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Le temps de la décision

Il est temps de décider.

Il y a 10 jours, j'ai donné un ultimatum à mon chef. 10 jours pour me convaincre de rester. 10% de chances de me faire revenir en arrière, tant je suis déterminée. Ce que je veux, c'est une histoire, une vision, du sens. Impossible…

Chef, désarmé et désespéré, a lancé les alarmes – direction dont il dépend, direction ressources humaines, direction tout court…

J'ai passé 2 heures et demi mardi à expliquer les raisons de mon départ à notre directeur de département. Je suis le 2e cadre à démissionner ce mois dans son département, suite à la fusion. Sa situation est donc difficile. Jamais nous n'avions eu, en 18 mois, un dialogue aussi vrai. Avant d'aller le voir, j'avais fait un gros travail sur ma colère, mon impatience et mes frustrations qui s'étaient beaucoup focalisées sur lui ces derniers mois. J'ai fait la part des choses; par sa culture différente des "vieux meubles" dont je fais partie, il est un vecteur du changement dont l'entreprise a besoin aujourd'hui pour assurer les mutations qui sont nécessaires à sa croissance, voire à sa survie à moyen-long terme. Et moi je n'ai pas su lui transmettre, lui expliquer, tout ce que je sais et fais au cours des 18 derniers mois; il n'a pas vraiment idée de mon métier, c'est la première fois dans sa carrière qu'il a la responsabilité d'équipes d'experts techniques. Nous devions initialement parler une heure, nous aurions pu rester discuter toute la nuit maintenant que nous allons enfin au-delà de notre précédent dialogue de sourds…

J'ai pu lui exprimer ce que j'avais eu sur le coeur cet hiver, sans basculer dans l'émotionnel – ma voix tremblait un peu, mais j'ai pris le temps de respirer et je suis heureuse de voir que je sais maintenant passer ce cap. Je lui ai aussi exprimé, et j'étais sincère, que je suis consciente de la nécessité des changements qu'il force dans notre organisation et nos objectifs, mais voilà, ces changements m'ont généré une prise de conscience violente sur laquelle je ne peux plus revenir, moi, personnellement.

C'est clairement un problème pour lui, mais comme mon chef avant lui, il n'a pas trouvé d'argument pour me convaincre. Tous deux m'ont envoyée chez PDG, à ma grande surprise, car si je fais de temps en temps des présentations au comité de direction, jamais en 12 ans je n'ai eu l'occasion d'un entretien avec PDG. J'ai supposé que mon chef, qui fait partie des hommes de confiance de la direction, avait insisté pour cet entretien. A ma grande surprise, PDG a insisté pour me voir seule, et surtout, il avait parfaitement préparé le dossier: il a commencé l'entretien en résumant les causes de mon départ, et ce résumé était précis et juste, il s'adressait à moi en tant que personne et à 100%. Le fait qu'il m'accorde une heure de son agenda me touchait déjà beaucoup, et je le lui ai dit d'entrée, mais qu'en plus il ait pris le temps de discuter avec Directeur et Chef, et de préparer ses arguments pour me retenir, me laisse encore sonnée.

J'ai eu tellement l'impression, ces derniers mois, que mon travail n'était pas reconnu et j'en ai tellement souffert, que tout-à-coup je ne comprends plus rien, pourquoi ils ne me laissent pas partir tranquillement? je sais bien moi qu'ils vont avoir de la peine à me remplacer, mais je ne pensais pas qu'ils le savaient déjà avant que je parte (à part Chef)!  

Et hier j'étais face à notre meilleur négotiateur, vendeur de tous nos gros contrats depuis toujours, avec des explications franches à toutes mes questions, jouant sur la promesse répétée d'une solution sur mesure en notant et reformulant soigneusement mes besoins, mais aussi avec un ou deux garde-fous subtilement amenés pour cadrer la solution de la bonne façon et me faire douter d'une alternative à son offre… Comme j'ai beaucoup de mémoire, j'ai tout enregistré sans prendre de notes, et déposé le tout sur papier en rentrant le soir pour faire la part des choses… or il n'y avait pas vraiment d'éléments nouveaux, rationnels et surtout factuels, dans la discussion, mais sur place l'emprise émotionnelle était si forte que je n'ai pas pu poster ma lettre de démission comme j'avais prévu hier soir. Brillant, il est vraiment brillant! en sortant de l'entretien, j'étais vraiment sonnée, j'ai failli me coucher en rentrant, et j'ai très mal dormi de nouveau cette nuit, alors que mon sommeil s'était enfin amélioré cette semaine.

J'ai du mal à croire que je vis tout cela.

J'essaie de rester le plus en cohérence avec moi-même, mais c'est difficile, car jamais à part peut-être au tout début de ma vie de couple je n'ai eu autant l'impression d'un changement profond de ma personnalité, presque déstructurant. Je n'ai jamais été aussi courageuse que ces dernières semaines, et ce courage entraîne tellement de changements dans mon environnement que je ne reconnais plus rien, et surtout je ne me reconnais plus. Je reconnais mes réactions émotionnelles, mais je prends un recul que jamais je n'avais su prendre à ce point. C'est comme si je repassais dans une crise d'adolescence pour construire une personnalité plus adulte, plus responsable, plus profonde et plus vraie.

C'est vraiment étrange.

Reste que mon choix est juste pour moi. J'en suis certaine. J'ai même l'intuition qu'il est juste tout court et que si je ne cherche pas à en tirer une quelconque vanité, vengeance, ou règlement de compte, il sera utile et positif pour les autres aussi. Je pense obsessionnellement à un accord toltèque ces jours, ma parole doit être impeccable. C'est très difficile! Mais c'est d'autant plus important pour ces prochains jours, où je vais devoir communiquer officiellement et largement mon départ, à mon équipe, à mes collègues, au reste de l'organisation, puis dans un second temps, à mes contacts extérieurs.

Je suis fatiguée, mais je dois encore passer toute cette transition.

C'est dur…

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Drôle de coincidence

Aujourd'hui j'ai reçu la visite inopinée d'une famille de nos connaissances que nous avions perdue de vue depuis leur déménagement à l'autre bout de la Suisse Romande il y a quelques années.

Quand ils sont arrivés, j'étais le nez dans l'épouvantable liste des tâches détaillées nécessaires à l'accomplissement de mes impossibles objectifs pour cette année, à trier ce que mon équipe peut faire toute seule, ce que je recommande d'abandonner, et ce qui reste sur mes épaules et donc base de négociation pour un éventuel mandat dans "mon autre avenir". Au terme de ces 4 jours de pont où j'ai encore avancé mon projet, ma décision est quasi irrévocable; mais je doute encore tellement de l'avenir…

Alors quand après l'échange des nouvelles familiales autour d'un café et quelques biscuits, notre ami nous a expliqué qu'il venait de commencer un nouveau job dans le social après une longue traversée des enfers dans le monde de la distribution, je suis restée sans voix. Bien sûr son histoire est bien plus violente que la mienne; je le voyais déjà exploité il y a 6 ou 8 ans en arrière; quand après son passage cadre, on lui a demandé d'exploiter à son tour, il a commencé à ne plus pouvoir dormir. Dans les mois qui ont suivi, sa fille a fait une grave infection en pleine période de fêtes, la plus stressante de l'année, et là il a réalisé qu'il ne la voyait quasiment plus, on le poursuivait jusqu'au fond des week-ends. Et là tout s'est déclenché: burnout. Son corps s'est mis à refuser le travail, évanouissements, vomissements, toute une violence physique et soudaine. 6 mois à l'assurance, et au retour la promesse du même job – impossible. "Ce ne sont pas mes valeurs", me dit-il aujourd'hui. Lente remontée à la surface, arrêt des anti-dépresseurs, mais démission, et chômage. Tous les postes qui se présentaient lui parlaient de ces mêmes fichues valeurs qui ne sont pas les siennes, il les a refusés… sauf un, et le voilà qui entame une nouvelle vie. Heureux.

Ils m'ont rafraîchi les idées et pour moi qui ai appris à faire attention aux synchronicités, je ne peux que m'émerveiller de l'évidence de celle-ci!

Si je ne lâche pas prise maintenant, je sais ce qui m'attend, à plus ou moins longue échéance…

Pour achever la petite histoire, ma fille aînée m'a justement demandé des nouvelles de cette famille il y a quelques jours, alors que nous ne pensions plus guère à eux depuis quelques années!

C'est drôle la vie des fois.

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Changer

J'ai dormi près de deux heures cet après-midi. Depuis 5 semaines, c'est la première fois que je m'accordais une telle décompression. Je préfère ne pas calculer la réalité de mon déficit de sommeil sur cette période.

Je n'ose même plus m'asseoir pour faire une liste de tâches. Au travail j'ai basculé sur des listes pour mes 6 collaborateurs directs, pour m'assurer qu'au moins ce que je délègue est suivi. A la maison, je ne planifie rien, je décide au cas par cas ce que je peux faire dans les 2 heures à venir.

Mon mental est tellement sollicité avec des changements de sujets constants que je me réveille la nuit après un premier cycle de sommeil encombrée de toutes les pensées de ce que je n'ai pas fait, pas dit, en parallèle avec ce que le sommeil a fait ressortir de ce que je suis en train d'apprendre, de comprendre, d'imaginer.

Je ne suis donc pas encore en état de burnout, puisque je suis encore combative, avec des émotions très vives et un cerveau qui tourne à plein régime, à l'antipode de la dépression, mais je sais que je ne peux pas continuer à ce rythme. Déjà, il faut que je dorme plus. Je me débats d'autant plus pour trouver des solutions, mais je suis au pied du mur: il faut que je change. Il faut que je lâche prise de tout ce qui n'est pas essentiel. Il faut que j'arrête de répondre à toutes les sollicitations. En fait je n'arrive déjà plus à les adresser toutes sans parfois plusieurs semaines de délai, mais tous ces manquements me donnent mauvaise conscience… cercle vicieux. 

Mon perfectionnisme me tue à petit feu.

C'est d'autant plus important pour moi de revenir aux bases de mon engagement. Quelles sont donc les valeurs à la source de cet engagement démesuré? Ce sont avant tout des croyances, des projections.

Il faut vraiment que je change. 

Je travaille donc maintenant sur un scénario de départ. Seul un tel électrochoc va me permettre de me recentrer et d'évoluer. Quand j'ai émis cette hypothèse à mon chef, il l'a prise très au sérieux – "ton départ n'est pas une option!". Je crois que c'est la première fois en 3 ans qu'il me passait un message aussi clair. Il faut dire que je serai la 2e – la veille, un autre de mes collègues avait annoncé sa démission… du coup, même mon N+2 s'est mis à réagir, en passant des messages aux tiers sur mon temps partiel par exemple. Ils ne peuvent pas se permettre le départ consécutif de deux "talents" sous le prétexte de notre violente réorganisation. Mais ce n'est pas parce que ce n'est pas une option pour l'entreprise que ce n'est pas une option pour moi. Cela-dit, raisonner ainsi est violent pour moi car je suis de nature fidèle et dévouée (c'est bien tout le problème). Mais c'est ma survie qui en jeu!

J'ai la chance de ne pas avoir besoin de mon salaire pour faire tourner la marmite – nous sommes deux. Avec les taux d'intérêts actuels, je ne suis pas pressée de rembourser ma maison.

Toute mon incertitude actuelle porte sur ma capacité à changer, à évoluer, vers plus d'autonomie et de confiance. Pour regagner le contrôle de mon agenda, que je ne pourrai jamais imposer au-delà d'un certain niveau hiérarchique a fortiori dans une multinationale, et pour conquérir la liberté de ne plus dépendre d'organisations transversales dans lesquelles mon rôle n'est jamais clair, c'est une évidence, il faut que je me mette à mon compte. Il faut que j'aille au-delà de la peur de voler de mes propres ailes, que j'accepte de ne plus avoir le feedback régulier d'une figure d'autorité sur ma performance. Mes compétences sont énormes, je suis bien organisée, j'ai un bon contact et une bonne écoute, mon intelligence me permet d'apprendre très vite sur des sujets complexes, mais je suis aussi très immature sur ma gestion des émotions, mes angoisses, mon perfectionnisme et ma tendance à culpabiliser pour tout, y compris les erreurs des autres que je n'ai pas su accompagner ou conseiller à temps, alors que ce n'était même pas mon rôle…

Après la phase de la colère qui m'a portée ces 4 dernières semaines à réagir sur tous les plans contre la situation impossible qui m'a été imposée, y compris à tenter de l'absorber malgré tout, après la phase de la négotiation des 2 dernières semaines où j'ai commencé à tester mon rapport de force pour faire changer la situation, j'entre dans la phase de dépression. Je n'ai plus le choix, il va falloir changer – je me sens du coup impuissante et ballottée par la réalité de l'évolution qui s'impose. Je peux soit accepter la situation avec les arrangements que mon chef va bricoler pour garantir ma survie, soit refuser la situation pour en créer une autre de toute pièce. Ailleurs.

Une première décision s'impose dans 2 semaines. Démissionner pour être libre à la rentrée de septembre.

En serai-je capable?

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Il est temps d’évoluer

«Ce qui était en 1968 le fait de quelques happy few – le pacifisme, le bio, le New Age, les médecines douces… – se diffuse réellement dans l'ensemble du corps social en passant par cette avant-garde des Créatifs Culturels. C'est le triomphe d'une solidarité qui surgit de la base, des actions individuelles, et non du haut, des institutions», décrypte Michel Maffesoli, sociologue et auteur du Réenchantement du monde (La Table ronde). «Les CC constituent un laboratoire de ce que j'appelle la postmodernité, avec des gens qui veulent faire de leur vie une œuvre d'art. Ce qui compte, c'est la qualité de l'existence: ne pas perdre sa vie à la gagner. Cette dimension créatrice et créative – au sens américain: créer une nouvelle culture de société – va se développer de plus en plus».

Il est temps pour moi aussi de faire les bons choix.

Je ne trouve plus de sens à ma carrière actuelle. Je trouve dans le quotidien de mon travail de quoi satisfaire mes valeurs de base – apprendre et interagir. Mais j'ai besoin d'aller plus loin, de créer davantage, d'accompagner davantage, de réaliser plus loin encore le potentiel que j'ai hérité et développé. Mais pour réaliser cela chez mon employeur actuel, il faut que je m'engage encore plus. Que je passe du temps dans les sphères d'influence, comme les bureaux des grands chefs lorsqu'ils sont disponibles, vers 8h le matin ou entre 18h et 20h. Que j'amène ma compétence dans les missions difficiles à l'autre bout du monde, ou dans les gros projets transversaux, avec une immense énergie masculine, puissance, force, pour faire bouger tout cela.

C'est impossible sans sacrifier mes autres valeurs.

Nous avons fait le bilan avec Mari Charmant. Nous avons réalisé à peu près tous nos rêves matériels, qui sont raisonnables: une maison agréable à vivre pour moi, une belle voiture pour lui. Nos enfants grandissent tranquillement. Il nous reste à réaliser les folies de nos idéaux les plus profonds, aller plus loin sur le chemin de nos missions de vie qui nous semblaient si brillantes à l'adolescence. Pour moi qui ai toujours manqué de confiance en moi, c'est très flou, mais je me sens portée par ma vie avec beaucoup de cohérence, vers une destination inconnue mais dont je sais que c'est la mienne car si je regarde derrière moi, je ne peux que m'émerveiller du chemin parcouru.

Et là, cela diverge. Je l'ai vu venir dans les 4-5 rêves les plus marquants que j'ai faits ces 4 dernières années. Je ne sais pas comment expliquer mon ressenti tant il est irrationnel – je me sens littéralement à l'étroit dans mon environnement actuel. Pas physiquement, pas émotionnellement, pas mentalement – c'est plus fondamental, c'est le fond de moi que je touche là. J'ai un immense besoin de liberté, même si elle est fondamentalement angoissante pour moi…

Il y a bien du brouillard sur le chemin qui se dessine devant moi, mais il est chaque jour plus clair que ce chemin commence par un gros tournant. Il est temps, après plus de 10 ans de service dans cette boîte qui a grandi avec moi, d'envisager que nos chemins se séparent. Il est temps pour moi de revenir à un environnement qui a du sens pour moi, à taille plus humaine, et sur des technologies qui ont du sens pour moi, qui s'inscrivent plus clairement au service de l'évolution de l'humanité. Comme James Redfield, je pense qu'il est tout à fait possible de combiner développement spiritualité et développement technologique, et je suis convaincue que c'est dans cette direction là que ma vie prendra plus de sens encore.

J'ai décidé il y a une semaine de commencer à exécuter un projet dont j'avais la vision depuis des années, mais qui restait toujours une chimère pour un futur indéterminé: me mettre à mon compte. Initialement avec une activité de conseil dans mon domaine d'expertise, mais il me faudra peut-être être plus flexible ou imaginer d'autres voies. C'est très angoissant, mais c'est une angoisse irrationnelle: je n'ai pas besoin de mon salaire pour nourrir ma famille - je pourrais être maman au foyer – et ma trajectoire scolaire et professionnelle jusqu'ici est telle que je n'ai plus rien à prouver à personne. Je sais que je n'ai pas encore réglé certaines croyances à ce niveau et qu'elles causent d'ailleurs mes souffrances émotionnelles actuelles, mais je commence à prendre du recul par rapport à ces croyances, et si j'en souffre trop, j'irai consulter… une thérapie brève, comportementale, pourrait sans doute me faire du bien.

 

 

 

 

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Prise de conscience

La situation dans laquelle je me trouve est tellement perturbante qu'elle provoque une grosse prise de conscience. Je me débats depuis 2 mois dans l'absurdité.

Les faits:

En janvier, extraits de mon évaluation de fin d'année: "Capucine a un esprit positif et une attitude positive, fournit beaucoup de travail et dans les délais, gère les priorités correctement. Elle tend cependant à prendre trop de tâches par elle-même et ne devrait pas se fixer des délais trop courts qui la forcent à finir ses tâches au-delà des heures de travail". plus loin, "Capucine doit davantage se protéger (stress, temps de repos…) et repousser la charge de travail sur les autres quand c'est possible et justifié."

En février, première version des objectifs de l'équipe de mon chef, le monde s'écroule: ma charge va quasiment doubler cette année. Je ne comprends pas, car il n'y a ni crise, ni nouveaux défis, et j'étais déjà au-delà de mes limites! et là je récupère tous les projets en perdition, les collaborateurs et les équipes dont personne ne veut. En plus de mes défis initiaux. Je ne comprends pas, je demande des explications, je refuse de faire "la voiture-balai", je me débats, contre mon chef, contre son chef…

En mars, tout s'éclaire. Redistribution globale des rôles, la logique RH d'une multinationale, alignez-vous, on veillera juste à vous classer dans l'organigramme en fonction de votre titre. Optimisation. EXECUTION, EXECUTION, EXECUTION. Mon chef dépasse ses propres frustrations tant bien que mal pour me passer un ou deux messages rassurants (je t'aiderai) et consolateurs (je te fais confiance, c'est la solution la plus facile pour moi). De son chef à lui, je reçois beaucoup d'infos mais je m'y noie. Son discours est déstructuré, il ne me parle pas, ce sont des mots vides de sens, sauf quelques-uns, sans doute ceux que j'ai intuités comme vrais, et ce ne sont pas les messages positifs. Je ne cherche pas à le voir: il ne m'énergise pas et il ne me rassure pas. J'ai mieux à faire!

En avril, il faut effectivement EXECUTER. Transition. Je lance la nouvelle équipe et continue de tirer l'ancienne. Ce sont des gens de valeur, mais ils ont besoin comme tout le monde de directions enthousiasmantes, de projets prometteurs, et de reconnaissance personnelle pour donner le meilleur d'eux-mêmes (facile) et progresser/évoluer encore (plus difficile).

Comment puis-je être le leader, le moteur de cette équipe, de ces projets très variés (trois grands thèmes d'activités me demandant une grande polyvalence), quand je n'ai pas moi-même de leader charismatique à suivre? mon chef me soutient psychologiquement, mais dans le fond mes projets l'ennuient, et son chef ne me soutient pas vraiment, et de toute façon mes projets l'encombrent, il n'y comprend rien, ce ne sont que des vecteurs d'ennuis pour lui…

Alors, je vais m'énergiser dans la nature le week-end, je fais du yoga, je fais de la visualisation positive pour mes collaborateurs, pour les projets, pour l'entreprise.

Grâce à mon travail d'ancrage en nature et d'intuition/ressenti/cerveau droit que je maîtrise de mieux en mieux, tout se débloque dans ma tête comme une évidence: comment réorienter les projets bloqués dans une impasse en les repensant différemmment… comment établir avec les ingénieurs un plan d'action pour assurer la promotion de leurs idées en interne… Je vois parfaitement aussi les risques et les défis. Je ne les cache pas, nous en parlons franchement: les gars, j'ai besoin de votre adhésion, de votre foi, je vous fais confiance, il faut assurer, on y va! Je suis les conseils de Daniel Pink, voir aussi Steve Jobs dans Management magazine ce mois: je raconte des histoires autour de mes émotions en projetant le rôle de mes interlocuteurs dans des émotions positives, je fais du théatre devant le tableau blanc, je fais des grimaces, des mimiques, et c'est fou comme cela marche!  Il y a les convaincus qui vont retourner lever des montagnes. Il y a les pessimistes qui se donnent finalement une dernière chance de voir la lumière au bout du tunnel. Il y a les ambitieux qui n'attendent que mon signal pour prendre davantage de responsabilités et ouvrent de grands yeux brillants. Et tout le monde avance! c'est moi qui ai du mal à suivre… je ne peux pas les décevoir… En même temps je suis franche, je leur ai dit, c'est l'énergie de la colère que je mets là, je ne suis pas contente de ma situation et je le fais savoir.

Je suis bousculée, émotionnellement.

Bousculée de la colère de récupérer tout ce travail comme une évidence, "EXECUTION", sans en comprendre le sens puisqu'on ne me l'explique pas, mais en même temps incapable de faillir à ma mission de CREER DU SENS pour mon équipe au moins, même si je dois en créer l'illusion moi-même sur le vide total dans lequel j'erre moi-même…

Bousculée aussi de la tristesse qui m'envahit par bouffées depuis des semaines. Cette même tristesse qui m'avait bousculée lors de mon initiation au Reiki. Je ne comprends pas bien cette tristesse. Je me sens terriblement seule, écrasée de responsabilités, sans personne pour m'aider. Et pourtant je tiens le coup, courageusement…

Peu à peu, ce sentiment s'éclaircit pourtant. On dit qu'on attire les situations dans lesquelles on se projette. Lors de mon travail thérapeutique en 2008, la question "votre père était absent?" est revenue deux fois, comme l'explication évidente à mon schéma énergétique et comportemental (prendre la responsabilité moi-même, en parallèle ou en réponse à un manque de confiance anxiogène). Pendant les 21 jours d'intégration du reiki 1, c'est aussi du père de mon père que j'ai rêvé…

Et le parallèle m'est apparu soudain évident. Je cherche désespérement l'autorité d'un leader très masculin, très fort, très autoritaire modèle que je n'ai pas dans ma famille et… que je ne trouve pas actuellement dans mon travail. Cette image du patriarche pour qui tout a un sens et qui d'un seul mot aligne toute la famille… Chez moi, côté paternel, on parle de tout et de rien, les règles sont dites mais pas appliquées, les idéaux sont énoncés mais pas réalisés, les émotions et convictions ne sont pas là, ou pas franchement exprimées. Or je retrouve actuellement tous ces schémas dans ma situation professionnelle! pas étonnant que j'en souffre. C'est très angoissant ce vide de sens, de directions… je me sens tellement seule face à mes responsabilités. Mais pas étonnant non plus que je l'ai attirée cette situation, c'est classique…

Mon père a investi beaucoup sur moi depuis mon plus jeune âge ("quand tu seras grande, tu feras Polytechnique") mais sans clairement me l'expliquer ("parce que c'est mon rêve, que je n'ai pas pu réaliser moi, mais toi tu en es capable et tu vas réussir") et sans doute sans être conscient lui-même de l'héritage qu'il me transmettait à son tour (pour autant que je puisse en juger, il a reçu le même message de ses parents).

En me retrouvant dans la reproduction grandeur professionnelle de ce schéma fondamental de mon enfance, je me suis soudain trouvée à nu, de ces émotions d'enfant que je n'ai pas bien digérées certainement et qui m'empêchent d'exprimer totalement mon potentiel joyeux et créateur, qui est pourtant très fort (voir mes mandalas).

Il reste que si j'en ai pris conscience, je ne sais toujours pas quoi en faire! Faut-il que j'aille chercher de l'aide psy? 

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Regarder tourner les étoiles

Mon cours de développement de l'intuition et du ressenti s'est achevé en début de semaine par une magnifique balade à raquettes avec le groupe dans la nuit. La lune montante jouait à cache-cache avec les nuages chassés par une bise glaciale mais étonnamment peu sensible dans le vallon que nous avons exploré: nous avons pu très vite habituer nos yeux à cette lumière extraordinaire. Je connaissais ces sentiers mais jamais je n'avais osé m'y balader de nuit. J'ai entendu le cri des renards, le chant d'un épicéa dont la cime taquinée par le vent tapotait tac-tac-tac, tac-tac-tac… et j'ai vu ma 3e étoile filante en quelques mois.

Ce moment était totalement magique et en même temps parfaitement, incroyablement, synchrone avec mon quotidien suractif; j'ai du mal à croire que c'est dans la même journée que j'ai participé, exceptionnellement, à d'excellents brainstorms avec nos meilleurs mathématiciens, avant d'aller chercher, exceptionnellement, mes filles à l'école sous le prétexte de la sortie ski scolaire de Lili, et de finir, exceptionnellement, le dernier mandala d'intuition de la série que j'ai réalisée pour mes camarades du cours, accompagnée des filles qui dessinaient à qui mieux mieux leurs mythes à elles… une église en montagne pour Lili… une sirène pour Ondine…

Si tous les jours de ma vie étaient aussi magiques ce serait extraordinaire!

Et pourquoi pas?

Au bout de cette balade, une évidence, d'ailleurs ébauchée par un étrange rêve le jour même où cette opportunité a été publiée - pour moi la prochaine grande étape est de prendre part au voyage initiatique en Ecosse à l'automne prochain. Car j'ai compris aussi que j'apprendrai plus vite en expérimentant, accompagnée de bons guides.

Parce que l'extraordinaire au quotidien est possible, il suffit d'ouvrir les yeux… d'apprendre à ouvrir les yeux.

La preuve: avez-vous déjà vu les étoiles tourner? ben oui, elles tournent! enfin, c'est relatif… c'est la Terre qui tourne… A regarder ici. Fascinant.

En même temps… j'ai tellement de questions… c'est beau la magie, c'est beau la poésie de ces moments bizarres, mais je voudrais comprendre… est-ce mon cerveau qui s'illusionne dans un bain d'hormones synchronisées avec mes pairs dans les pulsions de la nature? mais est-ce une illusion, ou une autre réalité? c'est quoi la réalité, d'ailleurs? est-ce mon cerveau, ou plutôt l'ensemble de mon système nerveux, tout mon être vivant, qui me donne accès à d'autres perceptions de la réalité? qu'il s'agisse des modélisations que je regardais mes collègues mathématiciens explorer au tableau blanc le matin, des mythes et archétypes que je dessinais avec mes enfants sur du papier blanc dans l'après-midi, ou des symbôles géométriques que j'ai regardé mes compagnons magiciens tracer dans la neige dans la nuit, c'est au fond la même démarche… créer, imprimer dans la matière, donner réalité à des concepts, des images et des "forces" nées d'abord dans nos esprits, communiquées et enrichies par l'échange… depuis les grottes de Lascaux jusqu'au design de nos objets les plus technologiques, CREER, c'est un acte universel, le propre de l'homme.

Moi, je continue sur cette voie-là, en tout cas…

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A la recherche d’un héritage perdu

Dans le travail que je fais sur moi, j'ai récemment réalisé qu'il me manquait des pans entiers de transmission de mes grand-parents. Pourtant je les ai bien connus, jusqu'à mes 4 arrière-grand-parents Peperememere maternels que j'ai eu la chance de voir aux fêtes de famille et en vacances jusqu'à mes années d'école primaire. Mais voilà, l'essentiel de cette famille vivait dans un autre monde. Je ne peux pas décrire ce monde avec des mots, car on ne m'en parlait pas; mais je l'ai vu avec mes yeux d'enfant. Les photos racontent ce que j'ai vu, quand j'arrive à mettre la main dessus… on ne prenait pas les photos du quotidien. En voilà deux.

Même leur langue ne m'était pas transmise. Ma mère a suivi l'armée une partie de son enfance et comprend le breton de ses parents mais ne le parle pas. Mon père a pris en grippe sa langue maternelle dès sa première semaine d'école, quand tout fier d'avoir fini son travail il s'est écrié "j'a fini!" et a fini effectivement… au coin pour avoir mal parlé en français. La langue de ses parents était la langue des ploucs. A ne pas transmettre, sous aucun prétexte.

Le métier de ses parents aussi était le métier des ploucs. Il était temps de passer dans un autre monde, Kerlosket celui du progrès. A cette époque, on a arrêté de parler de paysans, ils sont devenus agriculteurs (Les petites exploitations du Centre Ouest Bretagne – Etude d'Olivier Pousset en 2005, p.29). Le paysan, c'est le gardien du pays (et du paysage), il est d'un autre temps. L'agriculteur est un savant qui cultive la terre avec les moyens scientifiques et techniques les plus modernes (idem pour l'éleveur). Les Bretons n'ont eu de cesse que de rattraper leur retard, à peine électrifiés (de mémoire, en 1951 pour la ferme de mon père), pour s'engager à fond dans une agriculture moderne et productiviste qui nous a amené la sécurité et la diversité alimentaires.

La vidéo ci-après, une interview TV des années 1960, est édifiante à ce point de vue: remembrement en Bretagne. En 1960 l'exode rural était une réalité terrible au Centre Bretagne. Les jeunes ne restaient plus au village, en particulier les plus travailleurs et les plus intelligents qui trouvaient de meilleures conditions de vie ailleurs. Il paraît terriblement naïf, cinquante après, de croire que d'abattre les talus (autrement dit, sacager le bocage, car c'est bien ce qui s'est passé) allait convaincre plus de jeunes de s'installer dans des exploitations agricoles plus grandes et plus modernes. Mais ce document en témoigne…

Ma famille maternelle a vendu la plupart des terres à cette période pour prendre une retraite tranquille dans une maison avec le confort moderne (eau, gaz, électricité, toilettes, carrelage, et le chauffage central en option). Dans ma commune d'origine de ce côté maternel, le remembrement a été effectué très efficacement. Quand j'étais adolescente j'y déprimais pendant les vacances, au milieu des élevages industriels de poulet et des grands champs délavés par les pluies d'hiver qui puaient l'épandage de lisier pendant toutes les vacances de Pâques. On ne pouvait déjà plus boire l'eau du robinet. Même l'étang dont la commune "station verte de vacances" était si fière donnait sur un abattoir industriel, dont les déchets descendaient à ciel ouvert. Horreur. Cette région nourrit encore l'Europe, avec un revenu moyen par ménage de 1000 euros mensuels. Un autre monde.

Et là… j'ai un blanc. La commune d'origine de mon père n'a pas remembré. Pourquoi? quelle était la position de mes grand-parents sur ce sujet? dans quelle mesure l'absence de remembrement des minuscules parcelles exploitées par la famille, entourées d'épais talus boisées et pleines de morceaux de granit dont certains font plusieurs m3, a-t-il découragé la reprise de la ferme par mon oncle (devenu manoeuvre comme dans la vidéo… cela devait payer plus!)? Comment mon grand-père interagissait-il avec ses enfants, dont deux sont devenus universitaires grâce aux bourses mais gardent à jamais le mauvais souvenir de leur contribution aux corvées des foins, des moissons et de la récolte des patates qu'il leur demandait à leur retour l'été?

Je n'en sais rien… Nous ne faisions que passer les voir une demi-journée ou le temps d'un repas de famille. Ce monde-là n'était pas pour nous. Aujourd'hui je me rends compte que je ne sais rien de ce grand-père que j'ai embrassé petite pourtant. Usé par la vie, les rhumatismes, tout courbé, rétréci par les années, il n'avait plus d'espace que pour sa voix: il parlait fort, trop fort, mais toujours en breton pour les sujets personnels avec mon père. Je n'ai rien entendu, rien retenu de lui.

Est-ce que j'aurai le courage d'interroger mon père sur ces questions qu'il a lui-même enterrées dans sa mémoire?

Comment un homme peut-il vivre sereinement le déni par ses enfants les plus brillants des valeurs que ses ancêtres lui ont patiemment transmises depuis des générations (du 16e au 18e, la majorité de ses homonymes étaient déjà paysans dans sa commune)? comment a-t-il vécu l'agonie de son village, tombé de 1500 à 500 habitants entre sa naissance et son décès? Quel respect ancestral puis-je construire concrètement sur son souvenir aujourd'hui, alors que je n'ai aucun héritage spirituel, intellectuel, seulement les gènes et l'héritage émotionnel de la honte qui a toujours été une évidence, et celui de la colère que je devine avec le recul que j'ai pris aujourd'hui?

Les femmes de ma famille, en particulier maternelle, m'ont transmis bien des valeurs sur lesquelles je construis encore ma vie au quotidien. Les mutations du siècle dernier n'ont pas changé les liens sacrés de la maternité, et elles ont sû les accompagner de bien d'autres messages porteurs de sens. Mon grand-père maternel m'a aussi donné une autre vision de la culture bretonne, dont il appréciait particulièrement le folklore et la musique; c'est chez lui aussi que j'ai lu Pierre-Jakez Helias et de jolies légendes. Mais côté paternel… le vide. En fait, la seule valeur universelle que tous les pans de ma famille m'ont transmise avec une constance admirable était:

"Travaille bien à l'école, et tu réussiras".

Ce que j'ai fait.

Mais il me semble que je pourrais revendiquer un autre héritage… je n'ai plus guère d'autre choix que de l'imaginer. Sans doute le moment de créer un autre papyrus…

Peut-être aussi que ce remue-méninges n'est pas par hasard en coincidence avec l'arrivée de son premier arrière-petit-fils fils de paysan. Je me méfie des hasards, maintenant. Ma soeur a choisi cet autre chemin de vie, les pieds dans le bocage… et je me demande quel sera le destin de mon petit neveu au prénom 100% breton, qui va être nourri aux paniers bio par sa maman universitaire, tout en accompagnant son papa sur son tracteur d'agriculteur conventionnel d'ici quelques années! Réconciliation? en tout cas, bienvenue petit bonhomme, je te souhaite beaucoup de fierté de tes différents héritages!

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Change ta vision du monde, et ton monde changera: expérience…

J'ai un monde extraordinaire de richesse dans la tête, mais tant de peine à le sortir, le concrétiser, le partager. Je manque d'impact, d'influence, souvent simplement par manque de confiance en moi… ce ne sont que des rêves en moi, dehors, le monde est si dur, on va tant se moquer de moi, on va me casser, me briser, m'écraser… alors je rêve et je n'agis pas, ou j'agis seule, ou j'agis juste avec les gens de confiance. Méfiance, hors des sentiers battus de la confiance, je vais m'égarer, je vais souffrir!

Mais cela prend du temps de créer un monde de confiance. Alors, je n'avance plus.

Et si ce n'était qu'une croyance limitante de plus?

J'ai décidé d'explorer d'autres voies, de m'amuser à voir le monde qui m'entoure sous une perspective nouvelle. J'ai mélangé mes lectures, de la Prophétie des Andes à L'homme aux deux cerveaux, à mes expériences, de mes rencontres un peu plus profondes que les autres, virtuelles et réelles aux soins dits énergétiques.

L'une de ces voies est celle que j'appelle "cerveau droit". Je me suis inscrite à un cours de développement de l'intuition et du ressenti, à raison d'une soirée toutes les 2-3 semaines cet automne, plus une nuit en janvier. En confiance, puisque c'est l'étonnante thérapeute qui m'avait fait tant évoluer il y a un an qui nous accompagne; il s'agit pour moi de prolonger l'ébauche d'exercice qu'elle m'avait proposé à la dernière séance pour développer mon intuition. J'aborde cette expérience avec toute ma curiosité, mais aussi mon esprit d'analyse et ma mémoire détaillée et factuelle qui fonde le plus gros pilier de mon intelligence. Mais je ne suis pas encore capable de raconter ces expériences, difficiles à mettre en mots, il me faudra du recul…

L'autre voie est celle que j'appelle "cerveau gauche". Mon travail est un immense terrain d'exploration, de nouvelles rencontres, expériences et d'opportunités de progresser. Pas seulement moi-même; la révélation de cette année, c'est que je dois apporter plus aux autres, en osant… oser amener du sens, raconter des histoires qui leur parlent, mettre du jeu et de la joie dans nos projets professionnels. Paradoxalement, c'est avec mon ancien cercle de confiance que c'est le plus difficile! ils me voient encore avec la lorgnette que je leur ai tendue pendant tant d'années… ils me parlent de risques et de barrières et d'obstacles et d'immobilisme et d'impuissance et de frustration et de désespoir… et je n'arrive pas à changer ce monde-là.

Mais je viens de faire une expérience vraiment marquante. Une formation toute bête, en interne, sur l'art de donner de bonnes présentations; améliorer sa prestation physique, faire passer les bons messages. Je connaissais peu ou pas du tout les collègues venus sur le même bateau. La journée a commencé par une synchronicité surprenante – un collègue, par hasard quasi l'homonyme de ma thérapeute, se présente en indiquant que son hobby, c'est les fleurs de Bach. Dans une assemblée d'ingénieurs et techniciens informaticiens, électroniciens et mécaniciens, c'était tellement saugrenu que je ne pouvais pas considérer cela comme un fait anodin. En fait, cela m'a mise en confiance!

L'après-midi, nous avons présenté chacun une passion personnelle, à tour de rôle. Nous avions 10mn de préparation individuelle et 5mn de présentation au groupe. Cela m'a paru tout de suite évident, il fallait que je parle de ma passion d'apprendre, de développement personnel et de développement du cerveau, des mandalas, du livre de Daniel Pink… Attraction

Quand mon tour est venu, j'y ai mis toute ma conviction - j'ai raconté ce que j'avais retenu de ce livre de Daniel Pink, je l'ai conseillé à mon collègue Grégoire inquiet de voir son travail menacé de délocalisation en Chine – car oui, c'est bien ce que raconte ce livre, les ingénieurs et les comptables, les bons élèves de nos écoles à l'ancienne, sont désormais des millions en Chine et en Inde, les ordinateurs aussi rattrapent chaque jour davantage nos tâches "cerveau gauche", il nous adapter et innover et changer notre monde, en commençant par notre vision du monde, pour donner, re-créer du sens à cela. Et on peut changer, oui, on peut changer, et progresser! J'ai raconté le traumatisme scolaire à l'origine de mon incapacité à dessiner, les maths et la physique, c'était tellement plus facile! Et je leur ai dit à tous, que je les entendais tous raconter du cerveau gauche et du cerveau droit, de la mécanique de la moto aux émotions en virage, de la rigueur de la lecture de la partition à la sensibilité de l'interprétation d'un morceau de saxophone, etc, et que cela pouvait paraître incongru de dessiner des fées le soir quand on passe ses journées dans des documents techniques bourrés d'acronymes, de tableau de données et de schémas blocs, mais que c'était justement une manière de déclencher de nouvelles visions du monde…

J'ai osé!

Et le monde a changé. Je l'ai vu tout de suite. Ils écoutaient, vraiment. Le formateur m'a même donné plusieurs minutes de supplément, et a noté la référence de D. Pink… impact?

Et surtout, le collègue qui me suivait a tout simplement changé à la volée son sujet de présentation. Il a tout simplement improvisé pour nous présenter une particularité de son cerveau, qui lui permet d'associer des couleurs aux chiffres et aux lettres (et aux schémas-blocs, je crois), et l'histoire de sa prise de conscience de cette singularité et des ses différentes variantes. Nous buvions ses paroles.. Impact?

Et après, à la pause, ma voisine de table m'a longuement confié comment elle luttait à raison de cours de midi et cours du soir, courageusement pour une jeune maman d'un petit gars ultra-dynamique de 17 mois, pour se débarrasser de son propre traumatisme scolaire qui avait complètement bloqué son expression orale en anglais… Impact?

Pour parfaire le tour de l'inattendu synchronique de ces expériences, à midi, j'avais eu une conversation technique passionnante avec un énième collègue surprenamment méconnu qui étudiait justement certains des concepts que j'avais l'intention d'explorer de plus près depuis mon flash d'idées post-reiki.

Quand je suis rentrée, j'étais épuisée. Non seulement j'avais appris à positionner mes mains et mon corps optimalement en présentation (quel défi!) mais j'avais interagi avec tous ces gens à un niveau tellement moins superficiel que d'habitude… il m'a fallu un bon souper et une heure de gym pour reprendre mes esprits. J'ai eu l'impression de vivre un jour de la prophétie des andes à moi toute seule. Sacrebleu!

Cela donne envie de continuer, non?

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Identités, vérité

Animatessera_by_JKBedrick Bientôt 3 ans que j'ai créé ce blog, et l'identité virtuelle de Capucine Kerleane, ma légende personnelle, mon slogan "les pieds dans la nature, la tête dans le futur". En fait, tout cela m'est totalement personnel, sauf le nom et le prénom, ainsi que les prénoms que j'ai employés sur ce blog. J'ai fait un grand bout de chemin ici, d'abord par les rencontres que j'y ai faites, qui m'ont énormément enrichie (merci), ensuite parce que cela m'a motivée à mettre en mots des expériences, des émotions très profondes que je ne savais pas où exprimer ailleurs.

Seuls deux de mes proches connaissent ce blog, ceux en qui j'ai assez confiance pour leur donner accès, dans ma vraie vie, à ce pan caché mais aussi terriblement sincère de moi. Mais ils ne lisent pas je crois, car j'ai d'autres canaux de communication directs avec eux.

Parfois je me demande ce qui se passerait si ma vraie identité collusionnait avec la virtuelle. Si mon chef ou, pire, si maman lisait mon blog? je soupçonne que ma mère lisait mon journal, à l'adolescence. Je ne m'en suis jamais douté, mais quand dix ans plus tard elle a découvert par ce biais que ma petite soeur avait consommé de la drogue, cela l'a tellement terrorisée qu'elle a lâché le morceau pour la remettre dans les rails. Cela-dit, j'avais toujours un doute, déjà à l'époque, je maquillais les noms avec des fausses identités dans mes cahiers au cas où… précaution. Protection.

Protection pourquoi? Finalement, ce pan Kerleane de ma vie enrichit au jour le jour mon pan réel. J'ai montré mes dessins à un cercle plus large que mes intimes, par exemple. Je suis encore incapable de parler du reiki autour de moi, par contre. Le problème de mon point de vue est que les gens ne sont pas près… pas prêts. J'ai l'impression de suivre un chemin qui me fait évoluer et grandir, aller chaque jour vers cette sagesse sur laquelle je m'interrogeais au début de mon blog, mais autour de moi, dans ma vraie vie, mes proches, mes amis, mes collègues, sont sur leur chemin à eux, avec leurs croyances en eux, souvent leurs limitations aussi. Je le respecte leur chemin, c'est le leur, c'est leur choix… alors je fais juste comme Amélie Poulain, dans ma vraie vie, je procède par petites touches pour amener un peu de joie, d'énergie positive, de bonheur là où je passe, mais discrètement, doucement… De toute façon, je suis super maladroite et sûre de rien… je vois juste que la vie continue de me sourire, que les autres apprécient ma présence, et même le monde des idées, des concepts et des pensées me paraît plus intime, plus "connecté" depuis que je prends mieux le temps de respirer le présent.

En même temps, je me rends compte de ma terrible limitation: ma difficulté à communiquer cette vision joyeuse et positive qui est la mienne, fondamentalement, à la partager avec une telle évidence que les autres puissent à leur tour voir cette lumière… c'est encore par les mots ici et mes dessins que j'exprime le mieux cette lumière. Depuis quelques semaines, je m'ennuie à mon cours de yoga, trop peuplé et pas à mon rythme, c'est décidé, à la rentrée j'irai à l'atelier d'expression à la place, c'est la même soirée dans la semaine… et j'aimerais tellement dessiner plus fort, les couleurs notamment, mais je n'ai aucune technique: besoin d'aide! Je sais que cela va exposer beaucoup de moi aussi, mais ce sera aussi de nouvelles rencontres, de nouvelles amitiés peut-être…

Le dessin ci-dessus n'est évidemment pas de moi, mais de  Jeffrey K Bedrick. J'aime beaucoup. 

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Convergence

J'ai suivi la consigne: auto-traitement quotidien pendant 21 jours. Enfin, au moins 10mn avant minuit, car certains de ces jours étaient particulièrement chargés.

Au bout d'une dizaine de jours, j'ai eu l'occasion d'exprimer un sujet d'intérêt personnel au travail. J'ai beaucoup hésité à me lancer, et le matin en me levant, j'étais dans un état bizarre. J'ai l'habitude d'avoir des crises de créativité, où mon cerveau s'emballe sur la connection encore au stade d'intuition de différentes notions techniques lentement assimilées. C'est tellement obsessionnel que lorsque cela m'arrive, tout le reste de mon quotidien passe au second plan ou au pilote automatique, jusqu'à ce que j'arrive à donner une réalité à ces idées; au minimum un gribouillis schématique sur papier, pour m'en libérer.

Mais là, j'avais l'impression que les idées qui me venaient les unes derrière les autres s'emboîtaient plus naturellement que d'habitude. Elles me permettaient tout à coup de connecter toutes sortes de sujets qui n'ont a priori rien à voir – les dernières technologies développées par l'entreprise de Mari Charmant, l'évolution nécessaire des technologies de mon domaine à moi, et une technologie "green" en cours de développement par une entreprise de la région, découverte dans les médias locaux.

Ces idées ont continué de se développer dans ma tête tandis que j'amenais ma fille à l'école, puis sur mon trajet au travail. Et au milieu de tout cela, soudain, la synthèse en 5 mots des 5 principes du reiki:

confiance – sérénité – honnêteté – respect – gratitude

et l'évidence qu'il en manque un

créativité.

Car c'est là qu'est vraiment le propre de l'homme – l'imagination. Pour moi, c'est là que nous devons concentrer notre développement une fois réglées nos croyances et habitudes limitantes grâce aux 5 premiers points.

Cela me paraissait tellement évident tout à coup! et là j'ai vu la synchronicité: je venais de sortir du tunnel autoroutier que j'avais visualisé à la 3ème initiation de reiki.