personne ne va jamais la vouvoyer, n’est-ce pas?

Et si ces lignes ne vous ont pas fait sourire, voilà une petite caricature sur le sujet (qui a fait couler un peu d’encre en Suisse, mais peut-être que ce délire marketing est purement local…): le dessin de Barrigue

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