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Et si tout changeait? eh bien, tant pis!

Les medias nous ont brandi toutes les menaces, de la grippe aviaire au réchauffement climatique en passant par le terrorisme et la fin du pétrole.

Mais peut-être la vraie menace est-elle beaucoup moins concrète, visuelle, frappante, du moins dans son démarrage.

J’ai eu un jour un cours d’introduction à l’économie où le prof nous expliquait que la bourse précédait toujours la vie quotidienne, en particulier l’emploi. Alors si c’est vrai…

En 2000, quand la bulle internet a commencé à exploser, je ne me suis pas inquiétée. Je n’avais pas acheté d’actions. J’en avais reçu de mon employeur, toutefois, et j’ai décidé de les garder pour constituer des fonds propres pour construire notre maison, car elles avaient significativement progressé en 2 ans, m’offrant un petit pactole. En 2001, je ne les ai pas vendues assez vite. Fin 2001, le petit pactole s’était complètement envolé, avec le World Trade Center et toute la nouvelle économie… Et Mari Charmant s’est retrouvé au chômage. Et en 2002, c’est mon employeur qui a procédé à des licenciements, étranglé par sa dévalorisation boursière. Moi qui croyais qu’un bon diplôme nous protégerait!

En fait, la situation a bien tourné pour nous, heureusement. La bourse est repartie, et la consommation, et l’emploi. Mais j’ai toujours gardé ma réticence vis à vis des placements boursiers. Je suis une grande adepte des comptes épargnes en années de vaches grasses, du rachat d’années de retraite garanties par l’état à un bien meilleur taux, et même du paiement d’impôts en avance, mon canton et ma commune  suisses m’offrant pour cela des taux d’intérêts plus attractifs que la banque, et ce alors même qu’ils sont peu endettés (donc faible risque). Et bien sûr de l’amortissement des hypothèques, même après avoir lu et relu que statistiquement sur la base de l’évolution moyenne de la bourse sur les 150 dernières années il est plus avantageux de garder un crédit sur sa maison et de placer la fortune correspondante… statistiquement! mythe particulèrement bien entretenu en Suisse, royaume des banques qui en tirent double avantage (elles doivent détenir la moitié du parc immobilier ET gèrent les portefeuilles!). Mais j’ai jamais aimé me fier aux statistiques quand elles ne donnent pas du 100%…

Donc, la crise actuelle devrait me laisser de marbre, même si elle a sûrement un impact sur nos retraites: d’ici 30 ans, on a le temps de se refaire.

Sauf que je me rappelle le message de mon prof d’économie, et que je l’ai vu toujours vrai. Et là, se réveiller tous les matins avec les journalistes de la RSR qui finissent même par en plaisanter "bon, on va encore vous parler de la crise financière, le Nikkei s’écroule encore de 10% ce matin…" cela me donne un étrange sentiment d’irréalisme. Ce n’est pas possible! La moitié de notre maison appartient encore à une banque dans la tempête… Et mon travail, mes compétences, tout est terriblement immatériel. Capitalisme intellectuel. Valorisations virtuelles. Cela veut dire quoi? je ne suis pas une IA, moi, faut que je me chauffe l’hiver et que je bouffe. Mes mômes aussi.

Alors… et si demain tout changeait? Faillite bancaire, plus de fortune, défaut de liquidités, plus de revenu?

Mais je vois que j’ai progressé: je ne suis pas anxieuse. Advienne que pourra. De toute façon, ce ne sera pas juste nous. Le système se réinventera. Nous avons nos intelligences et nos courages d’êtres humains. Nous apprendrons, nous grandirons.

Après tout, ce n’est que de l’argent. La grippe aviaire, cela m’angoissait beaucoup plus!