Larme de fond

Curieuse expérience ce matin dans un (nécessaire!) exercice de rangement de ma cédéthèque. J’extrais de la pile un échantillon récupéré dans un de ces magazines touristiques acheté au détour d’un quelconque été histoire de prolonger un peu les paysages au retour. Cela s’appelle "Entrez dans la danse bretonne": gavotte, an dro, laridé, ronde, jabadao, dérobée… je ne me souviens même pas l’avoir écouté. Je le mets dans le lecteur…

… il m’a eu par surprise! les premiers mots d’introduction en breton m’ont interloquée. Il me semblait qu’ils étaient proclamés avec l’accent français (comme les radios bretonnantes il me semble!). Mais je n’y comprends rien, de toute façon. Puis les notes de Tri Martolod (celles reprises par Manau en 1998 dans leur tube "La tribu de Dana") et voilà que je commence à chalouper. Je zappe… bombardes, binious… et voilà l’émotion qui monte, qui monte, je m’enfuis me faire un thé pour retrouver ma contenance… mais trop tard, ces sons de chez moi m’ont tapé dans le fin fond du cerveau ou du coeur ou je ne sais trop où, et elle arrive, la larme, venue tout droit de ce fond de moi.

Larme de fond… Bombarde_1

… une image, mon grand-père, assis sur le banc de pierre devant son pavillon construit pour sa retraite, épluchant les patates du champ de derrière la maison à la récolte desquelles je participais tous les étés (et que je mangeais toute l’année… aujourd’hui, j’en suis encore saturée, si j’achète plus de 2kilos de ces tubercules par mois, c’est exceptionnel…) en écoutant Radio Bretagne Ouest

Il jouait de la bombarde dans les bals de sa jeunesse… Mais trop essouflé par le tabac quand je l’ai connu, il ne m’en a donné qu’une démonstration dont je me souvienne, le jour où j’ai moi-même fièrement exécuté une danse plinn apprise à la flûte à l’école. Avec le recul, je me demande si ce n’était pas aussi par pudeur ou honte de cet "instrument de plouc" qu’il ne le sortait plus? si on remettait les danses plinn au goût du jour dans l’école de la République, c’est que les temps avaient de nouveau changé, ben oui, le folk des années 70 était passé par là, en tout cas par ma prof de musique…

Je ne saurais même pas définir l’émotion qui m’envahit quand j’écoute ces musiques de chez moi. Ce n’est pas de la tristesse, ni de la joie, c’est indéfinissable. Je dirais que c’est juste beau, vivant en moi… je n’ai pas de mots; juste une larme.

Une larme de fond.

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