Les abcès qui crèvent

Je ne sais pas si c’est la suite de ce travail sur moi que j’ai fait cet automne, mais cette semaine m’a bien mise à l’épreuve émotionnellement et je ne me sens pas aussi défaite que l’an passé dans des conditions similaires.

Pb 1: "Je ne t’ai pas choisi pour chef", m’a dit mon nouveau collaborateur jeudi. Une colère, une frustration immense, en face de moi, mon corps était littéralement agressé, moi la femme détestant les conflits, lui le politicien aimant la bagarre: palpitations, respiration rapide, j’ai dû me concentrer sur mon coeur, mon souffle et mes jambes pour arriver à répondre. En partant, je me suis sentie pas à la hauteur. Pourtant l’univers, comme dirait Benoît le cocreateur, m’a lancé un signe: en sortant, il a perdu tous ses papiers par terre, il a dû se baisser pour les ramasser, et dans sa gestuelle infinement longue, j’ai lu tout son stress à lui, quasi inconsciemment/intuitivement. Un enfant intérieur blessé? Une nuit blanche de réflexion sur les réponses possibles, une évidence: il faut expliquer et dire les vérités qui n’ont jamais été dites, subtilement et de façon constructive. Courage et décision. Cela a payé, nous sommes partis en vacances ré-alignés sur toutes les informations qui manquaient de part et d’autre, il va retourner à la bagarre extérieure tout requinqué avec la gloire dont je n’ai que faire sur les dossiers que je préparerai dans l’ombre, et je trouverai bien une manière de le promouvoir une fois la collaboration suffisamment efficace pour garantir fidélité et loyauté de part et d’autre sur les buts communs. Une bataille de gagnée? A suivre.

Pb 2: "A quoi sert notre chef/ton chef/votre chef?", cette question récurrente, depuis des mois, je l’éludais, j’y répondais sincèrement qu’à moi il est utile, il me structure, c’est une étape de carrière, une épreuve parfois, mais je le prends de façon positive et il le sent, donc nous avons un bon relationnel, pour la forme. Reste le fond, et le fait que dans la nouvelle équipe que nous allons construire, je serai peut-être la seule avec les opérationnels à l’estimer pour la forme… et à le challenger sur le fond, parce que je vois bien que c’est ce qui lui manque pour impressionner nos équipes. Cf pb 1, c’est une des clés de la frustration. Mais cela ne l’intéresse pas, il veut progresser vers le haut et se coupe du bas, de ses connaissances, de son intelligence.  Comment les gens peuvent faire du bon travail s’ils méprisent leur chef? Comment peut-il progresser vers le haut alors que le reste de l’organisation est apparemment parfaitement lucide sur le mismatch entre son ambition et ses réalisations? le leadership s’acquière sur le terrain, pas dans les bouquins. Il se coupe de sa base… je lui ai dit d’ailleurs que je me faisais du souci pour lui, "Il ne faut pas, Kerleane", a-t-il rigolé, détendu, sa femme s’en fait déjà assez. Certes. Ma manie de me faire du souci pour tout le monde y.c. des seniors pouvant être mon père m’a fait classer comme "developing people" par les RH, mais aider son chef à progresser, c’est sûrement débile. Mais moi j’ai besoin d’un chef fort et crédible pour ne pas me trouver en porte-à-faux avec ses ennemis, car il en a, jusque dans mon équipe à présent, et de plus en plus, et je ne peux pas ne pas travailler avec eux, on est tous dans le même bateau et il faut ramer ensemble!

"Vos enfants sont les plus mal élevés que j’aie gardés, en tout cas la petite, elle a un grain, un gros grain", je résume ce que j’ai pris dans la gu… hier soir après avoir à peine résolu pb 1 et encore en pleine digestion de pb 2. Démission? pas franche. De toute façon, elle n’est pas franche. Je lui ai demandé, encore une fois, de m’exprimer ses frustrations, franchement, maintenant je sais que je peux les encaisser, et surtout j’ai besoin de vérité. Version de Lili, 9 ans: "j’ai failli pleurer tellement elle disait du mal de nous, des français…" (bonjour la réputation, et pourtant les autorités suisses ont bien daigné nous donner le passeport après enquête de moralité!). Version d’Ondine, 6 ans, la cause du problème: "on s’ennuie avec elle. Elle ne fait que nous gronder, elle ne nous donne rien pour nous occuper". Je sais qu’Ondine est une gamine très difficile à gérer, mais c’est aussi une gamine qui se lève à 6h certains matins pour aller faire avant l’école un bricolage auquel elle a pensé la nuit, ou pour aller dessiner une BD, sur 2-3 feuilles A4, avec des animaux ou des princesses, toute une histoire cohérente et détaillée (le petit noeud sur la chaussure, le chat sur le lit, le baldaquin…). Alors effectivement, à la maison, elle a du papier couleur, des ciseaux, du scotch et des bouts de cartons (assiettes en cartons, boîtes..) toujours à disposition. Hier, j’avais oublié de mettre des crayons dans le sac, et il n’y avait pas de télé, ni de livre non lu, dans la salle d’attente de l’école de piano.

Bref, encore un pb à gérer.

Pour clore tout cela, une hospitalisation dans ma belle-famille et c’est toute l’organisation de la Saint-Sylvestre qui s’écroule. Beauf’ et sa p’tite famille en croissance, des jumeaux en route, se déroutent chez nous attirés par la neige tombée en abondance, et j’avoue que je n’étais pas mécontente de troquer 3 jours de visites et repas sur Paris pour de la luge au soleil ici. L’an prochain, on fera les fêtes chez nous, même si c’est du travail pour moi, je trouve cela plus sympa. J’ai en plus un gros besoin de cocooner pour finir cette année folle et me préparer à 2009 avec Mari Charmant qui doit digérer la perte d’un gros rêve il y a 2 jours, crise financière oblige…

J’ai passé la journée complètement nauséeuse à vomir, pas forcément un hasard viral. Besoin de me vider de toutes ces colères et soucis toxiques de tiers? Heureusement, c’est les vacances, j’ai pu traîner au lit en annulant quelques activités privées, qui ne sont que partie remise, et ce blog me sert toujours autant pour épancher toutes ces histoires sans saouler mes proches…

Posted in Moi

2 thoughts on “Les abcès qui crèvent

  1. Je ne t’avais pas lue depuis longtemps et je suis heureuse de te retrouver là… Oui des contretemps qui perturbent les fêtes, les équipes qui se rebellent contre les chefs, les chefs qui sont détsabilisés et ne srvent plus à rien… je connais çà… Le doute, la remise en question, le flou… Je te souhaite de bonnes fêtes quand même… Bises

  2. o|o says:

    j’aime bien le nouveau look de ton blog. je ne suis pas pressée de voir réapparaître les papillons au printemps 🙂
    je voulais te remercier pour le compte-rendu que tu as fait des trois séances chez ta naturothérapeute, je trouve toujours ces partages les plus intéressants.

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