Vers de nouvelles souverainetés

En réponse au com de Quantique ci-dessous, j'ai commencé à écrire que ma démarche est motivée par le local avant tout. Le bio est très répandu dans les supermarchés suisses, mais sous emballage plastique importé d'Espagne. Or la crise majeure que nous vivons depuis quelques mois m'a fait prendre conscience de ma dépendance, pour un besoin aussi fondamental que celui de manger, des gros systèmes de production et de distribution sous-jacents.

Et moi, ces gros systèmes, je n'y crois plus. J'en parle d'autant plus sincèrement que j'ai vu de près, parfois de l'intérieur, l'évolution de plusieurs PME en multinationales globalisantes, à coûts de fusions et acquisitions, et je n'en peux plus de voir ce que ce type de système étouffe de l'intelligence humaine, qu'il s'agisse de créativité ou tout simplement de bon sens. Le problème de base est que dans une petite organisation, on sait toujours qui est responsable de quoi, ou si on ne le sait pas, c'est parce qu'on fonctionne de façon très solidaire sur un but commun souvent même sans l'expliciter, l'information passe naturellement par les échanges des uns aux autres. Mais quand l'organisation grandit, on n'arrive plus à connaître tout le monde, il faut mettre des procédures et des règlements et des stratégies et des organigrammes, et soudain il n'y a plus de responsable nulle part, et personne ne sait plus dire clairement ce qu'on fait ni où on va. Ou bien si, mais alors c'est l'humain qui devient un numéro dans une machine super bien réglée à la communication systématique mais aseptisée. Bye bye l'initiative, l'imagination, l'esprit de famille. Pas mon truc.

Pour en revenir à mon panier bio, le potager n'étant pas une option réaliste pour assurer ma souveraineté alimentaire, j'ai décidé d'investir dans une expérience d'agriculture contractuelle – en fait, j'en ai même sélectionné deux, les livraisons et offres étant différenciées et couvrant ainsi environ 20% des besoins de ma famille. Je connais systématiquement l'origine des produits reçus, et je peux aller visiter les fermes au minimum lors de portes ouvertes. Cela a beaucoup de sens pour moi, et contrairement à Quantique, j'ai même la chance de faire quelques économies, car les prix pratiqués sont en-dessous de ceux de mon supermarché.

Il y a en fait d'autres domaines dans lesquels j'observe une évolution des gros systèmes aux petits. Le plus marquant est clairement celui des médias. La tendance est à la création du contenu personnel, c'est clair et net, cf myspace ou youtube et la récupération chez les grandes chaînes TV par exemple…

Plus subtil, les achats par internet au lieu des supermarchés, pas forcément systématiquement chez les grosses marques, menacent sans doute à terme les grands de la distribution et aussi des petits commerçants spécialisés. Et leurs emplois, mais peut-être au profit de nouveaux emplois de service comme celui de "coach à la consommation", spécialisé dans un domaine précis et capable de vous aider à cibler votre achat internet sur VOS besoins (en les clarifiant si nécessaire) sans passer par la jungle des outils de recherche – je ne sais pas si cela existe, c'est une idée de MAri Charmant et je trouve cela bien vu….

Et si ce coach est un cadre de la grande distribution recyclé au vert du fin fond de l'Ardèche après son 3ème burn-out, vous n'y verrez que du feu, alors qu'il traitera désormais ses quelques heures de coaching entre une séance de marche nordique sur le sentier voisin, la compilation de ses meilleurs haikus pour son blog, et l'arrosage de son potager (bio bien sûr). Aura-t-il encore besoin de son ancien 4*4 statutaire? peut-être, je ne sais pas, peut-être pour la boue, mais peu importe, car il ne roulera plus beaucoup… il sera nettement plus souverain de sa vie… et nettement plus serein aussi.

Moi… j'ai juste commencé.

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